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27/10/2008

Histoire du drapeau au point de vue de la législation

Dans cet extrait des conclusions de M. Corneille, commissaire du Gouvernement, à propos de l'arrêt du Conseil d'Etat BERTHENET C. PREFET DE SAONE ET LOIRE , 10 AOUT 1917 , SIREY 1918-19, IIIE PART., P. 9.

[…] Pour prouver notre dire, retraçons, en quelques mots, l'histoire du drapeau, au simple point de vue de sa législation. Comme vous le savez, sous l'ancien régime, le drapeau de la France était le drapeau blanc de la monarchie, drapeau qui avait été finalement substitué aux diverses bannières particulières des régiments, parce que le roi était le colonel général de tous les régiments. Lors de la Révolution, la garde civique, devenue la garde nationale, adopta la cocarde tricolore (rouge et bleu, couleurs de la ville (le Paris, blanc, couleur (le la monarchie, qui subsistait, tout en devenant constitutionnelle). La monarchie, même constitutionnelle, disparut bientôt; mais le drapeau des armées de la première République resta aux couleurs mitigées de là garde nationale, sans aller jusqu'au rouge unique des armées des révolutions modernes. Jusqu'au 27 pluviôse an 11, aucun texte n'abrogea formellement la loi des 30 juin-10 juillet 1791, qui disposait que le premier drapeau de chaque régiment porterait désormais les trois couleurs nationales, suivant les dispositions et formes présentées à l'Assemblée par son comité militaire; et, en fait, les drapeaux des armées se composaient d'un fond blanc, sur lequel le rouge et le bleu étaient disposés de façon différente suivant les régiments. Le 27 pluviôse an II, la Convention entendit fixer la forme extérieure du pavillon national. Et le décret, dispose que ledit pavillon sera  formé des trois couleurs nationales disposées en trois bandes égales, posées. verticalement, (le manière que le bleu soit attaché à la gauche du pavillon, le blanc au milieu, et le rouge flottant dans les airs. C'est tout le décret.

Sous le premier Empire, aucun texte. Mais, depuis 1804, les drapeaux, distribués aux régiments, sont des drapeaux à losange blanc, entouré de quatre triangles alternativement bleus et rouges. Lors de la première Restauration. rétablissement, en fait, du drapeau blanc lors des Cent-Jours, rétablissement, du drapeau tricolore; avec le rétablissement de l'Empire, il n'y eut pas d' « acte additionnel pour le drapeau. La seconde Restauration restitue à la Nation le, drapeau blanc de la monarchie absolue, bien que la Charte octroyée eût la prétention de conserver à la Nation des libertés qu'elle n'avait pas sous cette monarchie absolue. Lors de la Révolution de Juillet, le lieutenant-général simplement décrète : « La Nation reprend ses couleurs; il ne sera plus porté d'autre cocarde que la cocarde tricolore. » -Ce fut le seul texte sui le drapeau du gouvernement de Juillet; à la Révolution de Février, oui songe tout de suite an drapeau rouge; mais Lamartine fait, sur les marches de l'Hôtel de Ville, « contre ce pavillon de terreur », le discours célèbre du 25 février. Et, le lendemain, paraît une proclamation du gouvernement, suivie d'un arrêté du 7 mars « sur la forme » du drapeau national. Cet arrêté porte : « Le pavillon, ainsi que le drapeau national, sont rétablis tels qu'ils ont été fixés par le décret de la Convention nationale du 27 pluviôse an II, sur les dessins du peintre David; en conséquence, les trois couleurs, disposées en trois bandes égales, seront, à l'avenir, rangées dans l'ordre suivant : le bleu attaché à la hampe, le blanc au milieu, le rouge flottant à l'extrémité. » Les mots : « à l'avenir », ne reproduisaient d'ailleurs pas très fidèlement la réalité des choses, car, de ce fait, an ne changeait rien au passé, et, en réalité, tout le changement consista à substituer, sur le haut de la hampe, la lance au coq gaulois, qui, désormais; ne dut faire semblant de chanter que sur le sommet des 'églises. Trois ans et demi après, le 31 décembre 1851, Louis Napoléon, rétablissant l'aigle, ne faisait pas de texte nouveau sur la forme ou les couleurs du drapeau. L'Assemblée nationale l'imita à ce dernier point de vue, peut-être pour cause ! Et nous ne voyons depuis apparaître le drapeau tricolore que dans un texte relatif à un contingent supplémentaire de décorations, lors d'une remise d'étendards à l'armée,, dans la loi du 8 juillet 1880.

En résumé, deux textes véritables sur le drapeau depuis la chute des l'ancien régime; ce sont deux textes sur ses couleurs, et sur la disposi-tion extérieure de celles-ci. Nous en concluons que l'unique base des arrê-tés actuels se trouve dans des pouvoirs de police, de sécurité publique, dans les pouvoirs donnés aux préfets et aux maires par la loi du 5 avril 1884. Le visa de ces arrêtés exprime donc nettement et exclusivement leur portée. Et nous en concluons aussitôt que le moyen d'incompétence, soulevé parles requêtes, et tiré de ce que les préfets auraient réglementé en une matière réservée au législateur, ou tout au moins au chef de l'Etat, ne saurait être retenu. […]

 

25/10/2008

Libre disposition de son corps

Les juristes ont débattu depuis fort longtemps de la possibilité pour chaque individu de disposer librement de son corps et de ses éléments. Si l’assimilation du corps à une simple chose dont d’individu serait propriétaire apparaît peu admissible, la progression contemporaine de l’idée d’autonomie de la personne est néanmoins incontestable. La reconnaissance juridique de la procréation artificielle, du don d’organes, ou du respect de l’identité sexuelle des individus constituent autant d’évolutions récentes. Mais les complexes relations qu’entretiennent droit et corps laissent encore ouvertes de nombreuses questions telles que la reconnaissance du suicide, la légalisation ou la prohibition de l’euthanasie, l’acceptation des pratiques sadomasochistes, ou même la possibilité de se livrer à la prostitution… Le juriste se trouve ici confronté à des problèmes qui dépassent singulièrement l’élaboration normative, mais qui renvoient également à la morale, à la protection de la santé, et aux conceptions de l’ordre social. Ces différentes exigences ne permettent en effet pas d’utiliser son corps comme moyen pour atteindre n’importe quelle fin.

Le Professeur Jean-Michel Poughon avait consacré une séance de son cours de philosophie du droit en D.E.A. (à l'époque) d'histoire du droit à la question de savoir si l'individu est propriétaire de son corps.

Nous lisons le professeur Poughon.

24/10/2008

DSK

DSK-1.jpgPlus pertinent que le Who's who, cette biographie "Qui est Dominique Strauss-Kahn ?" trouvée sur le site de la République des lettres.

Dominique Strauss-Kahn est né le 25 avril 1949 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) dans une famille juive bourgeoise. Son père, Gilbert Strauss-Kahn est Conseiller juridique et fiscal, sa mère, Jacqueline Fellus, est journaliste et assureur. En 1955, la famille s'installe à Agadir (Maroc) mais elle quitte le pays en 1960 à la suite d'un tremblement de terre. Elle séjourne quelques mois à Monaco avant de regagner Paris.
Après le Lycée de Monaco et le Lycée Carnot de Paris, Dominique Strauss-Kahn intègre l'École des Hautes Études Commerciales (HEC) puis l'Institut d'Études Politiques (IEP) et l'Institut de Statistiques de l'Université de Paris (ISUP). Il est Licencié en droit public, Docteur ès sciences économiques et Agrégé de sciences économiques mais a été recalé au concours d'entrée à l'École Nationale d'Administration (ENA). De 1977 à 1980, il enseigne l'économie comme Maître de conférences à l'Université de Nancy II tout en occupant parallèlement un poste de Conseiller scientifique auprès de l'Institut National de la Statistique et des Etudes Économiques (INSEE). En 1981, Dominique Strauss-Kahn prend la direction du Centre d'Études et de Recherches sur l'Épargne (CEREPI) du CNRS. Il y travaille avec Denis Kessler, qui deviendra plus tard l'un des grands patrons des sociétés françaises d'assurance (PDG notamment du groupe d'assurance SCOR), vice-président du MEDEF et, en 2008, Président du très select club de rencontres des élites françaises Le Siècle. Les deux hommes publieront ensemble en 1982 L'épargne et la retraite (Éditions Economica).

Entre-temps, après un court passage au CERES de Jean-Pierre Chevènement et Georges Sarre, Dominique Strauss-Kahn commence à militer au Parti Socialiste où il se lie d'amitié avec Lionel Jospin, futur Premier Secrétaire du parti lorsque François Mitterrand deviendra Président de la République en 1981. En 1982, il intègre le Commissariat général au Plan dont il devient successivement Chef du service du financement (1982-84) puis Commissaire général adjoint (1984-86).

En 1983, Dominique Strauss-Kahn entame véritablement sa carrière politique au sein du Parti Socialiste dont il devient Membre du comité directeur. Il donne parallèlement des cours d'Économie à l'Université de Paris X-Nanterre, à HEC, à l'ENA et à l'IEP de Paris. En 1986, il est élu Député de Haute-Savoie puis en 1988 Député de la 8e circonscription du Val d'Oise (Sarcelles) où vit une importante communauté juive. De 1988 à 1991 il préside la Commission des finances de l'Assemblée Nationale. En charge des finances du PS, il devient Secrétaire national du parti, chargé des études et du programme (1986-1988), puis de l'économie et des finances (1988-1989). En 1991, il est nommé Ministre délégué à l'Industrie et au Commerce extérieur auprès du ministre de l'Economie et des Finances dans le gouvernement d'Edith Cresson. La même année il épouse, en troisième noces, la journaliste de télévision Anne Sinclair, animatrice de l'émission politique Sept sur Sept sur TF1. En 1992, il conserve son portefeuille de ministre délégué dans le nouveau gouvernement de Pierre Bérégovoy mais il le perd l'année suivante, en même temps que son siège de Député, lors des élections législatives. Il s'inscrit alors au Barreau de Paris, crée le Cabinet "DSK Consultants" et exerce comme avocat d'affaires dans le privé. Michel Rocard, nouveau Premier Secrétaire du Parti Socialiste, lui confie la présidence du "Groupe des Experts du PS". En 1994, entré au "Cercle de l'Industrie" à la demande de Raymond Lévy, alors PDG de Renault, il en devient le vice-président et y cotoie nombre de grands patrons amis de Nicolas Sarkozy comme entre autres Vincent Bolloré. Installé à Bruxelles, le lobby qu'il dirige a pour mission de défendre les intérêts des grands groupes industriels auprès des instances européennes.

En 1995, Dominique Strauss-Kahn est élu maire de Sarcelles. En 1997, il est réélu Député du Val-d'Oise et devient Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie dans le gouvernement de Lionel Jospin. Il devient également Conseiller régional d'Ile-de-France aux côtés de Jean-Paul Huchon (fonction qu'il occupera jusqu'en 2001). Lors de son mandat de Ministre des finances, il mène une politique de droite. Il met en place une vague massive de privatisations d'entreprises publiques, dont celle du secteur aérospatial et de France Telecom, initie la création du COR dont l'objectif est de réviser le système des retraites et abroge la loi Thomas sur la régulation des Fonds de pension. En 1999, il doit abandonner son fauteuil ministériel après avoir été mis en cause dans plusieurs affaires judiciaires, dont celle sur les emplois fictifs et l'enrichissement personnel des dirigeants de la Mutuelle Nationale des Étudiants de France (MNEF). Il est aussi accusé d'avoir échangé une cassette vidéo mettant en cause un collecteur de fonds du RPR, Jean Claude Mery, contre une remise de 50 millions de francs de pénalités de fiscales au couturier Karl Lagerfeld, puis d'avoir ensuite menti à la Justice en déclarant qu'il avait "égaré" la cassette. Il reprend alors son travail d'avocat lobbyiste, devient Président du Comité national pour le passage à l'an 2000 et du Comité d'orientation scientifique de la Fondation Jean-Jaurès, Conseiller spécial de l'OCDE et Directeur de recherche à la Fondation Nationale des Sciences Politiques (FNSP).

Après un non-lieu prononcé en 2001, il se représente à une législative partielle et regagne en 2002 son siège de député de la 8e circonscription du Val-d'Oise. À l'Assemblée Nationale, il est inscrit dans le groupe Socialiste, Radical, Citoyen et Divers gauche (SRC) et participe aux travaux de la Commission des Affaires étrangères. En 2005, il redevient Secrétaire national du PS, chargé des élus, et travaille notamment avec Martine Aubry et Jack Lang au projet socialiste pour les élections présidentielles de 2007. Aux côtés de Jean-Christophe Cambadélis, il prend la direction du courant "Socialisme et démocratie", fonde le cercle de réflexion "À gauche en Europe" et défend activement le "Oui" au projet de Traité de Constitution européenne. La même année il crée un blog et annonce officiellement être "candidat à la candidature" pour représenter le PS aux élections présidentielles. Il est battu lors des primaires socialistes de 2006, ne recueillant que 20% des voix contre plus de 60% pour Ségolène Royal.

Après l'élection de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République, Dominique Strauss-Kahn, qui avoue après coup ne pas adhèrer au programme officiel du PS, appelle les militants socialistes à s'engager résolument vers une voie plus européenne et plus libérale. À la fin de l'année 2007, activement soutenu par Nicolas Sarkozy et Jean-Claude Juncker (Président de l'Eurogroupe), il succède à Rodrigo de Rato à la tête du Fond Monétaire International (FMI). Nommé pour cinq ans à ce poste, il promet de relégitimer l'institution dont la mission est de prêter de l'argent aux pays pauvres en échange de programmes économico-politiques ultralibéraux. Il prône une accélération de la mondialisation financière et souhaite que le FMI et la Banque mondiale coiffent plus largement les pays en voie de développement. Mais moins d'un an après son arrivée, il fait l'objet d'un scandale comparable à celui qui a abrégé la carriére de Paul Wolfowitz (bras droit de George W. Bush et ancien dirigeant de la Banque Mondiale). Notoire coureur de jupons, Dominique Strauss-Kahn (dont la rémunération annuelle par le FMI s'élève à plus de 315.000 euros), est en effet soupçonné d'avoir puisé dans les caisses du FMI pour favoriser son ex-collaboratrice, une certaine Piroska Nagy, devenue sa maitresse. Le FMI mène actuellement une enquête sur ce possible abus de pouvoir de son directeur.

Malgré son appartenance au Parti Socialiste, Dominique Strauss-Kahn est incontestablement -- comme Bernard Kouchner (actuel ministre français des Affaires étrangéres) -- un homme de droite, néoconservateur, néolibéral, atlantiste et sioniste. Grand bourgeois proche du patronat et de la Haute Finance, ses propositions, que ce soit en matière de politique sociale, économique ou étrangère, sont très proches de celles de Nicolas Sarkozy et de George W. Bush. Dans un entretien croisé avec Nicolas Sarkozy publié fin 2006 par la revue Le Meilleur des Mondes (organe des néoconservateurs français), il s'est exprimé sur ces sujets en s'affichant très proche des doctrines sarkozystes, notamment en matière de communautarisation de la vie publique française. Concernant le Proche-Orient, après avoir soutenu la guerre américaine contre l'Irak, il est partisan d'une attaque militaire contre l'Iran. Fervent lobbyiste pro-israélien il défend les thèses et les crimes commis par Israël dans les conflits israélo-palestinien et israélo-libanais.

Père de quatre enfants, il est passionné par les nouvelles technologies de l'information et pratique volontiers le ski et les échecs. Il vit actuellement à Washington (Etats-Unis) mais vient souvent à Paris et passe régulièrement ses vacances à Marrakech (Maroc) où il est propriétaire d'un riad. Sans être encore officiellement candidat, il ne cache pas qu'il souhaite se présenter à l'élection présidentielle de 2012.
Dominique Strauss-Kahn est l'auteur de La richesse des Français (1977), Economie de la famille et accumulation patrimoniale (1977), L'épargne et la retraite (1982), La Flamme et la Cendre (2002), Oui ! Lettre ouverte aux enfants d'Europe (2004) et 365 jours, journal contre le renoncement (2006).

 

22/10/2008

Anatomy of the World

« La philosophie nouvelle rend tout incertain,
L'élément de feu est tout à fait éteint ;
Le soleil est perdu et la terre ; et personne aujourd'hui
Ne peut plus nous dire où chercher celle-ci
[...] Tout est en morceaux, toute cohérence disparue.
Plus de rapports justes, rien ne s'accorde plus. »

John Donne, Anatomy of the World (1611)

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21/10/2008

Coran et liberté de penser

Il y eut une époque où l’on avait le droit de critiquer l’entourage du Prophète, où les controverses religieuses se faisaient avec une grande liberté de ton, où des érudits musulmans glorifiaient l’athéisme. Aujourd’hui, nombre de débats relatifs à l’islam présentent leur problématique sous la forme d’une unique alternative : l’abandon de la foi ou l’expression intégraliste. Dans cet article, un linguiste et un historien rappellent que deux principes tenus aujourd’hui pour acquis – l’impeccabilité de l’entourage de Muhammad et l’inimitabilité du Coran – se sont établis progressivement. Il s’agit, en d’autres termes, de réconcilier l’Islam, la science des textes et le libre examen.

 Suite>>>>>>>>>>>>>...

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20/10/2008

Antigone voilée

Antigonevoilée.jpgPorter la burqa ou s’intégrer en apprenant le français, pour la Halde, il faut choisir.

Dans un avis rendu le 15 septembre 2008 la Halde a estimé que l’obligation faite aux personnes suivant une formation linguistique dans le cadre du contrat d’accueil et d’intégration (CAI) de retirer la burqa ou le niqab ne "constitue pas une discrimination prohibée par le droit européen des droits de l’homme et le droit communautaire, compte tenu des exigences pédagogiques de l’enseignement linguistique".

La suite>>>>>>>>>>

17:09 Publié dans laïcité | Lien permanent | Commentaires (0)

19/10/2008

Aristote au Mont Saint-Michel

A propos d’une polémique récente
Publié par Iris Canderson le 18/10/2008 (61 lus)
Un article de Rémi Brague (Paris I / LMU) sur Sylvain Gouguenheim :

Grec, arabe, européen

A propos d’une polémique récente

 

Commençons par rappeler les faits : Sylvain Gouguenheim, agrégé d’histoire, docteur ès-lettres, professeur d’histoire médiévale à l’École Normale Supérieure de Lyon (ex-Saint-Cloud), auteur de plusieurs ouvrages : sur Hildegarde de Bingen, sur les « terreurs de l’an Mil », sur les chevaliers teutoniques, publie en mars 2008 un livre dont le thème général est la transmission de l’héritage intellectuel de la Grèce à l’Europe médiévale[1]. La thèse est que l’essentiel de cette transmission s’est effectué directement, ce qui tend à réduire le rôle de la médiation arabe.

Le livre a suscité un scandale inaccoutumé. Il a débordé le milieu assez restreint des gens compétents. La polémique a dérapé vers des procédés inhabituels entre universitaires, pour lesquels l’arme absolue ne va pas plus loin, à l’accoutumée, que l’éreintement dans une revue spécialisée[2]. En l’occurrence, des manifestes furent publiés dans la presse et l’on fit circuler des pétitions.

J’aimerais ici, d’abord, présenter quelques observations sur les phénomènes qui me semblent avoir rendu possible une telle querelle. Puis, je traiterai sommairement la question du rôle de la culture arabe dans la formation de l’Europe intellectuelle.

Suite >>>>>>>>>>

Source:

http://www.resiliencetv.fr/modules/smartsection/item.php?...

18/10/2008

Comment le peuple juif fut inventé

Khazars002-1.jpg

Shlomo Sand : Comment le peuple juif fut inventé : De la Bible au sionisme

Par Jonathan Cook, The National, 6 octobre 2008


« Je suis juif, sinon par la religion, que je ne pratique point, non plus que nulle autre, du moins par la naissance. Je n’en tire ni orgueil ni honte, étant, je l’espère, assez bon historien pour n’ignorer point que les prédispositions raciales sont un mythe et la notion même de race pure une absurdité particulièrement flagrante, lorsqu’elle prétend s’appliquer, comme ici, à ce qui fut, en réalité, un groupe de croyants, recrutés, jadis, dans tout le monde méditerranéen, turco-khazar et slave. » Pour Marc Bloch, qui se présentait ainsi dans les pages introductives de son dernier ouvrage « L’Etrange Défaite, » l’origine Khazar des juifs Ashkénazes était une évidence, mentionnée simplement en passant. Cette vérité historique fait pourtant l’objet d’un refoulement en Israël, car elle contredit les mythes fondateurs. Shlomo Sand, historien à l’université de Tel Aviv, vient de publier un ouvrage qui revisite ce passé oublié, et dont la résurgence éclaire d’une lumière tragique la réalité actuelle. Celle d’une terre où des hommes convertis au judaïsme mènent au nom de leur foi une guerre impitoyable aux lointains descendants du « peuple élu, » celui des bâtisseurs du Temple : les Palestiniens.

Le professeur d’histoire Shlomo Sand est le premier surpris par le succès remporté par son dernier ouvrage, présent durant 19 semaines sur la liste des best-sellers en Israël, en dépit du fait que ses thèses remettent en cause le plus grand tabou israélien.

M. Sand affirme que l’idée d’une nation juive - pour laquelle la nécessité de disposer d’un havre de paix a été utilisé depuis l’origine pour justifier la création de l’État d’Israël - est un mythe inventé il y a de cela un peu plus d’un siècle.

Spécialiste de l’histoire Européenne à l’université de Tel Aviv, le Dr Sand s’appuie sur des recherches archéologiques et historiques pour soutenir cette thèse ainsi que plusieurs autres tout aussi controversées.

En outre, il affirme que les Juifs n’ont jamais été exilés de la Terre Sainte, que la plupart des Juifs d’aujourd’hui n’ont pas de lien historique à la terre nommée Israël et que la seule solution politique au conflit avec les Palestiniens est d’abolir l’État juif.

Le succès de « Quand et comment le peuple juif a été inventé ? » pourrait se répéter dans le monde entier. Une édition française publiée le mois dernier a déjà donné lieu à trois tirages supplémentaires, tant les ventes ont été rapides.

Les traductions sont en cours dans une douzaine de langues, y compris en arabe et en anglais. M. Sand s’attend à une réaction musclée du lobby pro Israélien lorsque le livre sera publié aux États-Unis l’an prochain. En revanche, le public Israélien, peu favorable à sa thèse, s’est montré au moins curieux à son sujet. Tom Segev, l’un des grands journalistes du pays, a qualifié son livre de « fascinant et stimulant ».

Étonnamment, constate M. Sand, la plupart de ses collègues universitaires en Israël ont hésité à s’attaquer à ses arguments. Israël Bartal est une exception. Ce professeur d’histoire juive à l’Université hébraïque de Jérusalem a publié un article dans le quotidien israélien Haaretz, dans lequel il ne fait pourtant que peu d’efforts pour réfuter le Dr Sand. Paradoxalement, il consacre une grande partie de son article à la défense de sa profession, suggérant que les historiens israéliens ne sont pas aussi ignorants au sujet de l’invention de l’histoire juive que ne l’affirme le Dr Sand.

L’idée de ce livre lui est venue il y a de nombreuses années, se souvient le Dr Sand, mais il a attendu jusqu’à récemment pour commencer à y travailler. « Je ne peux pas prétendre faire preuve d’un courage particulier en publiant ce livre aujourd’hui », constate-t-il. « J’ai attendu d’obtenir un poste de professeur. Il y a un prix à payer dans les universités israéliennes pour avoir exprimé des opinions de ce genre. »

Le principal argument du Dr Sand est que, il y a de cela un peu plus d’un siècle, les Juifs eux-mêmes ne se pensaient en tant que juifs que parce qu’ils partageaient une religion commune. Au tournant du 20e siècle, note-t-il, les Juifs sionistes ont contesté cette idée et ont commencé à construire une histoire nationale en inventant l’idée que les Juifs existent en tant que peuple distinct de leur religion.

De même, l’idée sioniste moderne selon laquelle les Juifs doivent retourner d’exil vers la Terre promise a été totalement étrangère au judaïsme, précise-t-il.

« Le sionisme a transformé la représentation de Jérusalem. Avant, les lieux saints étaient considérés comme des lieux que l’on espérait, mais où il ne s’agissait pas de vivre. Depuis 2000 ans les Juifs étaient restés loin de Jérusalem, non pas parce qu’ils ne pouvaient pas y retourner, mais parce que leur religion leur interdisait de revenir jusqu’à ce que le Messie soit venu. »

La plus grande surprise au cours de ses recherches s’est produite lorsqu’il a commencé à étudier les preuves archéologiques de l’époque biblique.

« Je n’ai pas été élevé comme un sioniste, mais comme tous les autres Israéliens, je tenais pour acquis que les Juifs étaient un peuple qui vivait en Judée et en qui en avait été exilé par les Romains en 70 après Jésus-Christ.

« Mais lorsque j’ai commencé à chercher des éléments de preuve, j’ai découvert que les royaumes de David et Salomon étaient des légendes, » indique M. Sand. « Concernant l’exil, les choses sont semblables. En fait, vous ne pouvez pas expliquer la judéité sans l’exil. Mais lorsque j’ai commencé à rechercher des livres d’histoire décrivant les événements de cet exil, je n’ai pu en trouver aucun. Pas un seul. »

« C’est parce que les Romains n’ont pas exilé le peuple juif. En fait, les Juifs en Palestine étaient en leur écrasante majorité des paysans et tous les éléments de preuve indiquent qu’ils sont restés sur leurs terres. »

Il croit au contraire plus plausible une autre théorie : l’exil était un mythe promu par les premiers chrétiens pour recruter les Juifs à leur nouvelle foi. « Les chrétiens voulaient que les descendants de Juifs croient que leurs ancêtres avaient été exilés par une punition de Dieu ».

Mais s’il n’y a pas eu d’exil, comment se fait-il qu’un si grand nombre de Juifs ait été dispersés dans le monde entier avant que l’État moderne d’Israël commence à encourager leur « retour » ?

Le Dr Sand indique que durant les siècles qui ont précédé et suivi le début de l’ère chrétienne, le judaïsme était une religion prosélyte, tentant à tout prix de convertir. « Ceci est mentionné dans la littérature romaine de l’époque. »

Les Juifs se sont rendus dans d’autres régions, cherchant à convertir, en particulier au Yémen et parmi les tribus berbères de l’Afrique du Nord. Des siècles plus tard, le peuple du royaume Khazar, dans ce qui est aujourd’hui la Russie du Sud, s’est converti en masse au judaïsme, donnant naissance aux Juifs Ashkénazes d’Europe centrale et orientale.

Le Dr Sand insiste sur l’étrange état de déni dans lequel vivent la plupart des Israéliens. La découverte récente de la capitale du royaume Khazar, proche de la mer Caspienne a donné lieu à une importante couverture médiatique. YNet, le site Web de Yedioth Ahronoth, le plus populaire des journaux israélien, a publié un article intitulé : « Des archéologues russes retrouvent une capitale juive oubliée. » Et pourtant, aucun de ces articles, ajoute-t-il, n’a examiné l’importance de cette découverte en regard des conceptions habituelles de l’histoire juive.

L’autre question soulevée par le travail du Dr Sand, comme il le note lui-même est celle-ci : si la plupart des Juifs n’ont jamais quitté la Terre Sainte, que sont-ils devenus ?

« Ce n’est pas enseigné dans les écoles israéliennes, mais la plupart des premiers dirigeants sionistes, dont David Ben Gourion, qui le premier occupa le poste de Premier ministre, estimaient que les Palestiniens sont les descendants des premiers juifs de la région. Ils pensaient que les Juifs s’étaient par la suite converti à l’islam. »

Le Dr Sand attribue la réticence de ses collègues à discuter ses thèses à la reconnaissance implicite par de nombreux historiens que l’ensemble de l’édifice de « l’histoire juive » enseigné dans les universités israéliennes est construit comme un château de cartes.

Le problème avec l’enseignement de l’histoire en Israël, déclare le Dr Sand, remonte à une décision prise dans les années 1930 pour séparer l’histoire en deux disciplines : l’histoire générale et l’histoire juive. L’histoire juive a été considérée comme nécessitant un domaine d’étude distinct car l’expérience juive était considérée comme unique.

« Il n’y a pas de département de politique ou de sociologie juive dans les universités. Seule l’histoire est enseignée de cette façon, et cela a permis à des spécialistes de l’histoire juive de vivre dans un monde très conservateur et insulaire où ils se tiennent à l’écart de l’évolution moderne dans la recherche historique.

« J’ai été critiqué en Israël pour avoir écrit sur l’histoire juive alors ma spécialité est l’histoire de l’Europe. Mais un livre comme celui-ci requerrait un historien qui soit familier avec les concepts standard de la recherche historique utilisés par les universités dans le reste du monde. »

 

16/10/2008

Pie XII

PieXII-1.jpgLe pape Benoît XVI n'a pas signé le décret sur les vertus héroïques de Pie XII, une étape indispensable pour béatifier son prédécesseur accusé de passivité face à la Shoah, "car il veut avoir de bonnes relations avec les Juifs", a déclaré samedi un religieux, père Peter Gumpel.

Père Gumpel, qui est le "postulateur" (défenseur) de la cause de Pie XII dans le processus de béatification, a affirmé que la procédure était achevée et qu'il ne manquait que la signature du souverain pontife, dans un entretien avec l'agence Ansa.

 
Pour être proclamé saint, et une fois le décret sur les vertus héroïques signé par Benoît XVI, un miracle devra être encore attribué à Pie XII.

Il y a une dizaine de jours Benoît XVI a défendu la mémoire de Pie XII dans une messe pour le 50e anniversaire de sa mort et souhaité sa prochaine béatification.

Benoît XVI avait déploré que le bilan de Pie XII reste occulté par un débat historique "pas toujours serein".

"Le pape n'a pas encore signé ce décret, jugeant opportun un temps de réflexion", avait alors commenté le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi.

Les oppositions à la béatification du pape Pacelli s'expriment non seulement parmi les représentants de la communauté juive mais aussi au sein de l'Eglise catholique où beaucoup lui préfèrent son successeur immédiat Jean XXIII.

Selon père Gumpel, Benoît XVI "voudrait aller en Israël le plus rapidement possible" mais il ne pourra pas le faire tant que la légende sous la photo de Pie XII dans le Musée de l'Histoire de la Shoah de Yad Vashem, à Jérusalem, "une évidente falsification de l'Histoire, ne sera pas enlevée", selon la même source.

Cette légende accuse le pape de ne pas avoir élevé sa voix contre la Shoah.

"L'Eglise catholique fait son possible pour avoir de bonnes relations avec Israël mais des rapports amicaux ne peuvent être construits que dans la réciprocité", a poursuivi père Gumpel.

"Nous voyons que le pape a invité avec un grand sens de l'hospitalité un rabbin à notre synode et celui-ci, abusant de notre gentillesse, a attaqué à trois reprises Pie XII. Le rabbin peut dire ce qu'il souhaite, bien entendu, mais s'il est invité et qu'il parle de cette manière, il n'aide pas à améliorer nos relations", a conclu père Gumpel.

Il y a une dizaine de jours un rabbin israélien, le premier à s'exprimer devant un synode des évêques catholiques au Vatican, s'est déclaré opposé à la béatification du pape Pie XII.

"Nous sommes contraires à la béatification de Pie XII, nous ne pouvons pas oublier ses silences sur l'holocauste", avait dit le grand rabbin de Haïfa (Israël) Shear Yshuv Cohen, selon la presse.

"Il ne doit pas être pris comme modèle et il ne doit pas être béatifié parce qu'il n'a pas levé sa voix face à la Shoah", avait ajouté le rabbin.

15/10/2008

Les vampires et la philosophie libertarienne

par Francis Dumouchel
 
 
Dans L’éthique de la liberté, sa grandiose oeuvre de réconciliation de l’École autrichienne d’économie avec l’éthique du droit naturel, Murray Rothbard soutenait qu’une nouvelle espèce d’êtres ayant « les attributs et la nature des vampires de la légende, [ne pouvant] survivre qu’en se nourrissant de sang humain »(1) ne seraient pas sujets aux droits individuels, peu importe leur niveau d’intelligence, à cause de leur statut d’ennemis mortels de l’humanité. Je désire discuter de ce point plus en détail et démontrer que Rothbard, qui fut lui-même un oiseau de nuit, a été injuste envers ces créatures mystérieuses. La théorie de la justice libertarienne permettrait facilement de justifier une coexistence pacifique avec les vampires.
 
Coexistence humains-vampires
 

Tout d’abord, si le seul critère servant à déterminer les cas où des individus différents doivent être titulaires de droits consistait en la possibilité de cohabitation avec les humains, les vampires pourraient à leur tour invoquer un critère similaire afin d’affirmer que leur race est supérieure en vertu du droit naturel et priver les humains de toute dignité. En fait, les personnages vampiriques dans les oeuvres de fiction le font souvent: « Les humains ne sont que du bétail; nous les chassons comme ils chassent les animaux; telle est la règle de la nature. »(2) Cette vision du monde ne conduit qu’au conflit perpétuel jusqu’à ce qu’une des deux espèces soit exterminée. La civilisation risque d’être détruite dans le processus, peu importe le vainqueur.

Comment la théorie de la justice libertarienne peut-elle nous aider à éviter cette guerre inutile? Il s’agit tout simplement de reconnaître que chaque être conscient de son existence et capable de pensées rationnelles individuelles(3) a droit à la propriété de sa personne et donc à la vie et à la liberté. De la même manière que l’agression d’un Asiatique par un Européen ne confère pas un droit de légitime défense au continent entier, l’attaque d’un vampire envers un humain ne justifie pas l’anéantissement de son espèce.

Partons du fait empirique que les vampires ont un besoin biologique de se nourrir de sang humain. Nous ne devons pas voir cette situation comme une menace, mais plutôt comme une opportunité de découvrir une nouvelle ressource naturelle coulant dans les veines de chacun de nous. La solution passe nécessairement par une libéralisation du marché sanguin. Dans plusieurs juridictions, il est illégal de vendre son sang; seule la donation à un monopole étatique est permise. Ce système réussit à peine à assurer un approvisionnement constant pour les hôpitaux, il ne pourrait jamais fournir une demande continuelle. L’inefficacité de l’organisme gouvernemental responsable finirait inévitablement soit par introduire un prélèvement obligatoire qui violerait l’intégrité de la personne, soit par créer des pénuries et des listes d’attente. Les vampires n’ayant pas les moyens de quitter le pays ou de soudoyer un fonctionnaire devront se résoudre à la violence pour assurer leur subsistance.

À l’inverse, dans un système privé, de nombreuses cliniques de sang offriraient des compensations équivalentes à la demande et se concurrenceraient sur les prix et sur la qualité du service. Nonobstant la probabilité que plusieurs humains détestent les vampires et ne désirent pas les aider, chacun en poursuivant son intérêt personnel sera incité à fournir de son sang pour obtenir une rétribution monétaire appréciable et pourra ainsi se permettre de vivre plus luxueusement ou de profiter de plus de temps de loisir. S’ensuivra une interdépendance entre les espèces. D’un côté, les vampires ne pourront pas décider soudainement de cesser de passer par l’échange volontaire, car cela compromettrait grandement leurs chances de survie. De l’autre, les humains ne voudront pas renoncer à leur richesse nouvellement acquise dans l’unique but de se débarrasser de leurs voisins.

Il est entendu que le droit de porter des armes (telles que des pieux, des lampes de poche ultraviolettes ou des bonbonnes d’ail liquéfié) devra être préservé afin d'assurer un sentiment de sécurité parmi la population humaine. Par contre, aucune menace de se servir de ces armes ne devra être effectuée sans provocation, ce qui constituerait une forme d’agression.

Avantages économiques
 

Maintenant que nous avons démontré que la coexistence paisible avec les vampires est possible, Voyons quels avantages économiques les humains tireraient de cette association. Les vampires étant à toutes fins pratiques immortels, du moins au point de vue du vieillissement et de la maladie, leur préférence temporelle risque d’être beaucoup moins élevée (ils auront donc tendance à prévoir à plus long terme). Cela les poussera à investir dans des placements ou à créer des entreprises pour s’assurer un revenu constant et stable. Ils auront l’occasion de poursuivre des études extrêmement spécialisées et d’atteindre un niveau de connaissances inégalé jusqu’à présent, permettant des découvertes scientifiques non envisagées à cause des limites de l’esprit humain.

Leur immunité face aux dangers de blessures leur permettrait d’occuper des emplois dangereux sans problème, ce qui réduirait grandement les coûts de certaines activités telles la construction de gratte-ciels ou la pêche en haute mer. De plus, leur mode de vie nocturne permettrait de réduire la pénurie d'employés pour le quart de nuit et ainsi permettre à de nombreux commerces d’offrir des heures d’ouverture plus étendues à un coût raisonnable.

En bref, la loi des avantages comparatifs fonctionne autant dans cette situation que dans le cas du libre-échange ou de la division du travail entre humains. Nous voyons donc que la collaboration avec les vampires, qui surpassent les humains en qualifications dans des circonstances diverses, conduirait à un enrichissement général de la société. Quand cette réalité sera largement reconnue, les préjugés mutuels commenceront à s’estomper progressivement et un rapprochement de cultures deviendra probable.

Notre crainte face à ce qui est étranger et différent nous pousse parfois à examiner une situation de façon plus émotive que rationnelle. Toutefois, si nous analysons la réalité de façon posée, rien n’empêche en théorie les vampires de bénéficier de droits individuels équivalents à ceux des humains. Nous constatons même que selon la légende, les vampires respectent la propriété privée et le principe que « la maison de chacun est pour lui son château et sa forteresse »(4). En effet, un vampire n’entrera dans une habitation privée que s’il y est invité.

Croire en le bien-fondé d’une approche jusnaturaliste ne signifie pas qu’il faille effectuer des jugements de valeurs sur la supposée nature des choses et des êtres. N’oublions pas que toutes les fins sont subjectives, et que chaque individu doué de libre-arbitre mérite de voir son comportement moral évalué séparément de sa collectivité. Si la philosophie libertarienne permet d’éviter le conflit avec les vampires, imaginez ce qu’elle peut accomplir pour les multiples cultures de l’humanité.

 
1. Murray N. Rothbard, L’éthique de la liberté, Paris, Les Belles Lettres, 1991.
2. Citation du film d’animation japonais Vampire Hunter D: Bloodlust (2000) de Yoshiaki Kawajiri et Tai Kit Mak.
3. La question serait plus délicate si on examinait une espèce d’êtres ayant un processus de pensée collectif, par exemple les Borg (Star Trek) ou les Arachnids (Starship Troopers). Chaque membre de la collectivité doit alors être tenu responsable des décisions du groupe.
4. Principe de common law énoncé pour la première fois dans la décision britannique Semayne v. Gresham (1604), 77 E. R. 194.
 

14/10/2008

Le manque d'éthique dans l'utilisation des obus à l'uranium

Explosion-Nucleaire-1.jpgpar Gordon Edwards (Ph.D.) et Marc Chénier (B.Sc.)
du Regroupement pour la surveillance du nucléaire.

L'utilisation par l'OTAN d'obus contenant de l'uranium appauvri dans la Guerre du Golfe et dans la Guerre des Balkans suscite de graves problèmes d'éthique.

Puisque l'uranium est l'élément naturel le plus lourd de la planète, on l'utilise dans le blindage des chars d'assaut et aussi dans la fabrication d'obus afin d'en augmenter la puissance de pénétration. Qui plus est, sous forme métallique, l'uranium brûle avec ardeur Ñcomme le magnésium ou le sodiumÑ ce qui amplifie la puissance de pénétration des obus.

Mais l'uranium est aussi une substance radioactive de longue durée qui constitue une menace perpétuelle à la santé humaine. Ce danger touche non seulement les combattants, mais aussi les gens ordinaires qui pourraient être affectés pour des milliers d'années par le rayonnement des résidus d'uranium abandonnés sur les champs de bataille. Comme dans le cas des mines antipersonnel, les obus à l'uranium continuent de tuer longtemps après la fin des hostilités.

L'uranium qu'utilisent les militaires s'appelle «uranium appauvri». Il s'agit d'un déchet provenant de l'enrichissement de l'uranium, un procédé nécessaire à la fabrication des armes nucléaires et du combustible de certains réacteurs. L'enrichissement est un procédé très coûteux, mais l'uranium appauvri est considéré bon marché parce c'est un sous-produit indésirable n'ayant, à toute fin pratique, aucune utilisation civile.

L'uranium n'est pas dangereux tant qu'il se trouve à l'extérieur du corps, tout comme la bactérie E.-coli. Le rayonnement alpha émis par l'uranium est effectivement bloqué par une feuille de papier, par une épaisseur de vêtements ou par la peau; il n'y a donc pas de danger d'exposition externe.

Ë l'intérieur du corps, par contre, le rayonnement alpha devient l'agent cancérogène le plus puissant connu de la science: il est vingt fois plus dommageable que les rayons X ou les rayons gamma. Un grand nombre de mineurs et de travailleurs ayant manipulé le radium sont morts suite à une exposition interne à des quantités minimes de substances radioactives à rayonnement alpha, ceux-ci causant le cancer du poumon, le cancer des os et une série de maladies sanguines, dont la leucémie.

Sur les champs de bataille, une partie de l'uranium se vaporise au moment de l'impact et produit une fumée radioactive qui peut facilement être avalée. Les particules inhalables de l'uranium peuvent rester plusieurs jours en suspension aérienne; une brise légère suffit à les remettre en suspension.

Il n'existe aucune étude portant sur les effets à long terme sur la santé humaine ou animale des sujets exposés à de telles vapeurs d'uranium métallique. Comme dans le cas du programme d'essais atmosphériques de la bombe atomique, les humains sont encore une fois utilisés comme cobayes pour permettre aux militaires de constater les effets nocifs d'une arme nouvelle.

Prétendre, sans preuves à l'appui, que l'uranium appauvri est sans danger est tout à fait irresponsable. On sait depuis longtemps que l'uranium est une substance mortelle. Pendant des siècles, les mineurs qui exploitaient des mines d'argent en Allemagne et en Bohème mouraient en grand nombre d'une mystérieuse maladie des poumons qu'on a reconnue plus tard comme étant le cancer du poumon. Dans les années trente, on a pu déterminer que la cause en était le rayonnement alpha émis par le radon, un gaz radioactif émanant spontanément des atomes d'uranium présents dans le minerai.

L'histoire canadienne de l'exploitation de l'uranium n'est pas moins désolante. On a noté chez les mineurs des Territoires du Nord-Ouest, de la Saskatchewan et de l'Ontario des taux de mortalité due au cancer du poumon de 2 à 5 fois plus élevés que le taux «normal» pour cette maladie, fumeurs et non-fumeurs confondus. Le coupable est sans contredit le rayonnement alpha provenant du minerai d'uranium.

En 1931, le Ministère (canadien) des Mines publiait l'avertissement suivant sur le danger des minerais uranifères :


«L'ingestion d'une petite quantité de poussière radioactive . . . conduira à l'accumulation de matières radioactives dans le corps, ce qui pourrait avoir des conséquences graves.
Le cancer du poumon, la nécrose osseuse et l'anémie rapide comptent parmi les maladies qui peuvent être causées par le dépôt de substances radioactives dans les tissus cellulaires ou dans la structure osseuse du corps . . . »


Le Canada a toujours été le premier exportateur mondial d'uranium. Puisqu'on mélange l'uranium sans distinction d'origine lors du processus d'enrichissement, il s'ensuit que chaque obus à l'uranium contient une proportion importante d'uranium provenant du Canada.
Le gisement d'uranium le plus riche au monde, celui de Cigar Lake dans le nord de la Saskatchewan, est présentement en exploitation. Certains secteurs du gisement contiennent du minerai ayant une teneur en uranium de 70 pour cent, ce qui les rend tellement radioactifs qu'on devra peut-être les exploiter au moyen de robots.

Imaginons un archéologue de l'avenir découvrant des vestiges d'obus de l'OTAN à l'uranium appauvri, comme les pointes de flèches laissées par les chasseurs préhistoriques. Ces vestiges seront aussi radioactifs que le minerai de Cigar Lake. En effet, l'uranium devient PLUS radioactif au fil du temps à cause de la production spontanée de sous-produits radioactifs, dont certains comptent parmi les agents cancérogènes les plus puissants : le radon, le thorium, le radium et le polonium.

Les avocats de l'ONU maintiennent que les obus à l'uranium seraient illégaux selon les lois de droit international en vigueur parce qu'il s'agit d'armes inhumaines, qui endommagent l'environnement, qui sont nocives aux non-combattants et qui demeurent nocives une fois les hostilités terminées. Les Canadiens se doivent d'insister pour que de telles armes soient bannies.

Voir aussi les réflexions de la commission belge sur le recours éthique à l'arme nucléaire.

13/10/2008

Blasphème

Dispositions pénales du droit local concernant le blasphème  12 ème législature 

Question écrite n° 22419 de M. Jean Louis Masson (Moselle - NI)  publiée dans le JO Sénat du 30/03/2006 - page 901
 
M. Jean Louis Masson attire l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire, sur le fait que les caricatures de Mahomet qui ont été publiées récemment illustrent l'intérêt qu'il peut y avoir à assurer un respect minimum des convictions religieuses ou autres de chaque citoyen. En ce qui concerne les trois départements d'Alsace-Moselle, il souhaiterait qu'il lui indique si les dispositions pénales du droit local concernant le blasphème restent applicables. Si oui, il souhaiterait savoir si elles s'appliquent à toutes les convictions religieuses ou seulement aux cultes légalement reconnus.

 
Réponse du Ministère de l'intérieur et de l'aménagement du territoire

publiée dans le JO Sénat du 01/06/2006 - page 1538
 
Par décret du 25 novembre 1919, ont été maintenues à titre provisoire en Alsace-Moselle les dispositions du code pénal local relatives à la protection des cultes (article 166 relatif au blasphème et article 167 relatif au trouble à l'exercice des cultes). L'article 166 dispose que « celui qui aura causé un scandale en blasphémant publiquement contre Dieu par des propos outrageants, ou aura publiquement outragé un des cultes chrétiens ou une communauté religieuse établie sur le territoire de la Confédération et reconnue comme corporation, ou les institutions ou cérémonies de ces cultes, ou qui, dans une église ou un autre lieu consacré à des assemblées religieuses, aura commis des actes injurieux et scandaleux, sera puni d'un emprisonnement de trois ans au plus ». Cette disposition a trouvé application en 1954, lorsque le tribunal correctionnel de Strasbourg a condamné sur le double fondement des articles 166 et 167 du code pénal local des perturbateurs d'un office religieux à la cathédrale de Strasbourg. Cette décision n'a été que partiellement confirmée en appel, seule l'incrimination relative au trouble à l'exercice d'un culte prévu à l'article 167 du code pénal local ayant été retenue (CA Colmar ; 19 nov. 1954, Pferdzer et Sobezac). Plus récemment, la Cour de cassation a confirmé en 1999, une condamnation prononcée par la cour d'appel de Colmar sur le fondement de l'article 167, en rejetant l'argument soulevé par les parties selon lequel cette disposition du code pénal allemand n'était pas accessible aux personnes poursuivies dans la mesure où le texte était rédigé en allemand (Cass. 30 nov. 1999, Fromm et autres), et en réaffirmant que la disposition dont il s'agit a été maintenue dans les départements d'Alsace et de Moselle. Ces jurisprudences confirment donc le maintien en vigueur de ces dispositions de droit pénal local, dont la mise en oeuvre et la détermination du champ d'application, notamment quant à son extension aux cultes non reconnus, relèvent de la compétence exclusive de l'autorité judiciaire.

 

Lords approve abolition of blasphemy

After an acrimonious debate in which the bogeyman of secularism was repeatedly invoked, the House of Lords on Wednesday accepted the amendment to the Criminal Justice and Immigration Bill that abolishes the common law of blasphemy and blasphemous libel.

The amendment had originally been introduced by Lib Dem MP Dr Evan Harris in the House of Commons, but the Government had persuaded him to withdraw it after promising to introduce its own amendment later in the Lords. This it has now done, although — if Baroness Andrews’ speech was anything to go by — with something less than enthusiasm.

The Bishops in the House were divided, some saying that the abolition was unnecessary and undesirable and others saying that it was inevitable and that the Church should therefore concede. The Archbishop of York, John Sentamu, had agreed to the Government’s amendment during a consultation, but expressed strong reservations about the timing of the move.

Prominent Christian activist Baroness O’Cathain launched a blistering attack on the amendment, with particular fury aimed at Evan Harris. Lady O’Cathain maintained that abolition of blasphemy would unleash a torrent of abuse towards Christians.

Lib Dem peer Lord Avebury pressurised the Government into keeping its word by tabling his own abolition amendment.

The Government had conducted a "short and sharp" consultation with the Church of England about the amendment, and the Archbishops of Canterbury and York both agreed not to oppose the abolition, although both questioned its timing.

Evan Harris said that this debate had been going on for 21 years, since the Law Commission had recommended abolition of the law, and for the Church it would never be the right time.

Lord Avebury also introduced other amendments to the Bill that would clear out some other ancient Church privileges, such as Section 2 of the Ecclesiastical Courts Jurisdiction Act of 1860, under which Peter Tatchell was charged when he interrupted a sermon by the-then Archbishop of Canterbury in Canterbury Cathedral. Lord Avebury’s amendments were rejected by the Government and opposed by the bishops.

Keith Porteous Wood, Executive Director of the National Secular Society, attended the debate and welcomed the Lords decision. He said: "The National Secular Society has been campaigning to abolish the blasphemy laws for 140 years. They have an iniquitous history of persecution, and because it is a common law offence with no limit on punishment, they have resulted in executions and imprisonments with hard labour for people who wrote and said things that would, in the modern day, be considered trivial. It is disgraceful that such a relic of religious savagery has survived into the 21st century."

Mr Porteous Wood pointed out that although the UK blasphemy laws are in the course of abolition, there is growing pressure in the Islamic world to outlaw so-called "religious defamation", a kind of super blasphemy law. This pressure is being applied at the United Nations and its Human Rights Council. He commented: "If the United Nations Human Rights Council succumbs to the pressure from the Islamic countries to permit laws against religious defamation, it will be a major blow to freedom of expression, which underpins both democracy and civilisation itself. Nations who cherish freedom should wake up to the dangers of such moves, rather than sit idly by as they have done so far."

Coincidentally, on the day before the debate, the House of Lords’ Appeal Committee rejected the petition in the Jerry Springer case from Stephen Green, the director of Christian Voice, who brought a private prosecution, and whose request for judicial review the High Court was turned down in December. "Christians will now have to take matters into their own hands when Christ is insulted on stage and on screen," Mr Green threatened on Monday. He described the Lords’ decision as "a blatant, shameless political manoeuvre by a God-defying élite". He said: "If this is to remain a Christian country, with the Archbishop of Canterbury crowning the future king, Parliament needs to legislate quickly to protect the honour of Jesus Christ."

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Rapport Boyd

Résolution des différends en droit de la famille : pour protéger le choix, pour promouvoir l’inclusion

Décembre 2004

Rapport par Marion Boyd

Résumé

636468891.jpgLe 25 juin 2004, le procureur général, l’honorable Michael Bryant, et la ministre déléguée à la Condition féminine, l’honorable Sandra Pupatello, ont confié à Marion Boyd la tâche d’entreprendre une étude sur le recours à l’arbitrage pour trancher des litiges de droit de la famille et de droit des successions ainsi qu’un examen de l’impact du recours à l’arbitrage sur les personnes vulnérables, dont les femmes, les personnes handicapées et les personnes âgées.

L’étude donne suite aux préoccupations exprimées sur la place publique, soit dans les médias, soit par le biais de groupes et de particuliers intéressés, concernant l’application du droit personnel musulman (souvent appelé la charia) dans les arbitrages. En raison de la vive confusion qui régnait dans les médias et dans l’esprit du public au sujet de la proposition par l’Institut islamique de justice civile d’établir un « Tribunal de la charia » en Ontario, il est devenu nécessaire d’examiner la question de l’utilisation de l’arbitrage dans ces affaires d’une façon approfondie et constructive. Mme Boyd, ancienne procureure générale et ancienne ministre déléguée à la Condition féminine, s’est vue chargée de recueillir et d’articuler les préoccupations des citoyens de l’Ontario, et de formuler des recommandations à l’attention du gouvernement. Le présent rapport est le fruit de ce processus d’étude. Il contient les conclusions et les recommandations de Mme Boyd.

Les redressements que les participants ont proposés pour protéger le processus d’arbitrage de l’Ontario et permettre l’utilisation durable des méthodes extrajudiciaires de règlement des différends en droit de la famille et en droit des successions ont rallié un solide consensus. Dans ce contexte, le rapport conclut qu’il convient d’établir un équilibre entre, d’une part, une tolérance et des adaptations nécessaires pour les groupes minoritaires qui privilégient un règlement extrajudiciaire de leurs différends, et, d’autre part, un engagement ferme envers l’autonomie individuelle. Il est essentiel de chercher des solutions qui, toute à la fois, respectent les droits des groupes minoritaires de l’Ontario et encouragent les membres de ces minorités à exercer sans crainte leurs droits individuels.
Arbitrage

L’arbitrage est une méthode volontaire de règlement des litiges à laquelle les parties ne s’engagent que volontairement. Le système judiciaire est le seul processus obligatoire de règlement des différends auquel les gens peuvent être contraints de participer sans leur consentement. L’auteure de l’étude a entendu que les décisions arbitrées étaient plus facilement acceptables par les parties, et qu’elles reflétaient davantage certains aspects des valeurs communes des parties. L’arbitrage religieux permet aux parties au litige de se soumettre à une série de valeurs et de règles communes qui peuvent présenter des différences avec le droit de l’Ontario. On peut interpréter le recours à la Loi sur l’arbitrage par des communautés minoritaires comme un désir de se rapprocher de la collectivité en général en formalisant une méthode de prise des décisions qui n’existait pour l’instant que de façon informelle.
Droit de la famille

Le droit de la famille est un domaine donnant lieu à une compétence partagée entre les ordres de gouvernement fédéral et provincial. La plupart des litiges de droit de la famille se résolvent sans intervention des tribunaux, mais le recours aux méthodes extrajudiciaires de règlement des différends ne cesse de croître en importance. L’arbitrage ne peut résoudre que des litiges pour lesquels les parties peuvent conclure une entente ; il ne peut pas changer le statut d’une personne en lui accordant le divorce ou en la désignant comme un parent. Les contrats familiaux, comme les ententes de séparation, sont souvent utilisés pour résoudre des litiges de droit de la famille, et le droit s’est doté d’un certain nombre de protections intégrées pour ce genre de contrats. L’auteure de l’étude a entendu des préoccupations au sujet de la polygamie et de l’enlèvement des enfants, mais elle souligne que ces questions ne sont pas touchées par l’arbitrage. Le droit pénal et les lois de protection de l’enfance se chargent de protéger les enfants contre les mauvais traitements et les tout le monde a le devoir de rapporter les cas où un enfant a besoin de protection.

L’importance de la Charte

Les citoyens de l’Ontario croient fermement dans les valeurs de justice, d’équité et d’égalité que prône la Charte. Ils ne considèrent pas le multiculturalisme comme un absolu, mais plutôt comme un concept qui doit se peser contre les libertés individuelles. Tous les participants à l’étude ont articulé le désir de protéger et d’améliorer l’accès à la justice, tout en divergeant profondément sur les moyens d’y parvenir. Ils ont tous fait preuve d’un vif intérêt pour la Charte canadienne des droits et libertés, bien que l’application d’un grand nombre des dispositions de la Charte dans le contexte de l’arbitrage ne soit pas claire. Néanmoins, l’auteure de l’étude ne conclut pas que la Charte interdit le recours à l’arbitrage pour trancher des litiges de droit de la famille et de droit des successions.
Violence faite aux femmes

Sensibiliser le public à la violence faite aux femmes et y mettre fin constituent un grave problème d’intérêt public dans la plupart des régions de la planète. Cette inquiétude se trouve confirmée par la Déclaration des Nations Unies sur l’élimination de la violence contre les femmes. Il est impossible de lutter contre la violence faite aux femmes si les attitudes et les croyances qui la tolèrent persistent. Le règlement extrajudiciaire des différends s’accompagne du risque que la violence subsiste après la rupture de la relation. C’est la raison pour laquelle des protections doivent être mises en place. De nombreux répondants ont reconnu le besoin, pour la communauté musulmane, de réagir contre les attitudes traditionnelles susceptibles de tolérer la violence envers les femmes.

Droit personnel

Le droit personnel désigne le droit qui règle le statut d’un particulier et son appartenance à une communauté ou à un groupe familial. Les causes de droit de la famille et de droit des successions entrent dans une catégorie du droit personnel qui s’est développée principalement à partir de sources religieuses. Tout au long de l’histoire, le droit personnel a été invoqué pour permettre à des groupes de conserver leur identité culturelle, en leur laissant le contrôle de leur définition de la famille et de la communauté. La pratique autorisant les individus à se soumettre au droit personnel de leur pays d’origine persiste encore aujourd’hui dans certaines régions d’Europe. Les lois de France et d’Allemagne en matière de citoyenneté prévoient qu’un individu soit soustrait aux lois de son pays de résidence, et que les lois de son pays d’origine lui appliquent.

Thèmes soulevés dans les observations

Les personnes consultées ont fait ressortir un certain nombre de thèmes distincts, et leurs propos sont fréquemment entrés en contradiction les uns avec les autres. Pour certains, l’arbitrage ne devrait pas être permis dans les différends en droit de la famille et en droit des successions, au motif qu’il serait contraire à la Charte et perpétuerait l’inégalité dans les cas de violence. Pour d’autres, l’arbitrage devrait être permis en raison de ses faibles coûts et de son efficacité. D’autres encore ont soumis que l’arbitrage religieux était souhaitable parce qu’il était protégé par la liberté de religion et qu’il faisait partie intégrante de la vie d’une personne croyante.

En fait, l’arbitrage religieux est déjà pratiqué par plusieurs groupes confessionnels différents. Bien que selon certains participants, le recours à l’arbitrage pour trancher des litiges de droit personnel risque de marquer le début d’un processus dont l’objectif ultime serait d’instaurer une identité politique distincte pour les musulmans du Canada, cette crainte ne correspond pas à l’expérience que nous ont relatée d’autres groupes qui utilisent l’arbitrage. De plus, les peuples des Premières nations du Canada représentent le seul groupe minoritaire qui jouit d’un droit défini de négocier avec l’État canadien en matière d’autonomie politique. Le Canada est une société multiculturelle, et la tension fondamentale sur laquelle il y a lieu de se pencher naît de l’affrontement entre le respect pour un groupe minoritaire et la protection de l’individu au sein de ce groupe minoritaire. L’auteure de l’étude conclut que les lois d’un État séculier ne traitent pas tous les citoyens sur un pied d’égalité. La raison : l’histoire particulière des citoyens se répercute de façon différente dans l’impact de ces lois sur les individus. Si l’État accorde aux groupes culturels la liberté complète de décider des questions de droit familial et de droit successoral, ces mêmes groupes risquent de bafouer les droits des individus qui en font partie et de soumettre certaines personnes à des formes de discrimination incompatibles avec la société canadienne. L’auteure de l’étude conclut qu’il est préférable de ne pas autoriser des groupes culturels à interdire à leurs membres l’accès aux lois et aux processus qui sont mis à la disposition de l’ensemble de la société. (...)

Le résumé contient également les recommandations du comité Boyd. On peut télécharger ce résumé de 12 pages format PDF en cliquant sur l’icône ci-dessous. Le rapport complet se trouve à cette adresse, où on peut trouver également le résumé.


http://www.attorneygeneral.jus.gov.on.ca/french/about/pub...

 

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Crise financière

 Ttemort.jpgOn dit souvent que le capitalisme est synonyme de crise, qu’il se nourrit des crises qu’il provoque, ou encore que sa « faculté d’adaptation » est sans limites, laissant ainsi entendre qu’il est indestructible. En réalité, il faut distinguer les crises cycliques, conjoncturelles (on connaît les célèbres cycles de Kondratieff), et les crises systémiques, structurelles (comme celles qui ont eu lieu entre 1870 et 1893, lors de la Grande Dépression de 1929, ou entre 1973 et 1982, lorsqu’un chômage structurel a commencé à apparaître dans les pays occidentaux). Avec la crise financière actuelle, il ne fait pas de doute que nous sommes devant une crise conjoncturelle, correspondant à une rupture de la pertinence logique et de la cohérence dynamique de l’ensemble du système. Venant après la crise du marché des actions de 1987, la récession américaine de 1991, la crise asiatique de 1997, l’explosion de la bulle des valeurs Internet de 2001, cette crise, beaucoup plus forte que les précédentes, est de toute évidence la plus grave que l’on ait connue depuis les années trente.

Pour la suite, cliquez sur la tête de mort

12/10/2008

Lord Charia

Marianne et Lord-1.jpgLe chef de la magistrature d’Angleterre relance la polémique sur l’application des règles coraniques.

La controverse sur l’application de la loi islamique au Royaume-Uni a été relancée jeudi soir par le plus haut juge du royaume, lord Phillips of Worth Matravers.

Le chef de la magistrature d’Angleterre et du pays de Galles a défendu le droit pour des musulmans vivant en Grande-Bretagne de régler des affaires privées selon les règles de la charia.

Ses propos tenus devant une assemblée de centaines de musulmans dans l’est de Londres, faisaient largement écho à ceux tenus en février par Rowan Williams, l’archevêque de Cantorbéry.

Ce n’est pas un hasard, puisque c’est lord Phillips qui organisait la conférence pendant laquelle le primat de l’Église anglicane avait exprimé les idées qui lui ont valu de très nombreuses critiques. Mais contrairement à ce dernier, qui a admis après coup qu’il avait manqué de clarté pour exprimer ses idées, le discours de lord Phillips a été dénué de toute ambiguïté. Ce qui n’empêche pas que ses idées restent très polémiques. D’autant plus que l’islam est mal vu par une partie de la population depuis les attentats londoniens du 7 juillet 2005.

«Il n’y a pas de raisons pour lesquelles les principes de la charia, ou de tout autre code religieux, ne pourraient pas être le fondement d’une médiation ou d’autres formes alternatives de résolution des conflits», a affirmé lord Phillips, tout en insistant sur le fait que les règles coraniques appliquées ne devaient pas être contraires aux lois anglaises. En cas de désaccords entre les parties, ce serait au droit anglais de trancher. «Jusqu’ici, selon la loi, ceux qui vivent dans ce pays sont gouvernés par la loi d’Angleterre et du pays de Galles et soumis à la juridiction» de leurs tribunaux, a-t-il rappelé.

Tribunaux islamiques officieux

Les exemples d’application cités par lord Phillips sont les accords de mariage, les affaires familiales et certains arrangements financiers. Ce dernier point n’est en tout cas plus du tout controversé, puisque le ministère britannique des Finances autorise, depuis 2002, les fonds islamiques. Londres est devenue une place mondiale pour ces systèmes financiers obéissant aux contraintes de la charia, qui interdit l’usure et ne permet pas d’investir dans des sociétés impliquées dans la pornographie, l’alcool, le tabac et les jeux d’argent.

Les musulmans britanniques n’ont d’ailleurs pas attendu Rowan Williams et lord Phillips pour appliquer certaines règles coraniques. Il existe déjà une dizaine de tribunaux islamiques officieux, dans des mosquées ou des centres d’enseignement de l’islam, qui règlent des affaires familiales. Ces petites structures n’ont aucune reconnaissance légale. «La loi nous autorise à utiliser n’importe quelle tierce partie pour une médiation, précise à la BBC Inayat Bunglawala, membre du conseil musulman de Grande-Bretagne. C’est pour cela que nous faisons appel à des conseils islamiques. Ce sont des arrangements volontaires.» Lors de la polémique lancée par l’archevêque de Cantorbéry, tous les partis politiques s’étaient opposés à l’idée de l’application des lois islamiques, de peur de créer un système judiciaire à deux vitesses, contraire au principe d’universalité du droit.

La loi de la charia pourrait jouer un rôle dans certaines parties du système juridique, a déclaré aujourd’hui le plus important des juges en Angleterre et au Pays de Galles .

Lord Phillips de Worth Matravers, actuel président de la Haute Cour d’Angleterre et du Pays de Galles (Lord Chief Justice) , tout en excluant catégoriquement la possibilité d’un tribunal islamique  siégeant ou décidant des sanctions dans le pays, a pris la défense des propos formulées par l’Archevêque de Canterbury, Dr Rowan Williams.

Dans un discours prononcé à Whitechapel dans l’Est de Londres à forte population musulmane, il a déclaré qu’il n’y a pas de raison pour que les principes de la charia ne puissent pas être utilisés dans la “médiation ou dans d’autres formes de règlement extrajudiciaire des différends”.

La charia - qui est un ensemble de principes régissant la manière dont de nombreux musulmans pensent devoir vivre leur vie - souffre d’une “incompréhension” généralisée par le reste du monde, a t-il ajouté.

Lord Phillips a déclaré:  “Il n’y a aucune raison pour que les principes de la  Charia, ou tout autre code religieux, ne puisse servir de base pour une médiation ou une autres formes de règlement extrajudiciaire des conflits.”

“Il faudra reconnaître, cependant, que les sanctions résultants de cette médiation seront tirées des lois d’Angleterre et du Pays de Galles.”

Le président de la Haute Cour, a dit à son auditoire que de sévères punitions physiques telles que la flagellation, la lapidation et l’amputation des mains ne seront pas acceptables.

Il a ajouté: “Il ne saurait être question de ces tribunaux (islamiques) siégent dans ce pays, ou que de telles sanctions sont appliquées ici.

Le juge a déclaré que l’archevêque de Canterbury, avait été mal compris en Février, quand il a déclaré que les musulmans britanniques pourraient être régies par la charia.

M. Williams a suggéré que la charia pourrait jouer un rôle dans les «Aspects du droit civil, le règlement de transactions financières et la médiation et la résolution de conflits par des structures autorisées».

«Ce n’était pas très radical  de défendre la charia dans le cadre de conflits familiaux, par exemple, et notre système va déjà trés loin dans l’acceptation de ce qui était suggéré par l’archevêque.

“Il est possible dans ce pays pour ceux qui signent un accord contractuel de se référer à une juridiction  autres que le droit anglais.”

 

 Bio de Lord Charia

Nicholas Addison Phillips, Baron Phillips of Worth Matravers PC, (born 21 January 1938) is the Senior Lord of Appeal in Ordinary. He was Master of the Rolls from 2000 to 2005 and Lord Chief Justice of England and Wales from 2005 until 1 October 2008. He was the first Lord Chief Justice to be head of the English judiciary, when that function was transferred from the Lord Chancellor in April 2006. In his capacity as Senior Law Lord, Lord Phillips will be the first President of the Supreme Court of the United Kingdom when it comes into existence in October 2009.

Lord Phillips says that his mother's parents "were Sephardic Jews and had eloped to this country from Alexandria because they understood that England was a country in which they would enjoy freedom."[1]

Lord Phillips was educated at Bryanston School. He has been a Governor of the school since 1975 and has been Chairman of the Governors since 1981. He undertook his National Service with the Royal Navy and the Royal Naval Volunteer Reserve, where he was a commissioned officer. After the two years' service he went to King's College, Cambridge where he read law. In 1962, he was called to the Bar (Middle Temple) where he was the Harmsworth Scholar. He went into practice as a barrister, specialising in maritime law matters. In 1973 he was appointed as Junior Counsel to the Ministry of Defence and to the Treasury in maritime and Admiralty matters. In 1978 he 'took silk' and became a Queen's Counsel.

In 1982, Lord Phillips was appointed a Recorder and from 1987 was a full-time High Court Judge on the Queen's Bench Division, with the customary knighthood. He took an interest in legal training, and was Chairman of the Council of Legal Education from 1992 to 1997. He presided over several complex fraud trials including those covering the Robert Maxwell pension fund fraud and Barlow Clowes. In 1995, he became a Lord Justice of Appeal and was appointed to the Privy Council. He was elevated to the House of Lords as Baron Phillips of Worth Matravers of Belsize Park in the London Borough of Camden in 1998. In early 1999, he was made a Lord of Appeal in Ordinary and in 2000 succeeded Lord Woolf as Master of the Rolls. He conducted an inquiry into the outbreak of Bovine Spongiform Encephalopathy (BSE). He is also Vice-President of the British Maritime Law Association and of the UCD Law Society.

He lives in Hampstead, London.

See. How Jewish is Lord Charia?

13:34 Publié dans laïcité | Lien permanent | Commentaires (0)

11/10/2008

Résistance à la technologie

antigo2.jpgThéodore Kaczinski dit "unabomber", brillant mathématicien et ancien professeur à l'université de Berkeley U.S.A, passe en ce moment devant le tribunal fédéral de Sacramento, pour quelques uns de ses attentats . Théodore Kaczinski âgé de 55 ans et emprisonné depuis son arrestation le 3 avril 1996, est accusé d'avoir adressé durant 18 ans (entre mai 1978 et avril I995 ) 16 colis piégés à des professeurs d'universités et à des informaticiens en particulier, faisant 3 morts et 23 blessés chez ces personnes qu'il jugeait responsables d'une évolution technologique destructrice pour l'humanité et la nature. Il confectionnait ces colis piégés dans sa cabane du Montana où il vivait depuis 25 ans, en ne manquant pas de les accompagner de notes d'humour...

En septembre 1995, Ted" fit un marché"aux plus importants journaux des États-Unis : la publication de son Manifeste contre la société industrielle contre l'arrêt de ses attentats. Le New-York Times et le Washington Post  prirent la décision d'accepter avec l'aval du F.B.I. dont le premier objectif était l'arrêt des attentats qui semaient la terreur chez les professeurs d'universités, les informaticiens et toutes les personnes liées de près ou de loin à la recherche et au développement technologique. Cela pouvait permettre aussi d'identifier, d'après l'analyse de son contenu, et arrêter celui qui les défiait depuis si longtemps . Ce qui fut fait quelques mois plus tard grâce à la dénonciation de son frère qui connaissait ces expressions et ces idées . Depuis son premier attentat, Ted, surnommé "unabomber" est dépeint par tous les brillants experts psychiatres que compte les Etats-Unis sous les traits d'un "fou haineux" d'un " génie du mal"ou d'un" malade atteint de schizophrénie paranoïde". L'ensemble des média français, ont repris en coeur les attaques américaines sans véritablement analyser les idées de Ted, contenues dans son manifeste. Les Américains souvent cités en exemple dans nos média, pour leurs idées, leur mode de vie, même si cela est parfois avec de l'ironie sous-jacente, ne sont pas tous si abrutis qu'ils nous apparaissent comme démontrent le fait, que Ted ait été consacré en 1996 par le magazine People comme l'homme le plus fascinant de l'année. De nombreux sites et groupes de discussions lui sont consacrés outre-Atlantique sur l'Internet  .

S 'il ne nous appartient pas de juger les actes dont Ted est accusé (d'autres se sont chargés depuis son arrestation, avant même qu'il ne le soit officiellement !!), nous pouvons déplorer qu'un homme d'aussi grande valeur se soit livré à des actes aussi inutiles que suicidaires (pour lui) au lieu de mettre son savoir au service d'un combat légal contre les technologies, en dénonçant par exemple les effets néfastes dans des conférences et dans les milieux scientifiques internationaux.

 

10:20 Publié dans Apocalypse | Lien permanent | Commentaires (0)

05/10/2008

La scientologie est une religion

L’Eglise de Scientologie demande à la Miviludes de mettre fin à ses propres “dérives”.
Paris– 10 avril 2007 – S’appuyant sur un arrêt rendu par la Cour européenne des Droits de l’Homme (première section) en faveur de la religion de Scientologie, l’Eglise de Scientologie d’Ile de France vient d’adresser une lettre à la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) dans laquelle elle demande à ce que cesse toute déclaration et toute intervention « arbitraire » à l’encontre de l’Eglise ou ses membres. Par un arrêt en date du 5 avril 2007 rendu à l’unanimité, la Cour européenne des Droits de l’Homme a annulé le refus de la Ville de Moscou d’enregistrer l’Eglise de Scientologie de Moscou en tant qu’organisation religieuse, mettant ainsi fin à treize années de conflit juridique et reconnaissant la nature religieuse de la Scientologie.

Dans sa décision, la Cour fait référence à sa jurisprudence qui détermine que « la liberté de pensée, de conscience et de religion est l’un des fondements d’une ‘société démocratique’ garanti dans l’article 9 de la Convention [européenne de sauvegarde des droits de l’homme, ndlr]».

Plus loin, la Cour estime que « tandis que la liberté religieuse est d’abord une affaire de conscience individuelle, elle implique entre autre la liberté ‘d’exprimer sa religion’ seul, en privé ou en communauté, en public et dans le cercle de ceux avec qui l’on partage sa foi. Etant donné que les communautés religieuses existent traditionnellement sous la forme de structures organisées, l’article 11 doit être interprété à la lumière de l’article 9 de la convention, qui protège la vie associative contre les interventions injustifiées de l’Etat. Vu sous cet angle, le droit des croyants à la liberté de religion qui inclut le droit à exprimer ses croyances en groupe, porte en lui l’attente pour les croyants de pouvoir s’associer librement sans intervention arbitraire de l’Etat. En effet, l’existence autonome de communautés religieuses est indispensable au pluralisme d’une société démocratique et par conséquent une question au cœur de la protection pourvue par l’article 9. »

Pour réfuter toute interprétation restrictive de l’article 9 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme garantissant la liberté de religion, la Cour a pris soin de préciser que « le pouvoir de l’Etat de protéger ses institutions et ses citoyens d’associations qui pourraient les mettre en péril doit être utilisé avec modération car les exceptions à la règle de la liberté d’association doivent être interprétées de façon rigoureuse et seulement des raisons convaincantes et irréfutables peuvent justifier des restrictions de cette liberté. »

L’Association Spirituelle de l’Eglise de Scientologie d’Ile de France s’appuie sur cet arrêt qui fait jurisprudence pour les 46 pays membres du Conseil de l’Europe, pour demander à être protégée contre les interventions arbitraires de la Miviludes, voire ses propres « dérives ».

Dans son dernier rapport annuel, la Miviludes avait par exemple fustigé l’usage que font les scientologues de la loi d’accès aux documents administratifs - plus particulièrement concernant l’usage des fonds publics - alors qu’il s’agit d’un droit citoyen garantissant la transparence des administrations.

Selon Danièle Gounord, porte-parole de l’Eglise de Scientologie, « il n’y a aucun fondement juridique à ce que l’Eglise de Scientologie ou les scientologues soient régulièrement cités par la Miviludes, les scientologues doivent pouvoir exercer leur religion à l’abri de toute ingérence abusive de l’Etat et de ses administrations. »

L’arrêt de la Cour européenne est disponible sur le site http://www.echr.coe.int (Eglise de Scientologie de Moscou contre Russie, requête n°18147/02).

La religion de Scientologie a été fondée aux Etats-Unis en 1954. Elle compte aujourd’hui plus de 7 500 églises, missions et groupes dans 163 pays, et plus de 10 millions de membres.

03/10/2008

Le monstre, le singe et le foetus

foetus-medium2.jpgLe Monstre, le singe et le fœtus. Tératogonie et Décadence dans l’Europe fin-de-siècle

 Entretien avec Évanghélia Stead

Professeur de Littérature Comparée à l’Université de Reims, Évanghélia Stead est l’auteur du livre Le Monstre, le singe et le fœtus. Tératogonie et Décadence dans l’Europe fin-de-siècle, publié en 2004. Elle a également édité deux numéros spéciaux, La Lecture littéraire, n° 5-6 : Lire avec des images au XIXe siècle en Europe, et Romantisme, n°118 : Images en texte, en 2000 (travaux collectifs). Elle anime le séminaire TIGRE à l’ENS-Ulm sur Livres illustrés, Revues illustrées, XIXe-XXe siècles. Outre sur la fin du XIXe siècle et la Décadence, ses recherches portent sur le livre et la revue illustrée et la présence du monde antique dans la littérature moderne.

par Annick Louis