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17/08/2020

Le meilleur article de tous les temps

Sur le blog de Michael: C'est ici. 

Et cela vaut bien largement l'éude du Lancet!

 

12:23 Publié dans Action psy | Lien permanent | Commentaires (0)

30/05/2020

Évaluation de l’étude du Lancet

Elle a eu un retentissement et des répercussions considérables. L'étude sur la chloroquine et l'hydroxychloroquine parue le 22 mai dans le Lancet a conduit l'OMS à suspendre, par précaution, l'inclusion de nouveaux patients dans les essais cliniques menés sur l'hydroxychloroquine par ses partenaires dans plusieurs pays. En France, elle a eu pour conséquence de mettre un terme à son autorisation à l'hôpital, sur demande du gouvernement. Car cette nouvelle étude conclut à un effet nul, voire même néfaste de ces molécules sur les malades du Covid-19.

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Mais quelques jours seulement après sa publication, l'étude est remise en cause. Non seulement par le professeur Didier Raoult, promoteur du traitement dans son IHU de Marseille, qui la trouve "foireuse", juge "questionnables" son "intégrité" et son "sérieux" et qui estime qu'elle repose sur du "big data mal maîtrisé". Le chercheur marseillais a même signé une tribune dans Le Figaro vendredi 29 mai. Des défenseurs du médicament se prononcent aussi, dont le collectif de médecins Laissons-les prescrire qui dénonce un travail "totalement biaisé", mais également des dizaines d'experts médicaux, pas forcément défenseurs de la chloroquine, qui adressent une lettre ouverte pleine de reproches à ses auteurs et à la prestigieuse revue scientifique britannique. On compte certes parmi les signataires, le bras droit de Didier Raoult, Philippe Parola, mais aussi des chercheurs sceptiques sur l'intérêt de la molécule.

Cependant l'étude publiée dans le Lancet, la plus vaste à ce jour, s'ajoute à celles déjà parues dans trois autres revues médicales renommées, le Journal of the American Medical Association, le New England Journal of Medicine et le British Medical Journal, dont les conclusions sont elles aussi défavorables à la chloroquine et l'hydroxychloroquine. Alors, quelles sont les critiques faites aux derniers travaux en date ? Et sont-elles fondées ?

Des données à l'origine obscure

L'étude parue dans le Lancet n'est pas interventionnelle mais observationnelle. "Cela signifie que les auteurs ont récupéré des données de soins de patients après, a posterioi", explique Laurence Meyer, professeure de santé publique à l'université Paris Sud et directrice de recherche à l'Inserm. Les chercheurs ont étudié l'effet des traitements donnés sur les malades, sans intervenir sur le déroulement de la thérapie. Les données, précise la publication, ont été fournies par Surgisphere, une entreprise américaine basée à Chicago et spécialisée dans l'analyse de données de santé.

Ces informations médicales concernent plus de 96 000 patients et proviennent de 671 hôpitaux différents, répartis sur six continents. Des établissements en grande majorité nord-américains, mais aussi européens, asiatiques, africains et sud-américains dans une moindre mesure, mais dont l'étude ne précise ni les pays ni les noms, ce que les signataires de la lettre ouverte déplorent. Dans un communiqué rédigé en réponse aux interrogations soulevées par l'étude, Surgisphere explique que ces données viennent d'hôpitaux qui collaborent avec elle, mais que "nos accords d'utilisation des données ne nous permettent pas de les rendre publiques"

Sur un blog de l'université new-yorkaise de Columbia, le statisticien Andrew Gelman relaie les observations de son collègue de l'université Mahidol de Bangkok (Thaïlande), James Watson : "Ils ne fournissent presque aucune information sur les différents hôpitaux : quels pays (...), comment les patients traités ou non traités sont répartis entre les hôpitaux, etc." Or, savoir dans quels pays et dans quels hôpitaux les patients ont été pris en charge a son importance. "On aimerait savoir de quels pays, pas juste de quels continents ces données proviennent, car cela renseigne sur la qualité des systèmes de soins", pointe Dominique Costagliola, directrice adjointe de l'Institut Pierre-Louis d'épidémiologie et de santé publique. De plus, "il est mieux de comparer les évolutions selon le traitement au sein d'un même pays", car cela permet de mieux contrôler le facteur des différences de pratiques, ajoute la vice-doyenne déléguée à la recherche de la faculté de médecine de l'université de la Sorbonne.

De nombreux chercheurs font valoir que la transparence sur les données permet aussi d'évaluer en toute indépendance la qualité des travaux produits. "Les auteurs (...) peuvent-ils divulguer les noms des hôpitaux canadiens qui, selon eux, ont contribué à l'ensemble de données afin qu'ils puissent être vérifiés de manière indépendante", demande donc sur Twitter l'expert en maladies infectieuses à l'université canadienne McGill, Todd Lee. 

En outre, une erreur a été repérée dans la base de données de Surgisphere, rapporte le Guardian. Les patients d'un hôpital en Asie ont été classés comme originaires d'Australie. "Cela montre la nécessité d'une vérification supplémentaire des erreurs dans la base de données", jugent les auteurs de la lettre ouverte. Surgisphere continue de défendre l'intégrité de ses données et le Lancet a publié un court erratum vendredi à ce sujet, assurant que cette erreur n'implique pas "de changements dans les conclusions du papier".

L'étude du 'Lancet' n'est pas parfaite, mais aucune étude ne l'est.Dominique Costagliola, directrice adjointe de l'Institut Pierre-Louis d'épidémiologie et de santé publiqueà franceinfo

Des flous dans la méthodologie

Les auteurs de l'étude omettent de mentionner des informations majeures à l'analyse rétrospective de leurs travaux, souligne Carole Dufouil, directrice de recherche à l'Inserm à Bordeaux. "Dans les études observationnelles, on a en général une population cible, avec des critères d'inclusion, et une population étudiée. Il est important de les comparer pour comprendre la sélection. Là, on n'a rien. Ni sur les critères d'inclusion, ni sur les pays, ni sur les hôpitaux. Et le fait qu'on ait un échantillon de grande taille n'y change rien. On doit pouvoir évaluer si des biais sont possibles. Dans ce cas, on ne peut pas", tranche l'épidémiologiste et biostatisticienne.

L'un des critères retenus par les auteurs pose également problème, selon Laurence Meyer. L'étude intègre les patients ayant débuté leur thérapie dans les 48 heures suivant le diagnostic mais sans prendre en compte l'état d'avancement de la maladie. "On ne sait pas complètement dans quel état ils sont. On ne sait pas à combien de temps après le début de la maladie ils sont", expose-t-elle. Avant de relativiser : "C'est le cas d'à peu près tous les essais en cours."

L'article a de grosses failles méthodologiques qui peuvent remettre en question les conclusions de l'étude.Carole Dufouil, directrice de recherche à l'Insermà franceinfo

Dominique Costagliola pondère toutefois ces critiques : "Les auteurs ont utilisé plusieurs méthodes pour contrôler les facteurs de confusion [que sont l'âge, le sexe, l'ethnie, l'obésité, les maladies cardiaques ou pulmonaires ou le tabagisme] et évaluer l'impact éventuel d'un facteur de confusion qui n'aurait pas été présent dans la base de données."

Ils ont par exemple calculé des scores de propension, souligne Laurence Meyer. Cette méthode statistique permet dans ce type d'étude de mesurer l'effet d'un traitement sur des groupes disparates, en tenant compte des nombreuses variables dites confondantes, risquant d'entraîner des biais d'analyse.

En dépit des réserves évoquées précédemment, Pierre-Yves Scarabin, médecin épidémiologiste et directeur de recherche émérite à l'Inserm, juge pour sa part sur son blog que la "méthodologie est appropriée", que "la gestion des facteurs de confusion est optimale" et "convaincante" et estime l'étude "bien menée". Il rappelle néanmoins que celle-ci "reste observationnelle" et que "son niveau de preuve ne peut être que limitée".

Une lacune dans l'étude

Plusieurs chercheurs reprochent également aux auteurs de ne pas avoir exploré un point crucial : l'effet dose, c'est-à-dire la quantité de chloroquine ou d'hydroxychloroquine à partir de laquelle la molécule s'avère néfaste pour le patient. "Si l'hydroxychloroquine ou la chloroquine tue des gens, vous vous attendez à un effet dose", insiste James Watson, cité par Andrew Gelman sur le blog de la Columbia.

Or, poursuit le statisticien, à l'heure actuelle, "il y a une très grande variation dans les doses qu'administrent les hôpitaux". "Compte tenu de la taille de leur base de données [plus de 96 000 patients dans plus de 670 hôpitaux du monde entier], ils auraient pu essayer de montrer un effet dose", reproche l'épidémiologiste et biostatisticienne Carole Dufouil.

Des interrogations éthiques 

Comment une étude portant sur plus de 96 000 patients a-t-elle pu être menée par quatre hommes seuls ? La publication ne compte en effet que quatre auteurs : Mandeep Mehra de la Harvard Medical School de Boston, Sapan Desai de l'entreprise Surgisphere, Frank Ruschitzka de l'hôpital universitaire de Zurich et Amit Patel du département d'ingénierie biomédicale de l'université de l'Utah à Salt Lake City. 

Il est précisé que Sapan Desai était chargé de superviser l'acquisition et l'analyse statistique des données. Il apparaît donc évident que ce travail a été opéré par Surgisphere. Ce qui amène à se questionner sur la manière dont l'entreprise a acquis ces informations. "On peut s'interroger sur le type de partenariat qui leur a permis d'obtenir ces données. C'est du rarement, voire jamais-vu, en recherche biomédical", observe Carole Dufouil. En outre, remarque l'épidémiologiste, les auteurs crivent que la collecte de données, comme les analyses, sont exemptées d'évaluation éthique. Ça, c'est un mystère." Les cosignataires de la lettre ouverte regrette eux aussi l'absence d'"examen éthique" des travaux. 

"Les mauvaises études sont nombreuses, mais ce qui est gênant c'est qu'en plus, dans ce cas, elle ait passé en l'état l'examen de validation par des pairs, puis en interne par le Lancet", questionne la biostatisticienne Carole Dufouil. Interrogée par l'AFP, la revue fait savoir qu'elle a transmis les nombreuses questions soulevées – notamment par les signataires de la lettre ouverte – aux auteurs de l'étude, qui "travaillent pour répondre aux problèmes soulevés".

Au total, les données posent problème, l'analyse a des lacunes majeures et on n'a pas l'assurance que tout cela a été fait selon les standards éthiques. Ce n'est pas sur la base de ce travail que l'on peut conclure définitivement à l'inefficacité de l'hydroxychloroquine. Carole Dufouil, directrice de recherche à l'Insermà franceinfo

Une étude qui n'est qu'observationnelle

Comme le fait valoir l'épidémiologiste Pierre-Yves Scarabin : "Cette étude reste observationnelle et son niveau de preuve ne peut être que limitée." Il ajoute : "D'où l'importance des essais randomisés en cours dont les résultats sont attendus avec impatience." Un avis que partagent nombre de ses collègues. Mais "en matière d'études observationnelles, ce n'est jamais une seule étude qui va apporter la vérité, c'est un faisceau d'arguments qui se mettent à converger de plus en plus. Et c'est ce que l'on a", relève Laurence Meyer. 

Pour Dominique Costagliola, cette étude "ne peut à elle seule être définitivement conclusivemais elle justifie un arrêt de l'utilisation, en dehors d'essais cliniques randomisés bien conduits, car il n'y a aucune preuve d'une efficacité quelconque dans quelque étude solide que ce soit." L'OMS a fait savoir que la suspension des essais impliquant l'hydroxychloroquine était "temporaire" et que ses experts rendraient leur"opinion finale" après l'examen d'autres éléments, notamment les analyses intérimaires de l'essai Solidarity, probablement d'ici à la mi-juin. Le feuilleton chloroquine n'est donc pas fini.

08/08/2017

Rorty et Trump

Le philosophe qui a prophétisé Trump (et les dérives de la gauche)
Paru en 1998, l'étonnant "Achieving Our Country" de Richard Rorty annonçait la victoire d'un "homme fort" populiste et les déboires du multiculturalisme.

PAR THOMAS MAHLER

Publié le 08/08/2017 à 08:36 | Le Point.fr

L'élection de Donald Trump a eu au moins un effet bénéfique : relancer les ventes d'Achieving Our Country, passionnant petit livre du philosophe Richard Rorty paru en 1998. Reprenant trois conférences données un an auparavant à l'université d'Harvard, l'ouvrage prédisait avec une précision déroutante l'abandon par l'intelligentsia gauchiste des classes populaires, l'essor du populisme dopé par la mondialisation et l'arrivée au pouvoir d'un démagogue qui ressemble furieusement à l'actuel locataire de la Maison-Blanche.
Cela vaut la peine de citer en longueur ce passage qui a fait fureur sur les réseaux sociaux américains : « À ce moment, quelque chose va se fissurer. L'électorat périphérique décidera que le système a échoué et cherchera un homme fort pour qui voter – quelqu'un qui lui assurera, une fois élu, que les bureaucrates suffisants, les avocats rusés, les traders surpayés et les professeurs postmodernistes ne mèneront plus la danse [...]. Et une fois cet homme fort au pouvoir, personne ne peut prédire ce qui va se passer [...]. Mais une chose qui va sans aucun doute arriver, c'est que les avancées qu'ont connues depuis quarante ans les Noirs et les homosexuels vont être balayées. Le mépris enjoué pour les femmes redeviendra à la mode. Les mots nègres et youpins se feront à nouveau entendre dans les bureaux. Tout ce sadisme que la gauche académique a tenté de rendre inacceptable va ressurgir. Toute la rancœur ressentie par des Américains non éduqués énervés de se voir dicter leur comportement par des diplômés d'université va trouver un exutoire. »
Mais, avertit aussi Richard Rorty, ce démagogue ne fera rien pour améliorer la condition de son électorat populaire. « Car après que l'homme fort que j'imagine ait accédé au pouvoir, il fera rapidement la paix avec l'élite internationale des super-riches, comme Hitler l'a fait avec les industriels allemands. Il invoquera la mémoire glorieuse de la guerre du Golfe pour déclencher des aventures militaires. Il sera un désastre pour le pays et pour le monde entier. Les gens s'étonneront du peu de résistance à son ascension évitable. Où, se demanderont-ils, était la gauche américaine ? Pourquoi la gauche n'a-t-elle pas réussi à contenir la rage grandissante des nouveaux dépossédés de la mondialisation ?" Étonnant, non ?
Le parti de l'espoir et de la transformation sociale

Disparu il y a dix ans, l'influent et libéral - dans le sens américain du terme - Richard Rorty (1931-2007) n'a pas eu le temps de voir sa prédiction se réaliser. Vivant, ce disciple de John Dewey et figure de proue de la pensée pragmatique aurait été invité dans tous les talk-shows en recherche de pythies en cette époque déroutante. Mais Achieving Our Country n'est pas seulement le livre qui a annoncé la victoire de Trump. C'est aussi et surtout, bien avant les essais de Christophe Guilluy, Michel Onfray ou Laurent Bouvet, une passionnante analyse des défaites d'une gauche « culturelle » (et multiculturelle) qui préfère signer des pétitions plutôt que d'œuvrer à des réformes, qui vomit l'État-nation en oubliant qu'il reste la meilleure protection pour les classes populaires, et qui plutôt que de promette un avenir économique meilleur ne s'intéresse plus qu'aux fautes du passé.
Il fut un temps, rappelle Rorty, où la gauche américaine, à l'image de ses héros Walt Whitman et John Dewey, était le parti de l'espoir et de la justice sociale. Une gauche de réformes réalisées par le bas à travers les luttes sociales, comme par le haut avec des lois passées par des gouvernements démocrates. Une gauche célébrant une religion civile optimiste, patriote sans être nationaliste. « La fierté nationale est aux pays ce que le respect de soi est aux individus : une condition nécessaire au progrès personnel. Trop de fierté nationale peut produire l'agressivité guerrière et l'impérialisme, tout comme trop d'estime de soi peut produire de l'arrogance. Mais trop peu de respect de soi rend difficile pour une personne de faire preuve de courage moral, tout comme trop peu de fierté nationale rend un débat énergique et efficace sur la politique nationale improbable. »
Rorty se félicite d'ailleurs que cette « vieille » gauche américaine, celle du New Deal comme de Kennedy, ait su échapper aux sirènes du marxisme, ce fanatisme catastrophique. « Les marxistes suggéraient que seul le prolétariat pouvait incarner la vertu et que les réformateurs bourgeois étaient des réactionnaires objectifs [...]. Le marxisme était plus une religion qu'un programme séculier pour le changement social. Comme toutes les sectes fondamentalistes, il célébrait la pureté. » Or, rappelle Rorty, en démocratie, vous n'arrivez à réaliser des choses concrètes qu'en pratiquant le compromis.
Minorités et repentance

Mais dans l'ébullition des radicales années 1960 et de la lutte contre la guerre du Vietnam, on a assisté à un tournant venu des campus. Freud et les études de genre ont remplacé Upton Sinclair et les syndicalistes. Les minorités ethniques et sexuelles sont devenues les nouveaux prolétaires. De politique et économique, la gauche s'est muée en culturelle. Après les réformes, place à d'hypothétiques révolutions. Le philosophe reconnaît à cette nouvelle gauche l'immense mérite d'avoir mis sur le devant de la scène la question des Noirs, des femmes ou des homosexuels. Il précise aussi que le « politiquement correct », né dans les universités, a fait de l'Amérique « une société bien plus civilisée qu'elle ne l'était il y a trente ans. Excepté quelques décisions de la Cour suprême, il y a peu d'améliorations sur le plan législatif depuis les années 1960. Mais les changements dans la façon dont nous nous traitons les uns les autres ont été énormes ».
Très vite cependant, par ses excès, cette gauche culturelle ne s'est plus intéressée qu'aux questions d'identité. Alors que l'ancienne gauche se focalisait sur les conditions économiques, la nouvelle se passionne pour les victimes raciales et sexuelles, en oubliant les chômeurs, les « rednecks » ou les habitants des « trailers-parks » - ces aires de stationnement des mobile-homes -, parce qu'ils sont blancs. Surtout, au lieu de chercher à rassembler « les noirs, blancs et bruns » dans un projet commun, un véritable melting-pot, la gauche multiculturelle préfère préserver les différences plutôt que de les dépasser, célébrant les « Autres », d'anciens groupes victimisés qui, ironise Rorty, se voient dotés de vertus bien plus importantes que des blancs des zones périphériques forcément dégénérés : « On attend des anciens oppressés qu'ils soient aussi angéliques que les mâles blancs hétérosexuels étaient diaboliques. »
Rorty reproche à la gauche culturelle son dogmatisme et son ton moralisateur. L'Amérique n'est ainsi plus vue que comme un fléau responsable de bien des péchés : importation d'esclaves africains, massacres des Indiens et impérialisme responsable de la guerre du Vietnam (en oubliant, rappelle Rorty, que ce conflit s'inscrivait dans une guerre froide légitime face à un totalitarisme soviétique). Du pays égalitaire analysé par Toqueville et d'un rêve américain célébré par Whitman comme émancipateur, on est ainsi passé à une Amérique odieuse et par essence impardonnable. En lisant Achieving Our Country , on peut d'ailleurs aisément remplacer les crimes de Nouveau Monde par nos propres turpitudes coloniales...
Questions sans réponse

Plutôt que de mettre la main dans le cambouis de la politique, cette gauche des campus a préféré se perdre dans des théories lacaniennes et foucaldiennes absconses, en évoquant « le système » ou « le pouvoir » aussi insaisissable qu'un fantôme des contes gothiques. En revanche, comme le note Rorty, la gauche culturelle n'a absolument pas su penser la très concrète crise des classes moyennes et les effets de la mondialisation, qui pose un dilemme terrible d'un point de vue philosophique. « La première réponse est d'insister sur le fait que les inégalités entre les nations doivent être atténuées – et, en particulier, que l'hémisphère nord doit partager sa richesse avec le Sud. La seconde réponse est d'insister sur le fait que la responsabilité première de chaque État-nation démocratique concerne ses propres citoyens les plus désavantagés. Ces deux réponses rentrent, de manière évidente, en conflit l'une contre l'autre, car la première suggère que les vieilles démocraties ouvrent leur frontière, alors que la seconde implique de les refermer. »
Faute d'avoir su calmer l'anxiété grandissante des classes moyennes et populaires, la gauche a laissé le champ libre à des démagogues comme Trump, qui n'avait plus qu'à jouer sur la corde du ressentiment racial.
Mais le plus frappant dans ce livre est que Richard Rorty a pressenti l'appel grandissant au « peuple », une entité tout aussi fantasmée que ses ennemis « le système » ou « le pouvoir ». Au lieu de se demander comment pragmatiquement améliorer la condition des plus démunis, l'actuelle gauche préfère ainsi s'enivrer de « démocratie participative » et de « fin du capitalisme ». À quoi ressemblerait ce nouveau monde d'après la démocratie libérale ? Comment organiser un pays d'insoumis ? Nul ne le sait. « Ces gauchistes font allègrement abstraction de toutes les questions soulevées par les expériences d'économies non-marchande dans les soi-disant pays socialistes. Ils semblent suggérer qu'une fois débarrassé des bureaucrates et des entrepreneurs, le peuple saura faire face à la compétition des aciéries ou d'usines de textiles des pays émergents, ou aux hausses de prix de pétrole importé... Mais ils ne nous disent jamais comme le peuple apprendra à faire ça. » Richard Rorty n'a pas seulement annoncé le populisme illusoire de Donald Trump ; il a aussi prédit « les gens » fantasmagoriques chers à Jean-Luc Mélenchon...
Achieving our country, Richard Rorty (Harvard University Press).

Le lobby antiraciste fait des ravages au Québec

Par Jérôme Blanchet-Gravel, Causeur, 8 août 2017

 

Il s’est récemment constitué au Québec un véritable lobby antiraciste dont la mission est de convaincre les différents paliers de gouvernement d’œuvrer à la reprogrammation complète de la société conformément à ses revendications identitaires pour les immigrants. Il faudrait que le Canada français devienne une page blanche, un Éden entièrement vierge dont les habitants devraient obligatoirement rendre un culte à la déesse Diversité.

Surtout composé de militants anti-laïques, d’universitaires, de journalistes et de fonctionnaires, ce nouveau lobby est parvenu à persuader le gouvernement provincial de mettre en place une grande commission sur le racisme dit « systémique ». Le 20 juillet dernier, le gouvernement du Parti libéral (un parti plutôt favorable à l’immigration massive) annonçait donc officiellement que des séances de consultation sur le sujet allaient se tenir à l’automne.

« Négationnisme », idéal diversitaire et « islamophobie »

Les instigateurs de cette grande mascarade se montrent si radicaux dans leurs prises de position qu’il est facile de prévoir les conclusions qui seront tirées de l’exercice. En mars dernier, le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard, affirmait que nier la réalité du racisme au Québec relevait du « négationnisme ». Voilà de quoi donner le ton.

A lire aussi: Le Québec est-il structurellement raciste?
Premièrement, nous apprendrons que les Québécois « de souche » forment un peuple fondamentalement « raciste », en raison, notamment, de son rapport conflictuel à la religion. Il faut préciser que, dans leur ensemble, les Québécois n’ont jamais été très favorables à l’idée de se voir imposer des croyances religieuses dont ils ne partagent aucunement les principes. Le Canada français est longtemps resté catholique, mais à partir des années 1960, il est rapidement devenu hostile au dogmatisme religieux, peu importe sa provenance. Cette méfiance légitime envers la religion semble toutefois s’atténuer chez les jeunes générations qui ont été gavées à l’idéal diversitaire par le système d’éducation au cours des deux dernières décennies.

Deuxièmement, nous apprendrons que les musulmans font partie des principales victimes du racisme systémique. Bien évidemment, il sera beaucoup question de l’« islamophobie », cette nouvelle épidémie populaire dont il faudrait collectivement guérir. L’islamisme a beau n’avoir jamais fait autant d’adeptes et surtout, de victimes, des associations musulmanes viendront publiquement faire le procès des Québécois sans jamais remettre en cause aucune de leurs pratiques. Pendant ce temps, rien ne sera dit au sujet des communautés asiatiques (chinoise, vietnamienne, indienne, etc.) qui sont pourtant très importantes. Il faut croire que certaines communautés culturelles maîtrisent mieux que d’autres l’art de la victimisation.

Du racisme, où ça?

Le Barreau du Québec définit le concept de racisme systémique comme une « production sociale d’une inégalité fondée sur la race dans les décisions dont les gens font l’objet et les traitements qui leur sont dispensés. L’inégalité raciale est le résultat de l’organisation de la vie économique, culturelle et politique d’une société. » Cette définition serait cohérente avec la réalité si cette inégalité raciale existait vraiment. Avant le développement de cette schizophrénie sociologique, le Québec avait toujours été considéré comme l’une des terres les plus accueillantes au monde.

Il est toujours utile de rappeler que le racisme est une idéologie qui croit en la supériorité d’une race sur une autre. Apparu au XIXe siècle en Europe avec l’essor des sciences naturelles et du darwinisme social, le racisme repose sur des fondements pseudo-biologiques. Ainsi il faut vraiment être de mauvaise foi pour ne pas constater que cette idéologie est devenue extrêmement marginale, sinon inexistante.

La gauche multiculturaliste introduit le doute et la méfiance

En revanche, ce qui persiste encore dans tous les pays du monde, ce sont certaines formes de solidarité naturelle, autant dire de xénophobie, qui ne pourront jamais être totalement éradiquées. Claude Lévi-Strauss a montré qu’à moins d’instaurer un régime totalitaire, aucune société ne deviendra parfaitement conforme aux standards xénophiles du multiculturalisme. À moins, bien sûr, que cette société ne souhaite sa propre disparition.

A lire aussi: Au Québec, islamistes et gauche multiculturaliste font bon ménage
Le débat entourant le racisme systémique au Québec est complètement artificiel. Un peu comme en France, où elle fait aussi bien des ravages, la gauche multiculturaliste invente des problèmes de toutes pièces, elle alimente des tensions réelles qui étaient au départ imaginaires. Là où tout allait bien, elle introduit le doute et la méfiance. Ce serait bien qu’on le réalise, avant de détruire ce qu’il reste du « vivre-ensemble ».

22/07/2017

Revue de Presse

Par Pierre Bérard

 

« Vous n’aurez pas ma haine ! ». Telle est la phrase rituelle et à tiroirs des victimes d’attentats que la presse s'efforce de privilégier modelant ainsi un type de commémoration 
destiné à brider une colère légitime. Excellente analyse de Laurence Maugest :
 
L’école aux prises avec le communautarisme musulman par André Murawski, conseiller régional Hauts-de-France :
 
Chronique du livre « Tarek, une chance pour la France ? » de Jean-François Chemain par Camille Galic :
 
Le burkini ne serait pas une affaire de simple police des vêtements mais un défi civilisationnel. Article d’Aurélien Marq  :
 
Recension par la courageuse démographe Michèle Tribalat du livre de Douglas Murray « The strange death of Europe : immigration, identity and islam ». c’est une analyse 
du déni des élites européenne face à l’immigration et à ses conséquences :
 
Face aux fondamentalismes, la réponse polythéiste. Le nouveau numéro d’Éléments parait le samedi 22 juillet (couverture et sommaire complet, première référence). 
Après un copieux numéro de Krisis consacré au paganisme (seconde référence)  :
 
Accompagnant la parution du dernier numéro d’Éléments (voir ci-dessus), Tv Libertés publie le deuxième épisode de l’émission « Le plus d’Éléments ». Animée par Olivier 
François, elle met en scène David L’Épée, Ludovic Maubreuil, Christophe A Maxime, Thomas Hennetier et Slobodan Despot dans un remarquable esprit de non conformisme 
tout azimut :
 
Elisabeth Lévy présente le dernier numéro de causeur aux lecteurs du Figaro. Style enjoué sur des sujets austères  :
 
Réflexion judicieuse d'Alain de Benoist sur la morale et le politique :
 
Dans sa dernière émission « Les idées à l’endroit » Alain de Benoist évoque la grande personnalité de Carl Schmitt en compagnie des universitaires Aristide Leucate et 
Alexandre Franco de Sa.
 
Chronique du livre d’Alain de Benoist « Ce que penser veut dire » une anthologie bio-bibliographique des penseurs européens de Jean-Jacques Rousseau à Jean-claude 
Michéa signée de Michel Geoffroy :
 
Tournant majeur dans la généalogie de l’homo sapiens qui laisserait deviner la fin de la théorie « Out of Africa » :
 
Éditorial de Philippe Conrad pour le hors série de la Nouvelle Revue d’Histoire consacré aux guerres de religion passées et présentes :
 
Dans l’émission « Passé présent » sur TV Libertés Philippe Conrad et André Posokhow font le point à propos de la défaite de 1940 et de ses suites :
 
Réformes Macron : 3 milliards d’impôts en moins pour les rentiers de la richesse qui ne représentent que 0,1% de la population. Article d’Emmanuel Lévy dans « Marianne » :
 
Avec Macron le programme est clair : poursuite du sans-frontiérisme commercial, migratoire et moral par Jean-Yves Le Gallou qui passe en revue les hauts fonctionnaires 
qui dirigeront, de fait, la politique du nouveau gouvernement. Éloquent :
 
L’élection Emmanuel Macron grâce au double appui de la haute fonction publique d’État et de l’oligarchie financière a été permise par la désaffection massive de l’électorat nous dit  
l'avocat Régis de Castelnau. Cette légitimité problématique expliquerait selon lui la grande désinvolture dont Macron, un godelureau dépourvu d’expérience, ferait preuve vis à vis de 
l’appareil d’État, et de citer à titre d’exemple son attitude vis à vis des armées et des organes judiciaires.
 
Le théologien Paul Thibaud réfléchissant sur le discours devant l'ex Vel d’hiv d’Emmanuel Macron, analyse plutôt finement l’amnésie sur la Shoah qui a précédé Jacques Chirac et 
l’hypermnésie qui lui a succédé. Il en tire une conclusion qui va à rebours des convictions exposées par l’actuel président de la République : 
 
Le vote confessionnel lors des élections de 2017 en France. Une analyse de Philippe Velilla pour le MAUSS :
 
Comment les États du Golfe ont financé l’opération Timber Sycamore organisée par le général David Petraeus. Article fort bien documenté de Thierry Meyssan sur la plus importante 
affaire de trafic d’armes des récentes décennies afin d’alimenter les groupes djihadistes en Irak et en Syrie. On comprendra aisément que Macron comme Hollande éprouvent de 
sérieuses difficultés à désigner l'ennemi :
 
Le général Dominique Delawarde est l’ancien chef du bureau « Situation-Renseignement-Guerre Électronique » de l’État-major interarmées de planification opérationnelle. Il étudie 
ici (en février 2017) les relations entre les États-Unis, la Russie et Israël et tire des conclusions sur l’élection d’Emmanuel Macron, non encore advenue à cette date.
 
Michel Drac chronique « Les blancs, les juifs et nous » d’Houria Bouteldja, porte-parole des indigènes de la République et en tire des conclusions peu amènes pour son auteur :
 
Emmanuel Leroy qui a fondé une association venant en aide aux enfants du Donbass s’entretient avec Tv Libertés :
 
Lucien Cerise reçu à Radio Sputnik pour son livre « Retour sur Maïdan, la guerre hybride de l’OTAN » (éditions Le retour aux sources) :
 
Chronique de l’ouvrage collectif paru sous la direction de Christian Harbulot : « Le nationalisme économique américain ».
 
Dans « La voie de l’épée », blog du colonel Michel Goya, celui-ci examine la décroissance continue des dotations de nos forces armées en moyens capacitaires et budgétaires depuis 
la fin des années 80 (première référence). Dans un article du Parisien où est cité le général Vincent Desportes, celui-ci confirme : « Un char sur deux est capable de rouler, un avion sur 
deux peut décoller, un bateau sur deux sortir en mer ! » (seconde référence) :
 
S’aidant des concepts du droit romain, Jacques Sapir voit dans la démission du chef d’État-major des armées Pierre de Villiers un grave précédant susceptible de mettre en 
cause la légitimité même du président de la République :
 
Réduite à une impuissance désastreuse au Proche-Orient notre diplomatie animée par des réseaux néo-conservateurs à l’américaine regarde passer les trains. Afin de mettre un 
terme à cette situation, Richard Labévière plaide pour une réouverture de notre ambassade à Damas :
 
Anecdote significative. On apprend que Jupiter au moment même où il se débarrasse d’Arès (son fils dans la mythologie...) visionne en compagnie de quelques happy few (BHL, 
Christine Angot et Fred Vargas) un médiocre documentaire sur la bataille de Mossoul, assurant surtout la promotion de son réalisateur. N’y a-t-il pas meilleur outil pour s’initier 
à la stratégie ?  :
 
À ce propos rappelons que Le Monde Diplomatique vient de mettre tous ses articles concernant Bernard-Henri Lévy en accès libre afin de dénoncer une imposture qui ne tient que 
par le réseau mafieux qu’il contrôle. Le « philosophe » en a pris ombrage dans les colonnes du Point par une tribune au vitriol où il fustige pêle-mêle comme à son habitude le fascisme, 
l’anti-sionisme, le conspirationnisme, les rouges-bruns et les fake news. Bref, rien de très neuf dans l'arsenal faisandé qu’il nous sert depuis des décennies : 

Identité & laïcité

petit_nicolas_sport.jpgL’identité de la France comme réponse au communautarisme dans le système éducatif

Par André Murawski, conseiller régional Hauts-de-France ♦ Dans une circulaire du 30 juin 2016, le directeur du Service interacadémique des examens et concours (SIEC) des académies de Créteil, Paris et Versailles constatait la coïncidence entre le premier jour de l’oral de rattrapage du baccalauréat et la fête musulmane de l’Aïd el Fitr qui figure dans le calendrier des fêtes légales arrêté par le ministère de l’Education nationale.

Appliquant la réglementation en vigueur, la circulaire posait que les candidats convoqués le 6 juillet et qui invoqueraient la fête de l’Aïd el Fitr devraient être reconvoqués le lendemain. Les enseignants invoquant la même fête devaient être remplacés.

Cette situation donna naissance à une polémique dans la mesure où certains interprétèrent le texte comme une atteinte au principe de laïcité en ce qu’il invitait l’administration à interroger les élèves sur leur pratique religieuse. Les principaux syndicats de chefs d’établissement firent savoir qu’ils n’appliqueraient pas la circulaire controversée.

L’arbre de l’indignation, feinte ou réelle, cachait mal cependant la forêt de difficultés auxquelles l’école est aujourd’hui confrontée, et qui relèvent de pratiques communautaristes.

Polémia, 14 juillet 2017

 

La nécessaire adaptation du système éducatif

La IIIe République a posé les principes sur lesquels elle entendait bâtir le système éducatif : Liberté, laïcité, neutralité, gratuité et obligation scolaire. Le principe d’obligation scolaire a été conçu dans le contexte d’une France majoritairement rurale, où le catholicisme restait la principale religion et où la pérennité de la forme républicaine du gouvernement n’était pas acquise. La situation actuelle est fort différente. La France est désormais urbaine et péri-urbaine, le catholicisme a décliné au profit de l’irréligion et les immigrations originaires d’espaces civilisationnels autres qu’européens ont entraîné l’apparition de religions nouvelles. L’islam est la deuxième religion pratiquée en France. Quant à la forme républicaine du gouvernement, nul ne la conteste plus sérieusement en ce début du XXIe siècle.

Les « aménagements » liés à la pratique de religions nouvelles, mais aussi à des revendications parfois très fortes de nature communautaire amènent à s’interroger sur la pertinence des solutions apportées par le droit issu des lois de Jules Ferry. Sachant que le fond du problème reste toujours de nature identique : voulons-nous d’une France multiculturelle et, donc, forcément, communautarisée ? ou préférons-nous que l’identité de la France se manifeste par un fort sentiment de cohésion nationale ?

Les fondements républicains et patriotes de l’école…

Qu’est-ce que l’obligation scolaire ? C’est un principe qui a été imposé par la loi du 28 mars 1882 « sur l’enseignement primaire obligatoire ». L’article 1er de la loi définissait l’enseignement primaire qui comprenait, dans l’ordre : L’instruction morale et civique, la lecture et l’écriture, la langue et la littérature françaises, la géographie, l’histoire, quelques notions usuelles de droit et d’économie politique, les sciences naturelles, physiques et mathématiques, les éléments du dessin, du modelage et de la musique, la gymnastique et, pour les garçons, les exercices militaires. L’esprit national est évident. Il fallait former des Français républicains, et des Français patriotes.

L’article 4 précisait l’étendue de l’obligation scolaire : « L’instruction primaire est obligatoire pour les enfants des deux sexes âgés de six ans révolus à treize ans révolus. » L’obligation fut portée à quatorze ans en 1936, puis à seize ans en 1959. A l’origine, l’obligation scolaire ne concernait que les enfants de nationalité française car « la loi du 28 mars 1882 n’est ni une loi de police, ni une loi de sûreté et, comme elle atteint plus ou moins la puissance paternelle, elle ne saurait être imposée à des étrangers dont nos lois respectent l’état et la capacité ». Toutefois, l’obligation fut étendue en 1936 aux enfants des deux sexes, français et étrangers, sous l’impulsion de Jean Zay.

L’article 2 de la loi réglait la question des convictions religieuses des familles en dégageant une journée par semaine : « Les écoles primaires publiques vaqueront un jour par semaine, en outre du dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s’ils le désirent, à leurs enfants, l’instruction religieuse, en dehors des édifices scolaires. » Sans distinguer entre les confessions, la loi permettait donc que les enfants reçoivent une instruction religieuse, dans le cadre d’une stricte séparation avec l’école publique.

Le corollaire de l’obligation scolaire était bien évidemment l’assiduité. La loi de 1882 était coercitive. Lorsqu’un élève était absent sans justification admise quatre fois dans le mois, le responsable légal était invité à comparaître dans la salle des actes de la mairie devant la commission municipale scolaire qui lui rappelait le texte de la loi et lui expliquait son devoir. En cas de récidive dans les douze mois, les nom, prénom et qualités de la personne responsable, avec indication des faits relevés contre elle, étaient inscrits pendant une période de quinze jours ou un mois à la porte de la mairie. En cas de nouvelle récidive, la commission ou l’inspecteur primaire devait adresser une plainte au juge de paix qui constatait la contravention et qui pouvait prononcer une peine de police.

La solennité et la sévérité de la loi permirent un fonctionnement convenable du système éducatif aussi longtemps que la société française demeura globalement équitablement répartie sur le territoire national, dominée par la religion catholique et confrontée à une immigration régulière. Mais l’exode rural, l’apparition de nouvelles religions liées à l’immigration et la présence de plus en plus constante d’étrangers en situation irrégulière ont bouleversé la situation. Ainsi, même si la loi Haby a réaffirmé, en 1975, le droit de tout enfant à l’éducation ; même si la loi d’Orientation, en 1989, a confirmé l’obligation d’assiduité ; même si une circulaire du 12 décembre 1989 a précisé les règles de suspension des allocations familiales, il faut bien admettre que les enfants des immigrés clandestins ne satisfont que rarement à l’obligation scolaire, et surtout que la présence à l’école d’importants contingents originaires d’autres espaces civilisationnels, dont les références culturelles, religieuses ou simplement traditionnelles sont différentes de celles qui font l’identité française, doivent amener à s’interroger sur ce que l’on attend du système éducatif dans son ensemble.

…sont confrontés à des contestations communautaristes…

Concernant l’obligation et l’assiduité scolaire, ce sont plus souvent des motifs liés à la pratique d’une confession religieuse qui sont invoqués pour justifier des autorisations d’absence, voire des absences constatées sans demande d’autorisation préalable. Le principe est que les élèves peuvent bénéficier d’autorisations d’absence nécessaire à l’exercice d’un culte reconnu par la République sous réserve que ces absences soient compatibles avec l’accomplissement des tâches inhérentes à leurs études et à l’ordre public dans les établissements d’enseignement. Les pouvoirs publics reconnaissent les fêtes catholiques et protestantes, ainsi que les fêtes orthodoxes, arméniennes, musulmanes, juives et bouddhistes. Le premier problème qui se pose concerne les écoles « ethniques » liées à une politique d’immigration inconséquente qui a abouti à la constitution d’espaces, souvent urbains, de regroupement de populations issues d’une ou plusieurs immigrations. Les enseignants peuvent alors se trouver en « chômage technique » faute d’élèves, tous absents à l’occasion d’une fête religieuse.

Un autre problème se pose lorsqu’une prescription religieuse impose des obligations contraignantes qui s’inscrivent dans la durée. Le ramadan en est un exemple typique, où l’observance du jeûne, parfois draconien sous l’influence des surenchères de diverses organisations religieuses, doit être poursuivie pendant tout un mois lunaire, soit 28 jours. L’institution scolaire est alors confrontée aux récriminations d’élèves qui se plaignent d’une fatigue, réelle ou feinte, pour se soustraire à tout ou partie des tâches inhérentes à leurs études. Les fêtes marquant la fin du carême sont aussi l’objet d’un absentéisme de plus en plus massif de la part des élèves, pouvant pour certains se prolonger plusieurs jours en dehors de toute autorisation. L’absence de prise en compte du ramadan dans le calendrier scolaire est aussi prétexte de la part de certaines organisations à contestation du calendrier ou les fêtes scolaires. La pratique religieuse tend alors à devenir une manifestation identitaire, allant de la scansion sacrée du temps à la remise en cause des programmes scolaires.

Cette remise en cause se manifeste dans pratiquement toutes les disciplines. La plus courante consiste dans le refus de porter les tenues sportives réglementaires, et tout particulièrement de participer à la pratique de la natation. En mathématiques, on a observé le refus d’utiliser tout symbole ou de tracer toute figure ressemblant de près ou de loin à une croix. En français et en philosophie, les œuvres s’inscrivant dans la période des Lumières, et spécialement Voltaire et Rousseau, sont contestées. Mais aussi Molière pour le Tartuffe, Chrétien de Troyes pour la promotion de la religion chrétienne ou encore Flaubert pour Madame Bovary qui promeut la liberté de la femme. L’histoire est également contestée parce qu’elle exprimerait une vision « judéo-chrétienne », mais elle peut aussi l’être lorsqu’elle aborde l’existence de religions préislamiques en Egypte ou l’origine sumérienne de l’écriture. En éducation civique, le principe de laïcité peut être mis en cause parce que cette dernière est considérée comme étant antireligieuse. Les sciences de la vie et de la terre sont, elles aussi, contestées sur le programme d’éducation sexuelle, mais aussi au nom du créationnisme opposé à l’évolutionnisme. Concernant les disciplines artistiques, on note des refus de dessiner un visage, de jouer de la flûte ou de pratiquer le chant choral. Enfin, les sorties scolaires peuvent également faire l’objet de contestation : Sur leur organisation pour ce qui est de la mixité de l’encadrement ou la conformité de la nourriture aux interdits religieux ; sur le fond lorsque le programme comporte la visite et l’étude d’édifices architecturaux du patrimoine tels que les cathédrales, les églises ou les monastères.

…que réfuterait un recours au roman national

Le constat que la France est « plurielle » religieusement et culturellement pose à notre société le défi d’un système éducatif qui peine désormais à remplir la mission que la Nation lui a assignée. La loi sur la refondation de l’école du 8 juillet 2013 a fixé comme mission première à tous les niveaux de scolarité de transmettre les valeurs de la République, de redéfinir les programmes, de développer le numérique éducatif et de reconstruire la formation des enseignants. La lutte contre le décrochage, l’éducation prioritaire, l’amélioration des rythmes scolaires sont aussi des objectifs affirmés au service de la réduction des inégalités. Enfin est soulignée l’importance de rapprocher l’éducation et l’économie pour favoriser l’emploi des jeunes. Ces objectifs ambitieux peuvent-ils être atteints dans le cadre d’une France multiculturelle et communautariste où certaines valeurs de la République, où des pans entiers de la littérature, de l’histoire, de la science, ou le genre de vie même sont contestés ?

L’identité de la France repose sur son patrimoine, son histoire, sa littérature, son folklore, ses traditions ancestrales, son genre de vie et sa cohésion nationale. L’identité de la France plonge ses racines dans le passé et se projette dans l’avenir. Ce qui fait l’identité de la France ne peut pas être contesté.

André Murawski
11/07/2017

05/04/2017

Cinq mythes sur la sortie de l'euro

Cinq mythes sur la sortie de l'euro

A proposal to revive the European Fiscal Framework

10/11/2016

Alain de Benoist sur Trump

Quel est votre sentiment après l’annonce de l’élection de Donald Trump ?

9 novembre 1989 : chute du Mur de Berlin. 9 novembre 2016 : élection de Donald Trump. Dans les deux cas, la fin d’un monde. Notre dernier Prix Nobel de littérature, Bob Dylan, s’était finalement révélé bon prophète : The times they are a-changin’ !

C’est en tout cas bien à un événement historique que nous venons d’assister. Depuis des décennies, l’élection présidentielle américaine se présentait comme un duel à fleurets mouchetés entre deux candidats de l’Establishment. Cette année, pour la première fois, c’est un candidat anti-Establishment qui se présentait – et c’est lui qui l’a emporté. « Malgré ses outrances », disait un journaliste. Plutôt à cause d’elles, aurait-il fallu dire, tant l’électorat de Trump n’en pouvait plus du politiquement correct !

En fait, dans cette élection, ce n’est pas le personnage de Trump qui est important. C’est le phénomène Trump. Un phénomène qui, tout comme le Brexit il y a cinq mois, mais avec une force encore supérieure, illustre de façon spectaculaire l’irrésistible poussée du populisme dans le monde.

Natacha Polony l’a très bien dit : ce phénomène « n’est que la traduction d’un mouvement de fond qui ébranle toutes les sociétés occidentales : la révolte des petites classes moyennes déstabilisées dans leur identité par la lame de fond d’une mondialisation qui avait déjà emporté les classes ouvrières ».

Le fait dominant, à l’heure actuelle, tient en effet dans la défiance grandissante que manifestent les peuples à l’endroit des élites politiques, économiques, financières et médiatiques. Ceux qui ont voté pour Trump ont d’abord voté contre un système dont Hillary Clinton, symbole passablement décati de la corruption institutionnalisée, donnait une représentation exemplaire. Ils ont voté contre le « marigot de Washington », contre le politiquement correct, contre George Soros et Goldman Sachs, contre la morgue des politiciens de carrière qui cherchent à confisquer la démocratie à leur seul profit, contre le show business que les Clinton ont appelé à leur rescousse. C’est cette vague de colère qui s’est révélée irrésistible.

Au-delà de cette victoire, l’écart de voix est considérable.

Comment l’expliquez-vous ? S’agit-il du dernier sursaut des Blancs et des Indiens d’Amérique, menacés démographiquement par les Noirs et les Latinos ?

Aux Etats-Unis, le vote populaire est une chose, celui des grands électeurs (le « collège électoral ») en est une autre. Le plus extraordinaire, et le plus inattendu, est que Trump l’ait aussi emporté auprès des grands électeurs. Bien entendu, on peut estimer qu’il a surtout fait le plein de la classe ouvrière blanche, dont un certain nombre de suffrages s’étaient précédemment portés sur Bernie Sanders (en ce sens, le vote en sa faveur est aussi un vote de classe). Mais, si intéressante soit-elle, une analyse du vote en termes ethniques serait assez réductrice. Les analyses qui ne manqueront pas paraître ces prochaines semaines montreront que Trump a aussi obtenu des voix chez les Latinos, et même chez les Noirs.

Le vrai clivage est ailleurs.

Il est entre ceux qui considèrent l’Amérique comme un pays peuplé par des gens qui se définissent d’abord comme des Américains, et ceux qui n’y voient qu’un champ politique segmenté en catégories et en groupes de pression tous désireux de prévaloir leurs intérêts particuliers au détriment les uns des autres. Hillary Clinton s’adressait aux seconds, Trump aux premiers.

La ligne politique de Donald Trump pourrait grossièrement être décrite comme plutôt libérale à l’intérieur des frontières et plutôt protectionniste à l’extérieur. Cela vous semble-t-il intéressant ? N’est-ce pas ce libéralisme « intérieur » qui manque au Front national pour percer en France ?

La situation des deux pays n’est pas comparable, et la forme que peut (ou doit) y prendre le populisme ne l’est pas non plus. Aux Etats-Unis, le ressentiment anti-Establishment est inséparable de l’idée propre aux Américains que le meilleur gouvernement est toujours celui qui gouverne le moins. Cette aspiration libérale au « toujours moins d’Etat » fait partie de l’ADN étatsunien, pas de celui des Français qui, dans la crise actuelle, demandent au contraire plus de protection que jamais.

Contrairement à ce que vous dites, le Front national, à mon avis, aurait donc tout intérêt à durcir plus encore sa critique du libéralisme. Quant à soutenir le libéralisme « à l’intérieur » et le « protectionnisme » à l’extérieur, cela me paraît relever de la contorsion. Il n’y a pas d’un côté un libéralisme qui dit une chose, et de l’autre un libéralisme qui dit le contraire. Du fait même de ses postulats fondateurs, le libéralisme implique à la fois le libre-échangisme et la libre circulation des personnes et des capitaux.

On peut certes déroger à cette règle, mais alors on sort du jeu libéral. Il est bien clair qu’avec Donald Trump, les Etats-Unis ne vont pas cesser d’être l’un des rouages moteurs du système capitaliste dans ce qu’il a de plus brutalement prédateur. Bien qu’il ne soit pas une figure de Wall Street, Trump correspond d’ailleurs assez bien lui-même à l’image d’un capitalisme débridé. Le FN se félicite de la victoire de Trump. La droite français semble effondrée.

Qui va en tirer les fruits ici ? Pas grand monde probablement. Marine Le Pen a été la première (avec Poutine) à féliciter Trump, et c’est bien naturel. Ce qui est plutôt comique, c’est de voir tous les hommes politiques, de droite et de gauche, qui s’étaient bruyamment réjouis par avance d’une victoire de Clinton qui leur paraissait si « évidente », devoir demain faire bonne figure à Donald Trump, l’accueillir parmi eux dans les sommets internationaux, le recevoir sans doute un jour à l’Elysée, après avoir déversé sur lui des tombereaux d’injures et de mépris. La classe dirigeante est à l’image des maîtres du cirque médiatique. L’élection de Trump est aussi « incompréhensible » pour eux qu’a pu l’être le Brexit en juin dernier, le « non » des Français au référendum de 2005, la montée du FN, etc. Elle leur est incompréhensible parce que pour la comprendre il leur faudrait se remettre en cause de façon suicidaire. C’est pourquoi ils ne trouvent rien d’autre à faire qu’à réciter leurs mantras sur les « discours de haine », la « démagogie » et l’« inculture » où se complairait le peuple. Leurs instruments conceptuels sont obsolètes. Ils ne veulent pas voir le réel, à savoir que les peuples n’en peuvent plus d’une démocratie représentative qui ne représente plus rien et d’une expertocratie qui ignore systématiquement les problèmes auxquels ils se heurtent dans leur vie quotidienne. Lénine disait que les révolutions se produisent quand à la base on ne veut plus et qu’à la tête on ne peut plus. Mais les élites en place sont incapables de s’en rendre compte, alors même que le sol se dérobe sous les pieds. Ecoutez-les tenter d’« expliquer » ce qui vient de se passer. Voyez leurs visages décomposés, tétanisés. Après avoir donné Clinton gagnante jusqu’à la dernière minute, ils ne veulent à aucun prix identifier les causes de leurs erreurs. Ils ne comprennent rien à rien. Ces gens-là sont incorrigibles.

Marine Le Pen ne prend elle pas une leçon, elle qui parle de « France apaisée » avec un discours très modéré là où Trump a joué la carte agressive et déterminée ?

C’est une erreur de croire que ce qui a bien fonctionné dans le contexte particulier d’un pays fonctionnera automatiquement dans un autre. Trump, le « clown milliardaire », a tenu durant sa campagne des propos d’une violence sidérante qui seraient impensables en France. La détermination, au surplus, n’implique pas forcément l’agressivité. Le slogan de « La France apaisée » se justifiait très bien il y a quelques mois. Il ne vous aura pas échappé qu’à l’approche des échéances électorales, la direction du FN l’a abandonné. La candidature de Donald Trump a notamment été portée par l’Alt-Right et une armée de jeunes militants virtuels qui ont utilisé à plein les montages vidéos, photographiques ou les dessins humoristiques pour soutenir Donald Trump avec humour.

Est-ce la fin du militantisme traditionnel ? Est-ce le début d’un nouvel âge, celui de l’activisme numérique et de l’utilisation de l’humour ? Il est évident qu’Internet et les réseaux sociaux jouent désormais un rôle décisif dans la vie politique, mais les partisans de Trump ne sont pas les seuls à en avoir usé. Les soutiens de Hillary Clinton n’ont pas été en reste. Mais si l’on parle d’« activisme numérique », c’est surtout aux révélations de Wikileaks qu’il faut songer. Elles ont eu, comme vous le savez, un rôle décisif dans la campagne électorale américaine. A côté de Donald Trump, le grand vainqueur du scrutin s’appelle Julian Assange.

A quelles conséquences vous attendez-vous en Europe ?

Dans le monde ? Il y a tout lieu de penser que les conséquences vont être aussi nombreuses que considérables, mais il est trop tôt pour spéculer là-dessus. Autant Hillary Clinton était prévisible (avec elle, c’était la guerre avec la Russie presque assurée), autant les intentions de Donald Trump restent relativement opaques. Déduire les grandes lignes de ce que sera sa politique à la Maison Blanche de ses plus tonitruantes déclarations de campagne serait pour le moins audacieux, sinon naïf. Trump n’est pas un idéologue, mais un pragmatique. Il ne faut pas non plus oublier (le parallèle entre la France et les Etats-Unis est là aussi trompeur) que le président des Etats-Unis, coincé qu’il est entre le Congrès et la Cour suprême, est loin d’avoir tous les pouvoirs qu’on lui prête de ce côté-ci de l’Atlantique. D’autant que le complexe militaro-industriel est toujours en place. Je pense par ailleurs que les « trumpistes » européens n’auront pas forcément que des bonnes surprises. Que Donald Trump se préoccupe en priorité des intérêts de son pays est tout à fait normal, mais il ne s’ensuit pas que cela favorise ou rejoigne les nôtres. « America first », cela veut dire aussi : l’Europe loin derrière ! Après des décennies d’interventionnisme tous azimuts et d’impérialisme néocon, le retour à un certain isolationnisme serait une bonne chose, mais qui peut aussi avoir son revers. N’oublions pas qu’aucun gouvernement américain, interventionniste ou isolationniste, n’a jamais été pro-européen !

Source: Breizh info, 10 novembre 2016.

12/07/2016

La revue de presse de Pierre B.

Baisse du QI moyen en Europe, une information bien référencée qui ne semble pas inquiéter outre mesure nos gouvernants qui continuent de célébrer la "diversité" et d'exiger de leurs populations qu'elles accroissent leur "compétitivité". Concernant le fait que la présence des immigrés en France freine la productivité, se reporter au livre de Christopher Caldwell, Une révolution sous nos yeux, éditions du Toucan, 2011, page 75.

http://fr.novopress.info/202235/baisse-qi-moyen-europe-li...

http://www.lepoint.fr/science/l-inversion-de-la-courbe-du...

 

En 2015, et pour la première fois, la population de l'Union européenne a décru malgré l'installation d'au moins 1,9 millions de migrants d'origine non européenne. Ce qui ne dissuade nullement les ONG "humanitaires" de conspuer une "forteresse Europe" qui se fermerait à la "diversité" pour se murer dans le repli sur soi.

http://www.leparisien.fr/societe/union-europeenne-l-immig...

 

Natacha Polony, la police de la pensée et le journalisme en laisse. 

https://www.youtube.com/watch?v=db26_acAeF4&feature=y...

 

Le copinage valeur plus forte que la vertu ? C'est la question que pose l'OJIM après la réintégration de la délicate Agnès Saal au ministère de la culture.

http://www.ojim.fr/condamnee-pour-ses-frais-de-taxis-agne...

 

Hervé Juvin en libertés, semaine du 27 juin au 1 juillet. L'économiste répond aux questions des téléspectateurs de Tv-Libertés et ses répliques sont percutantes. Le retour du drapeau bleu, blanc, rouge dans les stades / Faut-il accepter les prélèvements automatiques / L'un des arguments du Brexit c'est l'irréversibilité de la construction européenne. Info ou intox ? / Que sont les taux d'intérêt négatifs ?

http://www.tvlibertes.com/juvin-en-libertes-semaine-du-27...

 

Selon Bernard Lugan l'Afrique du Nord est dans une phase d'implosion, d'explosion et de perdition (entretien avec Boulevard Voltaire, première référence). En se reportant à son blog on pourra lire ce qu'il écrit de la situation en Libye à la date du 3 juillet (seconde référence). Bernard Lugan vient par ailleurs de faire paraitre un copieux ouvrage consacré à l'histoire de l'Afrique du Nord aux éditions du Rocher et fait l'objet à ce propos d'une interview dans le dernier numéro de la Nouvelle Revue d'Histoire.

https://www.youtube.com/watch?v=_3ZR47V-JD4

http://bernardlugan.blogspot.fr

 

La diplomatie française au Moyen-Orient par Bruno Guigue. À partir de son expérience personnelle, et de ses propres déconvenues, l'ancien diplomate livre sa pensée sur ce qu'était la politique arabe de la France. Une politique aujourd'hui défunte à force d'erreurs de jugement et de suivisme par rapport aux seuls intérêts israélo-américains dans une région où nous jouons désormais les utilités.

https://www.youtube.com/watch?v=aNlOTpPb-24

 

Sur le Moyen-Orient et sa situation géopolitique complexe la polémologue Caroline Galactéros répond aux questions de Charlotte Amadis et de Daoud Boughezala sur le site de Causeur.

http://www.causeur.fr/hezbollah-israel-daech-syrie-iran-3...

 

Michel Drac présente une remarquable analyse du capitalisme néolibéral mondialisé. Celui-ci bute en effet sur des limites technologiques et environnementales qui font apparaitre tout retour de la croissance comme un fable racontée à des enfants. Les oligarchies occidentales, sur la défensive, sont passées dans ces conditions d'une politique de la carotte (redistribution équitable de la plus value entre le capital et le travail) à celle du bâton (prédation financière et casse sociale) dont le terrain privilégié semble bien être l'Europe, ventre mou de la scène mondiale. La présente intervention se situe dans le droit fil de son dernier ouvrage Triangulation, repères pour des temps incertains paru en octobre 2015 aux éditions Le retour aux sources.

http://www.scriptoblog.com/index.php/notes-de-lecture/geo...

 

Dans une magnifique série de dix émissions (une heure chacune) consacrées à l'histoire, Régis Debray donne toute la mesure de son talent. Si il fallait faire une sélection parmi ces chroniques étincelantes notre choix se porterait sur l'histoire de la construction européenne et aussi sur celle ayant trait au sacré et à ses avatars.

http://www.franceculture.fr/personne-regis-debray.html

 

Jérôme Leroy, rédacteur en chef du pôle culture de Causeur expliquait avant que le match n'ait lieu les raisons pour lesquelles il souhaitait la victoire de l'Islande sur la France.

http://www.causeur.fr/islande-euro-2016-francois-hollande...

 

Éric Zemmour ironise sur cette gauche qui aime les perdants magnifiques, qui préfère Poulidor et déteste Anquetil, qui célèbre Michel Rocard comme elle adule Pierre Mendès France mais porte le florentin Mitterrand au pouvoir pour réaliser le programme de Terra Nova que véhiculait la deuxième gauche incarnée par Rocard, un idiot utile en quelques sortes dont Alain Finkielkraut juge qu'il est resté prisonnier d'un vision trop étroitement économique du monde. Cependant la pratique politique de cet esprit  brillant et torturé plus marquée par les échecs que par les succès ne manquait pas d'une certaine noblesse; mais peut-on être un politique accompli quand on manque à ce point de cynisme ? 

https://www.youtube.com/watch?v=ebkV6g7k8Js

 

BREXIT 

 

Réaction d'Alain de Benoist, après le Brexit. Le Royaume uni s'est toujours senti plus proche des États-Unis (le "grand large") que de l'Europe, où il n'a cessé de jouer le rôle d'un cheval de Troie atlantiste et dont il n'a jamais pleinement accepté les règles. En ce sens, le divorce met fin à un mariage qui n'avait jamais été vraiment consommé.

http://blogelements.typepad.fr/blog/2016/06/brexit-vers-u...

 

Pour Hubert Védrine l'Union européenne devenue une énorme machine à normaliser s'est égarée dans un océan de règles ubuesques. Afin de répondre au décrochage généralisé que les peuples lui opposent il propose que l'on arrête de se faire peur avec le mythe du retour nauséabond des années 30, et l'adjonction dans le processus d'une véritable subsidiarité faisant toute sa place au maintien des nations souveraines et à l'identité des peuples. Constatant que depuis Lisbonne, rejeté par referendum mais ratifié par le Parlement on n'est plus dans la démocratie, il se lamente de la cécité d'élites qui ne veulent jamais se remettre en cause ce qui est la principale raison de la montée des populismes et propose d'user du choc du Brexit pour repenser l'Union européenne en profondeur.

 

 

 

Pour Jean-Michel Quatrepoint, le Brexit révèle la défaite de l'idéologie néolibérale de Reagan et de Thatcher. Si l'Europe prend son indépendance vie à vis des États-Unis, elle pourra exister comme puissance par la coopération des nations qui la constituent.

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/07/08/31002-2016070...

 

Éric Zemmour réagit au vote des Britanniques en faveur du Brexit et aux réactions qu'il a suscité. De l'ironie bien sûr et beaucoup de réalisme.

http://www.dailymotion.com/video/x4iohfz_brexit-le-vote-a...

 

Dans son émission I-média du premier juillet (Tv-Libertés) Jean-Yves Le Gallou se consacre pour l'essentiel au traitement médiatique du Brexit qui a donné aux journalistes une remarquable occasion de faire la preuve de leur sectarisme (première référence). Dans le numéro du 8 juillet Jean-Yves Le Gallou se penche sur le conférence de le rentrée de France Télévision. Décryptage d'I-Média. Le Brexit encore où l'émission souligne avec ironie que les "élites" doivent se soulever contre les masses ignorantes et teigneuses; mais cela fait plus de 20 ans que Christopher Lasch avait analysé ce phénomène symptomatique de notre époque dans La révolte des élites et la trahison de la démocratie éditions Flammarion pour l'édition française de 1996 (seconde référence).

http://www.tvlibertes.com/i-media-s03e22-brexit-sectarism...

http://www.tvlibertes.com/i-media-s03e23-diversite-maitre...

 

Clément Sirdey se moque bien quant à lui des diatribes nostradmesques des éditocrates européistes annonçant les sept plaies d'Égypte pour la Grande Bretagne après sa sortie de l'Union. Il rappelle cette forte parole de Jean-Claude Juncker destinée à s'inscrire dans le bêtisier de l'arrogance : "il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européen".

http://www.causeur.fr/brexit-ue-royaume-uni-elites-quatre...

 

Sombrant dans les ténèbres de l'obscurantisme le peuple britannique a opposé un non catégorique à son maintien dans l'Union européenne. C'est du moins l'interprétation que donne, parmi bien d'autres, un homme de l'élite éclairée qui sait par définition ce qu'est l'intérêt du peuple dans son blog de L'ExpressMathieu Bock-Côté répond aux propos hyperboliques de BHL dans une tribune bienvenue du Figaro. Titre de sa chronique "Le peuple contre les despotes éclairés".

http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2016/06/30/le-p...

 

Un tout autre son de cloche avec sa suffisance Bernard-Henri Botul. Après avoir pronostiqué la défaite du Brexit, il écrit dans sa revue La règle du jeu : "Assez de ces relents nationalistes rances, assez de ces peuples qui dressent des murs avec leurs voisins, soyons modernes, irréprochables, inspirons nous du génie du judaïsme et prenons exemple sur Israël, phare des nations". Il est évident, sauf pour les demeurés, que "le phare des nations" ne dresse aucun mur pour se séparer de ses voisins. BHL serait-il adepte du double discours ? 

http://laregledujeu.org/2016/06/25/29456/bernard-henri-le...

 

L'intellectuel britannique Phillip Blond donne son avis circonstancié sur le Brexit dans un intéressant entretien accordé au Figaro. Théoricien du Red Toryism il dresse un diagnostic sans appel de la situation en Occident et déclare : "Le vote en faveur du brexit exprime le plus grand rejet de la mondialisation qu'ait connu dans les urnes le monde occidental. Les bénéficiaires de la mondialisation, tous ceux qui culturellement comme financièrement se trouvent en phase avec le nouvel ordre du monde, sont désormais minoritaires dans la société".

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/07/01/31002-2016070...

 

Comment l'Union européenne a sacrifié en trente ans ses classes moyennes et sabordé son modèle social au bénéfice d'une minorité de privilégiés. Euthanasie en règle sur l'autel d'un libre-échangisme à l'échelle planétaire. Une analyse exemplaire de Véronique Nguyen, professeur affiliée à HEC, qui conclue qu'il n'est guère surprenant dans ces conditions que ces catégories lésées expriment leur colère et leur frustration par des votes iconoclastes qui laissent les élites médusées. 

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/07/01/31002-2016070...

 

Le FN principal gagnant du Brexit ? Bonne analyse.

http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/06/30/31001-201...

 

Selon Bruno Mégret le Brexit ne changera pas la donne au Royaume Uni. Il considère cette sortie comme un symptôme et non comme un remède de la maladie bruxelloise. Si il se refuse à l'Union européenne telle qu'elle se trouve configurée aujourd'hui, il est partisan de la conserver à condition de la transformer en une machinerie de puissance se préoccupant de l'identité de ses peuples en mettant fin à l'immigration et en organisant la remigration, ce que le départ de la Grande-Bretagne pourrait rendre possible puisqu'elle a toujours voulu une Europe de l'atlantisme et du libre-échange.

http://www.polemia.com/le-brexit-un-symptome-pas-un-remede/

 

Jean-luc Mélenchon, en pleine forme à propos du Brexit, déclare au Parlement européen le 5 juillet que l'Union européenne, "soit on la change, soit on la quitte".

https://www.youtube.com/watch?v=0bMoXv8Ru_A

 

Devant une UE qui s'effiloche Jacques Sapir s'applique à penser l'avenir des nations européennes.

https://russeurope.hypotheses.org/5061

http://www.causeur.fr/brexit-union-europeenne-royaume-uni...

 

Les séides de l'oligarchie qui siègent à la Commission européenne n'ont pas de souci à se faire. Après le Brexit ils pourront toujours se recaser chez Goldman Sachs à l'image de leur ancien patron José Manuel Barroso dont le parcours, depuis qu'il dirigeait le mouvement maoistes portugais, se révèle exemplaire. Du col Mao au Rotary il n'y a qu'un pas, et beaucoup de reptations couronnées par ce bâton de maréchal qui sonne comme l'aveu de services rendus (première référence). Comme le note très justement Michel Onfray dans sa dernière chronique mensuelle, ne pèse sur Barroso et ses semblables  aucune fatwa. C'est la grande différence avec Alain de Benoist (seconde référence). Suit la pluie de critiques politiciennes qui a suivi cette annonce de la banque. Elle permet de mesurer la duplicité de la plupart de nos dirigeants (troisième référence). Enfin le jugement de Maxime Tandonnet selon qui ce parachutage bardé d'or ne peut que renforcer les soupçons de l'Europe d'en bas vis à vis des connivences de l'Europe d'en haut avec "la finance mondiale" et ainsi favoriser le "populisme" en vérifiant un de ses principaux arguments (quatrième référence).

http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/07/08/goldman-s...

http://mo.michelonfray.fr/chroniques/la-chronique-mensuel...

http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/07/09/pluie-de-...

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/07/11/31002-2016071...

 

 

Démocratie ? Les curieuses conceptions que s'en fait "l'expert" François Jost, chroniqueur de L'Obs, ou quand le galimatias rhétorique ne parvient qu'à démontrer l'inanité d'un discours emberlificoté plaidant pour une démocratie sublimée qui se passerait des électeurs.

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1531707-brexit-u...

 

Certains authentiques "démocrates" semblent partisans d'une euthanasie des vieux électeurs britanniques. Leur remarques désobligeantes montrent l'indigence de leur raisonnement. En effet ces commentateurs ne semblent pas se rendre compte qu'en France comme en Autriche ce sont les électeurs sénescents qui constituent l'obstacle principal à la victoire du "populisme" ? Ci-joint un article de Richard Dessens pour Euro-Libertés.

http://eurolibertes.com/culture/mon-prenom-est-ecosse/

 

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Analyse du récent ouvrage d'Alexandre Latsa Un printemps russe (Édition des Syrtes) par Bernard Mazin sur Polémia (première référence). Alexandre Latsa s'entretient avec Jean-Michel Vernochet sur le printemps russe et la diabolisation de Poutine et de la Russie par les médias (seconde référence). Enfin il répond aux questions de Télé-Libertés (troisième référence).

http://www.polemia.com/un-printemps-russe-dalexandre-latsa/

https://www.youtube.com/watch?v=3KHTRr0SsOU#t=420

http://www.tvlibertes.com/zoom-alexandre-latsa-je-crois-a...

 

 

Paul Moreira, candide journaliste d'investigation qui s'était rendu célèbre par son documentaire non conforme intitulé Ukraine. Les masques de la révolution diffusé en février dernier sur Canal +  explique comment la perception d'un événement est filtrée par les médias censeurs. Il met en cause dans cet interview le manichéisme des grands organes de presse occidentaux en accord avec les manipulations du département d'État américain et des néo-cons. Ceux-ci agitant pour leurs basses oeuvres les milices nationalistes ukrainiennes avec la complicité active de l'Union européenne.

https://www.youtube.com/watch?v=eANT15Xt-RM&feature=s...

 

S'interrogant sur l'épistémé de la post-modernité occidentale le penseur croate Jure Georges Vujic note que la rétrospective loin d'être une simple mode est devenue une stratégie de marché du capitalisme tardif qui récupère et commercialise les idées, les mythologies, les produits de la "subversion" et la contre-culture libertaire de gauche dans un recyclage sans fin du vintage. Brillant développement sur le pastiche et l'histoire comme marchandise.

http://www.polemia.com/la-societe-retrospective/

 

Conflits numéro 10 vient de paraitre (juillet-septembre). Éditorial de Pascal Gauchon. Au sommaire, les enjeux du sport, entretien avec Pascal Boniface, portrait de Lavrov par Frédéric Pons, le retour de l'armée russe, la grande stratégie de Frédéric II

https://www.revueconflits.com/la-force-du-territoire-edit...

 

Belle et brillante critique du dernier livre d'entretiens donnés par Rémi Brague, Où va l'histoire par Pierre Le Vigan. Rémi Brague est philosophe de profession spécialisé dans la philosophie chrétienne et musulmane de l'époque médiévale.

http://www.polemia.com/ou-va-lhistoire-de-lhomme-la-repon...

 

Critique laudative du Putain de Saint Foucault  de François Bousquet par Thierry Durolle sur le site d'Europe Maxima.

http://www.europemaxima.com/?p=4998

 

François Bousquet rédacteur en chef adjoint de la revue Éléments s'entretient avec la rédaction de Rébellion sur le cas de Jean-Edern Hallier.

http://rebellion-sre.fr/jean-edern-hallier/

 

Le grand malaise des agriculteurs français lancés dans une course à la modernisation sous peine de mort rapide. Étranglé par les normes toujours plus complexes, toujours plus contraignants ils sont forcés à définir leur voisins comme des ennemis illustrant ainsi la doctrine libérale de la guerre de tous contre tous.

https://www.youtube.com/watch?v=mJr7A-S7-aU#t=767

 

Éditorial du nouveau numéro de la la Nouvelle Revue d'Histoire (juillet-août 2016) par Philippe Conrad, son directeur, et sommaire.

http://www.la-nrh.fr/2016/07/editorial-et-sommaire-du-n85...

 

L'entretien avec Jean Haudry publié dans la Nouvelle Revue d'Histoire (hors-série numéro 11) est désormais disponible sur le site de l'Institut Iliade. Il s'agit d'une critique du livre négationniste de l'archéologue Jean-Paul Demoule intitulé Où sont passés les Indo-européens ?

http://institut-iliade.com/les-indo-europeens-debats-et-c...

 

Le site theatrum belli publie un texte d'Alain de Benoist consacré aux héros et aux "péchés du guerrier" dans la tradition indo-européenne.

http://www.theatrum-belli.com/le-heros-et-les-peches-du-g...

 

Les conséquences de l'ethnocide des Amérindiens au Canada.

http://www.lemonde.fr/m-moyen-format/article/2016/04/22/l...

 

BREXIT

 

Envieux de la chance qui est donnée au peuple britannique de pouvoir se prononcer démocratiquement sur son retrait de la technostructure de l'Union européenne, privilège qui n'est accordé à aucun autre peuple européen, le Groupe Plessis derrière lequel se dissimulent de hauts fonctionnaires en activité aborde dans cet article le rôle néfaste et hélas grandissant que joue la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH). Ses "arrêts de règlement" s'apparentent à de véritables diktats politiques nous dit Plessis qui pointe justement une démesure juridique à l'oeuvre contre la véritable légitimité politique qui ne saurait être définie que par des élus du peuple, garants de l'intérêt collectif. Le groupe propose en conséquence de s'évader de ce véritable carcan.

http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/06/21/31001-201...

 

Nicolas Gauthier traitait brièvement du Brexit avant que l'on en connaisse le résultat. Selon lui que cela passe ou que cela casse, l'issue devrait être à peu près la même.

http://eurolibertes.com/evenements/que-le-brexit-passe-ou...

 

Après la victoire du Brexit Alain Finkielkraut ne partage pas la tristesse mêlée de colère de Martin Schulz et de Jean-Claude Juncker et se réjouit même de les voir si déconfits, car selon lui les eurocrates ne l'ont pas volée tant ils se sont acharnés à faire de l'Union européenne le cheval de Troie de la déseuropéinisation. Une nouvelle lutte des classes s'instaure opposant les planétaires et les sédentaires, les globaux et les locaux, les hors-sol et les autochtones. Les planétaires sont non seulement mieux lotis économiquement mais ils se croient politiquement et moralement supérieurs et traitent les autochtones de ploucs, voire de salauds xénophobes. Lumineux !

https://www.youtube.com/watch?v=V0S4tx5UFl0

 

Mathieu Bock-Côté réagissant après que le référendum n'ait pas donné le résultat escompté par la plupart des élites s'amuse à noter les différents arguments d'explication donnés par le système médiatico-politique pour expliquer sa défaite. Ce système reproche par exemple à la procédure référendaire de "politiser la politique" (un comble) et d'avoir permis l'intrusion dans la consultation du problème de l'immigration massive. Cette disqualification du référendum va de pair avec la disqualification du peuple "immature" (sauf quand il se range à ce qu'a décidé l'oligarchie) qui ne serait pas habilité à se prononcer sur des questions aussi complexes tant il aspire, par nature, à se soustraire au "cercle de la raison" et à laisser parler ses plus viles passions. Pour remédier à cette hétérotélie de la démocratie et se débarrasser du peuple, ne faut-il pas passer de la souveraineté populaire au gouvernement des juges au nom du parachèvement sublime de la démocratie ?

http://www.journaldemontreal.com/2016/06/24/mepriser-le-p...

 

Elisabeth Lévy tire un premier bilan de la victoire du Brexit. Elle y voit avant tout un succès du peuple britannique contre "les gens convenables", les éditocrates, les sachants et les experts qui au nom d'une démocratie divine réduisent la volonté du peuple à un ramassis de pulsions xénophobes et de passions frileuses, évidemment "populistes" et par voie de conséquence "nauséabondes".

http://www.causeur.fr/brexit-royaume-uni-immigration-euro...

 

Même type de réaction de la part de Jean-Paul Brighelli qui fustige l'Europe des banques et des marchés et plaide pour une Europe politique de la culture. Un peuple préférerait-il son identité à la promesse mythique d'un accroissement du taux de croissance ?

http://www.causeur.fr/brexit-royaume-uni-europe-union-eur...

 

Pour Jean-Michel Quatrepoint les populations sentent bien que le véritable pouvoir a déserté le monde politique qui continue de jouer son théâtre d'ombre tandis que que les multinationales et l'industrie financière imposent leur marque au monde qui vient. C'est la raison essentielle du vote britannique. Puis l'auteur trace à grandes enjambés ce que pourrait être une refondation de l'Europe avec pour thème dominant son autonomie de décision.

http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/06/24/31001-201...

 

Éric Dupin note qu'en France les défenseurs de l'Union européenne sont sur la défensive et que par réaction pavlovienne la plupart d'entre eux préconisent de riposter au départ britannique par une accélération de l'intégration européenne ! Sans convaincre grand monde. Leur démarche rappelle celle des moscoutaires qui expliquaient les déboires de leur système par une insuffisance d'économie administrée. Pour lui, il est évident que notre singularité nationale va à nouveau devoir s'exprimer.

http://www.slate.fr/story/120089/brexit-reaction-identita...

 

Pour Jean-Luc Gréau, économiste, ancien expert du MEDEF, les Anglais viennent de rebattre les cartes politiques en Europe et d'ouvrir le champ des possibles jusqu'ici circonscrit par les agendas et les feuilles de route de la bureaucratie dirigeante. Bonne analyse des effets pervers de l'Union européenne sur le plan économique. D'autre part il s'en prend vivement à Hollande er à Sarkozy pour les fautes grossières qu'ils ont commises.

http://www.causeur.fr/brexit-royaume-uni-union-europeenne...

 

Dominique Jamet qui sait parfaitement que l'accusation de "populisme" constitue la dernière ligne de défense des "élites" hors-sol et déconnectées du réel adresse une lettre ouverte aux petits marquis qui nous gouvernent sur le site de Debout la France. Charge vibrante contre l'oligarchie.

http://www.debout-la-france.fr/actualite/dominique-jamet-...

 

Pour Gabriel Robin, animateur du Collectif Culture et Libertés du Rassemblement Bleu Marine, l'Union européenne, entité post-politique et post-historique qui absorbe la plupart des fonctions naguère dévolues aux États sans assurer la moindre protection des peuples, est désormais en sursis. Une certaine Europe est sans doute en déroute, celle du comité central des élites mondialisées dont les dégoisements sont de moins en moins audibles. Cette débandade fera-t-elle surgir des décombres un autre projet européen, telle est la question.

http://www.bvoltaire.fr/gabrielrobin/la-victoire-du-brexi...

 

Selon Gil Mihaely, directeur de Causeur, la Grande Bretagne nous a non seulement donné une leçon de démocratie mais plus encore elle a voulu imposer la réaffirmation de son existence en tant que corps politique. Ce corps politique était dépossédé, nous dit-il, de la maîtrise de son destin commun au profit de considération économique, qu'en revanche les partisans du vote "remain" ne manquaient pas de mettre en avant, agitant les épouvantails de toutes sortes en cas de sortie de l'UE. Ne nous cachons pas cependant les ambigüités de ce vote pour le Brexit qui a été pour une part celui de néo-libéraux pur sucre plus attirés par "le grand large" que par une soumission aux normes écologiques et règlementaires de l'Union, aussi insuffisantes soient-elles.

http://www.causeur.fr/brexit-union-europeenne-royaume-uni...

 

Intéressante observation de Gérard Dussouy qui relève que le Royaume-Uni aura bien été en Europe le cheval de Troie américain que le général de Gaulle redoutait et que ses quatre décennies de présence au sein des institutions auront encouragé le marché commun, qui supposait une préférence communautaire, à devenir une simple zone de libre échange travaillée par le moraline et ouverte à tous les vents du large. Quant au Royaume-Uni sa souveraineté reconquise ne risque-t-elle pas d'être une victoire à la Pyrrhus ? En effet, parmi mille exemples, ce n'est pas l'Union européenne qui a octroyé d'office la nationalité britannique à tous les ressortissants du Commonwealth et d'éventuelles mesures anti-immigration ne les toucheront pas tandis qu'elles viseront les nombreux Européens installés outre-Manche. De quoi refroidir l'euphorie "nationaliste" qui s'installe chez ses voisins.

http://eurolibertes.com/evenements/brexit-a-re-constructi...

 

Toujours à propos du Brexit, l'avis de Philippe Milliau, président du groupe Libertés (TV-Libertés, Radio-Libertés, Euro-Libertés) pour qui la Grande Bretagne s'expulsant de la construction européenne fournit l'opportunité de bâtir enfin une maison commune identitaire associant les États dans un projet de puissance indépendante disposée à jouer son rôle au sein du monde multipolaire.

http://eurolibertes.com/evenements/le-succes-du-brexit/

 

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Le rendez-vous de "la droite hors des murs" de Béziers  provoque une réjouissante charge de l'Observatoire des Journaliste et de l'Information Médiatique à l'encontre de la presse alignée et de la manière dont elle a rendu compte de cet événement. Passant en revue nombre d'articles, d'informations radio et de séquences télévisuelles où la délation perce sous l'inquisition, le journaliste anonyme qui s'est livré à cette synthèse ne manque assurément pas d'esprit.

http://www.ojim.fr/dossier-les-medias-et-les-rendez-vous-...

 

Jean-Louis Harouel, professeur agrégé de droit, vient de publier un excellent essai Les droits de l'homme contre le peuple (Éditions Desclée de Brouwer). Interrogé à ce sujet par Figaro-vox, il ne mâche pas ses mots, précisant que tant que nous confondrons les droits de l'homme abstrait et de nulle part (human right) avec les libertés publiques (right of man) nous nous condamnons à révoquer toute discrimination, et plus précisément la discrimination fondatrice de nos sociétés démocratiques qui traite différemment le citoyen et le non citoyen, le national et l'étranger. Les droits de l'homme devenus depuis quelques décennies une nouvelle religion séculière détruisent au nom du Bien les assises de nos nations en récusant nos droits collectifs et notre souveraineté. Avec l'ouvrage d'Alain de Benoist Au delà des droits de l'homme. Pour défendre les libertés (Éditions Pierre-Guillaume de Roux), cet ouvrage constitue la base de toute réflexion argumentée sur la société de marché cosmopolite qu'entendent nous imposer les oligarchies au pouvoir.  

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/06/17/31003-20160...

 

Une bonne critique de l'essai de Jean-Louis Harouel par Joël Prieur paru sur le site de Polémia. L'auteur voit essentiellement à travers ce que sont devenus les droits de l'homme une machine à chloroformer le peuple.

http://www.polemia.com/les-droits-de-lhomme-contre-le-peu...

 

"Il n'y a que la droite la plus ringarde pour croire que les journalistes sont des gaucho-communistes ou d'affreux trotskistes. L'immense majorité d'entre eux adhérent en fait à la vulgate libérale-libertaire, ce mélange d'idéologie des droits de l'homme, d'antiracisme de convenance, de progressisme niais, de révérence au marché et de politiquement correct". Aussi" ne sont-ils pas les victimes de la censure mais ses vecteurs", déclare Alain de Benoist dans une de ses dernières chronique sur Boulevard Voltaire (première référence). Dans une seconde chronique (deuxième référence) il définit la culture comme un habitus, à la manière de l'anthropologie culturelle, habitus que l'idéologie dominante s'efforce d'éradiquer. Répondant ensuite à la question de savoir si il existe une culture de "droite", il note que cette culture est clivée par deux anthropologies antagonistes; celle des "conservateurs" soucieux de l'héritage et celle des libéraux qui raisonnant en termes économiques pensent que la société repose sur la seule confrontation des intérêts égoïstes régulée par les mécanismes du marché et du contrat. Il conclue en soulignant l'impossibilité qu'il y a à se dire "conservateur-libéral" sans s'exposer au risque de l'incohérence.

http://www.bvoltaire.fr/alaindebenoist/ici-les-journalist... 

http://blogelements.typepad.fr/blog/2016/06/culture-libér...

 

Dans Le Nomos de la Terre paru en 1950, Carl Schmitt montre qu'il ne peut exister d'ordre sans enracinement. Contre la pensée positiviste et l'idéal cosmopolitique , il en appelle à la terre, substrat élémentaire pour comprendre le rapport de l'humanité au monde. Article de Valentin Fontan-Moret paru sur le site de Philitt.

http://philitt.fr/2016/06/20/carl-schmitt-le-nomos-de-la-...

 

Mathieu Slama, essayiste qui vient de publier La guerre des mondes : réflexions sur la croisade idéologique de Poutine contre l'Occident, s'en prend ici au prétendu universalisme de l'Occident qui entend, avec arrogance, réduire la diversité du monde à un autre lui-même.

http://www.bvoltaire.fr/mathieuslama/europeens-ne-compren...

 

Deux articles de Caroline Galactéros. Le premier est consacré à l'imbroglio stratégique libyen en juin 2016 et aux péripéties qui l'ont précédé. Il s'y dévoile la forte influence qu'exercent les analyses de l'africaniste Bernard Lugan. Le second est relatif au bouclier antimissile de l'OTAN en Roumanie, où il est déjà opérationnel, et prochainement en Pologne. Ce dispositif dirigé contre la Russie entérine la fuite en avant des stratèges américains et surtout la domination complète de "la puissance indispensable" sur l'Europe. L'auteure explique parfaitement les enjeux qui se dissimulent derrière ce réarmement offensif.

http://galacteros.over-blog.com/2016/06/libye-la-reconque...

http://galacteros.over-blog.com/2016/06/bouclier-antissim...

 

Hervé Juvin en libertés, semaine du 13 au 17 juin. L'essayiste y aborde avec son brio habituel 5 questions d'actualité. L'état d'urgence et les manifestations; les "réfugiés" disparaissent des écrans radar sans pour autant continuer d'affluer sur nos cotes avec le soutien empressé des ONG humanitaires; contradiction entre l'encyclique Laudato Si qui souligne les atteintes irréversibles à l'environnement qui se concluent par la disparition accélérée des espèces végétales et animales et le discours papal nous enjoignant d'accueillir sans limite les immigrés, ce qui à terme ne peut provoquer que la fin de la diversité humaine; la déclaration du président Erdogan affirmant que le contrôle des naissances est contraire à l'islam traduit le fossé grandissant entre les valeurs de l'Europe et celles de la Turquie; nous ne pouvons pas appliquer nos préférences collectives en matière écologique car celles-ci se heurtent à des intérêts industriels tout puissant or les élections autrichiennes viennent de porter à la tête du pays un président écologiste contre son challenger national-conservateur, c'est pourquoi le cours des événements dans ce pays devrait lever bien des ambigüités sur le type de souci environnemental qui s'y fera jour quand on sait que les Autrichiens sont si attachés à leur style de vie.

https://www.youtube.com/watch?v=UpcGI2x-qaU#t=321

 

Brut de décoffrage, tel est le texte que le préfet honoraire de région Paul Bernard vient de livrer à la sagacité des lecteurs de Boulevard Voltaire. On peut s'interroger sur les recettes  à base de "y-a-qu'a" "faut- qu'on" qu'il propose quand bien même elles seraient des plus salutaires. Ce que l'on pourrait exiger d'un ex-serviteur de la machine administrative de l'État c'est de nous dire comment, par quels cheminements politiques on parvient aux mesures qu'il préconise ? Bref on demande un mode d'emploie sur des décisions que chacun s'accorde à trouver les meilleures. Force doit rester à la loi, dit-il. Mais est-ce les lois actuelles, celles qui justement nous ont précipité dans l'état où nous nous trouvons ?

http://www.bvoltaire.fr/paulbernard/temps-de-lache-soumis...

 

Daoud Boughezala s'entretient avec Kleis Jager, correspondant à Paris du quotidien néerlandais Trouw au sujet de la déchéance de nationalité aux Pays-Bas. Il y est question des effets pervers qu'entraine le  

succès du parti anti-islam de Geert Wilders.

http://www.causeur.fr/pays-bas-wilders-decheance-multicul...

 

L'éternel retour des "déséquilibrés" islamistes traité avec une ironie féroce par l'OJIM.

http://www.ojim.fr/rennes-carcassonne-desequilibrisme-le-...

 

Orlando et Magnanville, les justes réflexions d'Alain Finkielkraut.

http://www.causeur.fr/orlando-et-magnanville-les-reflexio...

 

Passionnant débat sur le libéralisme et le multiculturalisme entre Charles Beigbeder (Les Républicains) et Thibault Isabel (rédacteur en chef de la revue Krisis). Enregistré par Sputnik France.

https://www.facebook.com/Revueelements/

 

Le politologue Marco Tarchi, professeur à l'université de Florence et spécialiste du "populisme" jauge le parti antisystème de Beppe Grillo qui vient de remporter les municipalités de Turin et de Rome. Il est interviewé ici par Daoud Boughezala, rédacteur en chef de Causeur.

http://www.causeur.fr/rome-beppe-grillo-populisme-italie-...

 

Les populistes gouverneront-ils un jour ? Telle est l'interrogation à laquelle tente de répondre Vincent Coussedière selon qui le terme de "populisme" recèle avant tout une facilité langagière. Ce mot-valise disqualifiant sert en effet à masquer la détresse des commentateurs devant l'hétérogénéité de ceux qu'ils désignent ainsi et à maintenir un système partisan obsolète et à bout de souffle afin de différer l'émergence de nouveaux clivages.

http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/06/21/31001-201...

 

Le site Le Comptoir a dégoté deux penseurs québécois passionnants. L'un, Éric Martin est professeur de philosophie, l'autre Maxime Ouellet est professeur de sciences politiques. Se réclamant du courant "conservateur de gauche" ou, mieux, de la gauche du commun, ils cherchent à penser ensemble l'émancipation et l'enracinement en opposition à la gauche postmoderne, libérale et individualiste qui consent à ce que le marché devienne la seule forme du lien social. Une réflexion qui ouvre des pistes encore insoupçonnées. 

https://comptoir.org/2016/06/22/eric-martin-et-maxime-oue...

 

Déambulation de Jan Marejko à partir du livre d'Alain de Benoist Les Démons du bien. L'homme "pur" des droits de l'homme serait selon lui un "gnostique néo-adamite", un homme d'avant la chute, vivant dans le jardin d'Eden. Bonne réflexion sur le millénarisme occidental et ses avatars post-modernes.

http://lesobservateurs.ch/2016/06/21/les-nouveaux-eboueur...

 

"Faire des moustaches à Robespierre" par Morasse de Breizh-info. Sous son pseudonyme transparent ce chroniqueur à l'humour vachard s'en prend aux nouveaux sans-culottes qui entendent rebaptiser nos rues en les honorant du nom des terroristes vandales de l'an 1793.

http://www.breizh-info.com/2016/06/19/45145/robespierre-r...

 

La complainte "doloriste et réactionnaire" de Richard Millet.

http://richardmillet.wix.com/siteofficiel#!Pauvre-France-...

http://richardmillet.wix.com/siteofficiel#!Euro-2016/c1q8...

 

La théorie du genre mise à l'épreuve. Un article du Point nous apprend que non seulement les hommes et les femmes sont biologiquement différents mais, horresco referens, qu'ils ne sont pas égaux devant la maladie. Cette redécouverte des enseignements d'Hippocrate (mâle, vieux et blanc) aurait de quoi donner une jaunisse à Edith Butler.

http://www.lepoint.fr/editos-du-point/anne-jeanblanc/la-m...

 

Extrait de Paideia, la formation de l'homme grec. Ouvrage ancien de Werner Jaeger qui garde toute sa force d'évocation. Ici un passage consacré à Sparte.

http://www.theatrum-belli.com/lideal-spartiate-lappel-de-...

 

Sur le blog de Juan Asensio un article très intéressant intitulé Heidegger et Maurras à Athènes de Baptiste Rappin. Il s'agit d'une réflexion brillante sur deux penseurs des commencements. "La philosophie, écrit-il, ne fera en effet rien d'autre que passer la navette de la raison entre les chaînes et la trame de la tapisserie mythique - Maurras autant que Heidegger l'ont parfaitement saisi : héritière de l'Odyssée, elle se pratiquera sur le mode du va-et-vient, comme chez Plotin qui voit le monde alterner entre les mouvements de procession et de conversion; fille de l'Iliade, elle prendra la forme du Polémos chez Héraclite, et restera encore pour Kant un "champ de batailles". Le rationalisme ratiocineur et le logos logorrhéique étouffèrent de leur poids et de leur bêtise cette vérité native que la raison ne saurait à elle-même se donner sa propre fin, et qu'elle s'origine à tout jamais, qu'on le veuille ou nom, dans la puissance des symboles."                            

À propos de Heidegger signalons que dans le dernier numéro de Commentaire (été 2016) se trouve un bel article de François Fédier qui est une réfutation de l'accusation par excellence portée contre le philosophe.

http://www.juanasensio.com/archive/2016/06/08/heidegger-e...

 

Dans un article paru sur Breizh-info, PLG animateur sur la radio Méridien zéro, opère la critique du récent et remarquable ouvrage de Mathieu Slama La guerre des mondes. Réflexion sur la croisade idéologique de Poutine contre l'Occident paru aux éditions de Fallois. Il y insiste sur les grammaires du monde antagonistes et irréconciliables qui opposent l'Europe actuelle au pôle russe qui rejette son universalisme sans frontières fonctionnant en syntagme avec un individualisme exacerbé. L'audience croissante que rencontre le discours poutinien en Europe s'expliquerait par le délitement du modèle occidental que l'on sent épuisé plus que par les réussites, néanmoins réelles, de la matrice russe. 

http://www.breizh-info.com/2016/06/16/44946/poutine-occid...

 

Sur son site Europe maxima Georges Feltin-Tracol propose une bonne critique du dernier ouvrage de Bruno Mégret, Le temps du phénix sorti en février aux Éditions Cité-Liberté.

http://www.europemaxima.com/?p=4961

 

Le social-démocrate Frank Walter Steimeier, ministre des Affaires étrangères de la République fédérale d'Allemagne, a déclaré à propos du déploiement d'unités militaires de l'OTAN en Pologne et dans les pays baltes : "Ce que nous devrions éviter aujourd'hui, c'est d'envenimer la situation avec des cris guerriers et des bruits de bottes". Ces propos annoncent-ils des évolutions capitales de la diplomatie allemande qui pour l'heure demeure l'élève modèle des États-Unis en Europe ?

http://www.opex360.com/2016/06/19/le-chef-de-la-diplomati...

 

Les usages inattendus du Coca-Cola, célèbre marque qui à elle seule résume l'impérialisme américain. On peut quasiment tout faire avec du Coca, sauf bien évidemment le boire.

http://www.oragesdacier.info/search/label/Economia

 

Jean-Paul Brighelli interroge Lydia Guirous, éphémère porte-parole des Républicains, virée pour cause de langue trop bien pendue et pas toujours conforme à la doxa. "Comme quoi on peut être (de culture) musulmane et ne pas dire d'énormités, résume l'alerte chroniqueur.

http://www.causeur.fr/lydia-guirous-laicite-islam-communa...

 

Un article des Non-Alignés étudie l'influence grandissante des réseaux conservateurs orthodoxes sur la politique russe.

http://www.les-non-alignés.fr/le-katechon-russe-face-au-g...

 

Le Cercle Non Conforme met en ligne cet article (première référence); il s'agit d'une réflexion mesurée sur l'attentat d'Orlando et ses motivations anti-homoxexuelles. Les djihadistes confondent trop souvent la propagande LGTB que produit l'Occident avec la réalité de ses moeurs. Il faut rappeler ici que les conduites homosexuelles sont universelles et qu'elle concernent entre 3 et 5% des hommes selon les âges. le problème, si problème il y, a réside dans le fait qu'en Occident la police des braguettes tend à s'estomper alors que dans l'aire de la culture islamique le souci de la "pureté" condamne ces pratiques jusqu'à les condamner à une mort infâme. Le CNC a produit deux autres analyses intéressantes, l'une sur le Brexit qui pose des questions capitales sur le fonctionnement de l'Union après la sortie du Royaume Uni (deuxième référence), l'autre sur la notion frelatée d'Occident (troisième référence).

http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2016/06/1...

http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-con...

http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2016/06/1...

 

Tout savoir sur Eugénie Bastié qui outre son génial prénom se présente comme le mousquetaire du courant "réactionnaire". Collaboratrice de Causeur, membre de la rédaction du Figaro, elle est aussi rédactrice en chef politique de la revue chrétienne d'écologie intégrale Limite. Son portrait est ici croqué par l'OJIM.

http://www.ojim.fr/portraits/eugenie-bastie/

 

Fronde à Radio Courtoisie. Henry de Lesquenson président, est en effet contestée par certains directeurs d'émission et, plus grave, par nombre de cotisants à "la radio du pays réel et de la francophonie". Tout cela nous est racontée par l'OJIM. En effet depuis qu'il affiche sa prétention farfelue à se présenter aux prochaines présidentielles, Lesquen  multiplie, par tweets, les déclarations aussi incandescentes qu'ubuesques qui font de lui, en moins drôle, la réplique d'un Ferdinand Lop qui voudrait détruire la tour Eiffel. Peut-être pour cet ancien Horlogiste une manière de prendre de la hauteur. 

http://www.ojim.fr/radio-courtoisie-la-fronde-contre-henr...

 

L'avocat François Teutsch revient sur le crise qui frappe Radio Courtoisie. Il craint qu'elle ne devienne Radio Lesquen avant de se voir retirer ses fréquences et regrette la belle aventure qui semble devoir prendre fin.

http://www.bvoltaire.fr/francoisteutsch/radio-lesquen-un-...

 

Léa Salamé en bon petit soldat du journalisme new-look lancée à la poursuite de la bête immonde. Réjouissant.

http://www.egaliteetreconciliation.fr/Lea-Salame-veut-deb...

 

Excellent entretien avec la philosophe Bérénice Levet qui constate que l'on ne forme plus à l'école des êtres capables de penser et de juger, mais des spécialistes de la solution des problèmes, de bons techniciens si possible compétitfs. Que l'individu y est réduit à un simple agent économique. L'immolation de la jeunesse sous prétexte de jeunisme, dit-elle, dure depuis les années Mitterrand/Lang et la réforme de Najat Vallaud-Belkacem n'en est que le parachèvement. L'école de la République rongée par un progressisme de pacotille ne fabrique plus de Français, regrette-t-elle.

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/06/24/31003-20160...

 

Et pour finir, les Brigandes chantent "Jakadi des millions". Belle fable sur le show-biz immigrationniste qui a le coeur sur la main et des oursins dans les poches.

https://www.youtube.com/watch?v=PsPKKRPfn-M

 

Alain de Benoist publie ces jours-ci une nouvelle version largement augmentée de son essai sur les droits de l'homme.

http://www.pgderoux.fr/fr/Livres-Parus.htm#prettyPhoto/13/

 

Sur radio Courtoisie, dans son Libre Journal des enjeux actuels du 5 avril  2016 Arnaud Guyot-Jeannin recevait Alain de Benoist, Thibault Isabel et Olivier Dard sur le thème "Comment analyser le modèle américain ?"

http://www.radiocourtoisie.fr

 

Grégoire Gambier ;  roborative déclaration d'ouverture au troisième colloque de l'Institut Iliade qui s'est tenu le 9 avril devant plus d'un millier de personnes sur le thème "Face à l'assaut migratoire, le réveil de la conscience européenne". Celle-ci est suivie par l'introduction au colloque de Philippe Conrad qui explore la généalogie de l'immigration et les tabous qu'elle a engendrés du fait des "autorités morales". La troisième référence est empruntée au journal de Tv-Libertés du lundi 11 avril qui rend compte à partir de la onzième minute de ce colloque avec des interviews des divers participants. Bref, tout ce que la presse subventionnée s'efforce de soustraire à la connaissance de ses lecteurs.

http://institut-iliade.com/colloque-iliade-2016-rendre-le...

http://institut-iliade.com/colloqueiliade-relever-le-defi...

http://www.tvlibertes.com/journal-du-lundi-11-avril-2016-...

 

Paul Jorion s'exprime sur France Inter. Autant Paul Jorion est extrêmement lucide sur le plan économique, autant se montre-t-il angélique sur le plan de l'immigration (parler des "progrès" de l'intégration des communautés musulmanes en Belgique relève de la cécité volontaire). Par ailleurs il occulte dans son analyse du remplacement des hommes par des robots les coûts énergétiques de ce remplacement qui sont fort bien analysés par Jean-Marc Jancovici. Il semble plus pertinent de raisonner en terme de déplétion. Là encore, Jorion se montre trop optimiste...

http://www.franceinter.fr/emission-le-79-paul-jorion-ce-m...

 

Michel Onfray sur Public Sénat tient des propos perspicaces sur la politique extérieure et revient sur son livre concernant l'islam. Se prononce, in fine, pour la "gauche Condorcet". À partir de la soixantième minute.

https://www.youtube.com/watch?v=xzDhovMN330#t=4689

 

Le sociologue Mathieu Bock-Côté redécouvre Julien Freund qui fut un compagnon de route de la mal nommée Nouvelle Droite. Elle fit appel à lui dès son colloque de 1975 Des élites pour quoi faire inaugurant ainsi une collaboration qui ne devait prendre fin qu'avec la mort de celui-ci. 

http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/04/01/31001-201...

 

Sur son bloc-notes du Figaro Ivan Rioufol  remercie Poutine d'avoir contribué à la libération de Palmyre. S'y ajoute une critique de son livre La guerre civile qui vient (Pierre-Guillaume de Roux, 2016). Celle-ci fait appel à la Providence (avec majuscule) pour rendre compte de la lucidité d'Ivan Rioufol, alors que nul n'est besoin de recourir aux sortilèges d'un arrière monde pour dire honnêtement ce que l'on voit et le voir sans oeillère idéologique. Il suffit seulement de courage ce qui est déjà beaucoup par les temps qui courent... Présenter Rioufol comme un héraut de la déconstruction des déconstructeurs (suivant la formule d'Éric Zemmour) est en soi bien exagéré tant qu'il ne s'est pas attaqué au principal, le libéralisme, père de toutes les initiatives malheureuse prises en matière d'économie et de société depuis des lustres. La critique prend ouvertement le parti de désigner l'immigration comme fossoyeur de l'identité française. Cette assignation mono-causale est largement insuffisante car il n'est pas certain que l'Europe se porterait mieux si aucun immigré n'y avait mis les pieds. Il y a dans cette critique une confusion, souvent faite, entre les causes et les conséquences du phénomène; trop accorder aux conséquences permet de se soustraire à l'analyse des causes.

http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2016/04/lecon-de-poutine-...

http://www.mauvaisenouvelle.fr/?article=livres-la-guerre-...

 

Éric Zemmour dans sa chronique de RTL : "Saint Pasdamagame priez pour nous, Manuel Valls a blasphémé..."

http://www.dailymotion.com/video/x42o3g3_eric-zemmour-sai...

 

Symbole de notre débâcle, la campagne Tous Unis Contre la Haine. L'immigrationnisme victorieux ne se repent jamais de ses propres erreurs, il est une lâcheté parée d'oripeaux grandiose nous dit sur Causeur Alain Nueil, romancier et professeur agrégé de français.

http://www.causeur.fr/immigration-antiracisme-haine-terro...

 

Philippe Conrad, directeur de la Nouvelle Revue d'Histoire, dénonce sur Boulevard Voltaire les amis du désastre; tous ces imposteurs qui voudraient que l'Europe n'existe que pour nier sa propre identité substantielle afin de mieux accueillir l'Autre c'est à dire Big Other. 

http://www.bvoltaire.fr/philippeconrad/la-crise-migratoir...

 

Jean-François Gautier s'exprime sur la perénité de la psuché collective des Européens. Selon lui l'histoire n'a pas de sens préalable mettant ainsi un terme à sa téléologie conduite depuis toujours par les "progressistes" amateurs de fins dernières.

http://www.lerougeetlenoir.org/opinions/les-inquisitorial...

 

Conflits, la remarquable revue trimestrielle de géopolitique dirigée par Pascal Gauchon vient de sortir son neuvième numéro. Il comporte comme dossier central un ensemble d'articles consacrés à la guerre civile. Parmi les nombreux collaborateurs de la revue on note les noms de Thierry Buron, Gérard Chaliand, Hadrien Desuin, Grégoire Gambier, Christian Harbulot, Tancrède Josseran, Hervé Juvin, Gilles Kepel, Bernard Lugan, Richard Millet, Xavier Raufer etc.

https://www.revueconflits.com/la-guerre-civile-naura-pas-...

 

Max SchelerTrois essais sur l'esprit du capitalisme. Né en 1874, mort en 1928, Max Scheler est à l'origine de l'anthropologie philosophique dont son élève Arnold Gehlen a été le principal continuateur.

http://www.laviedesidees.fr/L-ancien-esprit-du-capitalism...

 

L'autoportrait païen de notre ami Christopher Gérard.

http://archaion.hautetfort.com/archive/2016/03/10/portrai...

 

L'ancien ambassadeur de France dans divers pays d'Afrique Michel Raimbaud décrypte la stratégie du chaos initiée par les idéologues néo-conservateurs américains et leur plan de reconfiguration du Proche Orient.

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article7012

 

Un nouveau venu dans la presse quotidienne régionale de réinformation : Parisvox.info . Entretien avec ses animateurs Xavier Eman et Stéphane Renaud.

http://www.breizh-info.com/2016/04/04/41291/reinformation...

 

Panama Papers : le retour des "chéquards" de Panama pue la manipulation grossière. Non que les informations produites par un consortium de journalistes "d'investigation" soient fausses, mais qu'elles aient été amputées d'une grande part de ses affiliés. Le fait que presque aucun citoyen américain, mis à part quelques dizaines de petits poissons inoffensifs, ne figure dans cette myriade de noms pourrait laisser supposer que la fuite a été pilotée. On s'étonne moins de ces absences quand l'on sait que l'organisme qui a dévoilé les fameux documents est financé par l'Open Society de George Soros. Le Monde a d'ores et déjà tenté maladroitement d'allumer des contre-feux pour expliquer ces mise en congé mais il est bien connu que celui qui paye l'orchestre choisit la musique. Raison, sans doute, pour laquelle les autorités chinoises, russes et syriennes on été visées les premières à coté du menu fretin. Et, last but not least, Marine le Pen dont une relation aurait planqué la somme faramineuse de 316 000 euros à Hong-Kong... Somme qui a été déclarée au fisc français si l'on en croit l'avocat de l'intéressé qui fournit des documents probants. Bref tout ce tintouin contre les ennemis de l'Occident pourrait bien se révéler n'être qu'un minable feu de paille. Il nous aura du moins permis de nous remettre en mémoire la septième promesse de François Hollande dans ses 60 engagements pour la France : "J'interdirai aux banques françaises d'exercer dans les paradis fiscaux". La leçon à tirer de tout cela c'est que contrairement à la prophétie de Marx ce ne sont pas les prolétaires, mais l'hyper classe oligarchique qui n'a plus de patrie (fiscale).

- La mise au point de la Fondation Polémia qui voit dans ce pseudo scandale mondial une affaire qui arrange l'Empire, suivie d'une lettre de Marine Le Pen qui considère les accusations la ciblant comme un cas d'école de pure désinformation destinée à manipuler les foules.

http://www.polemia.com/un-consortium-occidental-opaque-de...

- L'avis de Hildegard von Hessen am Rhein sur Boulevard Voltaire.

http://www.bvoltaire.fr/hildegardvonhessenamrhein/cest-ge...

- La dernière partie du texte Se méfier des campagnes de désinformation de Jean-paul Basquiat sur le site de Europe solidaire

http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2112...

- Le point de vue plein d'humour (noir) d'Éric Zemmour qui pose, lui aussi, les bonnes questions : pourquoi Panama et pourquoi pas le Delaware, pourquoi les copains de Poutine et pas les copains de Wall street d'Obama, pourquoi le syrien Assad et pas le turc Erdogan ? Qui instruit, qui vérifie, qui condamne, qui alerte ? Et il conclue sur la sécession des élites rappelant l'ouvrage éponyme de Christopher Lasch. 

https://www.youtube.com/watch?v=qWI8lB6Jj5s#t=201

- Le point de vue de l'OJIM.

http://www.ojim.fr/drahi-les-panama-papers-et-les-silence...

- Celui de Causeur.

http://www.causeur.fr/panama-papers-ca-cest-de-linvestiga...

- Celui des aborigènes d'Europe de Terre autochtone.

http://www.autochtonisme.com/2016/04/panama-papers-honte-...

- Celui récapitulatif de l'économiste Jacques Sapir qui pose les bonnes questions au sujet de ces Panama Papers.

http://www.bvoltaire.fr/jacquessapir/panama-papers-le-pir...

- Auquel on ajoutera cet article duTemps, quotidien suisse qui dénonce l'opacité fiscale aux États-Unis même devenus le refuge des grandes fortunes mondiales qui veulent échapper à l'impôt.

http://www.letemps.ch/economie/2016/03/31/etats-unis-refu...

- Enfin relevée sur Antipresse, lettre hebdomadaire gratuite publiée par Slobodan Despot, cette singulière "prophétie" résumée ici par Novopress.

http://fr.novopress.info/200252/les-panama-papers-sont-il...

 

Cyril Hanouna, symbole de la télé poubelle, ici croqué par l'OJIM.

http://www.ojim.fr/portraits/cyril-hanouna-telepoubelle-p...

 

De l'OJIM toujours, la réaction de Brice Couturier, seule voix discordante des matins de France Culture, en réplique à l'homogénéité idéologique des invités de l'émission.

http://www.ojim.fr/faute-de-diversite-intellectuelle-bric...

 

Les millionaires français font-ils leur alya ? 7000 d'entre eux ont décidé de "s'élever spirituellement" en rejoignant la Terre Sainte (coté israélien bien entendu) en 2015. On espère pour eux que Yahweh leur accordera sa mansuétude. En cash ?

https://francais.rt.com/economie/18549-millionnaires-fran...

 

Alain Finkielkraut dans L'esprit de l'escalier nous parle de l'hommage tronqué du journal Le Monde à propos de l'écrivain hongrois Imre Kertész, ce lauréat hongrois du prix Nobel, qui vient de mourir. L'hommage que lui a rendu Florence Noiville (épouse de Martin Hirsch) dans ce qui fut le quotidien de référence vaut en effet son pesant de fabulation. Dans son dernier livre L'ultime auberge, Kertész écrit ceci : "Les jours misérables du déclin de l'Europe. L'Europe s'aplatit devant l'islam, lui supplie de lui faire grâce. Cette comédie me dégoute. L'Europe meurt de sa lâcheté et de sa faiblesse morale, de son incapacité à se défendre et de l'ornière morale évidente dont elle ne peut s'extraire depuis Auschwitz". Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, nous rappelle Finkielkraut, Theodor Adorno a énoncé ce nouvel impératif catégorique : "Penser et agir de façon à ce que Auschwitz ne se répète pas, que rien de semblable ne se produise". Adossés à cet impératif, poursuit Finkielkraut, nous avons donc appelé à la venue d'une humanité que ne romprait aucune séparation intérieure... Voulant faire de l'Europe un exemple, nos intellectuels les plus conséquents ont défini l'Europe, avec Ulrich Beck, par cette formule saisissante : " Vacuité substantielle, tolérance radicale". Nous avons donc choisi en guise d'identité, de nous déprendre de nous-mêmes, ainsi étions nous sûrs de n'exclure personne. En l'absence d'un "nous", il ne pouvait y avoir de partage entre "nous" et "eux". Europe des valeurs, des normes, des procédures. Europe comme marché et droits de l'homme et non Europe comme civilisation. Cette application de l'impératif catégorique d'Adorno nous désarme. Elle est, dit Kertész, rescapé d'Auschwitz, notre ornière morale. Et voici comment Florence Noiville choisit de traiter ce passage de L'ultime auberge :  "Hormis peut-être dans son dernier ouvrage, L'ultime auberge, ça et là, quelques remarques déconcertantes de sa part, dues peut-être au grand âge, sur l'Europe et sur l'islam, il y a toujours quelque chose de profondément lumineux et d'éminemment généreux chez Kertész". Conclusion tranchante de Finkielkraut : "Si un survivant d'Auschwitz s'avise de sortir des sentiers battus du devoir de mémoire, le couperet tombe, il est gâteux ! Rien ne peut donc démentir le politiquement correct".

https://www.youtube.com/watch?v=nUbIu7jCMlY

 

Le rendez-vous de Béziers Les 27, 28 et 29 mai organisé par Robert Ménard.

http://fr.novopress.info/200125/durant-trois-jours-robert...

https://www.youtube.com/watch?v=rR8wiix8qpA&feature=s...

http://www.beziers2016.fr/?opalsgevent_session=presentation

 

La plaisanterie de la semaine illustre un des drames de la fausse notoriété : Yann Moix piégé par un selfie. Chroniqueur d'On n'est pas couché, le commis de BHL serait-il relaps ? A-t-il replongé dans l'hérésie ? On s'interroge avec anxiété sur l'authenticité de ce cliché.   

https://francais.rt.com/france/18503-yann-moix-gud-fn-fre...

 

Règlement de comptes dans le camp "antiraciste". Laurent Joffrin, directeur de Libération et chien de garde de l'esprit libéral voit ici sa prose disséquée par d'authentiques anti-racistes.

http://www.etatdexception.net/laurent-joffrin-chien-de-ga...

 

Éric Verhaeghe trace un portrait de la faune noctambule qui hante La Nuit Debout et de ses références hors du temps. Dans cette sorte de ZAD où cohabitent idéalistes impénitents, agitateurs trotskistes, punks à chien et vendeurs de merguez triomphent les idées molles énoncées dans le charabia de la bobocratie. C'est sans doute pourquoi elles intéressent tant le parti des médias. Sous le subterfuge de la "convergence des luttes" les "nuitards" constituent de fait la nouvelle classe discutante bien éloignée du "prolétariat" dont on se réclame sans cesse. Ils peuvent bien plaider pour le "vivre ensemble", mais n'empêche, ils demeurent strictement entre blancs, et quand un immigrés est convoqué pour ses trois minutes de parole, c'est toujours un sans-papier qui vient raconter sa pénible aventure. Il n'est ainsi que le prétexte pour les couche-tard de cultiver leur autisme. À droite on se demande pourquoi ces rassemblements sont tolérés en plein état d'urgence. C'est peut-être parce qu'ils illustrent le refoulé nostalgique d'une gauche devenu depuis longtemps l'aile complexée du mondialisme libéral. Un refoulé qu'elle ne parvient pas à exorciser.

http://www.eric-verhaeghe.fr/nuit-debout-crepuscule-bobos/

 

Frédéric Lordon du Monde Diplomatique à Tolbiac le 30 mars dernier devant les étudiants en grève contre la loi El Khomri. Ambiance rétro rappelant les happenings soixante-huitards, la tabagie en moins, puritanisme hygiéniste oblige.

http://www.dailymotion.com/video/x40ymf3_frederic-lordon-...

 

Roger Martelli est un vieux crabe stalinien reconverti dans le mensuel Regard où il sévit aux cotés de la bécassine de service Clémentine Autain. Dans cette tribune parue dans Le Monde il fait mine de croire contre toute évidence que les "identités fermées" sont le moteur du capitalisme oubliant que des frontières sûres sont le bouclier des humbles (Régis Debray). Pour se guérir de cette loufoquerie le remède est simple : se dessiller les yeux, considérer les multiples déclarations du MEDEF en faveur d''un "société ouverte" et lire enfin les démonstrations lumineuses de Jean-Claude Michéa.

http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/04/07/manuel-val...

27/06/2016

La nef des fous

Théodore Kaczynski

LA NEF DES FOUS

Traduction et publication française par

Notes & Morceaux Choisis - février 2000. Copie Libre.

http://NetMC.9online.fr/Bibliographie/Kaczynski11.html

 


Nef-des-fousBrandt.jpgIl était une fois un navire commandé par un capitaine et des seconds, si vaniteux de leur habileté à la manoeuvre, si pleins d’hybris et tellement imbus d’eux-mêmes, qu’ils en devinrent fous. Ils mirent le cap au nord, naviguèrent si loin qu’ils rencontrèrent des icebergs et des morceaux de banquise, mais continuèrent de naviguer plein nord, dans des eaux de plus en plus périlleuses, dans le seul but de se procurer des occasions d’exploits maritimes toujours plus brillants.

Le bateau atteignant des latitudes de plus en plus élevées, les passagers et l’équipage étaient de moins en moins à l’aise. Ils commençèrent à se quereller et à se plaindre de leurs conditions de vie.

— Que le diable m’emporte, dit un matelot de deuxième classe, si ce n’est le pire voyage que j’aie jamais fait. Le pont est luisant de glace. Quand je suis de vigie, le vent transperce ma veste comme un couteau ; chaque fois que je fais prendre un ris à la voile de misaine, il s’en faut vraiment de peu que je me gèle les doigts ; et pour cela, tout ce que je gagne, ce sont cinq misérables shillings par mois !

— Vous pensez que vous vous faites avoir ! dit une passagère, Moi, je n’arrive pas à fermer l’oeil de la nuit à cause du froid. Sur ce bateau, les dames n’ont pas autant de couvertures que les hommes. Ce n’est pas juste !

 

Un marin mexicain fit chorus :

 

— Chingado ! Je ne gagne que la moitié du salaire d’un marin anglo-saxon. Pour tenir le coup avec ce climat, il nous faut une nourriture abondante et je n’ai pas ma part ; les Anglo-Saxons en reçoivent plus. Et le pire de tout, c’est que les officiers me donnent toujours les ordres en anglais au lieu de le faire en espagnol.

— J’ai plus de raisons de me plaindre que qui que ce soit, dit un marin indien. Si les Visages Pâles n’avaient pas volé la terre de mes ancêtres, je ne me serais jamais trouvé sur ce navire, ici, au milieu des icebergs et des vents arctiques. Je serais simplement dans un canoë, en train de pagayer sur un joli lac paisible. Je mérite un dédommagement. Pour le moins, le capitaine devrait me laisser organiser des parties de dés, afin que je puisse me faire un peu d’argent.

 

Le maître d’équipage dit ce qu’il avait à dire, sans mâcher ses mots :

 

— Hier, le premier second m’a traité de tapette parce que je suce des bites. J’ai le droit de sucer des bites sans que l’on me donne des surnoms pour autant.

— Les humains ne sont pas les seules créatures que l’on maltraite sur ce bateau, lança, la voix tremblante d’indignation, une passagère amie des animaux. La semaine dernière, j’ai vu le deuxième second donner à deux reprises des coups de pied au chien du navire !

 

L’un des passagers était professeur d’université. Tout en se tordant les mains, il s’exclama :

 

— Tout cela est affreux ! C’est immoral ! C’est du racisme, du sexisme, du spécisme, de l’homophobie et de l’exploitation de la classe ouvrière ! C’est de la discrimination ! Nous devons obtenir la justice sociale : un salaire égal pour le marin mexicain, des salaires plus élevés pour tous les marins, un dédommagement pour l’Indien, un nombre égal de couvertures pour les dames, la reconnaissance du droit à sucer des bites et plus de coups de pied au chien !

— Oui, oui ! crièrent les passagers. Oui, oui ! cria l’équipage. C’est de la discrimination ! Nous devons exiger nos droits !

 

Le mousse se racla la gorge :

 

— Hem. Vous avez tous de bonnes raisons de vous plaindre. Mais il me semble que ce qui est vraiment urgent c’est de virer de bord et de mettre le cap au sud, car si nous continuons d’aller vers le nord, nous sommes sûrs de faire naufrage tôt ou tard, et alors vos salaires, vos couvertures et votre droit à sucer des bites ne vous serviront à rien, car nous serons tous noyés.

 

Mais personne ne lui prêta la moindre attention : ce n’était que le mousse.

 

De leur poste situé sur la dunette, le capitaine et les officiers avaient regardé et écouté cette scène. A présent, ils souriaient et se faisaient des clins d’oeil, puis, obéissant à un signe du capitaine, le troisième second descendit de la dunette. Il se dirigea nonchalamment vers l’endroit où les passagers et l’équipage étaient rassemblés et se fraya un chemin parmi eux. Il prit un air très sérieux et parla en ces termes :

 

— Nous, les officiers, devons admettre que des choses vraiment inexcusables se sont passées sur ce navire. Nous n’avions pas compris à quel point la situation était mauvaise avant d’avoir entendu vos plaintes. Nous sommes des hommes de bonne volonté et entendons être justes avec vous. Mais — il faut bien le dire — le capitaine est plutôt conservateur et routinier, et il faudrait peut-être le pousser un petit peu pour qu’il se décide à des changements importants. Mon opinion personnelle est que si vous protestez énergiquement — mais toujours de manière pacifique et sans violer aucun article du règlement de ce navire — cela secouerait l’inertie du capitaine et le forcerait à se pencher sur les problèmes dont vous vous plaignez à si juste titre.

 

Ceci ayant été dit, il retourna à la dunette. Comme il repartait, les passagers et l’équipage lui lancèrent des épithètes :

 

— Modéré ! Réformiste ! Libéral hypocrite ! Valet du capitaine ! Ils firent pourtant ce qu’il avait dit.

 

Ils se regroupèrent en masse devant la dunette, hurlèrent des insultes aux officiers et exigèrent leurs droits :

 

— Je veux un salaire supérieur et de meilleures conditions de travail, dit le deuxième classe.

— Le même nombre de couvertures que les hommes, dit la passagère.

— J’exige de recevoir mes ordres en espagnol, dit le marin mexicain.

— J’exige le droit d’organiser des parties de dés, dit le marin indien.

— Je refuse d’être traité de tapette, dit le maître d’équipage.

— Qu’on ne donne plus de coups de pied au chien, dit l’amie des animaux.

— La révolution tout de suite ! s’écria le professeur.

 

Le capitaine et les officiers se réunirent et conférèrent pendant quelques minutes tout en se faisant des clins d’oeil, des signes de tête et des sourires. Puis le capitaine se rendit à l’avant de la dunette et, avec force démonstration de bienveillance, il annonça que le salaire du deuxième classe serait porté à six shillings par mois, que celui du Mexicain serait égal aux deux-tiers de celui d’un marin anglo-saxon et qu’on lui donnerait en espagnol l’ordre de faire prendre un ris à la voile de misaine, que les passagères recevraient une couverture supplémentaire, qu’on permettrait au marin indien d’organiser des parties de dés les samedis soirs, qu’on ne traiterait plus le maître d’équipage de tapette tant qu’il ferait ses pipes dans la plus stricte intimité, et que l’on ne donnerait plus de coups de pied au chien, sauf s’il faisait quelque-chose de vraiment vilain, comme voler de la nourriture dans la cuisine par exemple.

 

Les passagers et l’équipage célébrèrent ces concessions comme une grande victoire, mais le lendemain ils étaient de nouveau mécontents.

 

— Six shillings par mois, c’est un salaire de misère, et je me gèle toujours les doigts quand je fais prendre un ris à la voile de misaine ! grognait le deuxième classe.

— Je n’ai toujours pas le même salaire que les Anglo-Saxons ni assez à manger pour ce climat, dit le marin mexicain.

— Nous, les femmes, n’avons toujours pas assez de couvertures pour nous tenir au chaud, dit la passagère. Tous les autres membres de l’équipage et les passagers formulèrent des plaintes similaires, encouragés par le professeur.

 

Quand ils eurent terminé, le mousse prit la parole — cette fois plus fort, de manière à ce que les autres ne puissent plus l’ignorer aussi facilement.

 

— C’est vraiment terrible que l’on donne des coups de pied au chien parce qu’il a volé un peu de pain dans la cuisine, que les femmes n’aient pas autant de couvertures que les hommes, que le deuxième classe se gèle les doigts, et je ne vois pas pourquoi le maître d’équipage ne pourrait pas sucer des bites s’il en a envie. Mais regardez comme les icebergs sont gros à présent et comme le vent souffle de plus en plus fort. Nous devons virer de bord et mettre le cap au sud, car si nous continuons vers le nord nous allons faire naufrage et nous noyer.

— Oh oui, dit le maître d’équipage, Il est tout à fait affreux de continuer vers le nord. Mais pourquoi devrais-je rester confiné dans les toilettes pour sucer des bites ? Pourquoi devrais-je être traité de tapette ? Ne suis-je pas aussi bien que n’importe qui ?

— Naviguer vers le nord est terrible, dit la passagère, Mais ne voyez-vous pas que c’est exactement la raison pour laquelle les femmes ont besoin de davantage de couvertures afin de se maintenir au chaud ? J’exige le même nombre de couverture pour les femmes, immédiatement !

— C’est tout à fait vrai, dit le professeur, que naviguer vers le nord nous impose à tous de grandes épreuves. Mais il ne serait pas réaliste de changer de route pour aller au sud. On ne peut pas remonter le cours du temps. Nous devons trouver un moyen raisonnable de gérer la situation.

— Ecoutez, dit le mousse, si nous laissons les quatre fous de la dunette agir à leur guise, nous allons tous nous noyer. Si jamais nous mettons le navire hors de danger, alors nous pourrons nous inquiéter des conditions de travail, des couvertures pour les femmes et du droit à sucer des bites. Mais nous devons commencer par virer de bord. Si quelques-uns d’entre nous se réunissent, élaborent un plan et font preuve d’un peu de courage, nous pourrons nous sauver. Nous n’aurions pas besoin d’être nombreux — six ou huit, cela suffirait. Nous pourrions lancer une charge contre la dunette, balancer ces fous par-dessus bord et tourner la barre du navire vers le sud.

 

Le professeur releva le nez et dit d’un ton sévère :

 

— Je ne crois pas à la violence, c’est immoral.

— Il n’est jamais éthique d’utiliser la violence, dit le maître d’équipage.

— La violence me terrifie, dit la passagère.

 

Le capitaine et les officiers avaient regardé et écouté toute la scène. A un signe du capitaine le troisième second descendit sur le pont. Il circula parmi les passagers et l’équipage en leur disant qu’il restait beaucoup de problèmes sur le navire.

 

— Nous avons fait beaucoup de progrès, dit-il, mais il reste beaucoup à faire. Les conditions de travail du deuxième classe restent dures, le Mexicain n’a toujours pas le même salaire que les Anglo-Saxons, les femmes n’ont pas encore autant de couvertures que les hommes, les parties de dés du samedi soir de l’Indien sont un dédommagement dérisoire par rapport à la perte de ses terres, il n’est pas juste que le maître d’équipage doive rester confiné dans les toilettes pour sucer des bites, et le chien continue de recevoir des coups de pieds de temps en temps. Je pense que le capitaine a encore besoin qu’on le pousse. Il serait utile que vous organisiez tous une autre manifestation — pourvu qu’elle reste non-violente.

 

Comme il retournait à la poupe, les passager et l’équipage lui lancèrent des insultes, mais ils firent néanmoins ce qu’il avait dit et se réunirent en face de la dunette pour une autre manifestation. Ils fulminèrent, s’emportèrent, montrèrent les poings et lancèrent même un oeuf pourri sur le capitaine (qui l’évita habilement).

 

Après avoir écouté leurs plaintes, le capitaine et les officiers se réunirent pour une conférence où ils se firent des clins d’oeil et de larges sourires. Puis le capitaine alla à l’avant de la dunette et annonça qu’on allait donner des gants au deuxième classe afin qu’il ait les doigts au chaud, que le marin mexicain allait recevoir un salaire égal aux trois-quarts de celui des Anglo-Saxons, que les femmes allaient recevoir une autre couverture, que le marin indien allait pouvoir organiser des parties de dés tous les samedi et dimanche soirs, qu’on allait permettre au maître d’équipage de sucer des bites en public dès la tombée de la nuit, et que personne ne pourrait donner des coups de pied au chien sans une permission spéciale du capitaine.

 

Les passagers et l’équipage s’extasièrent devant cette grande victoire révolutionnaire, mais dès le lendemain matin, ils étaient de nouveau mécontents et commencèrent à maugréer toujours à propos des mêmes problèmes.

 

Cette fois le mousse se mit en colère :

 

— Bande d’imbéciles ! cria-t-il, Vous ne voyez pas ce que le capitaine et les officiers sont en train de faire ? Ils vous occupent l’esprit avec vos réclamations dérisoires — les couvertures, les salaires, les coups de pied au chien, etc. — et ainsi vous ne réfléchissez pas à ce qui ne va vraiment pas sur ce navire : il fonce toujours plus vers le nord et nous allons tous sombrer. Si seulement quelques-uns d’entre vous revenaient à la raison, se réunissaient et attaquaient la dunette, nous pourrions virer de bord et sauver nos vies. Mais vous ne faites rien d’autre que de geindre à propos de petits problèmes mesquins, comme les conditions de travail, les parties de dés et le droit de sucer des bites.

 

Ces propos révoltèrent les passagers et l’équipage.

 

— Mesquin !! s’exclama le Mexicain, Vous trouvez raisonnable que je ne recoive que les trois-quarts du salaire d’un marin anglo-saxon ? ça, c’est mesquin ?!

— Comment pouvez-vous qualifier mes griefs de dérisoires ? s’écria le maître d’équipage, Vous ne savez pas à quel point c’est humiliant d’être traité de tapette ?

— Donner des coups de pied au chien n’est pas un «petit problème mesquin» ! hurla l’amie des animaux, c’est un acte insensible, cruel et brutal !

— Bon, d’accord, répondit le mousse, Ces problèmes ne sont ni mesquins, ni dérisoires. Donner des coups de pied au chien est un acte cruel et brutal, et se faire traiter de tapette est humiliant. Mais comparées à notre vrai problème - le fait que le navire continue vers le nord - vos réclamations sont mineures et insignifiantes, parce que si nous ne virons pas bientôt de bord, nous allons tous sombrer avec le navire.

— Fasciste ! dit le professeur.

— Contre-révolutionnaire ! s’écria la passagère.

 

Et l’un après l’autre, tous les passagers et membres de l’équipage firent chorus, traitant le mousse de fasciste et de contre-révolutionnaire. Ils le repoussèrent et se remirent à maugréer à propos des salaires, des couvertures à donner aux femmes, du droit de sucer des bites et de la manière dont on traitait le chien.

 

Le navire continua sa route vers le nord, au bout d’un moment il fut broyé entre deux icebergs. Tout le monde se noya.

 

Théodore J. Kaczynski

Octobre 1999.

19/03/2016

Revue de presse mars 2016

Revue de Presse (P.B.)

Nouveau numéro de la revue Éléments (mars-avril 2016). Disponible en kiosque on y découvrira un sommaire extrêmement riche.

http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2016/03/15/migr...

 

Bruno Mégret, ancien numéro deux du Front national, puis barbouillé en Brutus amateur de félonie putschiste, sort de sa retraite et publie Le temps du Phénix, récit d'anticipation. Il s'agit d'un projet politique de rupture pour la mandature  2017-2022. Rupture ? Partisan d'une purge libérale, il croit comme tous les politiques à un retour possible de la croissance. Celui qui avait été présenté comme le cheval de Troie de la Nouvelle Droite à l'époque de la création du Mouvement National Républicains ignore visiblement les leçons de son compère polytechnicien Jean-Marc Jancovici pourtant basées sur les lois de la thermodynamique qui nous disent que la sainte croissance ne reviendra plus en raison de la déplétion. Seule la partie de son programme concernant la politique extérieure du pays se montre innovante par sa rupture avec l'Otan et le renversement d'alliance qu'elle propose.

https://www.youtube.com/watch?v=YxajvYiwaog

 

Le sociologue "conservateur" Jean-Pierre Le Goff livre dans Marianne.net un riche entretien en trois épisodes sur ses analyses concernant les racines du nouvel individualisme auto-centré et sentimental. Tout d'abord les racines historiques puis l'avènement du "peuple adolescent" en rupture d'héritage et enfin la faillite du "gauchisme culturel".

http://www.marianne.net/jean-pierre-goff-on-est-passe-soi...

http://www.marianne.net/jean-pierre-goff-les-anciens-n-et...

http://www.marianne.net/jean-pierre-goff-accuser-tel-tel-...

 

Règlement de comptes à Libé-Corral. Michel Onfray fait l'objet d'un traitement spécial dans un article critique et forcément féroce de Libération au sujet des deux livres qu'il vient de faire paraitre : Penser l'islam (Grasset) et Le miroir aux alouettes, autobiographie politique (Plon). Suit une critique honnête de son livre consacré aux versions polysémiques de l'islam.

http://www.liberation.fr/debats/2016/03/15/onfray-pourquo...

http://www.liberation.fr/debats/2016/03/15/une-approche-l...

 

Quand les contribuables français peuvent défiscaliser leurs dons à l'armée israélienne... Question écrite de Mme Nathalie Goulet au sénat.

http://www.senat.fr/basile/visio.do?id=qSEQ160320545&...

 

Alain Finkielkraut dans l'émission L'Esprit de l'escalier revient sur la journée de la femme et note que, même si Cologne est passé par là, la volonté d'occulter cet événement est à l'oeuvre, ce dont il trouve la preuve dans la rhétorique développée par Olivier Roy dans Libération où pour noyer le poisson il rappelait à Kamel Daoud que le machisme et le harcèlement sexuel existe sous toutes les latitudes. Belle démonstration d'un différentiel de civilisation qui date de loin.

https://www.youtube.com/watch?v=MxQvhrdSGxY#t=367

 

Deux chroniques réjouissantes d'Éric Zemmour. Sur Merkel otage du grand Turc tout d'abord puis sur les nouveaux noms des régions qui ne ressemblent à rien.

https://www.youtube.com/watch?v=FhVPVROAiA8#t=87

http://www.dailymotion.com/video/x3xw8ip_reforme-territor...

 

Une véritable étoffe de chef d'État. Jean-Pierre Chevènement au micro de rfi ce 11 mars est très critique sur Schengen et sur le plan négocié entre l'Union européenne et la Turquie à propos des "réfugiés". Il s'en prend à l'irresponsabilité de Mme Merkel qui s'est assise en septembre sur les accords de Dublin et a mis l'Europe devant le fait accompli. Il s'en prend également à la duplicité de Mr Erdogan.

http://www.marianne.net/jean-pierre-chevenement-ne-nous-l... utm_medium=Social&utm_source=Twitter&utm_campaign=Echobox&utm_term=Autofeed#link_time=1457716766

 

Le résultat des élections dans trois länder d'Allemagne apportent un relatif désaveu à la politique d'ouverture engagée par la chancelière Merkel depuis septembre dernier. En décidant tout à trac qu'il ne fallait plus faire semblant de contrôler les flux migratoires mais tenir grandes ouvertes les portes de l'Europe quitte à imposer ce tournant à ses partenaires elle a suscité un immense appel d'air et rendu possible une véritable révolution pour ce pays. En effet, portant  déjà la culpabilité exorbitante des crimes du nazisme pour l'éternité il se voit imposer avec l'installation à demeure de plusieurs millions de "réfugiés" potentiels  une véritable double peine. Mais 80 ans après les faits le tabou, largement instrumentalisé par les vainqueurs, et qui surplombe toute la vie sociale allemande et la réduit à l'impotence politique pourrait enfin tomber, ouvrant à la puissance allemande de nouvelles perpectives. C'est l'effet d'hétérotélie, non prévu par la chancelière, qui pourrait s'avérer positif pour l'Allemagne, et au delà pour toute l'Europe que semble annoncer le succès de l'AfD. Ci-dessous un article du site suisse Les observateurs, puis un édito sans surprise du quotidien Le Monde, suivi du point de vue de Jean Bonnevey de Métamag qui voit dans les résultats de cette échéance électorale l'ouverture d'un nouveau cycle historique pour l'Allemagne.

http://lesobservateurs.ch/2016/03/13/en-allemagne-lextrem...

http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/03/14/angela-mer...

http://metamag.fr/2016/03/14/allemagne-angela-merkel-ress...

 

Enfin un point de vue d'Emmanuel Droit selon qui L'AfD vient combler le vide laissé à droite par une CDU soumise à un mouvement sinistrogyre et de plus en plus orientée vers un humanisme invertébré qui fait la part belle au parti de l'Autre, plus un article étonnant qui rend compte des positions non conformes de Peter Sloterdijk qui parle justement d'invasion pour qualifier l'arrivée en masse de ces immigrés. Selon lui "l'auto-destruction n'est pas un devoir moral".

http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/03/16/l-afd-un-f...

http://www.fdesouche.com/710611-refugies-le-philosophe-al...

 

L'OJIM nous montre que l'ethno-masochisme allemand peut atteindre des sommets. 

http://www.ojim.fr/un-journal-allemand-dextreme-gauche-so...

 

L'absence cumulative de services et de commerces dans les villages et la disparition du lien social qu'elle entraine favorise le vote Front National. Une étude fine du vote des "oubliés" par Jérome Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies de l'Ifop. Sans forcément détenir des solutions concrètes à ce déclin, le FN serait en position majoritaire dans les régions rurales car il est le seul parti à poser le bon diagnostic d'après l'analyse de cet organisme.

http://www.causeur.fr/fn-fourquet-campagnes-services-publ...

 

Jean-Yves Le Gallou résume au micro de Charlotte d'Ornellas Le contenu de son dernier essai Immigration : la catastrophe. Que faire ? paru récemment aux Éditions Via Romana.

https://www.youtube.com/watch?v=M6g3gRh9nuA

 

Bernard Lugan explique le glissement du djihadisme du nord Sahel vers le golfe de Guinée

http://bernardlugan.blogspot.fr/2016/03/avec-lattaque-meu...

 

Aristide Leucate sur un sujet voisin du précédent.

http://www.bvoltaire.fr/aristideleucate/afrique-lirresist...

 

Conférence de Xavier Moreau tenue le 12 février au colloque de l'Institut Russe des Études Stratégiques sur "L'avenir du terrorisme". La thèse est la suivante : l'origine du terrorisme djihadiste est partiellement d'origine occidentale et pour le moins largement instrumentalisé par l'Occident dont il servirait ses intérêts à promouvoir le chaos là où il ne peut établir son hégémonie.

 https://www.youtube.com/watch?v=jWh38XgAyRk

 

Le prince héritier du royaume d'Arabie saoudite doit ignorer la réplique de Louis Jouvet dans le film Entrée des artiste : "Vous portez la légion d'honneur ! Oui. Parce qu'elle impressionne les imbéciles". La véritable histoire de la décoration remise au prince est ici narrée par Causette.

https://www.causette.fr/le-mag/lire-article/article-1442/...

 

L'aveu de Jamal Ma'arouf : l'amée syrienne libre est sous la coupe d'Al-Nosra (article du Monde).

http://www.lemonde.fr/international/article/2016/03/15/ja...

 

Caroline Galacteros : "Syrie, quand le général Castres enterre le mythe des rebelles modérés".

http://arretsurinfo.ch/quand-le-general-castres-enterre-l...

 

Poutine, calculateur prudent, annonce un retrait partiel de ses troupes en Syrie et conserve ainsi une longueur d'avance sur ses adversaires en matière d'initiative. Analyse d'Hadrien Desuin, suivie des quatre hypothèses du magazine russe Expert et enfin de l'avis de Bruno Guigue du site suisse Arrêt sur info.

http://www.causeur.fr/poutine-syrie-al-assad-russie-37265...

http://www.courrierinternational.com/article/russie-syrie...

http://arretsurinfo.ch/coup-de-maitre-moscovite-en-trois-...

 

RT en français a recueilli le témoignage de diverses personnalités françaises à propos de l'annonce du retrait partiel des troupes russes de Syrie.

https://francais.rt.com/international/17165-continu--reac...

 

Alexandre Douguine explique pour le site Katehon l'alchimie complexe dont procède le pouvoir de Wladimir Poutine. Ce Sonderweg césariste, spécifique à la Russie, dont le schéma est emprunté à la pensée de Gramsci apparait assez convainquant et rend compte assez exactement des oscillations du président russe.

http://katehon.com/fr/article/civilisation-souveraine-et-...

 

Philippe Meirieu, figure centrale du "pédagogisme" selon ses adversaires, a accordé un long entretien dans le numéro de mars de la revue Causeur. Le professeur Jean-Paul Brighelli lui répond ici avec sa verve habituelle.

http://blog.causeur.fr/bonnetdane/le-maitre-du-double-lan...

 

Christian Harbulot fondateur de l'École de guerre économique en conférence pour le Cercle Aristote. L'orateur est très pédagogue, son thème : "La stratégie de l'intox" et la guerre de l'information qui lui permettent de passer en revue toutes les polémiques intellectuelles et culturelles qui ont émaillé les années de guerre froide comme autant de conflits d'influence et de contre-influence narrative. Une réalité devenue massive aujourd'hui et ou les Américains sont passés maitre comme on l'a vu entreautres dans les révolutions colorées.

https://www.youtube.com/watch?v=wtuKz2BlplA

 

Conférence de Pascal Gauchon, directeur de l'excellente revue Conflits, sur le thème suivant : "Qui détient la puissance dans le monde actuel ?".

http://www.realpolitik.tv/2016/01/qui-detient-puissance-c...

 

Loin des slogans l'émission Les idées à l'endroit pose la question des communautés et du communautarisme. Animée par Alain de Benoist et Olivier François cette émission de télé libertés recevait le très brillant Michel Maffesoli, Vincent Coussedière et Julien Rochedy.

https://www.youtube.com/watch?v=3GMqs7AUL30

 

le mêmeVincent Coussedière publie ce mois-ci Le retour du peuple, An I  aux éditions du Cerf

http://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/17614/le-ret...

 

Alain de Benoist sur Boulevard Voltaire pronostique l'effondrement de l'Union européenne et déclare que le plus grand tort qui fut la sienne a été de discréditer l'idée même de l'Europe.

http://www.bvoltaire.fr/alaindebenoist/le-plus-grand-repr...

 

Sur Radio Courtoisie Paul-Marie Coûteaux recevait le 15/03/2016 dans la seconde partie de son club de la presse Alain de Benoist et Jean-Yves Le Gallou. Le débat portait essentiellement sur le succès de l'AfD, sur les "réfugiés", l'immigration et le chantage turc, le renouveau de la pensée catholique (privatisée) en France, les bobards d'or distribués aux médias de propagande.

http://www.radiocourtoisie.fr/31775/libre-journal-de-paul...

 

Les précieuses ridicules des Inrocks surenchérissent dans un politiquement correct de cornichons que relève fort justement l'Observatoire des Journalistes et de l'Information Médiatique (OJIM).

http://www.ojim.fr/noir-et-blanc-les-couleurs-interdites/...

 

Nouvelle livraison de la revue trimestrielle Krisis. Cette fois-ci un numéro consacré à l'Amérique. Ci-joint le sommaire.

https://krisisdiffusion.pswebstore.com/krisis-les-anciens...

 

À propos de ce numéro de Krisis, signalons que son rédacteur en chef Thibault Isabel a publié le 8 mars un entretien entièrement  consacré à l'Amérique sur le site de Rébellion.  

http://rebellion-sre.fr/choc-civilisations-piege-tendu-la...

 

Vidéo de la conférence donnée à Lille en janvier dernier sur le thème de l'identité par Thibault Isabel et Alain de Benoist.

http://www.youtube.com/watch?v=2s5iHoxhsEk

 

Dans les Chronique de la Vieille Europe, sur Radio Courtoisie, Patrick Péhèle recevait le linguiste Gérard Conio pour son livre Théologie de la provocation, causes et enjeux  préfacé par Michel Onfray. Slavophone, Conio développe une pensée de l'Est qui s'affirme comme telle et revient sur les catastrophes qui ont secoué le cours du XX siècle et ont nourri le nihilisme européen dont le socialisme effectivement réalisé interprété ici à travers les concepts chrétiens. Très riche entretien.

http://pehele.podomatic.com/entry/2016-03-07T08_30_25-08_00

 

Pour Hervé Juvin le sacre de l'individu désirant sans aucune limitation a fait sortir la modernité de ses gonds. Il plaide ici pour une redécouverte de la communauté contre l'individu sans racine.

http://www.tvlibertes.com/bistro-libertes-avec-herve-juvin/

 

Deux contributions d'Alain de Benoist sur Boulevard Voltaire.

http://www.bvoltaire.fr/alaindebenoist/diversite-choix-en...

http://www.bvoltaire.fr/alaindebenoist/quand-les-films-de...

 

Jean-Pierre Le Goff était l'invité d'Élisabeth Quin sur Arte pour son émission 28 minutes. Dans ce temple de la bobocratie il fait montre d'un ton pour le moins décalé mais n'a droit malheureusement qu'aux 12 premières minutes. Son discours est dans ce lieu visiblement non gratta.

https://www.youtube.com/watch?v=l2-D7TpEfY0#t=309

 

Le 7 mars ce même Jean-Pierre Le Goff était l'invité de l'émission d'Olivier de Lagarde Un monde d'idées sur France-info. Il y fait le procès d'une Europe confite en droit-de-l'hommisme, sortie de l'histoire et persuadée que la compréhension des lois du marché est suffisante pour assurer une bonne "gouvernance". En bref d'après lui l'Europe angélique se détruit dans la croyance religieuse au progrès, dans la repentance et dans la dénégation d'elle-même.

https://itunes.apple.com/fr/podcast/un-monde-didees/id698...

 

Michel Onfray contre les totems. Un long article du Point sur ce magnifique tribun de la plèbe opposé par toutes ses fibres à la "gauche libérale" qui n'est selon lui que de papier mâché. Il célèbre par ailleurs "l'excellent Jean-Pierre Le Goff". On lui pardonnera aisément quelques glissades innocentes sur l'islam et son interprétation de la France de Vichy qui n'est pas de notre goût mais qui n'était sûrement pas "libérale".

 

 

 

 

Michèle Tribalat, démographe honnête, plaide pour une réhabilitation des statistiques ethniques contre ceux qui se refusent à voir ce qu'ils voient.

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/02/26/31003-20160...

 

Affaire Kamel Daoud, l'Algérien courageux pour qui les faits sont d'autant plus têtus qu'ils sont avérés et qui bien entendu se heurte à une misérable escouade de bonnes consciences pétitionnaires. Le point de vue de Laurent Bouvet, suivi de celui du premier ministre Manuel Valls retranscrit par Marc Cohen de Causeur mais aussi  ceux de Brice Couturier de France culture et de Jean-Paul Brighelli.

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/03/01/31003-20160...

http://www.causeur.fr/manuel-valls-kamel-daoud-edwy-plene...

http://www.franceculture.fr/emissions/les-idees-claires/p...

http://www.causeur.fr/kamel-daoud-cologne-viols-36995.html

 

Outre ce concert d'éloge, on peut lire sur Boulevard Voltaire cette mise au point de Caroline Artus qui rompt avec le consensus national-républicain en pointant les approximations pour le moins aventurées de Kamel Daoud.

http://www.bvoltaire.fr/carolineartus/manuel-defend-kamel...

 

Maxime Chaix sur la Syrie 

http://maximechaix.info/?p=2768

 

Maxime Chaix sur BHL et la Libye.

http://maximechaix.info/?p=2085

 

Nikola Mirkovic fait le point sur l'élection de Hahim Thaci à la tête du Kosovo, entité mafieuse et protectorat de l'OTAN.

http://www.bvoltaire.fr/nikolamirkovic/hashim-thaci-chef-...

 

Discours de Tomislav Sunic prononcé le 20 février lors d'une manifestation des Identitaires autrichiens à Klagenfurt à l'encontre de l'immigration de masse issue d'Afrique et du Proche-Orient. Se prévalant de sa connaissance des sociétés multiculturelles (bric à brac de l'ex-Yougoslavie, États-Unis), l'orateur pronostique une fin de l'Europe plongée dans le chaos ethnique. 

http://www.polemia.com/manifestation-des-identitaires-aut...

 

L'Europe prisonnière de la russophobie ukrainienne et atlantiste sacrifie ses industries agroalimentaires au profit de la bonne pensée.

http://www.bvoltaire.fr/ronaldzonca/lart-de-faire-porter-...

 

Mimant le célèbre slogan stalinien Georges Feltin-Tracol se réclame de Serge Latouche tout en critiquant son irénisme au nom du politique selon Julien Freund. Si ce pseudo irénisme se ramène à la volonté de ne pas voir se ré-éditer les hiérarchies figées de l'Ancien Régime, nous le faisons volontiers nôtre. Mais il est vrai que ce qui demeure béant dans la décroissance, c'est en effet son occultation de l'idée de puissance. Or dans le monde tel qu'il est cette éclipse utopique risque bien de s'avérer mortelle. Article de Feltin-Tracol puis référence au dernier numéro (mars) de la Décroissance qui marque bien les évolutions positives de ce courant d'idées vers un anti-libéralisme accompli en se faisant l'écho des analyses de Jean-Claude Michéa.

http://www.europemaxima.com/?p=4755

http://www.ladecroissance.net/?chemin=journal&numero=...

 

Bel hommage tout de retenue et de sobriété à Emmanuel Ratier fondateur, entre mille autres choses, de la lettre d'information et d'investigation Faits & Documents. Cérémonie publique (850 personnes) enregistrée par télé Libertés le 19 septembre 2015. Parmi les intervenants, Fabrice Lesade, maitre de cérémonie, Arnaud Soyez, Anne Brassié, Henry de Lesquen, Marc Laudelout, Éric Delcroix, Francis Cousin, Patrick Péhèle, Jean-Yves Le Gallou. La fille ainée d'Emmanuel conclue magnifiquement la séance.

http://www.tvlibertes.com/hommage-au-journaliste-politolo...

 

Michel Drac dans une conférence  prononcée à Dijon réfléchit sur la France face au mondialisme. Seules les puissances dominantes d'une époque donnée ont intérêt à jouer l'unification mondiale et donc à agiter l'idéologie mondialiste qui tend à dénier aux échelons inférieurs (les nations) un rôle quelconque dans l'organisation du monde.

http://www.dailymotion.com/video/x3tbhqw_michel-drac-face...

 

Au coeur d'une tempête d'apparence littéraire mais de facture réellement politique, Richard Millet  est définitivement viré du comité de lecture de Gallimard pour cause de trop grande indépendance d'esprit.

 

 

 

Dans Causeur Jean-Paul Brighelli prend habilement la défense de Richard Millet et tance le réflexe pavlovien et l'esprit de meute de ceux qui s'érigent en censeurs et cultivent l'esprit stalinien des listes de proscrits.

http://www.causeur.fr/richard-millet-gallimard-maylis-de-...

 

Dans Marianne, un article révélateur sur la manière idyllique  dont les manuels scolaires traitent de l'immigration. Quand la dénégation du réel relève du bourrage de crâne et de l'ahurissement car l'immigration est présentée comme un phénomène modeste, stable, régulé, inévitable, nécessaire et finalement bénéfique pour tous par le brassage des cultures qu'elle induit.

http://www.marianne.net/agora-manuels-scolaires-vision-id...

 

Les "antifa" du Forez dument corrigés par les étudiants qui veulent entendre ce que l'africaniste Bernard a à leur dire. La soirée se termine en une réjouissante chasse au dahut des  gauchistes du capital.

http://bernardlugan.blogspot.fr/2016/03/echec-de-la-tenta...

 

Lors du récent tribunal dinatoire du CRIF son président, Roger Cukierman, s'est laissé aller à une étrange déclaration de nature "essentialiste".  Il a en effet  prononcé ces fortes paroles : " Nous sommes l'un des très rares groupes humains qui ait réussi à préserver sa singularité à travers les siècles". Assistaient à ce dîner de cons nombre de membres du gouvernement et de l'opposition; aucun d'entre eux n'a, semble-t-il, émis de protestation pour cette injure infligée au dogme très en vogue parmi eux d'une nécessaire hybridation des cultures. Des esprit mal embouchés pourraient penser que le métissage n'est pas fait pour tout un chacun et que certain par une sorte de décret de la divine providence aurait le devoir d'y échapper.

À l'opposé si l'on ose dire, comment ces mêmes politiques jugeraient-ils ce texte s'il était soumis à leur lecture, paru d'abord chez Polémia et repris par Matapo-infos ?

http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2016/03/07/l-ap...

 

Ré-édition des mémoire d'un magicien de Hjalmar Schacht chez Kontre Kulture.

http://www.egaliteetreconciliation.fr/Memoires-d-un-magic...

 

Colloque de l'Institut Iliade le 9 avril 2016. Titre et programme des interventions.

http://fr.novopress.info/199125/colloque-linstitut-iliade...

 

Présentation de l'événement (vidéo)

https://www.youtube.com/watch?v=jUkOSARdIXY&feature=y...

 

Un tournant majeure dans le traitement médiatique de la crise syrienne en France. France 2 revient "honnêtement" sur la guerre civile, ses origines, ses enjeux et ses finalités. Interviewant des "experts" indépendants le documentaire se livre à une ré-interprétation de certains des événements qui ont marqué cette guerre et leur donne une lecture qui aurait été jugée comme "révisionniste" il y a quelques semaines encore. En fin de séquence cependant on n'échappe pas à l'épisode lacrymal sur les "réfugiés". L'émission était programmée jeudi 18 février en fin de soirée.

http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/un-oe...

 

Chronique d'Éric Zemmour sur RTL consacrée au désengagement américain en Syrie. "En se retirant de ce guêpier, Obama rend service au monde", proclame-t-il avec raison. 

https://www.youtube.com/watch?v=8YeNJEseBAM#t=135

 

Roland Hureaux, haut fonctionnaire, tance dans cette vidéo l'imposture et la responsabilité des gouvernements occidentaux concernant les affaires syriennes et dénonce le "bobardement" médiatique qui a précédé et qui accompagne le chaos occasionné par la guerre civile. Comment peut-on prétendre combattre ici le djihadisme alors que l'on le soutient sur place ?

http://www.bvoltaire.fr/rolandhureaux/lutte-contre-daech-...

 

Le point sur la situation en Syrie. Entretien avec Fabrice Balanche spécialiste du Proche Orient et membre du Washington Institute. Un autre de Valérie Toranian, directrice de la Revue des deux mondes.

http://www.les-crises.fr/pourquoi-alep-est-un-enjeu-fonda...

http://www.les-crises.fr/il-faut-faire-tomber-alep-par-va...

 

Ivan Blot fait le point sur la situation en Ukraine et revient sur certains événements récents occultés par la presse occidentale jusqu'au documentaire de Paul Moreira diffusé sur Canal plus il y a quelques jours (Ukraine, les masques de la révolution) dont nous-nous étions fait l'écho.

http://www.polemia.com/un-etat-monstre-en-ukraine/

 

Vive le Brexit ! Une intervention de Hajnalka Vincze, spécialiste hongroise de géo-stratégie établie en Suisse. Collaboratrice régulière du site Theatrum Belli.

https://www.iveris.eu/list/articles_dactualite/151-audela...

 

Le martyr d'Anne Frank utilisé pour que l'inusable culpabilité allemande la porte à recevoir décemment tous les "réfugiés" qui se présentent à ses frontières. Nazifier la contestation de l'immigration, telle est la dernière recette de ceux qui y trouvent leur avantage. Une technique immuable.

http://culturebox.francetvinfo.fr/cinema/drame/berlinale-...

 

La désinformation : un enjeu stratégique. François-Bernard Huygue répond à l'IRIS à propos de son livre La désinformation. Les armes du Faux paru chez Armand Colin

http://www.iris-france.org/71911-la-desinformation-un-enj...

 

En Europe plus les populations immigrées seront importantes et plus la séparation entre les communautés sera grande. Une implacable démonstration de Roland Hureaux contre les bons sentiments et les politiques d'accueil généreuses qui demeurent le b.a. Ba de l'Union européenne et de nombreux gouvernements pour aboutir au total à une Europe ghettoïsée, conflictuelle et autoritaire. Un parfait exemple d'hétérotélie (Jules Monnerot).

http://www.causeur.fr/vers-une-europe-autoritaire-et-ghet...

 

Pour Françoise Bonardel, professeur émérite de philosophie à la Sorbonne et spécialiste des doctrines hermétistes, la diabolisation du "repli sur soi" témoigne en fait d'une incapacité à penser et à vivre sans heurt la tension toujours vive du dehors et du dedans, réduite à une simple et stérile alternative entre ouverture et fermeture, générosité et égoïsme, courage et peur. belle démonstration contre un topique de l'époque.

http://www.causeur.fr/tous-aux-abris-36853.html

 

Pour Maxime Tandonnet l'espace Schengen est déjà derrière nous. Tandonnet est haut fonctionnaire, ancien responsable des problèmes d'immigration dans le cabinet présidentiel de Nicolas Sarkozy.

http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/02/18/31001-201...

 

Révolte populaire contre l'afflux des "migrants" (en réalité des clandestins). Les soldats  d'Odin patrouillent en Finlande .

http://www.valeursactuelles.com/monde/migrants-les-soldat...

 

Jean-Paul Brighelli à propos de la Corse et du football. Des réflexions qui vont droit au but.

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/02/16/31003-20160...

 

Jacques Sapir; retours vers Mélenchon ? À la condition cependant que celui ci libéré du carcan des manoeuvres d'appareil fasse au deuxième tour des présidentielles où il ne parviendrait pas, le choix de faire voter pour un et surtout une candidate souverainiste... 

http://russeurope.hypotheses.org/4704

 

"Le dernier des païens ?" Christopher Gérard fait une critique très positive du dernier livre de Marcel Conche, Épicure en Corrèze (Stock)

http://www.causeur.fr/marcel-conche-epicure-correze-31875...

 

La lutte des classes en action. Un article décapant de Frédéric Lordon dans Le Monde Diplomatique à propos du film de François Ruffin Merci patron ! Ruffin est le fondateur du journal Fakir. Les Klur héros bien malgré eux de ce film offrent un résumé du système néo-libéral dans toute sa perfection de laminoir des classes populaires. En attendant les autres.

http://www.monde-diplomatique.fr/2016/02/LORDON/54740

 

Le président du Conseil national des Républicains, Luc Chatel, déclare dans une envolée dépourvue du moindre lyrisme que son parti est celui des OGM et du gaz de schiste. Bien entendu, tout cela au nom de "l'innovation". Nous voici prévenus. Première référence : les fait puisés dans un article de 20 minutes. Seconde référence : l'avis éclairé de Gaultier Bès, l'un des animateurs de la revue Limite.

http://www.20minutes.fr/politique/1787515-20160215-luc-ch...

http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/02/16/31001-201...

 

"Lire les signes avant-coureurs de ce qui vient", voilà la légitimité que confère Alain de Benoist au travail des intellectuels dans sa chronique du Boulevard Voltaire.

http://www.bvoltaire.fr/alaindebenoist/intellectuels-aujo...

 

Jean-Pierre Le Goff pense que nous assistons à la fin d'un cycle historique. Dans un entretien à France Culture à propos de son dernier livre Malaise dans la démocratie il s'exprime sur l'abus des lois, l'épuisement du "gauchisme culturel" (toujours hégémonique dans les grands médias), une gauche qui reconnait la réalité à reculons, le court-termisme, l'érosion des problématiques sociales au profit des thématiques sociétales qui ont été l'occasion pour les couches populaires de déserter la gauche au bénéfice du Front National, l'accentuation de la fracture au sein d'un peuple qui ne supporte plus les leçons de morale que lui infligent les élites, le manque d'audace de la pensée par rapport aux gardiens du dogme coupés du réel, la destruction du terreau anthropologique qui vise transversalement aussi bien la gauche que la droite, le festivisme ambiant (tout phénomène pour être légitimé doit être "convivial" et "festif"), il distingue quatre types de fête qui sont les fêtes de la "transgression banalisée", les fêtes événementielles et institutionnalisées, les fêtes écologiques et enfin les fêtes du passé revisité liées à la passion mémoriale et patrimoniale le tout correspondant à l'évolution de l'individualisme, d'une part compétitif et performant et de l'autre extrêmement fragile. Le Goff critique l'angélisme et cette appétence à vivre dans une bulle hors de l'épreuve du réel. On lira, par ailleurs de lui, dans le dernier numéro de la revue Le Débat (janvier-février 2016) son excellente définition du conservatisme.

http://www.dailymotion.com/video/x3r4jrh_les-matins-pourq...

 

Sur Radio Courtoisie, Arnaud Guyot-Jeannin recevait le 9 février Christian Brosio rédacteur en chef adjoint des pages Histoire de Valeurs actuelles), Thibault Isabel (rédacteur en chef de la revue Krisis), David L'Épée (journaliste à ÉlémentsKrisis et Rébellion) et Bruno Saint-Ellier sur la question : "Existe-t-il un socialisme opposé à la gauche ?" à partir du contenu de la dernière livraison de la revue Krisis. Le thème de cette bonne émission didactique pourrait être illustrée a contrario par le titre révélateur du livre de Manuel Valls pour en finir avec le vieux socialisme... et être enfin de gauche. Podcast disponible.

http://www.radiocourtoisie.fr

 

Qui finance les "no borders" qui se sont illustrés à Calais récemment ? Où l'on voit que les idiots utiles du système font semblant de manquer de flair sinon de flouze.

http://www.cercledesvolontaires.fr/2016/01/28/24840/

 

NOVOpress, agence de presse des Identitaires, tresse des compliments au journal La décroissance.

http://fr.novopress.info/198097/terrorisme-musulman-made-...

 

Toujours plus loin avec l'anthropologue Jean-Loup Amselle. Cette fois ci il élargit son bêtisier et propose de laisser tomber le principe de nationalité !

http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/02/10/laissons-t...

 

Une excellente chronique de réflexion sur la géopolitique telle qu'elle se donne à voir en Syrie. D'après Alexis Feertchak, le président russe Wladimir Poutine a su se rendre indispensable à tout règlement politique de la guerre civile qui se déroule dans ce malheureux pays, empêchant les occidentaux et leurs alliés arabes et turcs de demeurer les seuls maitres du jeu.

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/02/10/31002-2016021...

 

La responsabilité de la CIA dans le conflit syrien épinglée par le New York Times. La presse américaine dévoile que l'agence a bien soutenu tous les groupes djihadistes.

http://www.polemia.com/la-responsabilite-de-la-cia-dans-l...

 

Xavier Moreau fait un bilan de l'intervention russe en Syrie.

http://www.stratpol.com/#!bilan-russie-syrie/cx5m

 

Sur la situation en Syrie, article certes orienté, mais pas plus que ceux qui nous sont livrés quotidiennement par la presse occidentale mainstream.

http://ilfattoquotidiano.fr/syrie-la-bataille-dalep-et-le...

 

Un programme présidentiel commun idéal afin d'assurer la victoire de "peuple de droite". Philippe Baccou de la fondation Polémia détaille à partir des sondages ce que désirent la grande majorité des électeurs.

http://www.polemia.com/que-veut-le-peuple-de-droite/

 

Urbanisme/architecture, comment remédier à la France moche ?

http://immobilier.lefigaro.fr/article/les-architectes-pen...

 

Dans l'émission "Zemmour & Naulleau" sur Paris Première consacrée à la question "L'armée est-elle à bout de souffle ?", le général Vincent Desportes tient un discours fort responsable sur la nécessaire adéquation entre budget militaire et volonté d'être présent sur la scène internationale.

http://www.fdesouche.com/699503-zemmour-et-naulleau-larme...

 

Sous l'intitulé "Le ministère de la vérité : Orwell l'a imaginé, Najat l'a créé !" NOVOpress s'en prend  à la campagne gouvernementale qui vise selon elle, sous prétexte de lutter contre les théories du complot, argument qui fait autorité chez toute personne raisonnable, à imposer la vision du monde du pouvoir libéral-social-démocrate.

http://fr.novopress.info/198113/ministere-verite-orwell-i...

 

Déradicalisation. Le terme est pour le moins mal choisi. Ce qu'il signifie étymologiquement c'est un refus des racines et de l'esprit critique poussé jusqu'au bout. Si c'est effectivement le but que s'assigne le gouvernement nous ne pouvons que nous opposer à ces mesures. Pour notre part nous demeurons résolument "radical" dans la mesure où nous estimons que peu de choses doivent être conservées du monde tel qu'il va. En ce sens la radicalité n'a rien à voir avec l'embrigadement messianique et celle-ci n'est pas propre aux jeunes musulmans originaires de l'immigration, fort heureusement. On pourrait tout aussi bien soutenir que le gouvernement poursuit lui aussi une entreprise de radicalistion en poussant subrepticement et toujours plus loin la libéralisation de la société.

http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/02/11/dounia-b...

 

Jihadisme, "pas-d'amalgamisme" et "rien-à-voirisme". François-Bernard Huygues se moque de l'aveuglement volontaire dont font preuve l'ensemble des médias et nos hommes politiques. Directeur de recherche à l'IRIS, Huygues vient de publier La désinformation. Les armes du faux chez Armand Colin.

http://huyghe.fr/actu_1363.htm

 

À l'heure où les "écologistes" reçoivent leur juste rétribution sous forme de maroquins précaires pour avoir renoncé définitivement à l'écologie au profit de simples ambitions politiciennes qu'incarne magnifiquement un Jean-Vincent Placé. Ainsi va la passion de la gamelle. Un tweet ironique disait  à ce propos que sa nomination montre qu'un esprit libre, intransigeant, refusant les contorsions ou les compromis, est toujours récompensé... Plutôt que de gloser sur le Titanic gouvernemental on s'intéressera au séminaire que le Front National a tenu le week-end dernier et dont David Desgouilles tire pour Causeur des leçons que nous faisons nôtres.

http://www.causeur.fr/euro-fn-le-pen-philippot-36730.html

 

Dans sa chronique matitudinale du 11 février Éric Zemmour s'en prend avec ironie au monde agricole français qui, en proie à une concurrence internationale et dérégulée n'a pas même l'élégance de mourir en silence.

http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/nos-agriculte...

 

Entretien sur la crise financière. Paul Jorion sur France Info le vendredi 12 février.

http://www.pauljorion.com/blog/2016/02/12/france-info-pau...

 

Communiqué de presse de l'Institut Iliade à propos de son colloque du 9 avril 2016 Face à l'assaut migratoire, le réveil de la conscience européenne.

http://institut-iliade.com/communique-de-presse-du-9-fevr...

 

Frédéric Rouvillois, professeur de droit public questionne dans un Zoom de Télé-Libertés les nombreux paradoxes de la "République" que notre époque conjugue à toutes les sauces et montre qu'il s'agit d'un concept flou voire ectoplasmique. Frédéric Rouvillois est l'auteur du livre Être ou ne pas être républicain paru aux éditions du Cerf fin 2015.

https://www.youtube.com/watch?v=D3Vdo083Mgo#t=13

 

Excipant de l'exemple du modèle serbo-croate et de sa réforme radicale au XIX siècle, Slobodan Despot juge, à l'encontre des "réactionnaires", que la suppression partielle de l'accent circonflexe n'affectera guère la langue française et se moque gentiment de ceux qui considèrent que l'orthographe c'était mieux avant.

http://www.causeur.fr/accent-circonflexe-reforme-orthogra...

 

La chronique d'Éric Zemmour du 9 février est consacrée à la victoire des troupes régulière de l'armée arabe syrienne à Alep. Il y voit une défaite pour les "droits-de-l'hommistes", les "utopistes", "les anti-Poutine, les anti-Assad, tous les BHL sur papier glacé et grand écran, qui ont rêvé de transformer la Syrie en une seconde Libye".

http://www.rtl.fr/actu/international/la-guerre-de-syrie-e...

 

Louis-Georges Tin, président du CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires) accuse Alain Finkielkraut et Éric Zemmour d'avoir diffusé un poison dans la société française qui a largement contribué à envenimer les rapports sociaux. Le CRAN nous dit-il est aussi sur le front de l'anticolonialisme, d'où ses exigence réparatrices pour la colonisation et l'esclavage. En bon trans-froniériste il exige le droit d'immigrer où bon lui semble sans se soucier de l'accord des pays d'accueil. 

https://www.youtube.com/watch?v=9LUHu-e1qIY#t=418

 

Anne-Marie Le Pourhiet rétablit quelques vérités à propos de la Déchéance de nationalité voulue par Hollande (et Sarkozy). Mesure non opérationnelle qui ne passera pas le cap du Congrès comme l'a montré le récent vote de l'assemblée.

http://www.causeur.fr/decheance-nationalite-conseil-etat-...

 

L'intégrisme musulman c'est aussi "l'extrême droite" d'après l'hebdomadaire Télérama (groupe Le Monde) si bien que l'on se demande bien quelle peut être la validité d'un concept sous lequel on range aussi bien les satanistes néo-nazis que les catholiques traditionalistes, les nostalgiques de Vichy que les gaullistes souverainistes, les pro-vie adversaires de l'avortement que les partisans de l'eugénisme, les monarchistes que les défenseurs convulsifs de la laïcité, les colons israéliens à mitraillette que les membres du Hamas et dorénavant les lepenistes que les affidés du Califat. Bref une expression vide de sens sans aucune valeur heuristique.

http://www.telerama.fr/idees/apres-cologne-nous-voyons-en...

 

Xavier Raufer s'en prend dans Le Nouvel Économiste à l'alliance de fait entre les trotskistes et les milliardaires "philanthropes" genre Soros. La gauche du capital a bien pour but, selon lui, de fragiliser l'État-nation et elle est financée par la Nouvelle Classe à la fortune pour le moins suspecte.

http://www.lenouveleconomiste.fr/sociologie-critique-gran...

 

Les Allemands ne font plus confiance dans leurs médias. Après les révélations d'Ufkotte sur le contrôle de la presse par la CIA, après le silence de plomb des organes d'information sur les événements de Cologne, Wolfgang Herles, célèbre présentateur de ZDF qu'il vient de quitter, égratigne un peu plus l'image des médias allemands.

http://www.ojim.fr/medias-allemands-le-sujet-des-refugies...

 

Frederic Pichon, spécialiste de la Syrie, qui a publié en 2014 un livre intitulé Syrie, pourquoi l'Occident s'est trompé dénonce la candeur de la France dans sa politique au proche-orient. La France, comme l'Europe, est selon lui dans un trou d'air stratégique du fait de l'influence des néo-conservateurs plus influents dans nos ministères qu'ils ne le sont à Washington. Les États arabes du Golfe et l'Arabie saoudite obsédés par la montée en puissance de l'Iran ne tiennent pas à détruire l'État islamique, mais seulement à le contenir car il constitue un contrepoids efficace à l'influence iranienne. Désormais les Américains ne font plus du départ d'Assad le préalable aux négociations de paix et seule la France reste accrochée à cette exigence.

https://www.youtube.com/watch?v=I1qBN4aEgEE

 

Au moment où le calamiteux Laurent Fabius quitte le quai d'Orsay (où seul son bilan carbone s'avère positif malgré son sacre lors de la Cop 21) pour diriger le Conseil constitutionnel, Régis Soubrouillard tente un rapide bilan de notre politique extérieure totalement à la remorque des États- Unis et où l'émotionnel l'emporte dans l'analyse des intérêts réel de notre pays.

http://www.causeur.fr/diplomatie-fabius-royal-36623.html

 

Un bon article de Libération consacré à l'hebdomadaire sarkozyste (ou juppéiste, selon la tournure des événements) Valeurs Actuelles, "Dans la rédac des ultraréacs". Pour le patron de cette publication, le Young Leaders Yves de Kerdrel il s'agit par une titraille fracassante et racoleuse de ramener, selon une logique Buissonière, la petite bourgeoisie tentée par le vote frontiste dans l'escarcelle des Républicains.

http://www.liberation.fr/futurs/2016/02/07/valeurs-actuel...

 

Dans une tribune qui précède la parution prochaine de son livre Malaise dans la démocratie, le sociologue Jean-Pierre Le Goff se livre ici à un diagnostic sévère de la société française et pointe les maux qui la traversent.

Un reportage de TV Libertés (18 minutes) nous emmène à Dresde, capitale de la Saxe et bastion de la résistance allemande, afin de fouiller les origines et les thèmes du mouvement PEGIDA.

https://www.youtube.com/watch?v=eEgh7L-Q0Lo&utm_sourc...

 

Sur le site suisse Horizons et débats le long entretien avec Willy Wimmer, ancienne personnalité de la CDU allemande au sujet de l'OTAN. Il juge que la stratégie belliqueuse de l'alliance, régentée par le suzerain américain pourrait nous précipiter dans une décrépitude totale et encourage son peuple à ne plus lire les rossignols du carnage qui ont table ouverte de l'autre côté du Rhin.

http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=4842

 

Sur FigaroVox Elisabeth Lévy, directrice de la rédaction du mensuel Causeur publie un entretien dans lequel elle s'interroge sur les limites du modèle multiculturel heureux à propos des agressions de Cologne. Elle y voit, contrairement à d'autres rivés à leur aveuglement, l'exemple paradigmatique du choc des cultures.

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/02/05/31003-20160...

 

I-Média, émission de traitement de l'information présentée par Jean-Yves Le Gallou sur TV-Libertés

http://www.tvlibertes.com/i-media-s03e01-manif-pour-tous-...

 

Le cri de colère d'un officier faisant suite à l'arrestation du général de corps d'armée, et ancien patron de la légion, Piquemal à Calais au cours d'une manifestation présentée comme "islamophobe" par les médias de propagande. Il est vrai qu'au moment où on laisse chaque jour des "migrants" illégaux manifester et caillasser les forces de l'ordre, où l'on tolère des "No border" signaler leur mépris du général de Gaulle sans la moindre interpellation, cette arrestation a quelque chose de révoltant.

http://www.bvoltaire.fr/philippe-bonnet/general-arrete-fi...

 

Jugeant du déchainement médiatique qu'a déclenché la micro manifestation de Calais l'universitaire Alexis Theas y voit dans Le Figaro un écran de fumée destiné à compenser la capitulation de l'État incapable de juguler l'immigration illégale et son cortège de réalités mafieuses dans la Jungle et ailleurs qui contribuent au chaos à la désintégration de la société française.

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/02/07/31003-20160...

 

Renaud Girard, grand reporter au Figaro, se prononce de fait pour une alliance, au moins provisoire, avec le régime de Bachar el-Assad de manière à vaincre l'ennemi principal à savoir Daech.

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/02/05/31002-2016020...

 

L'émission de Patrick Pèhèle, Les Chroniques de la Vieille Europe, recevait récemment Gaël-George Moullec pour son livre "Pour une Europe de l'Atlantique à l'Oural : les relations franco-soviétiques, 1956-1974" qui éclaire la politique du général de Gaulle vis à vis de l'Union soviétique. Des révélations très intéressantes sur l'époque où la vie politique française ne se décidait pas à Wall street...

http://pehele.podomatic.com/entry/2016-02-05T14_36_28-08_00

 

Ce qu'il en coute de s'aligner sur les États -Unis d'Amérique. Peugeot s'engage à verser des indemnités à l'Iran pour avoir déserté brutalement le pays en 2012.

https://www.zamanfrance.fr/article/psa-versera-indemnites...

 

Enfin, sur le site suisse d'Antipresse Slobodan Despot revient sur la diffusion par Canal Plus (le 2 février) du documentaire pour une fois honnête de Paul Moreira sur la révolution ukrainienne du Maïdan qui a fait contre lui l'unanimité d'une presse française aux ordres et qui révélait  son goût partisan pour la censure. On peut s'abonner gratuitement à cette lettre hebdomadaire et décapante.

http://www.antipresse.net

 

Thomas Flichy de La Neuville réfléchit sur les différentes conceptions du temps qui opposent l'Occident et l'Iran dans leurs relations commerciales.

https://www.revueconflits.com/iran-le-temps-des-affaires/

 

Michel Onfray : "la France a renoncé à l'intelligence et à la raison, à la lucidité et à l'esprit critique... Notre civilisation judéo-chrétienne est épuisée, morte".

http://www.lepoint.fr/chroniques/michel-onfray-houellebec...

 

Réfléchissant sur les propos "déclinistes" de Michel Onfray, Aristide Leucate livre sur Boulevard Voltaire une roborative méditation sur notre destin en rappelant que l'histoire est le domaine de l'inattendu.

http://www.bvoltaire.fr/aristideleucate/michel-onfray-civ...

 

La revue Faits & Documents publie une enquête sur Raphaël Glucksmann, agent des États-Unis. 

http://www.egaliteetreconciliation.fr/Qui-est-Raphael-Glu...

 

La presse papier allemande est en faillite. C'est la rançon de son alignement sur une ligne outrancièrement atlantiste.

http://www.ojim.fr/lugenpresse-la-confiance-entre-medias-...

 

"Cette saloperie qu'est le souverainisme",  entretien de BHL dans Libération dans lequel l'écrivant ne reculant pas devant le paradoxe soutient qu'un particularisme peut être un universalisme.

 

 

 

Dernier édito (février) de l'africaniste Bernard Lugan.

http://bernardlugan.blogspot.fr/2016/02/lafrique-reelle-n...

 

"La laïcité, il y a d'autres priorités sur le droit des femmes" a répondu sèchement Ségolène Royal à Pascale Boistard, secrétaire d'État au droit des femmes qui s'inquiétait de l'existence de zones sur le territoire français "où les femmes ne sont pas acceptées".

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/02/03/31003-20160...

 

Selon Dominique Jamet, le succès même du Front National le contraint à la responsabilité. Ce qui devrait le contraindre à un aggiornamento programmatique. 

http://www.bvoltaire.fr/dominiquejamet/fn-a-croisee-chemi...

 

Grève des taxis, Notre Dame des Landes, mouvement des producteurs de lait et de viande : pour Pierre Vermeren ces conflits traduisent une profonde transformation du paysage économique français, à laquelle notre culture risque de ne pas survivre. Au terme de son inventaire une conclusion s'impose : la nouvelle économie n'a plus besoin du "peuple" devenu superfétatoire mais réclame des "populations" banalisées et anesthésiées, déculturées et interchangeables.

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/02/02/31003-20160...

 

Victoire des forces loyalistes de l'armée arabe syrienne au nord d'Alep (avec l'appui des frappes russes).

http://www.lucmichel.net/2016/02/03/syria-committees-exit...

 

Entretien avec Alain de Benoist sur Boulevard Voltaire. Dans cette vigoureuse chronique l'éditorialiste de la revue Éléments fustige la "droite" qui veut défendre la nation sans jamais se soucier de son  peuple. Occasion pour lui de rappeler ce qu'est l'essence du capitalisme.

http://www.bvoltaire.fr/alaindebenoist/cette-droite-veut-...

 

Télé Libertés inaugure une nouvelle émission, Témoins à charge, présentée par Charlotte d'Ornellas sur les Français délaissés et humiliés par l'État et l'occupation prioritaire des logements sociaux par les clandestins. 

https://www.youtube.com/watch?v=LfhtFwMbKxA

 

Sur Causeur : Cohn-Bendit, de chien fou à chien de garde.

http://www.causeur.fr/daniel-cohn-bendit-dpda-bourgeois-3...

 

La démission de Christiane Taubira vue par Éric Zemmour.

https://www.youtube.com/watch?v=rsc4dt-o-PI

 

Sur Breiz-info, compte rendu d'une conférence de Béatrice Bourges. De bonnes choses malheureusement évoquées dans un ensemble qu'entache trop de références conspirationnistes.

http://www.breizh-info.com/2016/02/01/nantes-beatrice-bou...

 

Comme toujours l'émission hebdomadaire de Jean-Yves Le Gallou, I Média, critique de la presse et des médias.

https://www.youtube.com/watch?v=g9v2IW1n1z0#t=11

 

Dans l'émission Passé Présent, une belle évocation de la la vie du général Henri Giraud par son petit fils, notre ami Henri-Christian. Certes, une belle carrière de guerrier, mais un piètre politique.

https://www.youtube.com/watch?v=GpaT2q93TCc#t=1941

 

Sur le site "Les crises", dirigé par Olivier Berruyer, cette contre-offensive à propos de la narrative mensongère occidentale concernant la révolution du Maïdan en Ukraine. Le film est diffusé lundi 1 février sur Canal + et il met en cause les marionnettes constituées par les troupes de choc "nationalistes" et le marionnettiste américain toujours à la manoeuvre. Voir à ce propos l'article paru dans Éléments numéro 154 "L'Ukraine et la Russie". 

http://www.les-crises.fr/paul-moreira-repond-aux-critique...

 

Critique du dernier numéro de Nouvelle Ecole sur les Lumières par Pierre Le Vigan.

http://blogelements.typepad.fr/blog/2016/02/comprendre-le...

 

Causeur revient sur la grâce partielle accordée par Hollande à Jacqueline Sauvage après une intense campagne médiatique où le féminisme victimaire a joué le premier rôle.

http://www.causeur.fr/jacqueline-sauvage-remise-gracieuse...

 

Un sondage instructif paru le 31 janvier dans le JDD.

Pierre Le Vigan : principes d'écologie urbaine.

http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2016/01/27/pour...

 

Régis Debray : Le chantage à l'islamophobie est insupportable.

 

 

Le choc des civilisations, aspects d'un mythe politique contemporain.

http://tempspresents.com/2016/01/29/choc-civilisations-my...

 

Bisses billes entre salafistes en Syrie.

http://www.lemonde.fr/international/article/2016/01/29/le...

 

Pierre Nora, discours de réception d'Alain Finkielkraut à l'Académie française.

http://www.causeur.fr/alain-finkielkraut-pierre-nora-3647...

 

De l'incompatibilité de l'accueil des migrants avec l'État providence.

http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/de-l-incompatib...

 

Émission de La Vieille Europe, animée par Patrick Péhéle. Avec Thomas Flichy de La Neuville sur la crise entre l'Arabie Saoudite et l'Iran et Luc Pauwels pour son

Histoire d'Ukraine Le point de vue ukrainien. Enfin, tour de l'actualité européenne avec Philippe Christelle (Allemagne, Pologne, Royaume uni, Espagne).

http://pehele.podomatic.com/entry/2016-01-29T11_46_55-08_00

 

Le pseudo blog de Jean-Claude Michéa. Intéressant toutefois.

https://www.facebook.com/Jean-Claude-Michéa-1243240932367...

 

À la télé publique norvégienne, un petit film sur les limites de la tolérance.

http://www.ojim.fr/liberte-dexpression-la-lecon-de-la-tel...

 

Périco Légasse implique la dérive productiviste dans la crise de l'agriculture.

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/01/29/31003-20160...

 

Colloque historique sur l'islamisme avec Philippe Conrad et Bernard Lugan.

Conrad :

https://www.youtube.com/watch?v=Itcsap-7vX4&feature=y...

 

Lugan :

https://www.youtube.com/watch?v=EJEk-4oJkaE&feature=y...

 

____________________

Au moins c'est clair :

http://www.liberation.fr/direct/element/entre-daech-et-li...

 

Entretien avec Michel Drac sur son livre Triangulation :

https://www.youtube.com/watch?v=0iPiexxNokQ#t=521

 

Breizhinfo rapporte le témoignage édifiant d'une jeune humanitaire allemande :

http://www.breizh-info.com/2016/01/21/hambourg-une-ideali...

 

Reportage de Télé Libertés (Nicolas de Lamberterie) sur la route des Balkans à propos de l'invasion migratoire :

https://www.youtube.com/watch?v=tJbwLcwZEkQ#t=507

 

Sur ce site la lecture des articles suivants est particulièrement intéressante. 1/ Coudenhove-Kalergi, l'UE et le génocide du peuple européen. 2/ Gardiens, moutons et loups. 3/ Définitions de la laïcité. Etc

http://www.autochtonisme.com

 

Jean-Chritophe Cambadélis entend profiter de la révision constitutionnelle pour exiger la suppression de mot "race". Cela risque de braquer une "droite" déjà peu encline à voter cette révision.

À force de réformes sémantiques les "socialistes" s'enferrent dans un tissu de contradictions difficiles à surmonter. On a peine à imaginer comment une République affirmant ne plus reconnaître l'existence d'aucune prétendue race pourrait encore condamner le racisme et justifier les poursuites pour "incitation à la haine raciale" c'est à dire pour incitation à la haine d'un objet imaginaire. Il va devenir difficile également de justifier l'apologie du métissage qui traine dans tous les discours autorisés. De même pour la promotion de la "diversité" puisqu"'il n'y a pas de diversité des races" (François Hollande, 12 mars 2012). Enfin comme les gens s'entêtent à voir et reconnaître des races autour d'eux, il va falloir les persuader qu'ils sont victimes d'une hallucination collective...

La race, quelle que soit la définition que l'on lui donne, serait comme le sexe une construction sociale dépourvue de réalité substantielle, d'où une même stratégie, typiquement orwellienne, de substitution lexicale : population au lieu de race, genre au lieu de sexe, parent au lieu de père et mère. L'idée sous-jacente est que lutter contre le racisme implique de nier l'existence des races, comme lutter contre le sexisme conduirait à dénier aux sexes toute réalité. Il s'agit toujours de produire de l'égalité en niant la diversité. Le "pourtoussisme" veut il aboutir à un monde gris de clones androgyne qu'il ne s'y prendrait pas autrement. Qu'on se rassure tout de même, cela n'empêchera nullement le camp d'un antiracisme devenu fou de raciser les soi-disant racistes et de les essentialiser au nom de la morale.

On peut également reconnaître dans cette prétendue réforme sociétale un brouillard idéologique de "gauche" masquant l'incapacité du parti "socialiste" à faire reculer les inégalités qui s'accroissent sans cesse. Et cela n'est pas imaginaire :

http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/coulisses/2016/0...

 

L'Antipresse, le magazine hebdomadaire de Slobodan Despot. Pour s'abonner gratuitement :

http://www.antipresse.net

 

"La kippa est une sorte de selfie religieux", déplore Éric Zemmour :

http://www.dailymotion.com/video/x3md9q8_la-kippa-est-une...

 

Des paroles et des actes. Les deux France. Débat entre Daniel Cohn-Bendit  et Alain Finkielkraut :

http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/des-p...

 

L'avis de Causeur sur ce match :

http://www.causeur.fr/finkielkraut-face-a-cohn-bendit-mat...

 

L'ancienneté des contes européens :

http://fr.sputniknews.com/insolite/20160120/1021094244/co...

 

L'éternel marronnier des nouveaux réactionnaires. Cette fois-ci c'est dans Libération que cela se passe. On remarquera une référence à Éléments :

-1/ Jean-Maxime Corneille interroge Jean-Michel Vernochet à propos des foyers de guerre allumés par les wahabites tout autour de la Méditerranée en distinguant 

bien de wahabisme de l'orthodoxie musulmane. Très bonnes remarques :

http://www.egaliteetreconciliation.fr/Pour-eviter-la-guer...

 

-2/ Michel Drac s'exprime sur le thème "qui est Charlie ?" essentiellement par rapport au livre d'Emmanuel Todd qui porte le même titre. Insiste beaucoup sur la 

bizarrerie "conspirationniste" des événements du 7 au 9 janvier 2015 (stratégie de la tension). La véritable question posée, selon lui, est que le pouvoir ait réussi à 

faire descendre 4 millions de personnes dans la rue. La théorisation de Michel Drac est brillante sur l'idéologie qui se développe en fonction de la sortie de la religion :

Conférence

https://www.youtube.com/watch?v=2SxW32ZIwRI

Question du public

https://www.youtube.com/watch?v=Qzs1eJrYJRU

 

-3/ Sir le site Infoguerre analyse de l'industrie russe et de ses failles :

http://www.infoguerre.fr/matrices-strategiques/les-limite...

 

-4/ Agressions sur des femmes allemandes. Effets dévastateurs pour l'angélique Merkel :

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/01/06/31003-20160...

 

-5/ Noël à Strasbourg :

http://www.polemia.com/notes-sur-le-vif-pour-un-premier-d...

 

-6/ Sommaire du numéro de janvier de Causeur :

http://www.causeur.fr/wp-content/uploads/2016/01/causeur....

 

-7/ Transneft va financer l'achèvement de l'église orthodoxe russe de Strasbourg :

http://francaislibres.org/2015/12/31/transneft-financera-...

 

-8/ Un 11 septembre européen programmé pour 2016. "Nous sommes submergés par le nombre" confie à l'AFP un responsable de la lutte antiterroriste :

http://www.lepoint.fr/societe/terrorisme-en-2015-on-n-a-r...

 

-9/ Henriette Reker, maire de Cologne, élu pour la simple raison qu'elle avait été poignardée par un individu "aux motivations racistes" sombre sous les lazzis de l'opinion 

allemande : 

http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2016/01/07/la-maire-de-...

 

-10/ Toujours à propos de Cologne, Régis de Castenau tente ici un parallèle drolatique entre Henriette Reker et Anne Hidalgo :

http://www.causeur.fr/cologne-paris-anne-hidalgo-charlie-...

 

-11/ Allemagne. Toujours la même affaire. En théorie cette fois ci Frau Merkel est appelée à disparaitre de la scène tant l'article (de Monde !) est accablant pour son absence

de responsabilité :

http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/01/07/la-police...

 

-12/ Communiqué du mouvement de Renaud Camus à propos des graves incidents de Cologne :

http://www.in-nocence.org/public_forum/read.php?3,145170,...

 

19/10/2015

Le romantisme philosophique et politique en Allemagne

Conférence prononcée  au Musée de la Marine de Toulon le 29 novembre 2011

dans le cadre de la Commission Littérature de l'Académie du Var.

Le thème de la séance était :

"Ombres et lumières du romantisme"

 

 

LE ROMANTISME PHILOSOPHIQUE ET POLITIQUE EN ALLEMAGNE

 

 

INTRODUCTION

 

C’est en Allemagne que le mot « romantisme » a pris son sens littéraire, avec les Romantische Dichtungen de Tieck (1799-1800), puis avec La Pucelle d’Orléans de Schiller (1801) qui fut qualifiée de « romantische Tragödie ». Goethe revendiqua, en 1830, devant Eckermann, la paternité de l’opposition, devenue alors banale dans toute l’Europe, entre « classicisme » et « romantisme », le premier terme étant associé à la santé et à la vigueur, le second à la maladie voire à la  dégénérescence, opposition qu’on retrouvera sous la plume de Nietzsche dans les années 1870-1880.

Pourtant, si le mot apparaît bien  alors en ce sens, le romantisme allemand n’est que très accessoirement un courant littéraire. Il est pour l’essentiel un mouvement philosophique et surtout politique, et c’est ce que nous voudrions montrer à travers cet exposé.

Il s’agit d’abord d’un mouvement anti-Français, effet des invasions révolutionnaires et des guerres napoléoniennes, effet de l’effondrement du Saint Empire romain germanique en 1806. Ce courant va s’opposer point par point à tous les principes issus de la philosophie française des Lumières qui inspirèrent la Révolution de 1789 et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Jacques Droz, qui me servira de guide tout au long de cette étude, l’affirme nettement dès les premières pages de son ouvrage Le romantisme politique en Allemagne :

         « Le romantisme fut avant tout réaction contre l’idéologie de la révolution française, combat contre l’émancipation politique et sociale issue des idées de 1789, défense des monarchies et des classes dirigeantes contre la force, jugée dissolvante, de l’économie moderne » 1

Définissant le projet qui présida à la création de la revue Germania, le poète Kleist s’exprime en ces termes en 1809 :

         « Cette revue doit être le premier souffle de la liberté allemande. Elle se propose d’exprimer tout ce qui pendant les trois dernières années passées à gémir sous le joug des Français, a dû rester enfermé dans le cœur des valeureux Allemands. » 2

La même frustration se manifeste dans la Bavière de Louis 1er, en 1815, ainsi qu’on peut le lire dans la revue Literaturzeitung für katholische Religionslehrer :

         « « Il faut espérer et croire que la Révolution française introduira dans la vie politique, par réaction, un ferment d’amour et de liberté […] Ce n’est qu’à cette condition que l’avenir pourra donner lieu à une véritable contre-révolution et que nous nous acheminerons vers une théocratie, seule susceptible de réparer les maux que la démocratie, issue de la Révolution française, a répandus sur le monde entier. » 3

Afin d’introduire un minimum de rigueur et de contredire l’affirmation de Paul Valéry, qui supposait cette rigueur définitivement absente de l’idée même de romantisme, nous procéderons de la façon suivante : dans un premier temps, nous remonterons aux origines philosophiques du romantisme allemand. Puis nous dresserons un panorama, bien évidemment non exhaustif, du romantisme politique allemand au sens étroit du terme, qui se développe approximativement de 1798 à 1830. Nous montrerons ensuite que le véritable romantisme philosophico-politique allemand déborde largement de ce cadre, et qu’on peut y inclure des créateurs qu’on ne classe pas traditionnellement sous cette étiquette : le poète Hölderlin, le compositeur Wagner, le philosophe Nietzsche (dans sa toute première philosophie seulement). Nous conclurons notre propos en montrant comment, selon nous, ce romantisme allemand est l’une des matrices fondamentales, trop souvent négligée, du national-socialisme.

 

I) AUX ORIGINES DU ROMANTISME ALLEMAND

 

C’est bien avant l’effondrement du Saint Empire que surgissent des thématiques qui fleuriront de 1806 à 1830 et bien au-delà.

 

1) Johann Gottfried Herder (1744-1803) et la notion de « Volkgeist »

Contre l’universalisme français des Lumières, Herder, qu’il n’est pas interdit de considérer comme le premier philosophe de l’histoire (plus de trente ans avant Hegel qui sacralisera ce genre), concentre son attention sur le caractère irréductible des peuples, qui sont les uns par rapport aux autres presque aussi étrangers que les différentes espèces animales. Auteur en 1774 d’Une autre philosophie de l’histoire, et surtout des Idées pour une philosophie de l’histoire de l’humanité (ouvrage en quatre parties publiées entre 1784 et 1791), Herder affirme avec force le principe des nationalités. Il considère que les cultures sont profondément hétérogènes, qu’elles sont ancrées dans des langues originales qui sont d’origine divine 4,  et que chaque peuple a une âme, un principe propre qui gouverne toutes ses manifestations, le « Volkgeist » (terme que lui empruntera Hegel en le situant dans un contexte très différent). « Chaque nation a le centre de sa félicité en elle-même », peut-on lire dans Une autre philosophie de l’histoire 5. Par son « ethnicisme » 5, son rejet de la modernité, sa vénération pour le Moyen Âge, Herder a incontestablement jeté les bases du romantisme politique allemand.

 

2) Edmond Burke et ses Considérations sur la révolution française (1790).

Véritable best-seller européen, le libre de Burke a été constamment commenté en Allemagne durant la dernière décennie du XVIIIe siècle et toute la première moitié du XIXe siècle. Novalis, que nous retrouverons bientôt, résume bien la perception générale en Allemagne du livre de Burke par ces mots :

         « Il a été écrit plusieurs ouvrages anti-révolutionnaires sur la Révolution. Burke a écrit un ouvrage révolutionnaire contre la Révolution. » 6

 

3) Johann Gottlieb Fichte (1762-1814)

Contemporain de Hegel et de Schelling, les deux autres figures dominantes de ce qu’il est convenu d’appeler l’ « idéalisme allemand », Fichte, qui n’est pas classé comme « romantique » (des trois idéalistes allemands, seul Schelling est parfois qualifié de « romantique »), a cependant contribué puissamment, par son Discours à la nation allemande de 1808, à jeter les bases du romantisme politique allemand. Précédé de peu par Novalis, qui clamait en 1800 que « de son pas lent, mais sûr, l’Allemagne précède les autres pays d’Europe », Fichte qualifie la langue germanique de « Ursprache » («langue originaire » ou « langue originelle »), et déclare que le peuple allemand est « le peuple tout court » (« das Volk schlechtweg »), en quelque sorte le « peuple élu ».

Fichte approfondit les idées de « Volkstum » (identité populaire, ethnicité) et de « Deutschheit » (germanité) qu’il hérite de ses prédécesseurs (parmi lesquels Herder). Exclusivisme du Moi national, originalité du caractère populaire, exaltation de l’histoire : les grands thèmes du Discours à la nation allemande ne cesseront d’alimenter le romantisme politique des décennies suivantes.

« La nation qui portait jusqu’à ce jour le nom d’allemande (ce qui signifie le Peuple tout court) n’a cessé de témoigner d’une activité créatrice et novatrice dans les domaines les plus divers. L’heure est enfin venue où une philosophie pénétrée de part en part par la réflexion lui présentera le miroir où elle se reconnaîtra par une connaissance lucide, et du même coup prendra nettement conscience de la mission dont elle ne portait jusqu’alors qu’un pressentiment confus, mais dont la Nature l’a investie » 7

 

II) LE ROMANTISME POLITIQUE AU SENS ÉTROIT DU TERME

 

1) Une difficile délimitation chronologique

 

La grande période romantique allemande va environ de 1798 à 1830, mais il est en réalité très difficile de fixer une date précise marquant le début ou la fin de cette période. Certains la voient s’achever avec la Philosophie de la vie de Friedrich Schlegel, en 1827, qui développe la doctrine de la restauration politique et dresse l’apologie d’un État chrétien. Jacques Droz place le terme trois ans plus tard quand il écrit :

         « Le romantisme, du fait des progrès de la civilisation industrielle et de la montée du libéralisme, est de plus en plus réduit à la défensive : c’est dans les livres de Joseph von Eichendorff, autour de 1830, que se laisse entendre le chant du cygne. » 8

Mais ceci n’est vrai que du romantisme politique au sens étroit du terme. Lié aux tentations de l’aristocratie de conserver la mainmise sur la société, le romantisme politique sera peu à peu étouffé par la montée en puissance de la bourgeoisie libérale et de ses aspirations à la modernité. Les systèmes qu’avaient imaginés des hommes tels que Schlegel ou Adam Müller tomberont dans l’oubli. Mais certains thèmes survivront, ainsi que nous le verrons dans notre troisième partie.

 

2) Un mouvement « réactionnaire » au sens étymologique du terme

 

Le romantisme allemand, inspiré des thèses de Burke, prendra le contre-pied systématique de tous les principes qu’avait sacralisés la Révolution française de 1789.

 

a) Un mouvement anti-individualiste

Certes existe au sein du romantisme allemand (comme de tous les romantismes) un certain culte du Moi. Il faut cependant y prendre garde : ce mouvement est profondément anti-individualiste, au sens le plus politique du terme, il rejette radicalement l’individualisme bourgeois qui a inspiré (Marx ne s’y est pas trompé) tous les articles de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, déclaration qui devrait en réalité porter le nom de « déclaration des droits de l’individu et du citoyen ».

Novalis exprime là encore avec talent ce rejet de l’individualisme bourgeois : « Notre pensée est un dialogue, notre sensibilité une sympathie » 9. Plus lyrique encore, le poète Matthias Claudius, dans son Messager de Wandseck, écrit :

         « Celui qui sans aucune nuance se met à prêcher la liberté et les droits du citoyen, cet homme, quelles que soient ses intentions, détruit les liens judicieusement et péniblement noués entre les citoyens ; il fait ressortir du tréfonds de l’individu des prétentions vaniteuses et autoritaires, abolit les nobles sentiments d’amour, de foi et de confiance, fait de chacun de nous un être desséché et buté, qui ne fait jaillir la joie ni pour lui ni pour les autres. Cet homme retire au prochain ce qu’il a de plus précieux au monde, à savoir la consolation que fournit la religion à ceux qui sont ou se croient opprimés par leurs souverains … » 10

A la fin de cette période, relatant un voyage en France, Clemens Brentano (membre éminent de l’école de Heidelberg) exprime dans son livre Bilder und Gespräche aus Paris (1827) des impressions qui me semblent faire étonnamment écho aux pages célèbres rédigées quelques années plus tard par Alexis de Tocqueville dans sa Démocratie en Amérique (1835-1840) :

         « L’ESPRIT LIBERAL DE NOTRE TEMPS. Voitures, cavaliers et piétons se côtoyaient dans la hâte et la confusion. Tous, tant qu’ils étaient, utilisaient la même chaussée, et pourtant chacun semblait s’y tracer son propre chemin. Personne ne connaissait personne, personne ne saluait personne, chacun s’intéressait à ses propres affaires […] Cette activité me paraît être le symbole de l’égoïsme universel. Je compris comment l’habitant d’une grande cité, balloté par les vagues d’une foule toujours en mouvement, est amené si facilement à ne poursuivre que les impulsions de son intérêt égoïste. » 11

 

b) Un mouvement anti-laïc

Novalis (1772-1801), dont le rôle fut décisif, rompit radicalement en 1798 avec l’esprit de laïcité cher aux Lumières dans Foi et amour, et surtout dans un ouvrage qui marqua le romantisme allemand, Die Christenheit oder Europa (La Chrétienté ou l’Europe, écrit un an avant sa disparition prématurée, en 1800, mais qui ne fut publié qu’en 1826). Ses héritiers radicaliseront ses idées en les mettant au service des valeurs les plus conservatrices. Tel fut le cas en Autriche, depuis les appels de Metternich à combattre le nationalisme allemand jugé insuffisamment chrétien, jusqu’aux derniers feux du romantisme viennois qui contribua à l’édification d’une philosophie de la restauration. Ces appels à la reconstruction d’un Empire chrétien prirent souvent des connotations nettement antisémites, ainsi qu’on peut le vérifier en se penchant sur les textes du critique littéraire et homme politique Adam Müller (1779-1829), tout particulièrement dans certains articles des Staatsanzeigen, revue qui fut l’organe de la Restauration catholique. Ainsi dans ce texte de 1819 :

         « Il est facile de démontrer que les Juifs ne doivent recevoir les droits civiques, non seulement dans un État chrétien, mais encore dans aucun État quel qu’il soit. Ce n’est pas en effet parce que l’État est chrétien, mais parce que les Juifs sont les Juifs qu’ils ne sauraient y prendre place […] Ils sont chrétiens ou juifs, selon l’avantage qu’ils en tirent ; mais ils ne sont attachés par aucune obligation, aucun patriotisme au pays dans lequel ils ont été bien accueillis, mais auquel ils ne consentent aucune réciprocité de service, aucun sacrifice. » 12

Dans la même optique, la plupart des romantiques allemands prônent un retour à la théocratie 13, et rejettent l’idée d’une école communale, ce qui est le cas d’Adam Müller : « L’instituteur », écrit-il, « ne doit pas être autre chose que le collaborateur soumis du pasteur ; vouloir en faire un être indépendant, c’est l’émanciper d’une sujétion naturelle, c’est le rendre nuisible. Exclure de l’école l’enseignement religieux, ou plus exactement l’enseignement d’une foi positive, c’est lui retirer son élément salutaire, et ne laisser que le superflu et le pernicieux. Il n’y a donc rien de plus maléfique que les écoles communales. » 14

 

c) Un mouvement anti-progressiste

En 1804-1086, Friedrich Schlegel, avec ses Conférences philosophiques, rend populaire la passion pour le Moyen Âge qu’avait initiée Herder, passion qui ne faiblira plus pendant près d’un demi-siècle. Jacques Droz en précise les raisons :

         « Le thème de la reconstitution de l’unité européenne, sous le signe de la Papauté et du Saint Empire romain germanique, est devenu, grâce à l’action efficace des frères Schlegel, grands admirateurs du monde médiéval, l’un des thèmes favoris du romantisme. » 15

 

d) Un mouvement anti-élitiste

La France révolutionnaire vantait un « élitisme républicain » se substituant aux privilèges jugés injustes de l’Ancien Régime. On a tendance à oublier aujourd’hui, dans nos temps confus où le concept d’ « égalité » ne cesse d’être malmené, que la bourgeoisie révolutionnaire française n’avait que mépris pour la culture populaire. Aux antipodes de ce mépris, des poètes allemands tels que Brentano ou Arnim (membres les plus éminents de l’école de Heidelberg) vont forger la notion de « poésie populaire », une poésie ancrée dans la langue et fondée sur la race.

Fichte les avait une fois de plus précédés, en proclamant dans son Discours à la nation allemande que l’ « un des plus puissants moyens de relever le caractère allemand, ce serait d’écrire une histoire enflammée des Allemands de cet âge ; elle pourrait enthousiasmer les foules et devenir, comme la Bible ou le recueil des Cantiques, le Livre national et populaire, jusqu’au jour où nous accomplirions de nouveau quelque haut exploit digne d’être noté. » 16

 

e) Un mouvement anti-capitaliste

Le romantisme allemand rejette globalement l’idée d’une indépendance sociale des acteurs économiques, pivot de l’idéologie libérale chère aux révolutionnaires français. Adam Müller le premier met en garde contre les concentrations capitalistes et la prolétarisation des travailleurs. Préférant là encore le Moyen Âge à la modernité, il écrit :

         « Que l’on m’asservisse une fois pour toutes ou que l’on restreigne mes moyens de vivre jusqu’à ce que je me soumette ; que je me vende en une fois ou chaque jour à nouveau : cela revient au même. Au lieu de faire de mon corps un esclave et d’assumer la responsabilité de ma subsistance, on aliène la partie essentielle de mon être, à savoir ma force physique, et on laisse au reste de ma carcasse, par une suprême ironie, la libre et entière responsabilité de son sort » 17

Quelques années plus tard, à Munich, l’un des principaux rédacteurs de la revue Eos, Franz von Baader, fit, à l’instar de Friedrich Engels, le comparse de Karl Marx, un long séjour en Angleterre qui le convainquit de la misère ouvrière dans une société capitaliste. Baader jeta les bases de  la doctrine sociale et économique de l’église. Persuadé que le servage était « moins cruel et moins inhumain » 18, Baader relie de façon assez originale la misère ouvrière aux « progrès » techniques, bien avant les analyses de Karl Marx :

         « Les découvertes si remarquables de la technique et du mécanisme contribuent donc à diminuer, et non à augmenter le bien-être matériel et à aggraver les conditions de vie de la plus grande partie de la nation. » 19

 

f) Un mouvement anti-contractualiste

Ainsi que l’avait affirmé avec brio en France Joseph de Maistre 20, on n’appartient pas à une communauté en fonction d’un décret de sa volonté souveraine, mais en fonction des éléments inconscients que sont la langue qui nous vient de nos ancêtres, les coutumes, les croyances religieuses. Ce rejet des théories contractualistes demeurera une constante au sein du romantisme allemand.

 

3) Les certitudes politiques des romantiques allemands

 

S’il est essentiellement réactionnaire (et d’abord anti-français), le romantisme allemand n’est pas pour autant dépourvu de convictions : quelle que soit son hétérogénéité, il s’appuie sur quelques certitudes majeures que nous allons énumérer rapidement, certaines d’entre elles ayant été déjà entrevues dans la partie précédente de l’exposé, rejet et affirmation étant bien entendu liés.

 

a) Le rôle primordial de l’État

« Un des plus grands défauts de nos États, c’est qu’on y voit trop peu l’État » 21, remarquait le premier Novalis. Au premier regard, cette affirmation pourrait être jugée proche de la philosophie politique hégélienne. Cependant, si Hegel aurait sans doute partagé ce jugement à propos de la plupart des nations européennes, il n’aurait jamais accepté de l’appliquer à la Prusse de son temps, en laquelle l’État avait atteint selon lui une forme remarquable (et même quasiment « divine » ). D’autre part, et surtout, Hegel n’aurait pas partagé le lien indissoluble que Novalis établit entre république et monarchie. Pour les romantiques allemands, la société est un corps qui a besoin d’une âme, cette âme ne pouvant être que celle du monarque qui symbolise et rend active l’unité sociale.

         « Il viendra un jour », prophétise Novalis, « et il n’est pas éloigné, où l’on sera universellement persuadé qu’aucun roi ne peut exister sans république, et réciproquement qu’aucune république n’est concevable sans un roi ; que l’un et l’autre sont aussi inséparables que l’âme et le corps. » 22

 

b) Le caractère organique de la société

Une conception organique de la société réunit tous les romantiques allemands, sans exception. La plupart d’entre eux verront dans la société médiévale l’expression la plus achevée de cet organicisme, certains d’entre eux allant même jusqu’à valoriser le système indien des castes 23. Jacques Droz  écrit à ce propos : « Ainsi l’individu se trouve enserré dans un système compliqué de hiérarchies, de privilèges et de devoirs réciproques : les romantiques allemands éprouvent une secrète nostalgie pour la société féodale, ses méticuleuses prescriptions de services et d’honneurs, ses dépendances de personne à personne. » 24

Une fois de plus, nous pouvons noter que Fichte leur avait ouvert la voie, en particulier dans ses Grundlege des Naturrechts (1796-1797) :

         « Dans un produit de la nature, chaque partie n’est ce qu’elle est que dans sa liaison avec le tout et ne serait absolument pas ce qu’elle est hors de cette liaison ; bien plus, hors de toute liaison organique, elle ne serait absolument rien, puisque, sans cette réciprocité d’action entre les forces organiques se faisant mutuellement équilibre, aucune forme ne subsisterait et que règnerait un perpétuel conflit entre l’être et le non-être […] Entre l’homme isolé et le citoyen il y a le même rapport qu’entre la matière brute et la matière organisée […] Dans le corps organisé chaque partie entretient sans cesse le Tout, et en le conservant se conserve soi-même. De même le citoyen vis-à-vis de l’État» 25

A quelques mots près, on retrouvera cette thèse chez Johann-Jakob Wagner, chez Adam Müller, chez Joseph Görres 26. Ce dernier enracine la vision organique dans le modèle indo-européen que le grand chercheur du XXe siècle qu’a été Georges Dumézil a contribué à vulgariser, le schéma d’une société tripartite dont on trouve la stricte formulation chez Joseph Görres :

« Il y a trois piliers sur lesquels la Constitution par ordre (ständische Verfassung)  doit reposer : l’Ordre enseignant (Lehrstand), l’Ordre combattant (Wehrstand) et l’Ordre nourricier (Nährstand) ; les mêmes Ordres que l’on retrouve dans l’ancienne constitution du Reich sous la désignation de Princes ecclésiastiques, de Princes laïques (y compris la Chevalerie d’Empire) et de Villes impériales» 27

Le texte déjà cité de Friedrich Schlegel, Philosophie des Lebens (1827), dans lequel certains voient le chant du cygne du romantisme allemand, reste attaché au même schéma :

         « Toute constitution bien réglée, même républicaine, s’appuiera sur les corporations et la division organique en classes plutôt que sur l’égalité et le système numérique des votes, qui est toujours un élément de trouble, et tôt ou tard une source positive d’anarchie » 28

 

c) La nécessité d’une unité ethnique

Au sein de l’École de Heidelberg, les juristes de ce qui a été dénommé « l’école du droit historique » se sont efforcés de démontrer qu’aucune institution ne pouvait être imposée durablement à une nation. Aux antipodes de tout universalisme, ces juristes ont voulu montrer que les principes juridiques et constitutionnels qui régissent la vie d’un peuple ne sont valides et efficaces que s’ils sont le résultat du passé de ce peuple.

La « parenté ethnique » (« Volkstum » ou « Volkheit ») cimentée par une langue commune dans laquelle ont été déposées au cours des siècles la vision du monde et les valeurs de ceux qui nous ont précédés, est seule à pouvoir fonder une communauté. Ce qui semblait plutôt culturel chez Herder au XVIIIe siècle s’exprime le plus souvent en termes d’ethnie, voire de race, chez la plupart des romantiques allemands. L’historien d’Iéna Heinrich Luden formule ainsi cette idée : « Toutes les manifestations de l’Esprit, telles qu’elles se traduisent dans un peuple donné, portent la marque de l’originalité ; elles ne peuvent se reproduire chez aucun autre peuple. » 29

On ne s’étonnera guère, dans ces conditions, des fréquents glissements qui conduisent de l’affirmation de l’identité unique des peuples à la xénophobie. Joseph Görres est particulièrement éloquent à ce sujet. Il écrit ces lignes en 1816 :

         « Tout ce qui est étranger, tout ce qui s’est introduit sans raison profonde dans la vie d’un peuple, devient pour lui une cause de maladie et doit être extirpé s’il veut rester sain. Au contraire, tout ce qui lui est essentiel ou particulier doit être cultivé par lui et émondé sans relâche ; car toute énergie qui ne peut se développer librement doit être considérée comme morte, tel un tissu qui se revêt de la graisse paresseuse de l’obèse. » 30

 

III) LE ROMANTISME PHILOSOPHICO-POLITIQUE AU SENS LARGE

 

On ne saurait pourtant saisir le sens et la portée du romantisme allemand en le limitant au sens restreint que lui donne la plupart des spécialistes. Si l’on donne au mot « politique » son acception la plus large, si l’on donne toute sa dimension aux rivalités franco-allemandes issues des guerres révolutionnaires et des invasions napoléoniennes, les choses se présentent sous un jour un peu différent.

 

La France révolutionnaire apparut aux philosophes allemands à la fois comme un modèle et comme un repoussoir. Un modèle en lequel Emmanuel Kant crut voir de son vivant la confirmation de ses analyses philosophiques concernant la liberté, un modèle que célébrèrent  trois étudiants qui allaient bientôt devenir célèbres, Hegel, Schelling et Hölderlin, en plantant en l’honneur des révolutionnaires de 1789, dans une prairie proche de Tübingen où ils étaient tous les trois étudiants, un « arbre de la liberté ». Mais aussi un repoussoir, bien sûr en raison des horreurs de la Terreur, mais aussi et surtout en ce que l’orgueil allemand ne pouvait supporter que la France éclipse à ce point l’Allemagne sur la scène de l’histoire.

 

Les révolutionnaires ont toujours besoin de modèles, besoin de revendiquer un héritage. Les Français ayant choisi de privilégier le modèle antique romain (d’où les costumes révolutionnaires inspirés de la Rome antique, le vocabulaire politique, etc.), restait aux Allemands à se réclamer du modèle grec. C’est ce qu’ils firent tout au long du XIXe siècle. Un romantisme allemand beaucoup plus large que celui que nous avons décrit nous apparaît alors. En cette nouvelle acception, il est tout à fait légitime d’inclure le philosophe Fichte (que nous avons considéré jusqu’alors seulement comme un simple préfigurateur du romantisme allemand), le poète Hölderlin, et dans la seconde moitié du siècle, le compositeur Wagner et le jeune philosophe Nietzsche comme des moments majeurs du romantisme politique allemand.

 

1) Johann Gottlieb Fichte

 

Il nous faut en effet revenir un moment sur Fichte. Ce philosophe représente incontestablement le tournant qui a conduit de l’universalisme allemand du XVIIIe siècle, dont Goethe fut la figure éminente, au nationalisme, puis au pangermanisme qui en découla.

D’abord séduit par la Révolution française, et fervent défenseur des Jacobins, il considère dès les premières années du XIXe siècle que la France est déchue de sa mission d’avant-garde. Dans son brillant petit ouvrage, La pensée allemande de Luther à Nietzsche  31, J.E. Spenlé résume fort bien ce cheminement dont les conséquences furent considérables :

         « Lorsqu’il vit la révolution confisquée par l’Usurpateur, par Napoléon, sa mystique jacobine se changea en fanatisme pangermanique. La France lui parut déchue de sa mission d’avant-garde […] « Le règne de la liberté, écrivait-il en 1813,  ne peut être établi dans le monde que par les Allemands qui depuis des milliers d’années mûrissent en vue de cette mission. Il n’y a pas dans l’humanité d’autre élément capable de promouvoir cette évolution ». Ce qui rend le cas de Fichte si curieux, c’est qu’il est parti du jacobinisme, c’est que chez lui jacobinisme et pangermanisme apparaissent des doctrines quasi convertibles, et c’est que ses Discours à la Nation allemande marquent le passage qui peut conduire de l’une de ces doctrines à l’autre. Mais il n’en est pas moins vrai que son jacobinisme porte dès le début des traits spécifiquement pangermanistes. » 32

Si l’on accepte de définir le romantisme politique allemand comme le mouvement en lequel s’incarna tout au long du XIXe siècle le rêve de tout un peuple de prendre en main le destin de l’humanité entière, Fichte ne saurait en aucune façon être écarté de ce mouvement, dont il représente au contraire un jalon essentiel.

 

2) Hölderlin (1770-1843)

Souvent considéré comme le plus grand poète de langue allemande, Hölderlin, qui sombra dans la folie dès 1806, et n’écrivit que très épisodiquement durant les trente-six dernières années de sa vie, est une étape essentielle du romantisme allemand.

Après s’être enthousiasmé lui aussi pour la Révolution française, Hölderlin se révolte contre la Terreur et contre les conquêtes napoléoniennes. Ses principaux recueils poétiques 33 expriment un culte exacerbé de la Grèce antique. Célébrant la nature, les dieux, les éléments, ressuscitant dans ses poèmes une vision du monde proche des penseurs antésocratiques, Hölderlin est en attente de ce qu’il nomme l’ « Hespérie », une nouvelle Grèce qui fera revivre la grande civilisation antique en mettant un terme au déclin qu’ont représenté les deux millénaires d’un monothéisme qui selon le poète touche à sa fin. C’est bien entendu en Allemagne, et nulle part ailleurs, que surgira cette nouvelle Grèce en laquelle la civilisation franchira un nouveau seuil évolutif.

 

3) Richard Wagner (1813-1883)

Admirateur de Hölderlin et ami de Gobineau, l’auteur du célèbre Essai sur l’inégalité des races humaines (1853-1855), Wagner est convaincu de la décadence européenne qui a selon lui deux origines, l’une alimentaire (Wagner est un végétarien fanatique qui pense que l’absorption de viande gâte le sang humain), l’autre ethnique liée au mélange du sang des races nobles avec le sang impur des races inférieures.

Le festival de Bayreuth deviendra au fil des ans le foyer le plus actif qui soit de la propagande raciste qui submergera l’Allemagne au lendemain de la première guerre mondiale, les frustrations du traité de Versailles créant les conditions d’un esprit de revanche en lequel viendront se cristalliser les idées racistes issues du microcosme de Bayreuth.

 

4) Le jeune Nietzsche

Nommé professeur de philologie à l’Université de Bâle, le jeune Nietzsche, âgé d’à peine vingt-cinq ans, deviendra le familier de la famille Wagner qui réside à proximité de Bâle, au bord du lac de Tribschen. Fasciné par Wagner, amoureux de Cosima, la jeune épouse de Richard Wagner (elle a seulement sept ans de plus que Nietzsche quand Wagner est alors proche de la soixantaine), Nietzsche publie en 1872 son premier livre, La naissance de la tragédie, qui donne l’impression qu’il appartient lui aussi à la famille des romantiques allemands, qu’il est lui aussi persuadé de la mission historique de l’Allemagne qui vient de faire son unité sous la houlette de Bismarck.

 

Une part importante de la vie intellectuelle de Nietzsche sera consacrée à la dénonciation de cette brève illusion de jeunesse, la dernière année de la vie lucide du philosophe multipliant même de façon touchante les efforts du philosophe pour démontrer à quel point il est étranger à tous les fantasmes du pangermanisme. Deux des cinq derniers ouvrages de Nietzsche sont entièrement consacrés à cette tâche : Le cas Wagner et Nietzsche contre Wagner, tous les deux publiés en 1888.

 

Hélas le destin va s’acharner contre le philosophe. En dépit de tous ses efforts, sa sœur Elisabeth, fervente wagnérienne, épouse de l’officier prussien Förster, adepte fanatique du pangermanisme, avec lequel elle ira établir en Uruguay une colonie « de race pure » 34,  publiera alors que son frère a sombré dans la démence un faux intitulé La volonté de puissance 35, et répandra dans les cercles wagnériens l’idée que son frère est le philosophe du pangermanisme. Elisabeth fera cadeau à Adolf Hitler de la canne de Nietzsche, et Hitler assistera en personne en 1935 aux obsèques d’Elisabeth.

 

C’est ainsi qu’un penseur anti-allemand, hostile à toutes les formes de racisme, « anti-antisémite » (selon ses propres mots) passe aujourd’hui encore aux yeux des ignorants, et principalement par la faute d’Elisabeth, pour le philosophe dont les idées ont servi de marchepied au national-socialisme !

 

CONCLUSION : LE ROMANTISME ALLEMAND, MATRICE DU NAZISME

 

Redonner au romantisme allemand ses véritables dimensions est absolument essentiel. Sans cela, restera à tout jamais incompréhensible la séduction qu’Adolf Hitler a pu exercer sur un très grand nombre d’intellectuels allemands.

Que la démagogie hitlérienne ait pu séduire un peuple humilié par le traité de Versailles, anéanti par la crise économique de 1929, ravagé par le chômage, n’est guère difficile à comprendre. Mais que le national-socialisme ait pu séduire nombre d’intellectuels allemands, et parmi eux un penseur de la hauteur de Martin Heidegger 36, pour ne citer que lui, demeure une profonde énigme.

Saut si l’on se souvient que, pendant plus d’un siècle, l’Allemagne a rêvé de son destin historique. Sauf si l’on se souvient que de Fichte à Hitler, en passant par tous les romantiques allemands dont nous avons parlé, en passant par Hölderlin, par Wagner, par le jeune Nietzsche, l’Allemagne a imaginé qu’elle allait devenir la nouvelle Grèce, que sur son sol une Renaissance allait s’épanouir qui ferait apparaître les Italiens du quattrocento comme de pâles préfigurateurs.

Tout au long de cet exposé, je vous ai parlé de « peuple tout court », de « peuple élu », d’ « identité populaire », de « reconstitution de l’unité européenne », d’ « enthousiasmer les foules », de la nécessité d’un État tout puissant, d’un modèle social organique, de pureté de la race, de xénophobie, d’antisémitisme (je ne retiens ici que quelques-unes des notions sur lesquelles nous nous sommes successivement arrêtés).

Il suffira qu’un idéologue tel que Rosenberg rassemble dans un livre, Le mythe du XXe siècle 37, tous les mythèmes que lui avait légués le romantisme allemand, il suffira qu’un démagogue au talent démoniaque, Adolf Hitler, réunisse dans une vision accessible au plus grand nombre les thématiques héritées d’un siècle entier de fiction romantique, pour que s’impose à tout un peuple une idéologie qui séduira (pour des raisons différentes) la masse et les élites.

Du romantisme allemand est née l’idée éminemment dangereuse que la politique est « organique » au double sens de « organon » (l’ «outil » en grec) et de « ergon » (l’ « œuvre » en grec). Aucune autre explication sérieuse du nazisme ne saurait être construite. Dans son excellent ouvrage La fiction du politique, Philippe Lacoue-Labarthe résume ce que nous venons de présenter (trop brièvement) dans cette formule lapidaire : « national-socialisme comme national-esthétisme » 38. Façonnés un siècle durant par les rêves romantiques, les Allemands étaient mûrs, au début du XXe siècle, pour devenir les acteurs d’un film aussi grandiose que tragique entre les mains d’un metteur en scène génial autant que pervers : Adolf Hitler 39.

 

 

NOTES

 

1   Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, Paris, Armand Colin, Collection « U », 1963, p. 34.

2   Cité par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 139.

3 Literaturzeitung fûr katholische Religionslehrer  tome XI, 1815, cité par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 179.

4   Herder avait précisément consacré à la langue l’un de ses tout premiers ouvrages en 1771 : Traité de l’origine du langage.

5 J’ai ici recours à un néologisme commode qui s’est imposé depuis quelques années. Cf. l’ouvrage collectif Ethnicisme et politique, Paris, Éditions L’Harmattan, 2005.

6 Cité par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 61.

7 Fichte, Discours à la nation allemande, cité par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 123.

8 Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 33.

9 Cité par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 13.

10 Matthias Claudius, Sämtliche Werke, cité par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 46-47.

11 Clemens Brentano, Bilder und Gespräche aus Paris, cité par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 196.

12 Adam Müller, « Über Landstände und Volksvertretung », in Revue Staatsanzeigen, 1818, citée par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 164.

13 « Ce n’est qu’à cette condition », peut-on lire dans la revue Litteraturzeitung für katholische Religionlehrer, en 1815, « que l’avenir pourra donner lieu à une véritable contre-révolution et que nous nous acheminerons vers une théocratie, seuls susceptible de réparer les maux que la démocratie, issue de la Révolution française, a répandus sur le monde entier » (cité par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 179).

14   J.B. von Pfeilschifter,   Über die Restauration des öfffentlichen Unterrichts und der Erziehung, 1825, cité par Jacques Droz,  Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 180.

15 Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 22.

16 Fichte, Discours à la nation allemande, cité par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 126.

17 Adam Müller, Von der Notwendigkeit einer theologischen Grundlage der gesamten Staatwissenschaften und der Staatwirtschaft ins besondere, 1821, cité par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 167.

18 Franz von Baader, 1835, cité par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 184.

19 Ibidem, p. 185.

20 « Une assemblée quelconque d’hommes ne peut constituer une nation. Une entreprise de ce genre doit même obtenir une place parmi les actes de folie les plus mémorables », écrit par exemple Joseph de Maistre (Œuvres complètes, I, Vitte, Lyon, 1884, p. 230).

21  Novalis, cité par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 16.

22   Novalis, cité par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 22.

23   C’est le cas entre autres de Schlegel, qui suppose que l’Hindoustan a pu traverser les millénaires et conserver son identité grâce au système des castes malgré d’incessantes invasions. Cf. Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 175.

24 Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 20-21.

25 Fichte, Grundlege des Naturrechts, cité par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 54.

26 Johann-Jakob Wagner (1775-1841) est un disciple de Schelling qui développa des idées proches de celles d’Adam Müller. Adam Müller (1779-1829) appartient au courant de la Restauration catholique qui marqua les dernières années du romantisme allemand au sens étroit du terme. Quant à Joseph Görres (1776-1848), il contribua puissamment, avec sa revue le Mercure Rhénan, au développement de l’idée nationale en Allemagne.

27 Joseph Görres, cité  par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 152.

28 Friedrich Schlegel, Philosophie des Lebens (1827), cité par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 172.

29   Heinrich Luden, cité par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 113.

30 Joseph Görres, 1810, cité par Jacques Droz, Le romantisme politique en Allemagne, op. cit., p. 149.

31   J.E. Spenlé,   La pensée allemande de Luther à Nietzsche, Paris, Armand Colin, Collection « U », 1969.

32 J.E. Spenlé,   La pensée allemande de Luther à Nietzsche, op. cit.,

p. 75.

 33   Martin Heidegger a consacré à Hölderlin de nombreux essais, parmi lesquels « … L’homme habite en poète … », traduction française in Essais et conférences, Gallimard, Paris, 1958, p. 224-245, et Approche de Hölderlin, traduction française, Paris, Gallimard, 1962.

 34 Un livre a été consacré par Ben Macintyre à cette expérience annonçant tous les fantasmes du national-socialisme : Élisabeth Nietzsche ou la folie aryenne, Robert Laffont, Paris, 1973.

35 On consultera à ce sujet l’ouvrage décisif de Mazzino Montinari (coresponsable avec Giorgio Colli de la monumentale édition critique des Œuvres complètes de Nietzsche), « La volonté de puissance » n’existe pas, Éditions de l’éclat, 1996.

36  On pourra lire à ce propos les deux remarquables conférences de Marcel Conche, réunies sous le titre Heidegger par gros temps, et publiées en 2004 aux Cahiers de l’Égaré. Marcel Conche m’a fait le très grand honneur de me demander de préfacer cet ouvrage.

37 Avec Mein Kampf d’Adolf Hitler, Le mythe du XXe siècle d’Alfred Rosenberg est la seconde « Bible » du national-socialisme. On en trouvera une traduction française aux Éditions Déterna, Coulommiers, 1999.

38 Philippe Lacoue-Labarthe, La fiction du politique, Christian Bourgois, Paris, 1988, p. 112.

39 Je fais ici allusion, on l’aura compris, au film de Hans Jürgen Syberberg qui a marqué les esprits, Hitler, un film d’Allemagne, sorti en 1977. On pourra lire les pages profondes que Philippe Lacoue-Labarthe lui consacre dans La fiction du politique, op. cit. p. 94 à 101.

 

18/10/2015

Faut-il prendre l'effondrement au sérieux?

Par Hubert Guillaud, Ie Monde, 17 octobre 2015

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Les scénarios d'avenir énergétiquement vertueux, qui nous proposent de changer de modèle énergétique pour des solutions plus durables à base de solaire, d'éolien, d'hydraulique, de géothermie... (et parfois encore, non sans polémiques, de nucléaire), comme ceux que nous proposent le prospectiviste Jeremy Rifkin (@jeremyrifkin) dans La troisième révolution industrielle (voir notre article "Nous avons à nouveau un futur"), le spécialiste de génie environnemental de Stanford,Mark Jacobson (@mzjacobson), le stimulant rapport (.pdf) de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) ou même le scénarioNegawatt sont tous basés sur des déploiements industriels ambitieux en matière d’énergie renouvelable - même si tous évoquent également, d'une manière plus ou moins appuyée, l'exigence à décroître.

Le problème, c’est le manque de disponibilité et de réserves de ressources en minerai et matières premières - ce que l'on appelle l'épuisement des éléments - pour capter, convertir et exploiter les énergies renouvelables.

tableperiodique
Image : La table périodique des éléments selon leur abondance.

L'insoluble équation des ressources

C'est ce qu'explique l'ingénieur Philippe Bihouix, spécialiste de la finitude des ressources, dans son livre, L'âge des low tech. Nous avons jusqu'à présent toujours trouvé des solutions techniques pour remplacer les ressources épuisées ou en chercher de nouvelles et produire de nouvelles énergies. Alors qu'alternent dans les médias sérieux les pires constats concernant l'état de notre planète et les annonces tonitruantes de nouvelles percées technologiques, nous sommes confrontés à une contradiction qui sonne comme un défi insurmontable.

Ressource après ressource, dans son livre, Bihouix égraine l'état de décomposition des stocks. Après avoir exploité les ressources les plus concentrées, nous sommes amenés à exploiter des ressources de moins en moins concentrées et donc de plus en plus difficiles à extraire et qui nécessitent de plus en plus d'énergie pour être transformées. Comme il l'explique très bien dans cet article où il résume son livre: "Nous faisons face à ces deux problèmes au même moment, et ils se renforcent mutuellement : plus d’énergie nécessaire pour extraire et raffiner les métaux, plus de métaux pour produire une énergie moins accessible." Les métaux et énergies fossiles sont disponibles en quantité limitée et sont géographiquement mal répartis. Jusqu'à présent, nous avons toujours poussé plus loin leur exploitation et il est probable qu'on continue à le faire et à pouvoir le faire, même si bien peu se posent la question de la durée de cette exploitation. 10 ans ? 100 ans ? 1000 ans ? On peut fermer les yeux, mais nous avons un problème à terme.

Le problème est que nous avons "commencé à taper dans le stock qui était le plus facilement exploitable, le plus riche, le plus concentré". Pour continuer à trouver des ressources, il faudra demain creuser plus profond, extraire un minerai de moindre qualité, et surtout dépenser plus d'énergie par tonne de métal produite. L'extraction n'est limitée que par le prix que nous serons capables de payer pour obtenir tel ou tel minerai. Or, en terme énergétique, cela signifie qu'il faut parvenir à récupérer plus d'énergie qu'on en investit pour l'extraire. Dans les années 30, il fallait investir 2 ou 3 barils de pétrole pour en produire 100 offshore. Aujourd'hui, il en faut 10 ou 15. Dans le cadre des gaz de schistes, il faut investir 1 baril pour en produire 3. "Il reste donc beaucoup d'énergie fossile sous nos pieds, mais il faut mettre toujours plus d'énergie pour l'extraire". Or, trouver des énergies moins accessibles nécessite également un besoin accru en métaux et inversement. Exploiter les énergies renouvelables via des panneaux photovoltaïques ou des éoliennes nécessite d'avoir recourt à des ressources métalliques rares. Cette double tension - "plus d'énergie nécessaire pour les métaux moins contrés, plus de métaux nécessaires pour une énergie moins accessible" - pose un défi inédit annonciateur du pic généralisé (peak everything), géologique et énergétique.


Vidéo : Arte proposait récemment un excellent reportage sur la disparition du sable qui illustre parfaitement, par l’exemple, les enjeux de la raréfaction des ressources, sur une matière première qui, quand on l'observe depuis n'importe quelle plage du monde, semble pourtant inépuisable.

Le mythe de la croissance verte

Pour Philippe Bihouix, cette conjonction change la donne.

Pour résoudre ce problème de pénurie à venir... nous devrions donc recycler les ressources et minerais bien plus que nous le faisons actuellement. Pour cela, il faudrait que nous changions notre façon de produire et consommer ces ressources. Or, nous utilisons de plus en plus ces minerais et ressources dans des usages dispersifs qui rendent leur recyclage impossible. En créant des matériaux toujours plus complexes (alliages, composites...) on rend de plus en plus impossible la séparation des métaux que nous y avons assemblés. Le cercle vertueux du recyclage est percé. "On ne sait pas récupérer tous les métaux présents, en quantités infimes, sur une carte électronique".

"Monter les taux de recyclage est donc une affaire très compliquée, qui ne se limite pas à la faculté de collecter les produits en fin de vie et de les intégrer dans une chaîne de traitement. Dans de nombreux cas, il serait nécessaire de revoir en profondeur la conception même des objets, tant pour les composants utilisés que pour les matières premières même."

Les technologies que nous espérons salvatrices ne font qu'ajouter à ces difficultés. "Car les nouvelles technologies vertes sont généralement basées sur des nouvelles technologies, des métaux moins répandus et contribuent à la complexité des produits, donc à la difficulté du recyclage", explique le spécialiste en prenant plusieurs exemples. Pour réduire les émissions de CO2 par kilomètre, sans renoncer à la taille ni aux performances des véhicules, la principale solution est de les alléger, ce qui rend ceux-ci non recyclables en fin de vie. Les bâtiments à basse consommation consomment aussi des ressources rares via l'électronique qui les équipe ou les matériaux qu'ils utilisent. Bref, le "macro-système technique" que l'on imagine pour l'avenir, bourré d'électronique et de métaux rares... n'est pas soutenable.

Même si des innovations techniques stimulantes peuvent apparaître, leur déploiement généralisé et à grande échelle prend du temps... Et l'ingénieur d'enterrer sous les chiffres la généralisation des énergies renouvelables à grande échelle.

"Eolien, solaire, biogaz, biomasse, biocarburants, algues ou bactéries modifiées, hydrogène, méthanation, quels que soient les technologies, les générations ou les vecteurs, nous serons rattrapés par un des facteurs physiques : impossible recyclage des matériaux (on installe d'ailleurs aujourd'hui des éoliennes et des panneaux solaires à base de matériaux que l'on ne sait pas recycler), disponibilité des métaux, consommation des surfaces, ou intermittence et rendements trop faibles. Les différentes énergies renouvelables ne posent pas forcément de problème en tant que tel, mais c'est l'échelle à laquelle certains imaginent pouvoir en disposer qui est irréaliste. (...) Il n'y a pas assez de lithium sur terre pour équiper un parc de plusieurs centaines de millions de véhicules électriques et pas assez de platine pour un parc équivalent de véhicules à hydrogène."

Comme il le dit dans son article : "Il n'y a pas de loi de Moore dans le monde physique de l'énergie".

Et encore, l'ingénieur n'évoque pas l'effet rebond et le paradoxe de Jevons qui nous conduisent à l'emballement des besoins. "Certains voient dans les énergies renouvelables une possibilité de relocalisation, de maîtrise par les territoires de la production énergétique. C'est sans conteste vrai pour des technologies simples (solaire thermique domestique ou petites éoliennes), sûrement pas pour les développements high-tech que l'on nous promet : la fabrication, l'installation et la maintenance des monstres techniques que sont les éoliennes de 3 ou 5 MW ne sont à la portée que d'une poignée d'entreprises transnationales, s'appuyant sur une organisation de production mondialisée et une expertise fortement centralisée, mettant en oeuvre des moyens industriels coûteux."

Pour lui, la disparition à terme des ressources doit surtout nous poser une question sur le sens de la plupart de nos innovations et de nos comportements. Nous sommes dans une impasse extractiviste, productiviste et consumériste. Nous sommes dans ce que le théoricien des sciences sociales, Roberto Ungerappelle "la dictature de l'absence d'alternatives".

La planète n'a pas de plan B

Pour Philippe Bihouix, il n'y a pas de plan B. Comme il le dit dans son article. "Il nous faut prendre la vraie mesure de la transition nécessaire et admettre qu'il n'y aura pas de sortie par le haut à base d'innovation technologique - ou qu'elle est en tout cas si improbable, qu'il serait périlleux de tout miser dessus. Nous devrons décroître, en valeur absolue, la quantité d’énergie et de matières consommées."

C'est tout l'enjeu des low techs, des "basses technologies" que promeut l'ingénieur... Pour lui, il nous faut changer le moteur même de l'innovation. Utiliser des matériaux renouvelables et recyclables. Eviter les alliages, concevoir des objets modulaires, réparables. Il faut innover dans le "faire moins" et le "faire durable". Il nous faut une innovation qui ait une finalité différente de celle d'aujourd'hui. Pour lui, il faut démachiniser les services. Demain, plus qu'aujourd'hui, nous allons devoir nous poser la question de ce que l'on produit, pourquoi on le produit et comment. Et les réponses à ces questions ne seront pas faciles. Faudra-t-il instaurer une police sur les produits qu'on aura le droit ou pas de fabriquer ? Des règles de conception basées sur la non-dispersion des matériaux et imposer des taux de recyclage toujours plus élevés - tuant à terme toute tentative pour concevoir de nouveaux matériaux, puisque leur complexité n'est pas soluble avec la durabilité ? Le livre de Bihouix pose une question de fond : celle de la régulation de l'épuisement des ressources. Quand on observe les réserves, à effort énergétique constant et sans prendre en compte le développement de la planète, nous avons un stock de ressources d'une centaine d'années sur la plus grande partie des matériaux.

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Infographie : Date d’épuisement des minerais et ressources de notre planète au rythme actuel de notre consommation et des ressources connues. Infographie réalisée par Dieter Duneka pour Die Zeit (.pdf). La découverte de nouveaux gisements peu certes prolonger l’exploitation, mais bien souvent, leurs conditions d’accès deviennent plus difficile à mesure qu’elles s’épuisent et sont donc plus chères à extraire, c’est-à-dire, demandent plus de ressources et d’énergie.

Dans son livre, Philippe Bihouix demeure confus dans les solutions qu'il propose, comme s'il restait démuni face à l'accablant constat qu'il dresse, comme si aucune n'était capable de faire la différence et que c'est seulement leur conjonction qui nous permettra de résister à ce que nous avons enclenché.

L'effondrement

Notre avenir hésite donc entre une lente submersion et un effondrement. Rien de réjouissant.

L'effondrement, c'est pourtant la piste qu'explorent Pablo Servigne et Raphaël Stevens dans un autre livre de la collection anthropocène du Seuil, qui sonne comme une suite ou un prolongement au titre de Bihouix. Dans le très documentéComment tout peut s'effondrer, Servigne et Stevens envisagent le pire : rien de moins que l'effondrement de notre civilisation.

Le mythe de l'apocalypse a toujours été une réponse à celui du progrès, rappellent-ils. Deux mythes s'affrontent. "Le cornucopien, celui qui vit dans le mythe de la corne d'abondance pour qui l'avenir est un progrès illimité où l'humain continuera à maîtriser son environnement grâce à sa puissance technique et à son inventivité. Pour les malthusiens, au contraire, cette puissance et cette inventivité ont des limites". Nous sommes en train de passer de l'un à l'autre.

Eux aussi dévident le long écheveau des constats accablants. "Les limites de notre civilisation sont imposées par les quantités de ressources dites 'stock", par définition non renouvelables (énergies fossiles et minerais), et les ressources "flux" (eau, bois, aliments, etc.) qui sont renouvelables mais que nous épuisons à un rythme bien trop soutenu pour qu'elles aient le temps de se régénérer." La crise des minerais et de l'énergie s'apprête à entraîner toutes les autres. "Sans une économie qui fonctionne, il n'y a plus d'énergie facilement accessible. Et sans énergie accessible, c'est la fin de l'économie telle que nous la connaissons." Nous sommes en train de transgresser toutes les limites, toutes les frontières de notre planète, qui provoquent à leur tour une mise en chaîne des bouleversements. Nous sommes coincés dans nos choix technologiques du passé. "La globalisation, l'interconnexion et l'homogénéisation de l'économie ont rigidifié encore le verrouillage, en augmentant exagérément la puissance des systèmes déjà en place". Notre complexité devient la cause de notre effondrement. Aucune de nos institutions n'est adaptée au monde sans croissance à venir. Elles ont été conçues pour et par la croissance.

Servigne et Stevens suivent en cela les constats alarmistes du physicien Dennis Meadows, l'auteur du rapport initial sur les limites de la croissance en 1972. "Il est trop tard pour le développement durable, il faut se préparer aux chocs et construire dans l'urgence des petits systèmes résilients".

Pour eux, l'effondrement n'est pas tant une transformation brutale, un retour à la barbarie, qu'"une situation inextricable, irréversible et complexe, pour laquelle il n'y a pas de solutions, mais juste des mesures à prendre pour s'y adapter". Comme face à une maladie incurable, il n'y a pas de solutions, mais des choses à faire. Pour eux, la décroissance volontariste n'est plus d'actualité. La réduction graduelle, maîtrisée et volontaire de nos consommations matérielles et énergétiques n'est plus réaliste. Ils renvoient dos à dos la mutation d'Albert Jacquard ou la transition de Rob Hopkins, qui évacuent l'urgence comme les tensions et conflits qui s'annoncent. Nous sommes là encore face à une conjonction d'effondrements : des ressources, des finances, de l'économie, de la politique, de la société et de la culture... Un effondrement total, systémique "où même la possibilité de redémarrer une société dans un environnement épuisé serait très faible pour ne pas dire impossible."

Si la littérature écologique a toujours été anxiogène, autant dire que l'avenir qu'ils dessinent est totalement déprimant puisqu'il est sans échappatoire aucun. L'imaginaire post-apocalyptique de Mad Max se dispute à celui de Walking dead, sans nous permettre d'entrevoir si l'un des deux serait mieux que l'autre.

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Image : le cinéma et la SF ne cessent de nous renvoyer l'image de notre propre apocalypse. Image tirée du film La route (2009) de John Hillcoat, adapté du bestseller de Cormac McCarthy, via Allociné.

Pourtant, c'est certainement en dressant le constat de l'apocalypse qui approche que les auteurs esquissent leurs perspectives les plus stimulantes. En s'intéressant à ce qu'ils appellent la collapsologie, c'est-à-dire à l'étude transdisciplinaire des conséquences de l'effondrement, ils nous invitent à travailler à trouver des réponses à l'avenir qui nous attend. Non pas des solutions pour modifier notre fatal avenir, mais pour y faire face. Notre résilience à l'effondrement dépend de notre capacité à faire la prospective, l'étude, démographique, sociologique, économique, politique, géopolitique, psychologique, philosophique, médicale, artistique de l'effondrement.

Face à une perspective où l'homme deviendrait un loup pour l'homme, ils rappellent qu'au contraire, lors de catastrophes, la plupart des humaines montrent des comportements altruistes, calmes et posés. "L'image de la violence sociale issue des catastrophes ne correspond pas à la réalité". Les comportements de compétition et d'agressivité sont mis de côté. Face au choc nous nous révélons peu enclins à la violence. "Les communautés humaines portent en elles de formidables capacités "d'autoguérison". Invisibles en temps normal, ces mécanismes de cohésion sociale très puissants permettent à une communauté de renaître d'elle-même après un choc en recréant des structures sociales qui favorisent sa survie dans le nouvel environnement".

"Se préparer à une catastrophe signifie donc d'abord tisser du lien autour de soi". Et les auteurs de nous inviter à nous pencher sur la compréhension de la résilience des communautés, ce champ de recherche le plus important de la collapsologie. "L'individualisme est un luxe que seule une société richissime en énergie peut se payer". Pour eux, notre meilleure manière de résister à l'effondrement consiste à reconstruire des pratiques collectives "que notre société matérialiste et individualiste a méthodiquement et consciencieusement détricotées".

Passé le déni de ce constat - et il n'est pas simple, le livre de Servigne et Stevens est éprouvant. Passé le déni, Servigne et Stevens prônent la relocalisation, la construction de petits systèmes résilients survivalistes comme perspective. Mais elle n'est pas la seule. Ils évoquent également, trop rapidement, la coordination à grande échelle de la transition en évoquant par exemple la mobilisation lancée par les gouvernements lors des deux guerres mondiales, prônant recyclage et rationnement. "Lorsqu'on s'organise dans un but commun, il est possible de faire vite et de voir grand".

Pour Servigne et Stevens, il n'y a pas de solutions à notre situation inextricable, il y a juste des chemins à emprunter pour s'adapter, se préparer à notre nouvelle réalité et tenter d'en atténuer certains effets.

Les technologies de l'effondrement

Au terme de ces lectures, nous sommes arrivés bien loin des perspectives dressées par les technologies vertes, le Green IT, l'innovation pour l'innovation, ou le greenwashing du monde des technologies qu'on évoque tous les jours.

Les Lows tech de Philippe Bihouix esquissent le besoin d'une réponse technologique au constat que dressent Servigne et Stevens. Mais, comme le soulignent les seconds, elles réclament une mobilisation. L'Institut momentum, fondé en 2011, auquel les trois auteurs se rattachent, tente dans ses publications d'en esquisser des pistes. Derrière ces constats que beaucoup auront du mal à partager, tant ils sont effrayants, ce que j'en retiens, pour ma part, c'est qu'il y a aussi un programme de travail et d'innovation pour les technologies, qui ne repose pas sur un progrès infini, sur une efficience toujours plus poussée, mais sur la robustesse, le recyclage et la frugalité... et ce, alors que notre évolution technique nous en éloigne de plus en plus.

La réponse au constat accablant de l'effondrement ne peut reposer sur le déni ou l'aveuglement. Si on le prend au sérieux, il nécessite de réorienter notre système d'innovation et ses priorités, d'aller bien plus loin que de décarboner notre développement technologique : il nécessite de développer des technologies de l'effondrement. Des technologies plus simples, monomatérielles, recyclables, robustes, déselectronisées, déconnectées, décomplexifiées... Il nécessite de prendre au sérieux la piste de "l'écologie by design", c'est-à-dire d'intégrer l'impact écologique au début de la conception de nos objets techniques pour nous amener à réduire les intrants, les déchets, la demande et gérer les effets rebonds.

Cela nécessite aussi d'explorer d'autres pistes technologiques que celles que nous propose une innovation basée toujours plus sur le marché. Plutôt que nous intéresser à la voiture autonome, nous devons nous poser la question des systèmes de transports dans un monde postcarbone. Comment développer des technologies complexes dans un monde contraint nécessitant un recyclage total des matériaux ? Quels systèmes de communication pour un monde postcarbone ? Quels systèmes de santé ? Comment développer et démultiplier la puissance de l'énergie cinétique, permettant seule de produire de l'énergie sans aucun intrants, à l'image de la GravityLight, cette lampe qui fournit 20 à 30 minutes d'électricité simplement en tirant sur un fil, du vélo à assistance mécaniquede la pile qui se recharge en la secouant, ou de l'éolienne personnelle ?... C'est le message que nous délivrait déjà Kris de Decker de Low Tech Magazine à Lift en 2011, en nous invitant à nous intéresser aux basses technologies, aux technologies de base pour résoudre nos problèmes à venir.

La technologie doit aussi apporter une réponse à la collapsologie. Et nous avons besoin de tout autant d'innovation dans un monde malthusien que cornucopien. Mais une innovation porteuse d'autres valeurs, d'une autre aspiration que notre propre destruction.

Bihouix, Stevens, Servigne nous invitent à prendre conscience que nous devons apporter des réponses innovantes et technologiques plus adaptées aux contraintes qui sont les nôtres. Que le déni du changement climatique et de la finitude des ressources ne nous aidera en rien. Ils nous invitent à affronter nos peurs et à y répondre. A être courageux... et donc ambitieux.

Hubert Guillaud

 

 

16/09/2015

L’ère des disséminations. L’arme migratoire et la fin des nations

Par Jure George Vujic (qui vient de signer un dernier livre aux éditions Kontre Kulture : Nous n’attendrons plus les barbares/ Culture et résistance au XXIe siecle.

http://www.polemia.com/lere-des-disseminations-larme-migr...

Jure George Vujic est un écrivain franco-croate, avocat et géopoliticien, diplômé de la Haute école de guerre des forces armées croates.

Directeur de l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb, il contribue aux revues de l’Académie de géopolitique de Paris, à Krisis et à Polémia. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dans le domaine de la géopolitique et de la politologie.

 

 

Dissemination.jpgLa crise migratoire, le spectacle quotidien et tragique des noyades de masse des migrants, l’hypocrisie et l’incapacité des élites occidentales à prendre des mesures efficaces face à ce problème… Néanmoins, le caractère brutal et massif de ce phénomène migratoire chaotique, qui prend les dimensions d’un exode, devraient inciter à la réflexion et à la prudence sur les causes réelles de l’afflux massif de migrants sur les rives de la Méditerranée. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon les chiffres du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), ce sont près de 224.000 réfugiés et migrants qui sont arrivés en Europe via la Méditerranée entre janvier et juillet de cette année. Les Syriens constituent le groupe le plus important parmi ces arrivants (34%), suivis des Erythréens (12%), des Afghans (11%), des Nigérians (5%) et des Somaliens (4%). On estime qu’entre un demi-million et un million de migrants tenteront de rejoindre cette année les côtes européennes. Bien sûr, on ne peut que compatir avec les réfugiés syriens et libyens qui ont été chassés de leur foyer par l’intervention militaire des forces atlantistes en Libye et la volonté de renverser le régime de Bachar el-Assad en Syrie.

Néanmoins, face à cet exode, il convient de réfléchir sur le rȏle déstabilisateur et déstructurant de l’arme migratoire, qui pour la « Vieille Europe » pourrait signifier à long terme la transposition pure et simple sur son sol de la géopolitique étatsunienne de balkanisation et de fragmentation ethno-confessionnelle qui est en œuvre au Moyen-Orient, politique qui a généré une situation chaotique dans laquelle a vu le jour le pseudo-califat de l’Etat Islamique soutenu par les alliés occidentaux, l’Arabie Saoudite et le Qatar.

La bombe démographique avec un taux de natalité exponentiel que représenterait la quantité massive des flux migratoires d’immigrées de l’Afrique subsaharienne et du Maghreb pourrait bien à long terme « libaniser » les Etats européens, lesquels seraient confrontrés à une communautarisation, voire une ghettoïsation accrue, des populations allogènes, créant les conditions favorables à l’éclatement de potentielles véritables guerres inter-ethniques. Une Europe-continent affaiblie de l’intérieur et en déstabilisation permanente se devrait de supprimer ses frontières et les derniers soubresauts de souveraineté économique et politique, ce qui faciliterait l’installation du nouveau TAFTA, grand marché transatlantique, alors que les grandes corporations puiseraient abondamment dans la main-d’œuvre immigrée à bon marché tout fraîchement installée sur le sol européen. La transposition sur le continent européen du scénario du choc de civilisations entre Islam et Occident servirait les intérêts des puissances de l’Argent.

Il va de soi que cette migration massive, quand bien même fût-elle contrôlée, changera indubitablement à long terme la structure ethnique et démographique de la Vieille Europe qui semble incapable de résoudre et d’assainir les problèmes déjà existants d’absorption et d’intégration culturelle et sociale des populations extra-européennes qui résultent des flux migratoires précédents des années 1980 et 1990.

Il ne faut pas oublier que la démographie est une donnée constante de même qu’une arme redoutable dans les conflits contemporains. En effet, même si ses conséquences se font, pour la plupart, à long terme, elle ne peut être négligée d’un point de vue méthodologique, dans la mesure où elle est désormais une nouvelle arme utilisée dans les tensions géopolitiques mondiales : « La structure démographique – densité de population, masse, composition par âge et par sexe, taux d’accroissement – est en effet considérée comme un des paramètres conditionnant la violence collective. » Le même argument est développé par Jean du Verdier dans son ouvrage Le Défi démographique. L’auteur évoque la célèbre déclaration de Boumedienne à l’ONU en 1974, il y a 40 ans : « Un jour, des millions d’hommes quitteront les parties méridionales et pauvres du monde pour faire irruption dans les espaces accessibles de l’hémisphère nord, à la recherche de leur propre survie ».

Bien sûr, l’immigration massive à laquelle on assiste a pour cause non pas seulement la pauvreté et la misère économique, mais la guerre qui avait pour but le démantèlement planifié de la Libye, de l’Irak et de la Syrie, qui s’inscrit donc dans une relation de cause à effet. Comme l’a si bien récemment déclaré Kader A. Abderrahim, chercheur associé à l’Iris, spécialiste du Maghreb et de l’islamisme : « La crise migratoire est en relation directe avec l’intervention franco-britannique de 2011. On ne peut pas provoquer la guerre et s’étonner ensuite du désordre » (http://francais.rt.com/opinions/5889-libye-crise-migratoire-expert). L’ampleur et la convergence des flux migratoires ainsi que les directions majeures qui s’étendent du sud au nord et d’ouest en est, les axes migratoires Libye/Maghreb-Afrique subsaharienne/Méditerranée méridionale/ Europe/Italie-Grande-Bretagne-France, Afghanistan-Irak-Somalie-Turquie/ Europe de l’Est-Roumanie-Bulgarie-Hongrie-Serbie-Allemagne ressemblent plus à un déplacement de populations qu’à des flux migratoires discontinus classiques.

Il ne faut pas oublier que les instances internationales et les centres financiers et économiques de décision mondialistes réfléchissent uniquement en termes quantitatifs, en chiffres et en valeurs ajoutées ; la démographie, la structure des populations, de même que les identités et les différences culturelles ne sont pensées et traitées qu’en termes économiques et doivent servir les impératifs et la dynamique dé-régulatrice du marché mondial unifié. Ainsi il faut rappeler que l’ONU parle ouvertement de migrations de remplacement. C’est ainsi que la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales a publié un rapport intitulé Migration de remplacement : est-ce une solution pour les populations en déclin et vieillissantes ?. Le concept de migration de remplacement correspond à la migration internationale dont un pays aurait besoin pour éviter le déclin et le vieillissement de la population qui résultent des taux bas de fécondité et de mortalité. Dans chaque cas on considère différents scénarios pour la période 1995-2050, en mettant en relief l’impact que différents niveaux d’immigration auraient sur la taille et le vieillissement de la population.

 

Post-nationalité et « Dissémi-Nation » migratoire

 

Et pourtant, tout porte à croire – et en dépit de l’échec des politiques intégrationnistes, du modèle de la multiculturalité – que depuis des décennies on a conditionné les esprits et préparé l’opinion publique européenne à penser en termes de post-nationalité, de gestion migratoire et de catastrophe migratoire humanitaire, d’hybridation migratoire culturelle et identitaire. Ce discours post-national est aujourd’hui réactivé à des fins géopolitiques et d’ingénierie sociale, puisant ses sources dans le discours post-colonial classique cher à Frantz Fanon et à Edward Said, qui s’est s’attaqué dans les années 1960-1970 aux modes de perception et aux représentations dont les colonisés ont été l’objet. En effet, sous l’influence de la pensée post-structuraliste, néomarxiste et déconstructiviste, dont les chantres les plus connus sont Foucault, Derrida et Deleuze (la fameuse théorie française qui, sous l’appellation de French theory, influencera considérablement les élites universitaires américaines, par le biais des cultural studies et les subaltern studies), les élites atlantistes mondialistes en Europe ont participé en grande mesure à la légitimation du discours post-national et pro-migratoire.

La mode ambiante de la post-nationalité, l’apologie des vertus bénéfiques des brassages et des hybridations culturelles ont profondément modifié dans le mental occidental le rapport et la perception du rȏle de la frontière, dont la fonction de limite et de séparation a été systématiquement dénigrée, au profit de la conception « frontière contact », lieu d’hybridation et d’échanges et rencontres culturelles. Cet état d’esprit irénique explique les déclarations irresponsables des élites européennes face à la vague migratoire massive, qui puisent, dans le registre droit-de-l’hommien et humanitariste, sur l’impératif d’accueillir en Europe les flots d’immigrés qui traversent le tunnel de la Manche ou piétinent les barrières de protection frontalières. Cette posture, qui oublie trop souvent que la majorité des flux migratoires ont des causes et des motivations essentiellement économiques, sociales et pécuniaires, explique aussi la volonté dominante de discréditer, voire de diaboliser, les propositions de renforcement et de contrȏle aux frontières en fustigeant « l’Europe forteresse », les projets de construction de murs en Hongrie étant taxés de modèles ségrégationnistes.

Le discours globaliste et post-national corroboré par la pensée culpabilisatrice de le post-colonialisme estime que la nation, en tant que référence d’appartenance nationale et historique, serait une entité désuète, une catégorie territoriale inadaptée et historiquement consommée, qui devrait laisser la place à de nouvelles constructions transterritoriales, hybrides et fluides aux contours mal définis. La dissémination et la dispersion migratoires à l’échelle planétaire constitueraient le fer de lance de cette entreprise de liquidation de la nation, en tant qu’entité ethnique et linguistique enracinée, vecteur d’appartenance nationale et historique.

Souvenons nous de l’influence qu’exerça le concept de dissémination de J. Derrida en tant qu’outil de déconstruction sur la pensée postcoloniale de Homi Bhabha dans les années 1990, qui forgera le concept de « Dissémi-Nation », afin de proposer un nouveau lieu global sans frontières qui se cristalliserait et se formerait de manière quasi spontanée par le jeu de la dispersion migratoire. Ce jeu de mots de la « Dissémi-Nation » n’est pas aussi anodin et abstrait qu’on pourrait le croire, et l’on peut légitimement se poser cette question : l’Europe n’est-elle pas en voie de se transformer en « Dissémi-Nation », après qu’on a liquidé et décimé la Nation en tant que cadre de la chose publique et espace du vivre-ensemble citoyen ? La nouvelle Dissémi-Nation serait un condensé d’espaces intermédiaires, qui évoluerait sans frontières précises au gré des migrations de multitudes chaotiques, et qui permettrait une production de nouvelles « altérités », pensée qui influencera de nombreux théoriciens de la post-colonialisme, comme Gayatri Spivak, ainsi que la théorie de la subalternité.

Quand bien même ces extrapolations conceptuelles semblent parfois abstraites et farfelues, on est en droit de se demander si le concept de Dissémi-Nation n’est pas en train de voir le jour, par l’intermédiaire de la liquidation de la souveraineté politique et territoriale de l’Etat ? La prolifération, la dispersion et l’exportation des masses considérables de migrants extra-européens ressemblent bien à un processus de dissémination migratoire, qui à long terme pourrait bien déstructurer et déstabiliser ce qui reste encore des vieilles nations européennes, la dissémination migratoire faisant ainsi le jeu de la stratégie du « Grand Remplacement » évoquée par Renaud Camus. La dissémination migratoire massive serait alors une arme de décimation interne et massive de la nation.

 

Déconstruction de l’idée de frontière

 

Il convient de se rappeler que cette conception subjectiviste et culturelle de la frontière-contact est l’héritière d’un courant de pensée marqué par la topophilie. On se souvient que les théoriciens post-marxistes Castoriadis et Harvey voyaient déjà dans le territoire et dans la cartographie symbolique un des champs privilégiés de bataille des identités sociales, culturelles qui devaient supplanter les certitudes traditionnelles sur la territorialité souveraine, marquée le limes romain, et de l’existence d’un esprit des lieux (genius loci propre à un peuple, un groupe ethnique ou national) – opinion longtemps partagée par les géographes ou par des penseurs conservateurs et nationalistes, la nation sublimant le corps mystique républicain cher à Péguy ou la transposition générationnelle de « la terre et les morts » chère à Barrès. Cette effervescence terminologique et conceptuelle se traduira par une prolifération de notions floues telles que : lieu, emplacement, paysage, milieu, région, topographie, limite, frontière ou confins, qui viendront brouiller davantage les notions classiques géographiques et géopolitiques du territoire et de la frontière. L’engouement pour les études culturelles contemporaines en Occident comme en outre-Atlantique (les cultural studies) a abouti à une idôlatrie de la notion de topophilie qui avait été lancée par Gaston Bachelard pour insister sur le vécu subjectif de l’espace et sur les rapports de l’individu aux lieux. Pour Bachelard, les individus établissent des relations signifiantes avec les lieux. (D’après lui, il peut s’agir de saisir les modalités selon lesquelles les êtres humains construisent leurs rapports aux lieux, que ceux-ci soient symboliques ou constitutifs de l’identité – Bachelard 1957). C’est dans la même direction que l’opinion publique en Europe a longtemps été abreuvée par ce même discours cosmopolite globaliste qui imposerait de penser l’Europe, non d’une façon charnelle et différenciée, mais de façon abstraite et constructiviste, en tant que construction intellectuelle : un territoire abstrait conçu, dont certaines régions cartographiques sont volontairement éliminées (comme le remarque bien Hobsbawm, 1997).

La même opération dé-constructiviste et dé-substantialiste a été opérée par les sociologues modernes qui insistent sur le fait que la frontière n’est pas un fait spatial aux conséquences sociologiques, mais, par contre, un fait sociétal qui prend forme dans l’espace, faisant crédit à la thèse de Georg Simmel, selon laquelle les frontières sont le résultat d’un processus psychique de délimitation ayant comme résultat des territoires, des « régions » ou des « pays » – des espaces culturels représentatifs pour un certain groupe social, qui ne se superposent pas nécessairement sur les limites politiques et territoriales acceptées. Bien sûr, tout comme Simmel l’a bien remarqué, il y a à la base un acte de volonté, un rôle moteur des communautés dans la formation des limites et des frontières. Il n’en demeure pas moins qu’à force d’élargir le champ sémantique de la notion de frontière à tout processus de délimitation, voire de dispersion, dans le cas des flux migratoires, on finit par évacuer ce qui est à la base de toute structure spatiale élémentaire, à savoir les frontières en tant que discontinuité géopolitique et de marquage, de repère, qui agissent, non seulement comme le soulignent Lévi-Strauss et Lassault sur le réel, mais aussi sur le symbolique et l’imaginaire d’une communauté nationale soudée par la même langue, le même sentiment d’appartenance et une certaine symbolique d’un esprit du territoire, que certains banalisent par le vocable le terroir : la patrie.

Des anthropologues, tels que Lévi-Strauss et Georges Dumézil, ont souligné le rôle fondateur du symbolique, qui institue et structure en tant que vecteurs des identités collectives et individuelles, symbolique qui passe par la fonction de délimitation (l’appartenance à une communauté inscrite dans un territoire qui est le sien). L’histoire et les mythes fondateurs qui président à la formation de toute conscience collective et nationale rendent compte de l’importance symbolique de l’acte de « poser une frontière » qui implique toujours un regard collectif sur « L’autre » et sur « soi ». La frontière qui délimite, enferme ou exclut met en mouvement de puissantes marques d’identité qui déterminent des rapports culturels et de voisinage spécifiques avec l’étranger. On se souvient que l’école française des Annales insistait sur l’équation significative frontière/identité. De même que Lucien Febvre avait analysé l’évolution sémantique du mot frontière comme signe d’une mutation de la réalité historique avec la formation de l’Etat-nation (Febvre, 1962), alors que le couple frontière/identité est aussi présent dans les réflexions de Fernand Braudel sur L’Identité de la France. L’approche déconstructiviste et intellectualisante de la frontière, tout comme l’approche culturaliste et post-moderniste de cette notion ont abouti à une survalorisation des projections intellectuelles (idéologiques et symboliques) au détriment du mode identitaire de penser la frontière arbitrairement taxée de « mode discriminatoire » suspect. Or, la fétichisation contemporaine de prétendues nations périphériques, les identités frontalièrers et transfrontalières ont conditionné les mentalités, et surtout les pratiques de projection culturelle telles que la littérature et les arts et la politique, à absolutiser et à ontologiser l’effacement des frontières ; la pensée post-frontalière qui revendique le nomadisme et la nouvelle figure de proue symbolique du migrant rejoint la promotion de la post-nationalité, en tant que dissolution programmée de la nation au nom d’une unification du monde par le marché et la consommation.

Or, paradoxalement, les discours communautaristes (Chicanos, Afro-Américains, etc.), post-colonialistes, et la théorie de la subalternité (cette théorie a été initiée par le Groupe d’études subalternes – Subaltern Studies Group, SSG – ou Collectif d’études subalternes – Subaltern Studies Collective –, un groupe de chercheurs sud-asiatiques intéressés par l’étude des sociétés post-coloniales et post-impériales d’Asie du Sud en particulier et du Tiers-Monde en général), qui s’attaquaient à l’impérialisme des élites en renvoyant au contexte hégémonie culturelle au travail du marxiste Antonio Gramsci, sont devenus l’un des leviers du discours d’uniformisation marchande capitaliste qui, pour instaurer et libéraliser le marché mondial, se doit de déconstruire les dernières entraves que constituent les nations, les territoires souverains, les identités enracinées, ainsi que les dernières frontières protectionnistes. La nouvelle narration post-nationale à base de glorification de l’hybridation et de complexification identitaire prône une identité mondiale diasporique et migratoire, qui passe par la construction du sujet Foucaldien par assujettissement aux institutions de contrȏle, aujourd’hui à la mise en pratique de la thématique Deleuzienne de la dissémination des identités fluides et mouvantes, des sujets démultipliés le long des lignes de fuite nomadiques. Ainsi, la théorie de la déconstruction se proposait de promouvoir la désoccidentalisation des esprits et des grands concepts du changement du politique par la déconstruction des certitudes métaphysiques en arrachant tous les signifiants politiques régulatoires et structurants à leur champ de référence et de représentation. Seulement à force de déconstruire et d’arracher, la condition du dominé, du subalterne, devient peu à peu l’instrument de répression et la voie du dominant, le subalterne devenant l’angle mort du processus historique contemporain en tant qu’entreprise généralisée de déracinement.

 

Dissémination, contagion des idées et nouvelle anthropologie

 

La dissémination et la contagion des idées ont toujours précédé les grands bouleversements sociaux et politiques. Et c’est la raison pour laquelle la légitimisation des bienfaits de l’immigration massive et du brassage multiculturel s’est opérée par un changement des représentations mentales des populations autochtones et leur rapport vis-à-vis de leur identité et leur rapport avec l’autre, l’étranger. Comme le souligne l’anthropologue Dan Sperber, proche du courant néodarwinien, l’évolution culturelle dans le domaine des idées obéit à une logique de diffusion qui rappelle celle des épidémies. En effet, selon Sperber, les idées et les représentations se disséminent et se répandent par une sorte de contamination, par contagion (le titre de son livre est La Contagion des idées). Ce changement idéel des représentations mentales collectives, qui corrélativement contamine et modifie le champ sociétal, s’articule autour « d’attracteurs culturels » qui sont souvent les porte-parole, les relais de la nouvelle pensée dominante, les diffuseurs de nouveaux pseudo-paradigmes fantasmagoriques tout comme l’idéologie nomadiste. En effet, l’usage métaphorique des sociétés nomades ainsi que l’éloge du déracinement, de l’errance, en vogue dans le monde culturel et des arts, dans les grands médias, les sciences sociales et la philosophie dominante, qui vante les mérites du vagabondage, de l’exil, de l’esprit artiste, du flux, de la pensée ou de la raison nomade, constitue les trames idéologiques de la « nomadologie », fer de lance de cette véritable révolution anthropologique qui devait préparer, sur le terrain des idées et de l’esprit, l’acceptation indolore des grands bouleversements psychologiques, démographiques et ethno-culturels en Europe. Cette nomadologie, bien qu’elle puise ses sources dans l’orientalisme occidental du XIXe siècle, s’affirme depuis les années 1970-1990, c’est-à-dire dans le contexte intellectuel post-soixante-huitard, suite à l’avènement du post-modernisme, de la déconstruction de la raison et de la métaphysique (occidentale) et de l’universalisme-cosmopolitisme triomphant, la mode de l’écologie et la nouvelle philosophie. En effet, la nouvelle narration nomadiste qui devait se substituer à la fin des « grands récits » (les Lumières, les grandes idéologies de la modernité, marxisme, Hegelianisme) et qui devait fournir un modèle alternatif à la pensée dominante, grâce à l’apport d’une anthropologie nomadologique suspecte qui fera l’apologie et la promotion dans le contexte global des sociétés nomades en général, et plus particulièrement des sociétés de chasseurs-collecteurs, est ainsi présentée par Pierre Clastres comme un rempart contre l’Etat (La Société contre l’Etat, 1974) ou par Marshall Sahlins comme la première forme de la « société d’abondance » (M. Sahlins, Age de pierre, âge d’abondance“, 1976). La pensée libérale-libertaire deviendra un véritable laboratoire d’idées pour cette nouvelle révolution anthropologique par la diffusion de revues telles que Libre dirigée par Marcel Gauchet, des réflexions de Jean Duvignaud, Paul Virilio et Georges Pérec sur la « ville nomade » dans la revue Cause commune de 1972 ou du numéro emblématique de cette même publication consacré au thème des Nomades et Vagabonds (1975). Sans oublier évidemment le livre-phare de la « nomadologie », Mille Plateaux, de Gilles Deleuze et Félix Guattari, qui paraît en 1980.

Cette pensée « désirante » et « nomade » sera célébrée plus tard par Chatwin, avec Songs Lives (1986), Kenneth White, avec L’Esprit nomade (1987), Jean Borreil, naguère collaborateur de la revue Les Révoltes logiques dirigée par Jacques Rancière, avec La Raison nomade (1993), ou bien encore Jacques Attali, avec L’Homme nomade (2003), livre dans lequel cette figure est représentée par le marché, la démocratie et la foi. Le même éloge de l’errance se retrouve dans de nombreux mythes et récits bibliques dans lesquels est recyclé le grand mythe, cher au XIXe siècle, du juif errant, sans feu ni lieu (voir Du nomadisme : vagabondages initiatiques, 2006, de Michel Maffesoli, qui est ainsi articulé autour des thèmes du « juif errant », des « villes flottantes » et d’Hermès, tandis que, plus récemment, Le Siècle juif, 2009, de Yuri Slezkine, met en scène l’opposition entre « apolliniens » sédentaires et « mercuriens » nomades fonctionnels).

Il serait inutile de s’étendre sur le caractère fantasque et stéréotypé de cette pensée constructiviste, très souvent déconnectée du réel et des rapports avec les sociétés nomades « réelles », lesquelles n’existent jamais sous la forme de l’errance et de l’isolement. En fait, loin du caractère utopique et purement incantatoire de nomadisme, la diffusion de ces nouvelles formes de représentations sociétales devait servir de levier de déracinement (par les processus d’acculturation/déculturation) et d’uniformisation marchande par la promotion de l’individu comme élément central des sociétés contemporaines pour les besoins du capitalisme tardif en tant qu’acteurs de production totalement flexibles et disponibles, mobiles tout comme le sont les chasseurs-cueilleurs et nomades dans les sociétés primitives. En effet, l’idéologie néo-libérale et le nouveau capitalisme de séduction mis en exergue par Michel Clouscart instrumentalisera avec succès l’anthropologie libertaire des sociétés nomades en transposant sur l’individu et le monde du travail les caractéristiques de sociétés passées et/ou exotiques en y appliquant les nouvelles pratiques « new age » telles que les coach-chamanes, la sophrologie et le « développement personnel ».

La dissémination est le propre de la démarche post-moderne qui dans l’optique Derridienne serait destinée à interrompre et empêcher la totalisation, s’insurgeant contre l’idée de centre et de totalité, préférant le réseau et la dissémination, par l’effacement des repères normatifs et leur remplacement par une logique en apparence fluide mais opératoire. Sur le plan social et politique, la dissémination des processus dissolvants migratoires s’emploie à déconstruire de l’intérieur une société structurée par la verticalité de l’institution politique au profit de l’économique. La dissémination migratoire est le reflet de cette même post-modernité qui se fonde sur une réalité discontinue, fragmentée, archipélique, modulaire où la seule temporalité est celle de l’instant présent, où le sujet lui-même décentré découvre l’altérité à soi, où à l’identité-racine fait place l’identité-rhizome, le métissage, la créolisation, tout ce que Scarpetta désigne, dans le champ esthétique, par le concept d’ « impureté ». Les philosophes post-modernes (notamment Foucault et Agamben) qui ont souligné l’importance des relations de pouvoir dans la formation du discours d’une époque sont devenus, sans le savoir et sans vouloir le reconnaître, les allocataires et les propagateurs de cette nouvelle forme de discours dominant et, selon Alex Callinicos, ont « contribué à créer l’atmosphère intellectuelle dans laquelle celle-ci pouvait s’épanouir », voire post-humaine dans laquelle l’arme de la dispersion indifférenciée migratoire a pour but de liquider la réalité nationale, et d’instituer le règne du « sujet sans intériorité ».

 

Jure George Vujic

4/09/2015

 

Bibliographie

 

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– A. Callinicos, Against Postmodernism: a Marxist critique, Cambridge, Polity Press, 1991.

– Francois Cusset, French Theory, Foucault, Derrida, Deleuze et Cie, Les mutations de la vie intellectuelle aux Etats-Unis, La Découverte, 2003.

– Jean-Pierre Renard (dir.), Le Géographe et les frontières, Paris, L’Harmattan, 1997.

– François Géré, Pourquoi les guerres ? Un siècle de géopolitique, édition Larousse en collaboration avec Courrier International, Paris 2002.

– Jean du Verdier, Le Défi démographique, éditions Muller, note de Polémia : http://www.polemia.com/le-defi-demographique-du-general-jean-du-verdier/

– Eric Hobsbawm, 1997.

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– Michel Foucher, Fronts et frontières. Un tour du monde géopolitique, Fayard, Paris 1986, 1991.

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– Jacques Levy, « Frontière », Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Belin, Paris 2003.

– Arbaret-Schulz Ch., « Les villes européennes, attracteurs étranges de formes frontalières nouvelles », in Reitel B. et alii, Villes et frontières, Anthropos-Economica, Collection Villes, 2002.

– Lévy J. et Lussault M. (dir.), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Belin, 2003.

– John R.-V. Prescott, Boundaries and frontiers, Allen and Unwin, London 1978.

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– Etienne Balibar, Nous, citoyens d’Europe ? Les frontières, l’Etat, le peuple, La Découverte, Paris 2000.

– J. Gottmann, La Politique des Etats et leur géographie, A. Colin, Paris 1952.

– Eric Hobsbawm, Nations et nationalismes depuis 1780 : programmes, mythe et réalité, Gallimard, 1992.

 

11/06/2015

Heidegger et la question du "salut"

Montages-001.jpgHeidegger et la question du « salut »

MICHEL BEL

(16.12.2007)

Quand on lit Heidegger et qu’on regarde l’ensemble de sa production une question vient aussitôt à l’esprit : quel est le sens de cette œuvre ? Pourquoi Heidegger a-t-il tant écrit ? Et qu’a-t-il écrit, exactement ? Si « ce que l’on énonce en mots n’est jamais ce que l’on dit » comme il le fait remarquer dans son écrit sur « L’expérience de la pensée » (Questions III p.35) qu’a-t-il dit vraiment ? De quoi nous a-t-il entretenus pendant soixante ans de 1916 à 1976 ? Nous a-t-il parlé d’Aristote, de Platon, d’Anaximandre, d’Héraclite, de Schelling ? Ou bien nous a-t-il conduits à notre insu sur une voie où nous ne voudrions pas aller ? Si tel était le cas pourrait-on encore considérer Heidegger comme un philosophe ? Car il ne suffit pas de lire Heidegger en surfant sur ses concepts ou sur son pseudo concepts, il faut encore l’interroger. Il nous a invités à considérer ses écrits comme des « Chemins ». Mieux, comme des « Holzwege ».Que signifient chez lui les « Holzwege » ? A-t-on oublié son avertissement qui nous dit expressément que ces chemins forestiers sans issue apparente conduisent les bûcherons à leur lieu de travail ? (Chemins. NRF p.8). Qui sont ces bûcherons ? Sur quel lieu de travail doivent-ils se rendre ? Quelle forêt ont-ils en charge d’ « éclaircir » ? Quels bois sont-ils chargés d’extraire ? Par qui sont-ils contraints de le faire ? Est-ce par Heidegger, puisque lui seul semble être le commanditaire exclusif de la « chose »? Sinon à quel donneur d’ordres sont-ils sommés d’obéir ? Ces problèmes de fond posés par les écrits d’Heidegger sont loin d’être résolus.

 

Kant, dans un texte célèbre sur l’histoire avait comparé l’humanité à une forêt. La forêt qu’Heidegger se propose d’éclaircir en invitant les bûcherons à avancer sur ses « chemins » serait-elle aussi l’humanité ? A quelle fin l’ « éclaircissement » de la forêt doit-il conduire ? Quelle utilisation le commanditaire veut-il faire du bois extrait? Est-il destiné à être brûlé ? Où doit-il être préalablement stocké ? Quels critères ont-ils présidé à l’extraction ? Comment la sélection des essences a-t-elle été décidée, voire programmée ? De qui enfin le commanditaire, s’il n’est pas lui-même propriétaire de la forêt, s’est-il autorisé pour agir ainsi ? Pourquoi Heidegger veut-il que nous avancions sur ses chemins de coupe sans nous dire ce qu’il veut faire de son « bois » ni qui l’a autorisé à agir ainsi ?

 

Le premier « Holzweg » qu’il nous propose en 1950, lors de l’édition de son ouvrage alors qu’il est encore interdit d’enseignement par les Alliés est L’origine de l’œuvre d’art. Quelle est pour Heidegger la signification de la pratique artistique ? Pourquoi est-elle chez lui intimement mêlée à l’Histoire, au point de conduire cette dernière à un « éclatement » ou à un « recommencement », voire à une « reprise »? Pourquoi faudrait-il qu’Hölderlin, dont on sait qu’il considérait la « Germanie » comme « le cœur sacré des peuples », devienne « la puissance qui commande la réalisation de l’Histoire » ? Pourquoi celle-ci devrait-elle être considérée comme « le temps de la domination germanique de la planète ». Pourquoi l’Histoire devrait-elle être « l’éveil d’un peuple à ce qu’il lui est donné d’accomplir » ? (Chemins, NRF p. 61). Pourquoi Hölderlin devrait-il être « le poète de l’œuvre » dont il restait en 1935 et « dont il reste aujourd’hui encore », au dire de Heidegger, « aux Allemands à s’acquitter »? Si c’est de l’histoire allemande qu’il s’agit et de la domination planétaire d’un peuple-race sur tous les autres peuples devenus ses esclaves qu’avons-nous à faire de ces « Holzwege » ? Faire éditer cette conférence incitatrice au combat et à l’épuration après la découverte par les Alliés des charniers d’Auschwitz et de tous les abattoirs humains installés dans les territoires conquis de la Grande Allemagne par le régime nazi, a quelque chose de plus qu’indécent. Surtout quand on sait que les nazis assurant le commandement de la Wehrmacht ont été arrêtés dans l’accomplissement des millions de fois criminel de leur prétendue « mission » par la victoire des Alliés.

 

Qu’annonçait la conférence sur L’origine de l’œuvre d’art en 1935, l’année même où Heidegger légitimait l’Introduction de la violence la plus sordide dans sa « Métaphysique » ? – La « libération de la Terre  pour qu’elle soit une Terre ». (Chemins, NRF p.35). Qu’entendait-il par « libération » ? Visait-il la libération de la Terre des Juifs et de tous les peuples à ses yeux indésirables ? Si oui, que signifie la réitération de cette conférence en 1950 ? Quelle nécessité y avait-il à remémorer ces horreurs ? Quel intérêt Heidegger avait-il, la même année, à rejeter la raison de la pratique de la pensée, à la fin de sa conférence intitulée : Le mot de Nietzsche : « Dieu est mort » ? En vertu de quelle nécessité l’approche de l’être devrait-elle se faire exclusivement à partir de la Logique de Hegel ? Pourquoi l’accès à l’être est-il contraint de commencer en donnant à l’homme la « position de l’absolu » ? (Hegel et son chemin de l’expérience. Chemins p.127). En vertu de quelle autorité devons-nous être amenés à reconnaître que « ce qui demeure les poètes le fondent » ? A admettre que la prétendue « souche germanique », prétendument « parente de la « souche hellénique », selon Heidegger, avait besoin de poètes en temps de détresse et précisément d’Hölderlin ? A quelle exigence non avouée obéissent toutes les contingences qu’Heidegger voudrait nous faire prendre pour des nécessités ontologiques ?

 

Comment Heidegger, interdit d’enseignement à la demande du Sénat de l’Université de Fribourg, a-t-il osé braver l’interdiction de faire cours en publiant des principes de pensée et de vie contenus dans des cours des années trente et quarante qui ont servi de fondement à l’action des nazis : le rejet de la raison, la valorisation de la souche germanique, voire son absolutisation ? L’extraction du bois de la forêt ne signifiait-elle pas dans les années trente-quarante l’éradication des Juifs de la « forêt germanique » afin de pouvoir réaliser pleinement l’« habitat poétique » « planétaire » des Germains ? Quelle lecture faut-il faire de ces textes  aujourd’hui? Une lecture immanente, platement naïve, totalement aveugle à la réalité, comme il est de mode depuis 1950 dans certains milieux éducatifs, ou une lecture symptomale éclairante ? Les mots et les images employés par Heidegger sont-ils des signes renvoyant aux réalités habituellement visées par le langage courant ou sont-ils des signes lisibles seulement à partir d’un autre système d’encodage voire de plusieurs autres? Heidegger a enfin dit aux auditeurs de son cours sur Nietzsche, en 1937, que dans le cadre de son nouveau regard les mots fondamentaux avaient changé de sens. (Nietzsche I, p.133). Quant on sait que chez lui « les mots fondamentaux sont historialisants » (Ibid. p. 134) on est en droit de s’interroger sur la manière dont l’œuvre a été comprise jusqu’à ce jour par de prétendus spécialistes. Il n’a rien dit en revanche sur le sens des symboles qu’il employait, sur lesquels il a préféré « garder un silence total» se contentant de déclarer en 1935 dans son commentaire du Rhin de Hölderlin que chaque auditeur était « éloigné du secret différemment ». (NRF p.261). Mais on sait aujourd’hui, hélas ! en quoi consistait le « secret » de ce « bonheur lourd à porter » dont la « charge » avait été « confiée » par lui «  aux Allemands » de « souche » et présentée abusivement en termes de « mission ».

 

A la lumière de cette semi mise au point heideggérienne, on comprend mieux pourquoi dans son cours sur la Phénoménologie de l’Esprit de Hegel, en 1930, il a pu définir la « patience » comme « la vertu du philosopher » qui « comprend que nous devons constamment dresser le bûcher avec du bois approprié et choisi jusqu’à ce qu’il prenne enfin. » (NRF p.124). Pourquoi à la fin de ce même cours a-t-il dit aux étudiants : « Il ne peut y avoir qu’un seul véritable signe que vous ayez compris quelque chose à cet essentiel inexprimé qui a été constamment traité : c’est qu’en vous se soit éveillée une volonté de satisfaire à l’œuvre en ses requêtes les plus internes – chacun pour sa part, chacun selon ses forces et ses mesures ». (NRF p.228). On comprend mieux à la lumière de ces paroles pourquoi dans le commentaire des Hymnes de Hölderlin de 1934 à 1945 il n’a cessé de demander à ses auditeurs de participer à la « corvée de bûches », « d’accroître la charge de bûches » ; et pourquoi au début du semestre d’été 1942 il a estimé nécessaire de commenter le poème d’Hölderlin intitulé « Der Ister » en insistant particulièrement au début et à la fin du cours sur l’ordre donné par Hölderlin :« Jezt, komme Feuer ! ». La conférence de Wannsee venait d’avoir lieu en janvier, très exactement le 20. Le cours commença le 21 avril et se termina le 14 juillet. Les premiers bûchers ont commencé à crépiter à la fin de l’été comme en témoigne dans sa déposition le commandant d’Auschwitz. . Mais Auschwitz-Birkenau ne fut pas le seul site de stockage où eut lieu la « venue du feu ». A la même période les fours de boulanger améliorés commencèrent à être expérimentés à Belzec pour faire disparaître les traces d’anéantissement des indésirables, et particulièrement les cadavres entassés dans des fosses qui risquaient de s’avérer compromettants pour le régime. Comme par hasard les premiers fours crématoires commandés par les autorités nazies à la firme Topf et Fils venaient juste d’être livrés et étaient prêts à fonctionner à plein rendement. Est-ce un hasard si Heidegger, apparemment très bien informé, écrit dans Andenken au semestre d’hiver 1941-42 et répète au cours de l’année 1943 : « Le vent du Nord-est souffle Je l’aime entre tous, Car il annonce l’esprit de feu » … « Le vent du Nord-est devient le messager qui porte le salut » « L’envoi du salut est le retour dans le Propre de celui qui désormais reste où il est » (Approche p.102, 122-123).

 

Doit-on considérer l’œuvre écrite de Heidegger comme indépendante de cette réalité historique comme ont voulu le faire croire Jean Beaufret et son fidèle ami François Fédier ou comme le laisse croire aujourd’hui encore Peter Sloterdijk ? (La politique de Heidegger : reporter la fin de l’histoire, in Heidegger le danger et la promesse, Kimé 2006, p.179-180). Ou doit-on considérer que l’expression symbolique de cette œuvre a été choisie par l’auteur pour le mettre à l’abri de tout soupçon du fait de son engagement profond dans le processus d’extermination  envisagé comme le salut de la « race » pudiquement appelée la « souche germanique »? N’est-ce pas Heidegger en personne qui a dit dans ce même texte: « L’ombre ménage l’abri qui protège de l’excès du feu » « Le feuillage d’un bouquet d’arbres cache la grande porte ouverte sur la cour… » « Un mot peut bien n’avoir qu’une mince apparence, une « image » peut bien sembler n’être là que pour « faire plus poétique », le mot et l’image n’en font pas moins une parole de salut, qui parle selon la pensée fidèle et reprend dans la pensée l’étranger qui a été et le patrimoine qui vient selon la convenance qui les lie originellement l’un à l’autre » (Approche p.128-129).

 

Cette hypothèse est-elle absurde ou bien est-elle, au contraire, le véritable fil d’Ariane qui seul peut conduire le lecteur jusqu’au secret le plus intime du nazisme ? Comment faut-il comprendre une expression telle que : « L’œuvre libère la terre pour qu’elle soit une Terre » prononcée en novembre 1935, deux mois à peine après la promulgation des lois racistes de Nuremberg ? Comment faut-il comprendre :« L’homme est Dieu », « Le bien est le mal », « le mal est le bien », « la liberté est liberté pour le bien et pour le mal », paroles prononcées en 1936 dans le cours sur Schelling ? Ou cette autre proposition, émise dans les années trente « l’essence de la liberté qui est le problème fondamental de la philosophie » consiste à « devenir essentiel dans le vouloir effectif de sa propre essence ». « Le vouloir effectif implique toujours d’être au clair, de s’être mis au clair sur les motifs. » « Quiconque veut effectivement ne veut rien d’autre que le devoir de son Dasein » « L’essence nous demeure fermée tant que nous ne devenons pas nous-mêmes essentiels en notre essence » (De l’essence de la liberté humaine. NRF p.266, 276-277). De quelle essence peut-il bien s’agir lorsque l’impératif de la raison pratique de Kant a été rejeté comme impropre et qu’Heidegger déclare en 1935 dans le commentaire du Rhin que « l’histoire est toujours l’histoire unique de tel peuple(…) ici, l’histoire de la Germanie », que « le moment crucial de notre histoire est venu » (NRF p.264,269) et, en 1941, qu’:« il est nécessaire qu’en cet instant du monde les Allemands sachent ce qui pourrait à l’avenir être exigé d’eux si l’esprit de leur patrie doit être un cœur sacré des peuples ». (Concepts fondamentaux, NRF p. 24).

 

Comment croire dans ces conditions que malgré leur apparence philosophique les écrits d’Heidegger nous parlent exclusivement de philosophie ? N’est-ce pas Heidegger lui-même qui a décrété la mort de la philosophie et qui a invité à substituer à la philosophie un nouveau commencement de la pensée ? (La fin de la philosophie, Questions IV NRF p.116, 139). N’est-ce pas lui encore qui a déclaré à Jean Beaufret aux entretiens de Cerisy en 1955 qu’ « il n’y a pas de philosophie de Heidegger, et même s’il devait y avoir quelque chose de tel, je ne m’intéresserais pas à cette philosophie » (Essais et conférences. Préface. NRF p. VIII). Confrontés à de telles positions nous devons nous poser la question : que faisons-nous quand nous lisons Heidegger ? Comprenons-nous sa conception de l’être ? Adhérons-nous à cette conception ou nous contentons-nous de survoler ses écrits en recueillant l’écume des mots qui retiennent notre attention et en nous désintéressant de tout le reste ? Mais ce reste qu’en faisons-nous ? N’existerait-il plus pour nous parce qu’il ne sollicite pas notre intérêt ? Ne devons-nous pas au contraire nous interroger pour savoir ce qu’il contient réellement ? Dès lors la question se pose de savoir si pour lire Heidegger il faut faire appel à un seul encodage ou à plusieurs.

 

L’encodage du langage courant se double chez lui d’un encodage étymologique facilement lisible par tous (« aletheia », « poiésis », « pur », etc.). Mais on ne peut pas s’arrêter là. L’encodage étymologique se double à son tour d’un encodage propre à Heidegger (« o logos » est « to pur », « art » égale « intensification de la volonté de puissance » ; « habitat poétique » égale « Reich germanique » ; « justice » égale acte de « construire, d’éliminer, d’anéantir » ; « genos » égale « souche » et non « genre » ; « poiésis » signifie « traitement médical », etc.…Je passe sur tous les néologismes inventés par Heidegger pour adapter l’écriture de son monde à son imaginaire. On est forcé de constater que ces encodages conceptuels surnuméraires par rapport à l’expression philosophique courante sont encore enveloppés par un encodage symbolique (la charge de bûches, l’habitat poétique, le poème, la Hütte, la coupe en argent, le Geviert, la cruche, les Holzwege, la caverne, le tablier, etc. La plupart de ces symboles sont empruntés à des domaines ésotériques connus mais leurs signifiés ont été modifiés, ce qui fait de la symbolique ésotérique d’Heidegger une symbolique totalement originale d’apparence trompeuse au contenu ultra secret. Un contenu dont « chacun est éloigné par une distance plus ou moins grande » « en fonction de son degré d’accès au secret » au sein de la « communauté ». (De l’essence de la liberté humaine, NRF p.270 ; Le Rhin p.261; etc.).

 

Mais Heidegger ne se contente pas de jouer avec une large palette d’encodages, il prend encore plaisir à utiliser un foisonnement de « perversions de sens » qui dénaturent les œuvres de tous les auteurs qu’il étudie. Aristote, Platon, Descartes, Kant, Schelling, Leibniz, Nietzsche, Hölderlin ont tous été mutilés pour devenir conformes aux exigences de la « visée » heideggérienne (ontico-ontologique) de la totalité. Cette désubstantialisation heideggérienne des auteurs de toutes les traditions (philosophique, poétique, mystique, artistique, ésotérique, etc.) est devenue tellement proverbiale qu’Heidegger lui-même y faisait référence dans ses cours mais sans changer un iota à ce qu’il disait et quelquefois en faisant preuve d’une arrogance hautaine difficile à supporter : « nous affichons la prétention d’être « plus philologique » que cette mouture irréfléchie de « philologie scientifique » (Concepts fondamentaux , NRF p.126). On sait ce qu’il est advenu d’Anaximandre dans les Concepts fondamentaux entre les mains d’Heidegger. Le professeur était trop obnubilé par la brillance de sa pensée qui devait « rester,  disait-il, comme une étoile au ciel du monde » pour remettre en cause la validité de son regard abusivement qualifié par lui, à l’origine de sa pensée, de « phénoménologique ». Il eut été plus judicieux de dire « phénoméno-tragique » en se référant à son passage obligé par « l’être-en-faute » au sens que son ami le pangermaniste antisémite Max Scheler donnait à ce mot.

 

Quant à la suite d’une analyse assez longue on a repéré tous ces travers, qu’on les a identifiés, une question se pose à nouveau à nous: qu’y a-t-il réellement dans l’œuvre d’Heidegger? Quel message a-t-il voulu nous transmettre ? A qui s’est-il réellement adressé dans ses leçons, dans ses recueils et dans ses conférences ? Pourquoi a-t-il procédé à un ré encodage continuel des signes du langage ? Sommes-nous en présence d’un enrichissement de sens par rapport aux lectures philosophiques traditionnelles ? Ou avons-nous à faire à une production pathologique d’apparence savante dont les références culturelles masquent à la fois la physionomie et le contour ? Comment cette production s’insère-t-elle dans la production historique de l’époque ? En est-elle totalement séparée ? Se contente-t-elle de l’accompagner en la commentant comme l’œuvre de Hegel accompagna pour un temps la conquête de Napoléon ? Ou – et ce serait gravissime – trace-t-elle aux acteurs politiques les voies à suivre pout parvenir aux fins que nous savons et que je n’ose pas nommer ? Les philosophes français n’ont jamais voulu explorer cette voie ; à quelques rares exceptions près vilipendées aussitôt par des nuées d’acolytes du prétendu « grand homme ». Puisque de nombreux indices nous incitent à le faire nous allons prendre ce chemin oublié.

 

Pourquoi Heidegger se complaît-il tant à parler de la « libération des prisonniers de la caverne », à parler de « fournaise », de « bûcher », de « flamme », de « sacrifice », de « libation », d’ « offrande aux dieux » ? Pourquoi utilise-t-il de manière aussi ostentatoire la langue du « sacré » pour s’opposer au christianisme qu’il honnit ? Pourquoi se complaît-il à évoquer « les corps pleins de vie qui tombent en poussière », « la puissance du feu qui d’abord illumine et qui n’en finit pas de consumer jusqu’au blanchissement de la cendre » ? (Textes sur Abraham a Sancta Clara et sur Trakl postérieurs au génocide). Pourquoi, faisant référence au prédicateur antisémite Abraham a Sancta Clara dit-il que « la pensée est la pensée fidèle » treize ans après « Qu’appelle-t-on penser ?  Toutes ces positions nous interpellent. Et si nous nous étions complètement trompés sur le compte de Heidegger ! Si, au lieu d’être le philosophe qu’il paraît être au premier abord, il n’était en réalité qu’un sophiste « pipeur de consciences » selon l’expression de Nietzsche, cherchant à établir, in fine, « sans tracasseries ni démêlés », son règne sur la Terre, comme le firent avant lui, Alexandre le Grand, Napoléon ou César, et ce, en se fondant sur une idéologie de renversement des valeurs, sur une impitoyable sélection des souches humaines, en privilégiant l’une d’entre elles, la prétendue souche germanique, au détriment de toutes les autres, sans avoir peur de recourir au génocide qu’il nomme « l’anéantissement » sans autre précision, afin de n’être pas pris en défaut!

 

La négation de l’universalité du genre humain au profit de cette prétendue « race-souche » est affirmée dans toute son œuvre depuis le cours sur Le Sophiste en 1924 jusqu’au cours sur la Métaphysique de Nietzsche en 1940 où elle trouve son apothéose, en passant par Les problèmes fondamentaux de la phénoménologie en 1927, les cours de l’année 1933 et l’Introduction à la métaphysique en 1935 Pour dire qu’Heidegger n’est pas raciste, il ne faut jamais avoir lu ses textes. Naturellement, il l’est de manière plus subtile que Drumont ou que Darré. Il met en avant les rapports logiques des conditions nécessaire et suffisante, il avance avec des souliers vernis de rhétoricien et non avec de gros sabots de bateleur de foire. Mais le fait est là. Sa lecture raciste de Platon diffère certes, de celles de Günther et de Julius Stenzel mais les « souches de l’être », les cinq « gene » n’en servent pas moins de « paradigme » grâce au principe d’analogie, pour l’affirmation de la « division en souches du Dasein ». Il y a la  « souche germanique », la « souche parente grecque » et « l’espèce dégénérée ». « Comparaison n’est pas raison » aurait dit Châtelet, mais qu’importe à Heidegger puisque son paradigme est pour lui vérité. Le « sang et le sol »  sont bien, chez lui, des principes fondateurs et non une simple concession de circonstance au régime nazi. Jaspers qui ne pouvait le croire en 1933 à la lecture du Discours de rectorat, l’a appris à ses dépens, dans les années suivantes, mais trop tard.

 

Savons-nous par ailleurs comment Heidegger a cherché à vivre l’idéal de Nietzsche : « Dionysos contre le crucifié » qu’il présente comme la seule compréhension authentique de Nietzsche dans son cours sur les Concepts fondamentaux de la métaphysique ? Si, au lieu de nous égarer dans des considérations oiseuses sur le « Da » de « Dasein », nous suivions cette piste à laquelle Heidegger s’est constamment référé depuis 1929, - Nietzsche lui « était déjà salutaire depuis 1909 », dit-il dans son cours sur Nietzsche de 1937 - peut-être découvririons-nous un Heidegger très différent de celui que ses thuriféraires nous ont présenté. Heidegger, en 1961, a déclaré avoir adhéré à la cause de Nietzsche dans la Préface de l’édition de ses cours sur l’auteur d’Ecce homo. Pourquoi ne pas vouloir prêter attention à sa parole ? Aurions-nous la prétention de savoir mieux qu’Heidegger, sans l’avoir lu attentivement, ce qu’Heidegger a pensé, simplement parce qu’il ne fallait à aucun prix qu’il ait été nazi pour certains philosophes français, ceci afin de ne pas ternir son image de marque inventée de toute pièce au mépris de l’évidence? C’est grotesque. Un penseur qui considère la guerre comme le père de toute chose, qui déclare son existence nécessaire pour assurer la partition de l’humanité en dieux et en esclaves, qui affirme sans broncher que la conception du bien issue du christianisme et de l’humanisme est un mal, qu’il faut appeler Bien le Mal, qui déclare froidement que l’humanité doit être soumise « à cette race qui possède l’aptitude essentielle à assumer sa domination sur la Terre entière », en « traquant sans cesse » « l’ennemi intérieur, au besoin en l’inventant » (Métaphysique de Nietzsche (1940); l’essence de la vérité (1933)), est un penseur qui ne relève pas de la philosophie ou alors nous ne savons plus ce que parler veut dire. Les « philosophes » heideggériens français ont profité de la méconnaissance des textes de Heidegger qui était celle de leurs auditeurs ou de leurs lecteurs pour affirmer des contre-vérités absolument irrecevables. Peut-être ont-ils été eux-mêmes victimes de leurs lacunes et de leurs illusions.

 

Intermédiaire entre « le poète » qui l’inspire et «  l’homme politique » qu’il dirige, le « philosophe » Heidegger – il se désigne lui-même ainsi en 1934 – trace les voies à suivre pour réaliser sa « phénoménologie de l’être » concrétisée en histoire et indique les étapes à franchir pour l’accomplir. Il s’agit de réaliser une « ré-volution » qui ne soit plus sujette à un retour en arrière et pour cela, Heidegger se devait d’éradiquer absolument « le Mal », - ce qui par lui était considéré comme tel, ce mal que Kant désignait par ces mots: « ces Palestiniens qui vivent parmi nous » - afin de laisser place nette à la seule édification du « Bien », entendons du Nouveau Bien, à savoir, l’ancien Mal. Aujourd’hui la radicalité de la décision énoncée en 1935 dans l’Introduction à la métaphysique, relue avec un recul historique de plus de soixante dix ans, fait frémir : « (…) nous affrontons » dit-il « la grande et longue tâche de dégager par déblaiement (« abzutragen ») l’origine d’un monde vieilli et d’en bâtir un vraiment neuf, c’est-à-dire situé dans l’histoire. (…)  Seul le savoir le plus radicalement historial peut nous faire sentir le caractère insolite de nos tâches et nous éviter de voir survenir à nouveau une simple restauration et une imitation stérile ». (Introduction à la métaphysique NRF p.134 ; Einführung, Niemeyer, 1987, p.96, 3° §)

 

Quel était ce « monde vieilli » (« altgewordene Welt ») qu’il n’appréciait guère? De toute évidence, celui qu’avait construit Abraham par sa foi et par son exil, celui qu’avait consolidé Moïse par sa Loi, celui qu’avait parfait le Christ par l’Evangile et qu’avaient diffusé ses disciples sur toute la terre habitée, à savoir : non pas seulement un monde d’idées mais la population juive dans son ensemble. Dès 1924 Heidegger dans son cours de Marbourg sur Le Sophiste avait assimilé, de manière « euphémisée » certes, mais bien réelle, le Juif Husserl à un « sophiste » et les sophistes au « Néant ». La référence au Néant était patente dans la Leçon inaugurale en 1929 et elle sera beaucoup plus marquée encore dans la conférence sur Abraham a Sancta Clara en 1964, mais seuls pouvaient comprendre ses propos ceux qui savaient dans les années trente –quarante ce que visait Heidegger, c’est-à-dire le « groupe de choc » qui l’avait accompagné à Marbourg et « l’escorte » déjà très abondante de ses disciples armés , à savoir, des « prisonniers de la caverne » que sa parole avait déjà « libérés ». Soit, dans l’esprit de Heidegger, ceux qui n’étaient déjà plus des « hommes » assujettis à la Loi de Moïse, ni contaminés par l’influence nocive de la « souche dégénérée » (« nicht arisch ») mais des « surhommes », c’est-à-dire des « demi-dieux » (Le Rhin 1935)

 

Nous savons aujourd’hui que ces paroles, prononcées trois ans à peine après la prise de pouvoir, en 1935, n’étaient pas simplement des mots jetés en l’air mais des décisions politiques réelles qui allaient s’accomplir sans tarder, de manière irréversible et, - n’hésitons pas à le dire -, ouvertement diabolique. La planète entière allait savoir ce que signifiait pour Heidegger : « Le «  Surhomme » est l’homme qui donne à l’Être un fondement nouveau – dans la rigueur du savoir et dans le grand style de la création ». (La volonté de puissance en tant qu’art, semestre d’hiver 1936-37, dernière parole du cours, Nietzsche I, NRF p.199). Trois ans plus tard, en 1940, il devait déclarer que « l’acte de créer » implique comme condition nécessaire « l’anéantissement ». « Construire ne va pas sans éliminer », dit-il. « Le penser constructif est à la fois éliminateur et anéantissant ».  « Chaque construire (en tant que créer) implique le fait de détruire. » (…) « L’élimination qui distingue et préserve, est la suprême manière de conserver ». « L’anéantissement est la suprême manière de la contre-essence pour la conservation et l’intensification ». « Le fait d’anéantir assure le penser contre la pression de toutes les conditions de déclin ». « Justice » [signifie] « l’intention de conserver quelque chose qui est plus que telle ou telle personne » « La justice » est conçue  « en tant que manière de penser constructive, éliminatrice, anéantissante » (La métaphysique de Nietzsche, (1940), Nietzsche II, NRF p. 257-260).

 

Ce qui avait été annoncé sous une forme encore euphémisée en 1935, mais qui, en fait était préparé depuis 1919, et avait commencé à se réaliser en 1933, allait trouver son accomplissement et, dans l’esprit de Heidegger, son plein achèvement, de 1942 à 1945 avec le génocide (Der Ister – Le Feu. Fin de parcours du fleuve nazi). Depuis la source (1919) le courant est maintenant arrivé à l’estuaire (1942). La mission aryenne du retour à la pure origine grecque est censée être terminée : « Ite missa est ». Pour l’anniversaire de sa mort Hölderlin doit trouver tout le travail réalisé, sa « prophétie » accomplie. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. L’alliance des communistes et des libéraux est venue brouiller les cartes. Il allait falloir recommencer en s’y prenant mieux. C’est ce qu’allait concrétiser la reprise des conférences et des publications destinées à la remobilisation du Dasein, reprise qui inaugure la deuxième vague de conditionnement à partir de 1949 (Regard sur ce qui est). Mais avant de nous intéresser à cette seconde vague continuons à nous intéresser aux effets de la première.

 

Que le « philosophe », depuis 1919, c’est-à-dire depuis qu’il a effectué la « mise en pratique de son regard phénoménologique » (Questions IV p.168) ait indiqué la voie à suivre et montré les étapes pour la réaliser, c’est ce que disent, chacun de son côté Heidegger et Hitler. Le premier dans les commentaires des Hymnes de Hölderlin et dans les « Chemins d’explication »(1937) notamment, le second dans de nombreux chapitres de Mein Kampf. On ne sera donc pas étonné que fondé sur cet accord et « assuré d’être obéi », comme il le dit dans ses cours sur Nietzsche (La volonté de puissance en tant qu’art, Nietzsche I, NRF p.59), Heidegger ait pu déclarer le 3 novembre 1933 que « Le Führer et lui seul est la vérité présente et future de l’Allemagne et sa loi. » Pourquoi « lui seul » ? Parce que de tous les « créateurs » et de tous les « gardiens » qu’il a formés, il est le seul qui lui obéisse au doigt et à l’œil du fait se sa confiance aveugle, de son absence totale de culture et de son fanatisme résolu. Heidegger aura maille à partir avec les autres « gardiens », - ce sera le deuxième « aiguillon » de sa vie après celui de la « foi des origines », mais avec Hitler, tout baigne dans l’huile. Avec lui il va pouvoir « poétiser » comme il l’entend car « commander » et « poétifier » sont désormais tout un. (Cf. La volonté de puissance en tant que connaissance, 1939, NRF p. 474). Les textes relatifs à la signification de l’acte de commander sont très nombreux chez Heidegger. Ils sont présentés essentiellement dans les cours sur Nietzsche, et les modes de commandement sont tellement bien explicités, chacun dans son essence propre, qu’on ne peut pas commettre d’erreur sur la nature de celui qui commande. (Nietzsche I, NRF pp.45, 59, 472-478,492-494 ; Chemins, NRF pp.192-193).

 

Quant à l’identification du philosophe qui a assuré le conditionnement d’Hitler, aucun doute n’est possible non plus compte tenu de tous les éléments que nous fournit Hitler sur la question. Cf. Mon combat, Nouvelles Editions Latines pp.109,168-176,209-222,293,330-368, 371-383, 450-477, 575-602). Il suffit de s’y reporter. Le nom d’Heidegger n’est jamais cité mais la « nouvelle conception du monde » de Heidegger est entièrement circonscrite et l’appel à la violence qu’elle implique, explicité. On ne peut cependant pas forcer à voir la réalité les porteurs d’encensoirs qui ne veulent pas voir. Il est sûrement plus enthousiasmant d’agiter l’encensoir pour faire de la fumée que de regarder la vérité en face. Quand on a compris la symbiose existant entre les deux partenaires associés on n’est plus étonné qu’en éditant en 1953 son cours de 1935 sur l’Introduction à la métaphysique Heidegger ait pu parler de la « vérité interne et de la grandeur du national socialisme » (mot à mot : « de ce mouvement ».NRF p.202) et qu’en faisant son cours sur les Questions fondamentales de la métaphysique durant le semestre d’hiver 1935-1936, pour illustrer la « mathesis », « l’acte d’apprendre », « dans son exercice même », Heidegger ait eu recours à des considérations sur le « maniement du fusil modèle 98 ». On voit tout de suite, n’est-ce pas, le lien nécessaire qui existe entre la vérité mathématique prise en elle-même et « l’usage des armes » tel qu’il est pratiqué par les nazis et par la Wehrmacht. (Qu’est-ce qu’une chose ? NRF p.83-85). Dans cette page qui est une véritable pièce d’anthologie du conditionnement nazi où Heidegger se transforme en maréchal des logis instructeur on reconnaît, hélas ! le même Heidegger qui le 25 novembre 1933 lors de la cérémonie d’immatriculation des étudiants avait fait office de sergent recruteur pour enrôler les étudiants dans les sections d’assaut : « l’étudiant allemand passe à présent par le service du travail ; il se tient aux côtés de la S.A. ; il est assidu aux sorties sur le terrain ». (Traduction adoucie de François Fédier, Ecrits politiques, NRF p.126). Heidegger exige, de plus, de chaque étudiant qu’il garde en mémoire pour le répéter « le sacrifice » d’ « Albert Léo Schlageter » (p.135). Si Boileau pouvait dire de Molière : « Dans ce sac ridicule où Scapin l’enveloppe Je ne reconnais pas l’auteur du Misanthrope », nous pouvons, à notre tour, dans un plagiat sans prétention, dire à propos d’Heidegger : « Dans ce cours affligeant d’un instructeur de guerre On voit l’effet pervers du génie de naguère. » « Les «  mathémata » sont les choses, dit-il, dans la mesure où nous les prenons dans la connaissance ». (p.84). Nous sommes très heureux d’apprendre durant le semestre d’hiver 1935-1936, que ces « choses » sont les fusils des SS et ceux de l’Armée allemande, destinés à « libérer » artistiquement «  la Terre pour qu’elle soit une terre ». Nous savons par ailleurs grâce au témoignage d’un professeur de médecine, rapporté par Hugo Ott, qu’Heidegger relevait en 1933 les rapports d’entraînement paramilitaire des étudiants, établis par l’ancien officier de carrière Georg Stieler, militant actif du Stahlhelm, en se rendant lui-même sur les lieux d’exercice, dans les glaisières du Schönberg, « comme si le recteur était le commandant en chef de ces associations ». (Hugo Ott, Martin Heidegger, Eléments pour une biographie, Payot, p.158).

 

Au vu de ces éléments bellicistes accablants qui structurent l’œuvre d’Heidegger et en constituent la charpente logique solidement ancrée dans Scharnhorst d’un côté, dans Clausewitz, de l’autre, (Cf. Le Discours de rectorat et le cours sur Schelling), il apparaît urgent de mettre en garde les lecteurs contre les tentatives laudatives des heideggériens français et autres qui s’emploient à faire accréditer la pureté d’intention de ce psychopathe aux visées impérialistes qui n’a jamais eu un mot de compassion pour toutes les victimes de ses conquêtes guerrières et, plus grave encore, pour celles de ses « extractions forestières ». En lisant le texte de 1937 sur l’appel des Français à la collaboration, les textes sur la métaphysique de Nietzsche et sur la justice de 1939 et de 1940 appelant à l’anéantissement peut-on encore en rester vis à vis de son action réelle à la seule attitude du soupçon ? Comment Heidegger s’il n’avait été très haut placé dans la hiérarchie nazie aurait-il pu annoncer en 1941 des « décisions immanentes » dans sa leçon sur les Concepts fondamentaux juste avant la conférence de Wannsee ? Pourquoi la profession de l’ordre hölderlinien de mise à feu répond-il, au printemps de l’année 1942, à la décision responsable d’effectuer des tâches insolites prise l’année précédente dans la leçon sur les Concepts fondamentaux, au cas où l’Allemagne serait « appelée à devenir un cœur sacré des peuples » ? Ces tâches insolites avaient été annoncées dans la leçon sur l’Introduction à la métaphysique en 1935. On comprend mieux maintenant pourquoi la leçon de 1941 a pu être intitulée : Concepts fondamentaux. Quelle place devait occuper Heidegger dans l’Allemagne nazie pour être au courant de ce grand secret et pour se permettre de donner l’ordre suprême de mise à feu en langage codé, à peine voilé ? La réponse s’impose d’elle-même.

 

En lisant les cours et les conférences des années 1940, 41, 42, 43, nous ne pouvons pas rester indifférents à ce que nous lisons. L’« anéantissement » est exigé pour « prévenir tout risque de déclin ». La révolution allemande heideggérienne ne doit pas se solder par une plate imitation des Grecs ou par les « basses eaux » d’un « vulgaire humanisme ». Heidegger voit plus grand. Dans son hymne « à la flamme et au feu » du solstice d’été 1933, il demandait à « l’ardeur de la flamme de faire savoir que la révolution allemande n’était pas endormie, et d’illuminer le chemin sur lequel il n’y a plus de retour ». (Discours politiques, traduction François Fédier, NRF p.117). « Plus de retour » ! Après la découverte par les Alliés de tous les charniers et de tous les camps d’extermination nazis ces paroles ne font pas seulement froid dans le dos. Elles glacent d’horreur ! Comment peut-on encore appeler philosophe quelqu’un qui a la monstruosité de penser une telle barbarie ? Disons-le encore plus clairement, d’instaurer sur Terre la puissance d’un enfer de flammes et de meurtres auprès duquel les turpitudes de Sade et les fureurs imaginaires de Dante ne sont que « des jeux d’enfants » littéraires. Un enfer politique de torture, de terreur et de meurtre pour mener à bien une domination impérialiste sans précédent visant non seulement la conquête de la Terre mais également la transformation de l’homme en profondeur au point de faire de tous les êtres humains des monstres sanguinaires sans frein dénués de tout scrupule et de toute autonomie spirituelle.

 

Dans le cours sur l’Essence de la vérité en 1933, il proclamait à nouveau la nécessité de la guerre comme il l’avait fait dans sa thèse sur Être et temps en 1927, mais cette fois il s’aventurait plus loin encore, il l’accompagnait d’une « chasse à l’ennemi intérieur » fût-il « enté sur les racines du Dasein germanique », visant par là les mariages mixtes, notamment celui de Jaspers dont l’épouse juive l’avait si gentiment hébergé pendant des années, et celui de Misch avec la fille de Dilthey – mariage que Dilthey , très apprécié d’Heidegger, ne voyait pas d’un bon œil. Comment peut-on encore considérer ses paroles comme anodines l’année même où il proclame que l’antisémite forcené Hitler est « la vérité présente et future de l’Allemagne et sa loi » ? Pourquoi, si les intentions de ce penseur avaient été pures, l’une des conférences qu’il fit en Italie en 1936, quelques mois à peine après la promulgation des lois de Nuremberg, aurait-elle été interdite aux Juifs ? Venait-il apporter à l’Italie le levain nazi de l’antisémitisme alors que ce pays en était exempt et n’avait nulle envie de le connaître ? Pourquoi, s’il avait été comme on a voulu le faire croire persécuté par les nazis pour ses idées aurait-il eu le droit de donner deux conférences en 1936, à Rome, l’une sur l’Essence de la poésie, quand on sait que la « poésie » sous sa plume désigne depuis 1924 le « traitement médical » du peuple allemand, l’autre sur l’Université allemande et l’Europe quand on sait quelle mission il a imposée à l’université allemande en tant que fer de lance du « Sturm » nazi ? Le Sénat universitaire de Fribourg ne lui a jamais pardonné d’avoir attelé l’Université au service du travail et au service des armes afin de réaliser son ambition démesurée de « Grandeur » antisémite pangermanique.

 

Heidegger a eu beau user d’euphémismes pour faire croire que son adhésion au nazisme avait été l’effet d’une illusion passagère, il faut bien un jour ou l’autre donner aux mots leur sens réel et les ajuster aux visées affichées, celles du « salut », de « l’épuration », de la « domination raciale », de la « grandeur planétaire » et du « bûcher ». Pourquoi le « salut » heideggérien  doit-il passer obligatoirement par l’usage du feu pour mettre un terme au prétendu « déracinement de l’Occident » ? Quand on lit Heidegger après avoir relu le Nouveau Testament on est conduit à se demander si Heidegger ne s’est pas attribué le rôle de la Providence tel qu’il est annoncé à la fin des temps, rôle qui consiste à « lier en bottes la mauvaise herbe et à la jeter au four » ? Les wagons à bestiaux conduisant sans égards les familles juives, tchèques, russes, tziganes, et autres aux chambres à gaz et à « l’anus mundi », ne peuvent-ils pas être assimilés à ces liaisons en bottes ? Heidegger rejetant totalement le christianisme mais s’attribuant les fonctions d’épuration dévolues à Yaweh se serait-il pris pour le Dieu Dionysos, (nom que Nietzsche avait donné à l’Anti-Christ, ne sachant comment le nommer), engendrant une nouvelle guerre et usant de son van – attribut traditionnel de Dionysos - afin de réaliser sa « mission salvatrice » consistant, pour lui , à libérer définitivement les prisonniers de la caverne ? C’est-à-dire l’Europe entière de la présence des juifs et du christianisme. Hitler, dans ce cas, n’aurait été que « l’homme politique » fantoche mettant en œuvre les visées du « grand homme » - terme par lequel il se plaisait à désigner dans Mein Kampf, le « grand philosophe » créateur d’une « nouvelle  vision du monde» qui était plus, disait-il, que le programme d’un parti politique. Quand on met en parallèle les écrits d’Hitler et ceux de Heidegger, on est frappé par l’identité de vues qui est exprimée derrière des vocabulaires différents, certes, mais aboutissant au bout du compte, au même résultat. Hitler nous dit dans Mein Kampf qu’un livre destiné aux foules ne doit pas être écrit de la même façon qu’un livre destiné à un public cultivé. Il est facile de voir que la division des tâches a été correctement exécutée.

 

L’ « homme politique » et le « penseur » qui dit avoir « forgé ses gonds en partant des énigmes de l’existence » (Chemin de campagne), s’harmonisent parfaitement comme une porte tournant sur ses gonds s’encastre dans son huisserie, ici, son cadre conceptuel. Le combat d’Hitler apparaît comme la réalisation de la « guerre » et de l’ « anéantissement » voulus par Heidegger pour imposer au monde sa conception de l’être. Voulus, mais révélés seulement de manière de plus en plus précise au fur et à mesure que le nécessitaient l’action et l’adaptation de la visée aux circonstances. Aujourd’hui que l’édition des œuvres assemblées par ses soins est pratiquement terminée aucun doute n’est plus possible sur les fins poursuivies par Heidegger. Il a déployé toute son énergie, durant toute sa vie, pour réaliser la « gigantomachie » qui devait aboutir à la « parousie » de sa « divinité » au sommet de sa « domination planétaire » effectuée par sa race « élue », celle qu’il a nommée le « Dasein germanique ». L’Introduction à la métaphysique et la Métaphysique de Nietzsche (1935-1940) se complètent on ne peut mieux sur ce point. Le slogan unitaire : « Ein Reich, ein Volk, ein Führer » n’était pas celui d’Hitler dont la fonction se limitait à celle d’un démiurge réalisant les plans de l’architecte placé au-dessus de lui, mais celui du « Grand architecte » « dictateur » dont Hitler avait révélé l’existence à la Deutsche Zeitung et aux auditeurs de ses discours au début des années vingt, sans dire son nom. Secret oblige, surtout à cette époque-là, en mai 1921 et en mai 1923 (Cf. Kershaw, Hitler, p. 260 et 281).

 

Il s’agissait pour ce penseur fou, pour ce pseudo philosophe « architecte » au sens pharaonique et platonicien du terme de subsumer la totalité dans l’Unité, non plus seulement de manière théorique comme avait tenté de le faire Spinoza mais de manière concrète, historique, « ontique » à la manière de Stirner mais sans la franchise abrupte de Stirner. On a beau lire et relire les textes d’Heidegger en pensant qu’on a pu se tromper pour chercher à n’y voir qu’une lutte théorique menée sur le seul plan des idées, les faits résistent à cette interprétation. Les mots et les symboles visant l’ « onticité » sont incontournables et ce, depuis 1927. «  L’ouverture en projet de l’être se transforme elle-même nécessairement en projet ontique », écrit-il en 1927 dans les Problèmes fondamentaux de la phénoménologie (NRF p.387).Tous ceux qui refusent de voir le « projet ontique » de Heidegger réaffirmé en 1929 dans le cours sur Les concepts fondamentaux de la métaphysique (NRF Chapitre VI, Exposé thématique du problème du monde), ne parlent donc pas de Heidegger mais d’une espèce d’ectoplasme auquel ils ont donné ce nom. Il faut être vraiment aveugle et sourd pour ne pas entendre ce que nous dit Heidegger. Ainsi dans la même leçon de 1927, il écrit, page 334: « Le comprendre à titre de projet de soi, est le mode d’être fondamental de l’advenir historial (das Geschehen) du Dasein. Il constitue aussi, peut-on dire, le sens véritable de l’agir. Le comprendre caractérise l’advenir historial du Dasein : son historicité (Geschichlichkeit). Le comprendre n’est pas une espèce du connaître, mais la détermination du fond de l’exister. Nous parlons aussi de compréhension existentielle dans la mesure où l’existence, comme advenir du Dasein en son histoire, se temporalise à travers sa compréhension. C’est dans et par ce comprendre que le Dasein devient ce qu’il est, et il n’est à chaque fois que tel qu’il se choisit, c’est-à-dire tel qu’il se comprend soi-même dans le projet de son pouvoir-être le plus propre. »

 

Heidegger disait déjà en 1916, - il le répètera en 1927 dans Être et temps - qu’une philosophie qui ne s’incarne pas dans la chair de l’histoire est une « survivance métaphysique ». On a beau vouloir fermer les yeux sur le commentaire de Trakl paru en 1953 où il fait l’éloge du feu qui d’abord « illumine l’esprit » par intuition puis « n’en finit pas de consumer jusqu’au blanchissement de la cendre », cette phrase, vingt ans après l’hymne au feu du solstice d’été 1933, nous saute au visage comme une morsure de cobra. Il s’agit de la conception alchimique de l’ouroboros des « philosophes du feu » expérimentée grandeur nature non plus dans l’espace confiné d’un laboratoire mais dans l’espace historique de l’humanité planétaire où elle fait des ravages sans nombre. On a beau vouloir fermer les yeux sur son appel à la fidélité de la vocation énoncé en 1910 et réitéré à l’âge de 75 ans dans sa conférence de Messkirch sur Abraham a Sancta Clara, les faits historiques n’en demeurent pas moins là. On ne peut s’empêcher de constater que les pages qu’il a choisis avec soin dans les écrits d’Abraham a Sancta Clara lui permettent de se délecter de la vision mentale des « corps pleins de vie qui tombent en poussière et de poussière tombent au néant » ; morceaux choisis assortis en prime, pour que nous comprenions mieux l’allusion, d’une référence à Sachsenhausen, localité considérée ici - pudeur oblige- non comme le camp d’extermination de Sachsenhausen auquel on ne peut s’empêcher de penser en entendant ce nom, mais comme la proche banlieue de Francfort. Quand on veut s’exprimer à travers les paroles d’Abraham a Sancta Clara on ne peut guère faire mieux, il faut prendre ce qu’il a dit et inviter le lecteur qui le souhaite à faire les ajustements nécessaires. A trois siècles de distance un même énoncé sans rien changer à ce qui a été dit précédemment résonne d’un sens totalement différent. Heidegger était très friand de ce genre d’emprunts anachroniques dont la subtilité sémantique avait également été remarquée par Guillaume de Humboldt. « Sans changer la parole, disait le linguiste, le temps introduit en elle ce qu’autrefois elle ne possédait pas. Alors dans la même demeure un autre sens est placé, sous le même sceau quelque chose de différent est donné, en suivant les mêmes lois de liaison s’annonce un cours des idées autrement échelonné. Voilà ce qui est le fruit constant de la littérature d’un peuple, mais en cette dernière par excellence de la poésie et de la philosophie ». (Acheminement, Le chemin vers la parole NRF p.257). Quand on a compris la méthode d’expression utilisée par Heidegger l’allusion est évidente. Farias n’avait aucune raison de se rétracter dans le commentaire qu’il fit du texte d’Heidegger. C’étaient ses critiques qui, dans leur malveillance prétentieuse, étaient, sur ce point précis, tout simplement des ignorants.

 

Et que dire des allusions à « l’étranger qui va devançant », à « la race qui va se défaisant », « au chemin où s’est engagé l’Etranger qui écarte de la race dégénérée », etc., expressions mises en avant dans le commentaire de Trakl, en 1953, qui sont toutes un rappel de l’action passée destinée à ranimer la flamme de ceux qui ont participé à l’« Einsatz », du temps que le « pâtre tranquille» écoute « le doux hymne du frère contre la colline du soir ».

 

A partir d’un certain nombre de considérations de ce genre qui vont de l’énoncé du projet de « gigantomachie » à la délectation de l’acte et du résultat de l’extermination, le regard du lecteur finit par basculer. Le penseur qu’on avait bien voulu prendre avec une candeur ingénue pour un grand philosophe éclairé, apparaît au contraire, comme le chef d’orchestre rusé, à demi-dissimulé et pervers de la plus grande abomination de tous les temps.

 

On n’est plus étonné, dès lors, qu’il ait pu porter pendant de longues années, l’insigne nazi à la boutonnière et qu’il n’ait pas eu la délicatesse de l’ôter, en 1936, à Rome lors de sa rencontre avec son étudiant juif Löwith. Comment s’étonner qu’il soit venu faire une conférence sur Hölderlin et l’essence de la poésie, qui n’a de littéraire que l’apparence, dès lors que l’on sait qu’il considérait, déjà en 1934, la poésie d’Hölderlin comme la plus haute leçon de science politique. (Le Rhin, NRF p.198). Comment s’étonner qu’il ait voulu qu’Hölderlin par sa parole commande lui-même en 1942 l’embrasement des bûchers afin de le faire participer à ce qu’il avait, selon Heidegger, prophétiquement conçu ? Tel est le sens, semble-t-il, qu’il faut donner à la « puissance » qu’Heidegger attribue à Hölderlin lorsque dit qu’ « Hölderlin n’est pas encore puissance dans l’histoire de notre peuple. Il faut qu’il le devienne. Y contribuer est de la politique au sens le plus haut et le plus propre ». Faire donner des ordres par Hölderlin, c’est effectivement faire participer Hölderlin à la puissance politique. En lui faisant donner l’ordre d’embrasement Heidegger lui fait réaliser la puissance politique au plus haut sommet. Mais qu’est devenu Hölderlin entre les mains d’Heidegger ? Une marionnette. Rien de plus. En donnant l’illusion de laisser parler Hölderlin, Heidegger devenu marionnettiste à la manière de Kleist ne fait rien d’autre qu’une prestation de ventriloquie. On cherche en vain derrière cette pantomime l’exercice de la philosophie. Qu’il ait trouvé un être inculte comme Hitler pour croire à sa parole, on peut encore le comprendre, mais que tout un peuple dans ses sphères les plus cultivées l’ait suivi dans cette voie criminelle, voilà qui passe l’entendement. Bon nombre d’Allemands se considéraient-ils dans leur for intérieur comme les « prisonniers de la caverne » qu’Heidegger venait « libérer » ? Ou, après les arrestations et les emprisonnements massifs ont-ils été piégés par les modalités de la politique dictatoriale mise en place par l’Apostat et ses exécutants devenus les « travailleurs » et les « soldats » de son nouvel empire ? Cet empire qui était censé clore le « cycle de la métaphysique » par la réalisation du « Surhomme », lequel devait ouvrir la voie à la « Grandeur » inévitable « de la Germanie » sur le chemin cyclique de « l’Eternel Retour du Même ».

 

En voyant Heidegger mettre la vie des hommes, des femmes et des enfants en jeu pour satisfaire une foi aussi puérile et aussi peu étayée rationnellement, on ne peut qu’être effaré. Comment est-il possible qu’un être aussi cultivé ayant reçu une solide formation chrétienne ait pu en arriver là ? Comment a-t-il pu devenir un tyran aussi criminel, pire encore qu’Attila, en se faisant renégat de la foi de l’origine ? Aurait-il vécu trop près du christianisme comme le dit Nietzsche ? Mais qu’est-ce que vivre trop près du christianisme ? N’aurait-il pas plutôt vécu trop près d’un système institutionnel répressif qui n’aurait rien à voir avec le christianisme ? Système répressif et humiliant qui aurait créé chez lui une réaction antithétique encore plus oppressive. On ne peut guère s’expliquer un tel comportement que par les effets conjugués d’une surestimation de soi, d’une immense humiliation et d’une très grande frustration devenues indélébiles. Il semble que ce soit le retentissement de l’empreinte initiale sans cesse amplifiée qui l’ait conduit à cultiver cette « haine » prétendument « clairvoyante » dont il nous entretient dans le premier cours sur Nietzsche (NRF p.51), une haine jouxtant l’absoluité et ne laissant plus aucune place à l’amour du prochain, la haine-vengeance d’un amour contrarié et sublimé ne laissant à l’amour humain d’autre forme d’expression possible que l’amour de la patrie, le sacrifice de soi que l’on doit faire à la « mère patrie » (en allemand, « Vaterland » ou « Heimat »), afin de réaliser sa Grandeur dans l’Histoire. On est cependant en droit de se demander si cet appétit de « Grandeur » ne serait pas plutôt l’expression de la paranoïa du dictateur qui dirige cette ascension historique. La réalisation de cette dernière, en effet, n’est désormais possible, du fait de l’inversion des valeurs, que par le recours à l’assaut (« Sturm ») et donc aux méfaits produits par les sections d’assaut, les SS et la Wehrmacht, elle-même commandée par le chef suprême des autorités nationales socialistes, lui-même dirigé par le dictateur « sûr d’être obéi »faisant office de Providence.

 

Que proclamait Heidegger dans son discours de rectorat en 1933, « Alles Grosse steht im Sturm ».Et il ajoutait : « Nous voulons que notre peuple remplisse sa mission historique ». Quand on sait que cette mission consistait à exterminer le peuple Juif qui le gênait pour construire son « monde » on a vite compris quel est le sens de l’œuvre de Heidegger. Les Juifs d’Europe, les peuples d’Europe et la planète entière ont vite compris en treize ans à peine ce que signifiaient le « Sturm » et la « mission » heideggériens. Il ne faudrait surtout pas que nous l’oubliions aujourd’hui. Or il semble que ce soit, hélas ! ce que s’empressent de faire tous ceux qui encensent Heidegger sans comprendre réellement ce qu’ils font, pour certains, en ne le sachant que trop, pour d’autres. On se prend à redouter ce qui pourrait se produire demain si Heidegger redevenant le maître à penser d’une génération cherchant à nouveau le « salut de l’Occident » comme il le fut dans les années trente et quarante. On verrait alors la poésie chausser des bottes cirées et envahir les rues de ses bataillons de chemises brunes. Faute de rimes, on verrait resurgir des crimes, les corvées de bûches, la préparation zélée des bûchers et la remise en fonctionnement des fours de boulangers transformés en fours crématoires. Si c’est cela que certains veulent en encensant Heidegger, ils sont en bonne voie. Mais si ce n’est pas cela que nous voulons, alors il faut montrer dès maintenant aux jeunes générations où conduit l’heideggerianisme qu’on leur demande de vénérer et pourquoi il faut se méfier de ce faux philosophe, de ce faux ami et de ses affidés, qu’ils soient totalement incultes ou profondément cultivés, car, sur le plan de la frustration et de la surestimation de soi les extrêmes se rejoignent comme l’histoire du nazisme l’a amplement prouvé.

 

En commençant cette réflexion sur l’œuvre de Heidegger nous avons posé la question : quel est le sens de cette œuvre ? Aujourd’hui nous pouvons le savoir pour peu que nous voulions nous donner la peine d’analyser le ciment avec lequel il a construit sa cathédrale de haine et d’extermination. Si nous ne mettons pas en garde les générations à venir contre les dangers contenus dans sa « bible gnostique », dite de « dernière main », nous contribuons volontairement ou involontairement à la mise en place de la tyrannie politique des idées de ce penseur fou. Si nous voulons que demain le nazisme se répète il suffit de recommencer à diffuser son conditionnement. Celui qui, en 1937, dans son appel des Français à la collaboration prétendait « sauver l’Occident » en guidant la « volonté de rénovation de fond en comble» par le recours à des « décisions radicales », au sein du mouvement nazi, et qui « mesurait la singularité de l’instant historial », écrivait, aux côtés du maire national socialiste de Fribourg, Kerber et d’Alphonse de Châteaubriant, l’auteur de La gerbe des forces, dans le premier annuaire de la ville : « Si une authentique compréhension des positions philosophiques fondamentales réussit, si la force et la volonté d’y parvenir s’éveillent dans les deux pays, alors le savoir s’élèvera à une hauteur et à une clarté nouvelles. Ce qui se prépare, c’est une transformation des peuples, bien qu’elle soit au départ et souvent ensuite, longtemps invisible ». (Wege zur Aussprache, traduit par Chemins d’explication par Jean Marie Vaysse et Luc Wagner, Heidegger, Cahier de l’Herne, livre de poche 1983, p.76).

 

On a vu, en huit ans, de 1937 à 1945 en quoi consistait cette « rénovation de l’Occident de fond en comble » « anticipée et régie » par le « philosophe » et en quoi consistaient ces « décisions radicales ». Heidegger n’était pour rien dans cette barbarie osera-t-on dire ? Ecoutons plutôt ce qu’il dit en 1937 : « la méditation philosophique ouvre de nouvelles voies et fixe des critères nouveaux à tout comportement et à toute décision. De cette manière, la philosophie, dans sa fonction anticipatrice(…) régit la tenue et l’avancée de l’être-là historial de l’homme »  (Heidegger, Cahier de l’Herne (poche), p.74). Qui a donc conduit l’histoire du troisième Reich ? Au vu de ces déclarations, une seule réponse s’impose aujourd’hui à nous: Martin Heidegger assisté de son complice Hitler, l’architecte servi par son démiurge. C’est-à-dire celui qui se prenait pour le « dernier dieu », « le dieu à venir » accompagné de son collaborateur zélé devenu chancelier. En 1932, le photographe John Heartfield sur la couverture du numéro 42 de l’Arbeiter Illustrierte Zeitung (AIZ) a montré d’où venait l’argent nécessaire à la réalisation de ce prétendu « salut de l’Occident ». Le nerf de la guerre étant fourni par le patronat l’opération Heidegger pouvait commencer et la collaboration être sollicitée. Alphonse de Châteaubriant créa son journal collaborationniste catholico-raciste en Juillet 1940. Il avait pour nom : « La gerbe ». Il disparut en août 1944. A partir de cette date les ennuis commencèrent pour Heidegger. Sa « mission » « hellénico-germanique » était arrivée à son terme. L’ontocratie heideggérienne avait échoué. Le Dionysos germanique devait rendre des comptes. Il ne les a pas rendus.

10/06/2015

Collapsologie

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COLLAPSOLOGIE

« Nous sommes en train de vivre une mosaïque d’effondrements » : la fin annoncée de la civilisation industrielle

par Ivan du Roy - 8 juin 2015

Sur les neuf frontières vitales au fonctionnement du « système Terre », au moins quatre ont déjà été transgressées par nos sociétés industrielles, avec le réchauffement climatique, le déclin de la biodiversité ou le rythme insoutenable de la déforestation. Transgresser ces frontières, c’est prendre le risque que notre environnement et nos sociétés réagissent « de manière abrupte et imprévisible », préviennent Pablo Servigne et Raphaël Stevens, dans leur livre « Comment tout peut s’effondrer ». Rappelant l’ensemble des données et des alertes scientifiques toujours plus alarmantes, les deux auteurs appellent à sortir du déni. « Être catastrophiste, ce n’est ni être pessimiste, ni optimiste, c’est être lucide ». Entretien.

 

Basta ! : Un livre sur l’effondrement, ce n’est pas un peu trop catastrophiste ?

Pablo Servigne et Raphaël Stevens : [1] La naissance du livre est l’aboutissement de quatre années de recherche. Nous avons fusionné des centaines d’articles et d’ouvrages scientifiques : des livres sur les crises financières, sur l’écocide, des ouvrages d’archéologie sur la fin des civilisations antiques, des rapports sur le climat… Tout en étant le plus rigoureux possible. Mais nous ressentions une forme de frustration : quand un livre aborde le pic pétrolier (le déclin progressif des réserves de pétrole puis de gaz), il n’évoque pas la biodiversité ; quand un ouvrage traite de l’extinction des espèces, il ne parle pas de la fragilité du système financier… Il manquait une approche interdisciplinaire. C’est l’objectif du livre.

Au fil des mois, nous avons été traversés par de grandes émotions, ce que les anglo-saxons appellent le « Oh my god point » (« Oh la vache ! » ou « Oh mon dieu ! »). On reçoit une information tellement énorme que c’en est bouleversant. Nous avons passé plusieurs « Oh my god points », comme découvrir que notre nourriture dépend entièrement du pétrole, que les conséquences d’un réchauffement au-delà des 2°C sont terrifiantes, que les systèmes hautement complexes, comme le climat ou l’économie, réagissent de manière abrupte et imprévisible lorsque des seuils sont dépassés. Si bien que, à force de lire toutes ces données, nous sommes devenus catastrophistes. Pas dans le sens où l’on se dit que tout est foutu, où l’on sombre dans un pessimisme irrévocable. Plutôt dans le sens où l’on accepte que des catastrophes puissent survenir : elles se profilent, nous devons les regarder avec courage, les yeux grand ouverts. Être catastrophiste, ce n’est ni être pessimiste, ni optimiste, c’est être lucide.

Pic pétrolier, extinction des espèces, réchauffement climatique… Quelles sont les frontières de notre civilisation « thermo-industrielle » ?

Nous avons distingué les frontières et les limites. Les limites sont physiques et ne peuvent pas être dépassées. Les frontières peuvent être franchies, à nos risques et périls. La métaphore de la voiture, que nous utilisons dans le livre, permet de bien les appréhender. Notre voiture, c’est la civilisation thermo-industrielle actuelle. Elle accélère de manière exponentielle, à l’infini, c’est la croissance. Or, elle est limitée par la taille de son réservoir d’essence : le pic pétrolier, celui des métaux et des ressources en général, le « pic de tout » (Peak Everything) pour reprendre l’expression du journaliste états-unien Richard Heinberg. A un moment, il n’y a plus suffisamment d’énergies pour continuer. Et ce moment, c’est aujourd’hui. On roule sur la réserve. On ne peut pas aller au-delà.

 

Ensuite, il y a les frontières. La voiture roule dans un monde réel qui dépend du climat, de la biodiversité, des écosystèmes, des grands cycles géochimiques. Ce système terre comporte la particularité d’être un système complexe. Les systèmes complexes réagissent de manière imprévisible si certains seuils sont franchis. Neuf frontières vitales à la planète ont été identifiées : le climat, la biodiversité, l’affectation des terres, l’acidification des océans, la consommation d’eau douce, la pollution chimique, l’ozone stratosphérique, le cycle de l’azote et du phosphore et la charge en aérosols de l’atmosphère.

Sur ces neuf seuils, quatre ont déjà été dépassés, avec le réchauffement climatique, le déclin de la biodiversité, la déforestation et les perturbations du cycle de l’azote et du phosphore. L’Europe a par exemple perdu la moitié de ses populations d’oiseaux en trente ans (lire ici). La biodiversité marine est en train de s’effondrer et les premières « dead zones » (zones mortes) apparaissent en mer. Ce sont des zones où il n’y a carrément plus de vie, plus assez d’interactions du fait de très fortes pollutions (voir ici). Sur terre, le rythme de la déforestation demeure insoutenable [2]. Or, quand nous franchissons une frontière, nous augmentons le risque de franchissement des autres seuils. Pour revenir à notre métaphore de la voiture, cela correspond à une sortie de route : nous avons transgressé les frontières. Non seulement nous continuons d’accélérer, mais en plus nous avons quitté l’asphalte pour une piste chaotique, dans le brouillard. Nous risquons le crash.

Quels sont les obstacles à la prise de conscience ?

Il y a d’abord le déni, individuel et collectif. Dans la population, il y a ceux qui ne savent pas : ceux qui ne peuvent pas savoir par absence d’accès à l’information et ceux qui ne veulent rien savoir. Il y a ceux qui savent, et ils sont nombreux, mais qui n’y croient pas. Comme la plupart des décideurs qui connaissent les données et les rapports du GIEC, mais n’y croient pas vraiment. Enfin, il y a ceux qui savent et qui croient. Parmi eux, on constate un éventail de réactions : ceux qui disent « à quoi bon », ceux qui pensent que « tout va péter »…

L’alerte sur les limites de la croissance a pourtant été lancée il y a plus de 40 ans, avec le rapport du physicien américain Dennis Meadows pour le Club de Rome (1972). Comment expliquer cet aveuglement durable des « décideurs » ?

Quand un fait se produit et contredit notre représentation du monde, nous préférons déformer ces faits pour les faire entrer dans nos mythes plutôt que de les changer. Notre société repose sur les mythes de la compétition, du progrès, de la croissance infinie. Cela a fondé notre culture occidentale et libérale. Dès qu’un fait ne correspond pas à ce futur, on préfère le déformer ou carrément le nier, comme le font les climatosceptiques ou les lobbies qui sèment le doute en contredisant les arguments scientifiques.

Ensuite, la structure de nos connexions neuronales ne nous permet pas d’envisager facilement des évènements de si grande ampleur. Trois millions d’années d’évolution nous ont forgé une puissance cognitive qui nous empêche d’appréhender une catastrophe qui se déroule sur le long terme. C’est l’image de l’araignée : la vue d’une mygale dans un bocal provoque davantage d’adrénaline que la lecture d’un rapport du GIEC ! Alors que la mygale enfermée est inoffensive et que le réchauffement climatique causera potentiellement des millions de morts. Notre cerveau n’est pas adapté à faire face à un problème gigantesque posé sur le temps long. D’autant que le problème est complexe : notre société va droit dans le mur, entend-on. Ce n’est pas un mur. Ce n’est qu’après avoir dépassé un seuil – en matière de réchauffement, de pollution, de chute de la biodiversité – que l’on s’aperçoit que nous l’avons franchi.

Ne pouvons-nous pas freiner et reprendre le contrôle de la voiture, de notre civilisation ?

Notre volant est bloqué. C’est le verrouillage socio-technique : quand une invention technique apparaît – le pétrole et ses dérivés par exemple –, elle envahit la société, la verrouille économiquement, culturellement et juridiquement, et empêche d’autres innovations plus performantes d’émerger. Notre société reste bloquée sur des choix technologiques de plus en plus inefficaces. Et nous appuyons à fond sur l’accélérateur car on ne peut se permettre d’abandonner la croissance, sauf à prendre le risque d’un effondrement économique et social. L’habitacle de notre voiture est aussi de plus en plus fragile, à cause de l’interconnexion toujours plus grande des chaînes d’approvisionnement, de la finance, des infrastructures de transport ou de communication, comme Internet. Un nouveau type de risque est apparu, le risque systémique global. Un effondrement global qui ne sera pas seulement un simple accident de la route. Quelle que soit la manière dont on aborde le problème, nous sommes coincés.

Les manières dont l’effondrement pourraient se produire et ce qui restera de la civilisation post-industrielle est abondamment représentée au cinéma – de Interstellar à Mad Max en passant par Elysium – ou dans des séries comme Walking Dead. Cet imaginaire est-il en décalage avec votre vision du « jour d’après » ?

Parler d’effondrement, c’est prendre le risque que notre interlocuteur s’imagine immédiatement Mel Gibson avec un fusil à canon scié dans le désert. Parce qu’il n’y a que ce type d’images qui nous vient. Nos intuitions ne mènent cependant pas à un monde version Mad Max, mais à des images ou des récits que nous ne retrouvons que trop rarement dans les romans ou le cinéma. Ecotopia, par exemple, est un excellent roman utopiste d’Ernest Callenbach. Publié aux États-Unis en 1975, il a beaucoup inspiré le mouvement écologiste anglo-saxon, mais n’est malheureusement pas traduit en français. Nous ne pensons pas non plus que ce sera un avenir à la Star Trek : nous n’avons plus suffisamment d’énergies pour voyager vers d’autres planètes et coloniser l’univers. Il est trop tard.

Il y a une lacune dans notre imaginaire du « jour d’après ». L’URSS s’est effondrée économiquement. La situation de la Russie d’aujourd’hui n’est pas terrible, mais ce n’est pas Mad Max. A Cuba, le recours à l’agroécologie a permis de limiter les dégâts. Mad Max a cette spécificité d’aborder un effondrement à travers le rôle de l’énergie, et de considérer qu’il restera encore assez de pétrole disponible pour se faire la guerre les uns contre les autres. Les scientifiques s’attendent bien à des évènements catastrophistes de ce type. Dans la littérature scientifique, l’apparition de famines, d’épidémies et de guerres est abordée, notamment à travers la question climatique. L’émigration en masse est déjà là. Il ne s’agit pas d’avoir une vision naïve de l’avenir, nous devons rester réalistes, mais il y a d’autres scénarios possibles. A nous de changer notre imaginaire.

Existe-t-il, comme pour les séismes, une échelle de Richter de l’effondrement ?

Nous nous sommes intéressés à ce que nous apprennent l’archéologie et l’histoire des civilisations anciennes. Des effondrements se sont produits par le passé, avec l’Empire maya, l’Empire romain ou la Russie soviétique. Ils sont de différentes natures et de degrés divers. L’échelle réalisée par un ingénieur russo-américain, Dmitry Orlov, définit cinq stades de l’effondrement : l’effondrement financier – on a eu un léger aperçu de ce que cela pourrait provoquer en 2008 –, l’effondrement économique, politique, social et culturel, auxquels on peut ajouter un sixième stade, l’effondrement écologique, qui empêchera une civilisation de redémarrer. L’URSS s’est, par exemple, arrêtée au stade 3 : un effondrement politique qui ne les a pas empêchés de remonter la pente. Les Mayas et les Romains sont allés plus loin, jusqu’à un effondrement social. Cela a évolué vers l’émergence de nouvelles civilisations, telle l’entrée de l’Europe dans le Moyen Âge.

Quels sont les signes qu’un pays ou une civilisation est menacé d’effondrement ?

Il y a une constante historique : les indicateurs clairs de l’effondrement se manifestent en premier lieu dans la finance. Une civilisation passe systématiquement par une phase de croissance, puis une longue phase de stagnation avant le déclin. Cette phase de stagnation se manifeste par des périodes de stagflation et de déflation. Mêmes les Romains ont dévalué leur monnaie : leurs pièces contenaient beaucoup moins d’argent métal au fil du temps. Selon Dmitry Orlov, nous ne pouvons plus, aujourd’hui, éviter un effondrement politique, de stade 3. Prenez le sud de l’Europe : l’effondrement financier qui a commencé est en train de muter en effondrement économique, et peu à peu en perte de légitimité politique. La Grèce est en train d’atteindre ce stade.

Autre exemple : la Syrie s’est effondrée au-delà de l’effondrement politique. Elle entame à notre avis un effondrement social de stade 4, avec des guerres et des morts en masse. Dans ce cas, on se rapproche de Mad Max. Quand on regarde aujourd’hui une image satellite nocturne de la Syrie, l’intensité lumineuse a diminué de 80% comparé à il y a quatre ans. Les causes de l’effondrement syrien sont bien évidemment multiples, à la fois géopolitiques, religieuses, économiques… En amont il y a aussi la crise climatique. Avant le conflit, des années successives de sécheresse ont provoqué des mauvaises récoltes et le déplacement d’un million de personnes, qui se sont ajoutées aux réfugiés irakiens, et ont renforcé l’instabilité.

Même simplifiée, cette classification des stades nous permet de comprendre que ce que nous sommes en train de vivre n’est pas un événement homogène et brutal. Ce n’est pas l’apocalypse. C’est une mosaïque d’effondrements, plus ou moins profonds selon les systèmes politiques, les régions, les saisons, les années. Ce qui est injuste, c’est que les pays qui ont le moins contribué au réchauffement climatique, les plus pauvres, sont déjà en voie d’effondrement, notamment à cause de la désertification. Paradoxalement, les pays des zones tempérées, qui ont le plus contribué à la pollution, s’en sortiront peut-être mieux.

Cela nous amène à la question des inégalités. « Les inégalités dans les pays de l’OCDE n’ont jamais été aussi élevées depuis que nous les mesurons », a déclaré, le 21 mai à Paris, le secrétaire général de l’OCDE. Quel rôle jouent les inégalités dans l’effondrement ?

Les inégalités sont un facteur d’effondrement. Nous abordons la question avec un modèle nommé « Handy », financé par la Nasa. Il décrit les différentes interactions entre une société et son environnement. Ce modèle montre que lorsque les sociétés sont inégalitaires, elles s’effondrent plus vite et de manière plus certaine que les sociétés égalitaires. La consommation ostentatoire tend à augmenter quand les inégalités économiques sont fortes, comme le démontrent les travaux du sociologue Thorstein Veblen. Cela entraîne la société dans une spirale consommatrice qui, au final, provoque l’effondrement par épuisement des ressources. Le modèle montre également que les classes riches peuvent détruire la classe des travailleurs – le potentiel humain –, en les exploitant de plus en plus. Cela fait étrangement écho aux politiques d’austérité mises en place actuellement, qui diminuent la capacité des plus pauvres à survivre. Avec l’accumulation de richesses, la caste des élites ne subit l’effondrement qu’après les plus pauvres, ce qui les rend aveugles et les maintient dans le déni. Deux épidémiologistes britanniques, Richard Wilkinson et Kate Pickett [3], montrent aussi que le niveau des inégalités a des conséquences très toxiques sur la santé des individus.

Le mouvement de la transition, très branché sur les alternatives écologiques, s’attaque-t-il suffisamment aux inégalités ?

Le mouvement de la transition touche davantage les classes aisées, les milieux éduqués et bien informés. Les classes précaires sont moins actives dans ce mouvement, c’est un fait. Dans le mouvement de la transition, tel qu’il se manifeste en France avec Alternatiba ou les objecteurs de croissance, la question sociale est présente, mais n’est pas abordée frontalement. Ce n’est pas un étendard. La posture du mouvement de la transition, c’est d’être inclusif : nous sommes tous dans le même bateau, nous sommes tous concernés. C’est vrai que cela peut gêner les militants politisés qui ont l’habitude des luttes sociales. Mais cela permet aussi à beaucoup de gens qui sont désabusés ou peu politisés de se mettre en mouvement, d’agir et de ne plus se sentir impuissant.

Le mouvement de la transition est venu du Royaume-Uni où, historiquement, le recours à l’État providence est moins fort. « N’attendons pas les gouvernements, passons à l’action », est leur leitmotiv. Il s’agit de retrouver des leviers d’action là où une puissance d’agir peut s’exercer, sans les politiques ni l’État : une rue, un quartier, un village. Le rôle des animateurs du mouvement est de mettre chacun, individu ou collectif, en relation.

Le mouvement de la transition semble être configuré par les espaces où un citoyen peut encore exercer sa puissance d’agir : la sphère privée, sa manière de se loger ou de consommer, son quartier... Le monde du travail, où cette puissance d’agir est actuellement très limitée, voire empêchée, mais qui demeure le quotidien de millions de salariés, en est-il de fait exclu ?

Pas forcément. C’est ce qu’on appelle la « REconomy » : bâtir une économie qui soit compatible avec la biosphère, prête à fournir des services et fabriquer des produits indispensables à nos besoins quotidiens. Cela ne se fait pas seulement sur son temps libre. Ce sont les coopératives ou l’entrepreneuriat tournés vers une activité sans pétrole, évoluant avec un climat déstabilisé. Ce sont aussi les monnaies locales. Tout cela représente aujourd’hui des millions de personnes dans le monde [4]. Ce n’est pas rien.

La transition, c’est l’histoire d’un grand débranchement. Ceux qui bossent dans et pour le système, qui est en voie d’effondrement, doivent savoir que cela va s’arrêter. On ne peut pas le dire autrement ! Il faut se débrancher, couper les fils progressivement, retrouver un peu d’autonomie et une puissance d’agir. Manger, s’habiller, se loger et se transporter sans le système industriel actuel, cela ne va pas se faire tout seul. La transition, c’est un retour au collectif pour retrouver un peu d’autonomie. Personnellement, nous ne savons pas comment survivre sans aller au supermarché ou utiliser une voiture. Nous ne l’apprendrons que dans un cadre collectif. Ceux qui demeureront trop dépendants vont connaître de grosses difficultés.

Ce n’est pas un peu brutal comme discours, surtout pour ceux qui n’ont pas forcément la capacité ou la marge de manœuvre d’anticiper l’effondrement ?

La tristesse, la colère, l’anxiété, l’impuissance, la honte, la culpabilité : nous avons successivement ressenti toutes ces émotions pendant nos recherches. Nous les voyons s’exprimer de manière plus ou moins forte au sein du public que nous côtoyons. C’est en accueillant ces émotions, et non en les refoulant, que nous pouvons faire le deuil du système industriel qui nous nourrit et aller de l’avant. Sans un constat lucide et catastrophiste d’un côté, et des pistes pour aller vers la transition de l’autre, on ne peut se mettre en mouvement. Si tu n’es que catastrophiste, tu ne fais rien. Si tu n’es que positif, tu ne peux pas te rendre compte du choc à venir, et donc entrer en transition.

Comment, dans ce contexte, faire en sorte que l’entraide et les dynamiques collectives prévalent ?

Le sentiment d’injustice face à l’effondrement peut être très toxique. En Grèce, qui est en train de s’effondrer financièrement, économiquement et politiquement, la population vit cela comme une énorme injustice et répond par la colère ou le ressentiment. C’est totalement légitime. La colère peut être dirigée, avec raison, contre les élites, comme l’a montré la victoire de Syriza. Mais elle risque aussi de prendre pour cible des boucs émissaires. On l’a vu avec le parti d’extrême droite Aube dorée qui s’en prend aux étrangers et aux immigrés. Traiter en amont la question des inégalités permettrait de désamorcer de futures catastrophes politiques. C’est pour cela que les syndicats et les acteurs des luttes sociales ont toute leur place dans le mouvement de la transition.

Recueilli par Ivan du Roy

En une : déchets et pollution sur une plage de Malaisie / CC epSos .de

Photo de Pablo Servigne : © Marie Astier / Reporterre

Photo de Raphaël Stevens : © Jérôme Panconi

 

 A lire : Comment tout peut s’effondrer ; petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, Pablo Servigne, Raphaël Stevens, Ed du Seuil (collection anthropocène), avril 2015, 304 p. 19€.

 Face aux risques d’effondrement, découvrez notre carte des alternatives en France ainsi que notre rubrique Inventer.

Comparatif entre les prévisions du Club de Rome de 1972 et la situation actuelle en matière d’épuisement des ressources, de production agricole et industrielle, d’accroissement de la population, d’augmentation de la déforestation et de la pollution globale...

Notes

[1] Pablo Servigne est ingénieur agronome et docteur en biologie. Raphaël Stevens est expert en résilience des systèmes socio-écologiques. Ils sont tous les deux les auteurs de Comment tout peut s’effondrer, Ed. du Seuil, avril 2015.

[2] Entre 1995 et 2010, la planète a perdu en moyenne 10 hectares de forêt par minute, selon la FAO.

[3] Voir leur livre, traduit en français : « Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous ».

[4] Voir notre carte des alternatives en France ainsi que notre rubrique Inventer.

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16/01/2015

Mauras visionnaire

GrandeMosquée.JPG(Au moment de la construction de la grande mosquée de Paris, en 1926)

"Il n’en est pas moins vrai que nous sommes en train de faire une grosse sottise. Cette mosquée en plein Paris* ne me dit rien de bon.

Il n’y a peut être pas de réveil de l’islam, auquel cas tout ce que je dis ne tiens pas et tout ce que l’on fait se trouve être la plus vaine des choses. Mais si il y a un réveil de l’Islam, et je ne crois pas que l’on puisse en douter, un trophée de la foi coranique sur cette colline Sainte-Geneviève où tous les plus grands docteurs de la Chrétienté enseignèrent contre l’Islam représente plus d’une offense à notre passé : une menace pour notre avenir (…)

La construction officielle de la mosquée et surtout son inauguration en grande pompe républicaine, exprime quelque chose qui ressemble à une pénétration de notre pays et à sa prise de position par nos sujets et nos protégés. Ceux-ci là tiendront immanquablement pour un obscur aveu de faiblesse (…)

J’aperçois, de ci de là, tel sourire supérieur. J’entends, je lis telles déclarations sur l’égalité des cultes et sur les races. On sera sage de ne pas les laisser se propager, trop loin d’ici, par des hauts parleurs trop puissants Le conquérant trop attentifs à la foi du conquis est un conquérant qui ne dure guère.

Nous venons de transgresser les justes bornes de la tolérance, du respect et de l’amitié. Nous venons de commettre le crime d’excès.

Fasse le Ciel que nous n’ayons pas à le payer avant peu (…)"

Charles Maurras, Action Française du 13 juin 1926

06/01/2015

Si vous le voulez bien!

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VOEUX 2015 !

Ca devient compliqué de souhaiter ses voeux ! (mais conforme à la Lex americana qui s'applique à l'Europe avec l'appui actif des autorités de nos pays)

Je vous prie d'accepter, sans aucune obligation implicite ou explicite de votre part, mes vœux à l'occasion du solstice d'hiver et du premier de l'an, en adéquation avec la tradition, la religion ou les valeurs existentielles de votre choix, dans le respect de la tradition, de la religion ou des valeurs existentielles des autres, ou dans le respect de leur refus, en la circonstance, de traditions, religions ou valeurs existentielles, ou de leur droit de manifester leur indifférence aux fêtes populaires programmées.

Ces vœux concernent plus particulièrement :

- la santé, ceci ne supposant de ma part aucune connaissance particulière de votre dossier médical, ni d'une quelconque volonté de m'immiscer dans le dialogue confidentiel établi avec votre médecin traitant ou votre assureur avec lequel vous auriez passé une convention obsèques ;

- la prospérité, étant entendu que j’ignore tout de la somme figurant sur votre déclaration de revenus, de votre taux d'imposition et du montant des taxes et cotisations auxquelles vous êtes assujetti ;

- le bonheur, sachant que l'appréciation de cette valeur est laissée à votre libre arbitre et qu'il n'est pas dans mon intention de vous recommander tel ou tel type de bonheur.

Nota Bene :

Le concept d'année nouvelle est ici basé, pour des raisons de commodité, sur le calendrier grégorien, qui est celui le plus couramment utilisé dans la vie quotidienne de la région à partir de laquelle ces vœux vous sont adressés. Son emploi n'implique aucun désir de prosélytisme. La légitimité des autres chronologies utilisées par d'autres cultures n'est absolument pas mise en cause.

Notamment :

- le fait de ne pas dater ces vœux du yawm as-sabt 1 Safar de l'an 1434 de l'Hégire (fuite du Prophète à Médine) ne constitue ni une manifestation d'islamophobie, ni une prise de position dans le conflit israélo-palestinien ;

- le fait de ne pas dater ces vœux du 2 Teveth 5773, ne constitue ni un refus du droit d'Israël à vivre dans des frontières sures et reconnues, ni le délit de contestation de crime contre l'humanité ;

- le fait de ne pas dater ces vœux du 3ème jour (du Chien de Métal) du 11ème mois (Daxue, Grande Neige) de l'année du Dragon d'Eau, 78ème cycle, n'implique aucune prise de position dans l'affaire dite "des frégates de Taïwan" ;

- le fait de ne pas dater ces vœux du Quintidi de la 3ème décade de Frimaire de l'an 221 de la République Française, une et indivisible, ne saurait être assimilé à une contestation de la forme républicaine des institutions.

Enfin, l'emploi de la langue française ne sous-entend aucun jugement de valeur. Son choix tient au fait qu'elle est couramment pratiquée par l'expéditeur (qui n’est pas l’auteur de ces lignes que j’espère vous trouverez amusantes).

Tout autre idiome a droit au respect tout comme ses locuteurs.

Clause de non-responsabilité légale :

En acceptant ces vœux, vous renoncez à toute contestation postérieure.

Ces vœux ne sont pas susceptibles de rectification ou de retrait.

Ils sont librement transférables à quiconque, sans indemnités ni royalties.

Leur reproduction est autorisée.

Ils n'ont fait l'objet d'aucun dépôt légal. Ils sont valables pour une durée d'une année, à la condition d'être employés selon les règles habituelles et à l'usage personnel du destinataire.

A l'issue de cette période, leur renouvèlement n'a aucun caractère obligatoire et reste soumis à la libre décision de l’expéditeur.

Ils sont adressés sans limitation préalable liée aux notions d'âge, de genre, d'aptitude physique ou mentale, de race, d'ethnie, d'origine, de communauté revendiquée, de pratiques sexuelles, de régime alimentaire, de convictions politiques, religieuses ou philosophiques, d'appartenance syndicale, susceptibles de caractériser les destinataires.

Leurs résultats ne sont, en aucun cas, garantis et l'absence, totale comme partielle, de réalisation n'ouvre pas droit à compensation.

En cas de difficultés liées à l'interprétation des présentes, la juridiction compétente est le Tribunal habituel du domicile de l'expéditeur.

Après ce petit préambule je me permets donc de vous adresser mes vœux.

BONNE ANNÉE 2015







30/12/2014

Bourbaki

Bourbaki. — On croit avoir fait l'éloge d'un général par le mot : bravoure. Cela dirait beaucoup pour un soldat, pour un colonel ; cela n'est rien pour un commandant d'armée. La bravoure (mépris du danger) est le mérite des gens qui n'ont pas d'autre mérite ; la plupart des animaux sont braves parce qu'ils sont inintelligents ; les bêtes stupides ne reculent jamais ; les bêtes frottées à l'homme cèdent et fuient dès qu'elles sentent leur infériorité. L'homme moyen d'aujourd'hui, et même le plus humble, a trop de nervosité pour être naturellement brave ; alors, le sentiment surmonté, la bravoure lui sera un mérite. Mais le général en chef a un autre devoir : l'intelligence, — et, ici, précisée : le coup d'œil, la décision, l'autorité. Bourbaki, brave colonel, fut un général misérable, comme tous ses contemporains. Faut-il dire : puisqu'il fut battu ? Presque, car la seule utilité sociale d'un général est d'être vainqueur. Les Romains, durs et logiques, dégradaient le général vaincu ; les Hollandais pendirent un amiral qui s'était laissé battre. Bourbaki, d'ailleurs, essaya de se tuer. L'intention était bonne — quoiqu'il eût mieux fait de tuer ses adversaires. On a vraiment abusé du noble gloria victis, de cette parole suprême qu'on n'a peut-être pas eu le droit de prononcer plus de trois ou quatre fois depuis le commencement de l'histoire. Proférée à propos des défaites de 1870, elle signifie simplement : gloire à l'incapacité.

 Qui fera l'anthologie des sottises proférées sur ce sujet, depuis plus de vingt-cinq ans ? A quelles niaiseries, à quelles pauvretés verrait-on alors toujours accolée l'idée de patrie ! Il est incompréhensible que ce mot ne puisse jamais s'avancer seul, dans sa nudité significative. Je lisais hier : « En dehors de l'église, l'armée est le seul endroit où l'on parle encore de ces choses démodées qu'on appelle le dévouement, le désintéressement, l'abnégation, l'esprit de subordination et de sacrifice, où l'on apprend à un misérable, qui n'a souvent ni feu ni lieu, qu'il doit se faire tuer pour ceux qui possèdent, dans une soumission sublime à l'entité idéale intangible, qu'il ne comprend pas et qui s'appelle : patrie. » Cynisme ? Non. L'auteur de ces lignes est un publiciste catholique, honorable, estimé, M. A. de Ganniers, et l'opinion qu'il expose est très répandue. La phrase est anthologique ; j'espère qu'elle sera recueillie par les journaux populaires.

Rémy de Gourmont, 1897.

09/12/2014

L'idée olympienne et le droit naturel

II résulte des exemples choisis dans les chapitres précédents que pour comprendre un grand nombre de phénomènes de l’époque contemporaine il faut adopter comme points de référence des idées et des principes appartenant à ce que nous avons l’habitude d’appeler monde de la Tradition. Ceci vaut également pour le domaine politique et social. Aujourd’hui, on ne se rend pratiquement plus compte du niveau auquel nous sommes tombés à cause des forces et des mythes qui mènent l’Occident moderne. La dimension intérieure et le sens profond de nombreuses structures et conceptions font défaut, en raison précisément de l’inexistence de points de référence corrects et de la distance qui est la condition de toute vision claire.

La décadence de l’idée d’État, l’avènement de la démocratie, l’idée « sociale » et même le nationalisme comme phénomène de masse rentrent dans ce cadre. On ne sait plus du tout ce que cela signifie. Ailleurs, nous nous sommes (1) occupé de cette question et nous avons rappelé que, pour s’orienter, il faut partir de la dualité entre « forme » et « matière ». Pour les Anciens, la « forme » a désigné l’esprit, la matière la nature, la première se rattachant à l’élément paternel et viril, lumineux et olympien (ce terme étant pris dans un sens qui deviendra clair pour le lecteur), la seconde à l’élément féminin, maternel, purement vital. L’État correspond à la « forme », le peuple, le demos, la masse correspondent à la « matière ». Dans une situation normale le principe forme, conçu d’une certaine manière comme doué de vie propre et transcendant, ordonne, freine, limite et dirige vers un niveau plus élevé ce qui se rapporte au principe matière. La « démocratie », dans son sens le plus large, implique non seulement la dissociation de cette synthèse entre les deux principes qui définit toute organisation supérieure, mais aussi l’autonomie et la prédominance du principe matériel – peuple, masse, société – vers lequel se déplace désormais le centre de gravité. De l’État il ne reste plus alors que l’ombre : c’est l’État vide de tout contenu, réduit à la simple structure « représentative » et administrative du régime démocratique, c’est l’État de droit dans lequel un ensemble de lois abstraites, dont le sens originel a été perdu, représente l’extrême point de référence normatif ; on a enfin l’« État socialiste du travail » ou des « travailleurs » et autres choses du même genre.

C’est de cette mutilation que dérivent le matérialisme foncier et le caractère purement « physique » des organisations sociales modernes. Toute base manque pour que chaque activité acquière un sens supérieur, pour que la « vie » tende à participer à ce qui est « plus-que-vie », selon les voies et les disciplines connues en d’autres temps. Quand on demande aujourd’hui à l’individu de servir, de ne pas envisager seulement ses intérêts personnels égoïstes, on le fait uniquement au nom de la « société », de la « collectivité », c’est-à-dire d’abstractions et, en tout cas, de quelque chose qui n’implique aucune rupture qualitative de niveau, le matérialisme n’étant certes pas refoulé avec le passage de l’individu à la société et à la collectivité, mais pouvant être au contraire renforcé par ce changement. On pourra trouver un développement de ces idées dans notre ouvrage mentionné plus haut.

Nous nous pencherons ici sur un point particulier, sur ce qu’on appelle le « droit naturel», droit qui a joué un rôle important dans les idéologies subversives modernes. Le fond même de cette idée, c’est une conception utopique et optimiste de la nature humaine. Selon la doctrine du droit naturel, ou jusnaturalisme, des principes immuables, innés chez l’homme et donc universels, existeraient au sujet du juste et de l’injuste, du licite et de l’illicite ; et ce qu’on appelle la « raison ordonnée » pourrait toujours les reconnaître. L’ensemble de ces principes vise à définir le droit naturel, qui revêt ainsi plus ou moins les caractères mêmes de la morale, de sorte qu’on voudrait lui attribuer une autorité, une dignité et une force profondément impérative que le « droit positif » – c’est-à-dire le droit défini par l’État – ne posséderait pas. A partir de là, on a pu mettre l’État en accusation ou du moins minimiser son autorité. Ses lois, en effet, ne seraient justifiées que par la pure nécessité, n’auraient pas de justification supérieure, devraient être mesurées, pour être légitimes, par le « droit naturel ». L’Église catholique elle-même a suivi cet ordre d’idées, non sans raison et sur un plan polémique, pour s’opposer au principe de la pure souveraineté politique au nom des « droits naturels de l’homme », qui s’identifient plus ou moins, sous leur forme moderne, aux « immortels principes » jacobins de 1789. L’Église a souvent été la gardienne et la vengeresse du droit naturel, pour s’arroger justement une position supérieure à celle de l’État.

Que l’on nage ici parmi les simples abstractions est prouvé par le fait qu’après des siècles et des siècles de controverses personne n’est jamais parvenu à donner une définition précise et univoque de la « nature humaine » au singulier, de la naturalis ratio, et du critère objectif pour estimer ce qui lui est vraiment conforme. En général, on n’a pu se référer qu’à quelques principes élémentaires réputés tacitement nécessaires pour que la vie en société soit possible (c’est ainsi que Grotius parle de « ce qui convient à la nature humaine raisonnable et sociable »). Mais c’est ici que l’équivoque se présente : divers types d’unité sociale sont en effet concevables et ont existé, et les prémisses « naturelles » des uns ne sont pas les mêmes, ou ne sont que partiellement les mêmes, que celles des autres. D’ailleurs, au moment d’abandonner la formule générale et de définir le droit naturel, qui devrait être unique et universel, on a tantôt ajouté, tantôt retranché tel ou tel principe, selon les auteurs et les époques.

Par exemple le jusnaturalisme des XVll et XVIII siècles s’est bien gardé de se rappeler certaines idées que les auteurs anciens incluaient à coup sûr dans le « droit naturel ; » on signalera seulement que dans l’Antiquité le droit naturel, bien souvent, n’excluait pas l’institution de l’esclavage.

II est cependant incontestable que partout où il est question de droit naturel on retrouve un certain dénominateur commun, un noyau aux caractéristiques typiques qui ne correspond pas du tout à la nature humaine en général, mais bien à une certaine nature humaine, par rapport à laquelle la « société » prend une forme et un sens tout à fait particuliers. Le droit naturel n’est en rien le droit au singulier, valable et évident partout et pour tous, mais seulement une forme du droit, la conception particulière du droit qu’eurent un type de civilisation et un type d’homme bien définis. Quant à l’idée selon laquelle ce droit, à la différence du droit politique, correspond à la volonté divine, ou qu’il est en lui-même normatif, ou encore qu’il est enraciné dans la conscience de l’homme en tant qu’être de raison, et ainsi de suite jusqu’à l’« impératif caté- gorique » de Kant, tout cela est mythologie pure, tout cela n’est qu’un appareil spéculatif au service de ceux qui défendent et cherchent à faire prévaloir ce qui répond à une mentalité donnée et à un certain idéal de la vie en société (2).

Le caractère éthique, pour ne pas dire sacré, conféré au droit naturel est nié au droit positif, né, dit-on, de la nécessité, voire même de la violence – et l’on en arrive en effet à concevoir parfois les institutions du droit politique positif comme magis violentiae quam leges. II est assez évident que tout cela est propre à la façon de voir d’une civilisation déjà entrée dans la phase laïque et rationaliste. II est établi en effet qu’aux origines il n’y eut jamais de loi purement politique, de droit purement « positif » ; aux origines le droit fut un ius sacrum, tirant l’essentiel de son autorité normative d’une sphère qui n’était pas simplement humaine.

Cela fut vrai dans le domaine des constitutions politiques les plus variées, pour les villes comme pour les États et les empires, et même la science moderne de l’Antiquité a dû le reconnaître. Cette situation devait déjà s’être obscurcie dans les consciences en raison d’un processus d’involution lorsqu’on opposa le droit naturel au droit positif, en réservant au premier et en refusant au second une origine et un caractère éthiques et spirituels. II faut donc relever en passant que nous sommes en présence d’un paradoxal renversement de valeurs : on distingue l’existence naturaliste des hommes qui vivent more barbarorum, en dehors de telle ou telle civilisation supérieure, des hommes qui vivent dans un ordre positif, bien articulé, hiérarchique, centré sur l’idée d’État, mais on en conclut que les premiers seraient avantagés sur les seconds. Eux seuls vivraient selon la naturalis ratio, eux seuls suivraient la « loi de Dieu écrite dans le coeur des hommes », tandis que les autres ne respecteraient que des normes créées par la nécessité, révocables, imposées à l’homme par l’homme.

Les apologistes du « bon sauvage », les Rousseau et compagnie se contentèrent de tirer les conséquences logiques de ce point de vue.

Étant établi que dans les lois particulières des États antiques il n’y avait pas d’opposition entre droit naturel et droit positif, que ce qu’on appelle le droit naturel ne possède aucune dignité spéciale mais n’est qu’une forme du droit visant à un certain type d’unité sociale, il faut maintenant envisager ce qui est en quelque sorte la « constante » de toutes les théories jusnaturalistes, à savoir l’égalitarisme. Tous les hommes seraient égaux selon le droit naturel ; selon Ulpien, l’égalité ne s’étendrait pas seulement aux êtres humains, elle serait également valable pour tous les êtres vivants. Le droit naturel proclame la liberté illimitée, intangible et innée de chaque individu. C’est pourquoi le même Ulpien, dans l’Antiquité, souligna l’absurdité juridique de la manumissio, c’est-à-dire de l’affranchissement des esclaves, l’état d’esclavage n’existant pas selon le droit naturel tel qu’il le concevait. Sous ses formes pures le droit naturel est lié à une conception communiste de la propriété – communis omnium possessio -, qui procède logiquement de l’idée selon laquelle le droit des égaux est égal. Mais relevons sans tarder un détail révélateur. Selon le droit naturel antique, l’enfant né d’unions naturelles, illégitimes, était considéré comme le fils, non du père, mais de la mère, et ce même dans les cas où il n’était pas difficile d’établir la paternité.

On doit à un spécialiste génial de l’Antiquité, J-J. Bachofen, presque totalement oublié par la culture actuelle, la définition de l’idée qui est à l’origine de cette façon de voir les choses. Bachofen l’a découverte dans la conception « physico-maternelle » de l’existence. Celle-ci se rapporte à un type de civilisation qui ne sut concevoir rien de plus élevé que le principe physique de la génération et de la fécondité naturelle, personnifié, sur le plan religieux et mythologique, par des divinités maternelles et surtout par la Terre Mère, Magna Mater.

Devant la Mère génératrice tous les êtres sont égaux. Son droit ignore exclusivismes et différences, son amour a horreur de toute limite, sa souveraineté n’admet pas que l’individu s’arroge un droit particulier sur ce qui appartient « par nature » collectivement à tous les êtres. Ce qui distingue l’individu, ce qui le rend différent d’un autre, est ici insignifiant. La qualité de « fils de la Mère » accorde à chacun un droit intangible, sacré et égal. A l’égalité s’associe l’intangibilité physique et, en général, un idéal spécifiquement fraternel et social de la vie organisée est affirmé comme « conforme à la nature ». Tout cela implique obligatoirement un matriarcat explicite. Les origines peuvent être oubliées, le fond religieux chthonien (lié à la « terre ») peut devenir totalement invisible, mais n’en subsister pas moins dans un esprit et un pathos précis, dans une conformation intérieure : ce qui est le cas lorsqu’on soutient abstraitement, de façon rationaliste, les principes du droit naturel.

On sait ce que le droit le plus ancien de Rome contient d’irréductible à cet ordre d’idées : la puissance paternelle, l’autorité virile du patriciat, du Sénat et des Consuls, la conception même de l’État et, enfin, la théologie de l’imperium. II y eut donc dans la Rome antique une opposition entre un droit et des institutions correspondant à ces orientations, et des formes particulières, s’appuyant sur certains cultes, appartenant aux couches de l’antique civilisation méditerranéenne généralement appelée pélasgienne, au centre de laquelle on retrouve, sous des expressions typiques, le culte des Grandes Mères de la nature, de la vie, de la fécondité. Si nous nous référons à l’origine du droit qui se concrétisa positivement dans l’État romain, nous avons comme facteur déterminant jusqu’à une certaine période et pour les strates supérieures de la romanité, une conception religieuse, de nouveau, mais opposée cette fois à la conception chthonienne : car la souveraineté de l’État et de sa loi exprima ce que l’homme antique d’origine indo-européenne attribua aux puissances paternelles de la Lumière et du ciel lumineux contre les divinités maternelles de la Terre ou du Ciel. C’est pourquoi Christof Steding a pu parler à juste titre des « divinités olympiennes du monde politique ». Nous avons déjà rappelé que les divinités ouraniennes et olympiennes furent aussi celles qui régissaient le monde conçu comme cosmos et ordo. La conception grecque du cosmos, d’un tout ordonné et articulé, qui équivaut à la notion indo-européenne de rta, revient dans l’idéal romain de l’État et du droit, et une correspondance étymologique (rta, ritus) nous permet de saisir le sens le plus profond du ritualisme sévère qui était la contrepartie du droit patricien romain.

Ce droit était différencié et, par opposition au droit naturel, avait en propre le principe hiérarchique. Au lieu de l’égalité des individus devant la Grande Mère, on avait le principe d’une dignité différenciée fondée sur une origine donnée, sur une position particulière occupée au sein d’une lignée, d’une gens, sur les rapports avec la res publica, enfin sur des vocations spécifiques. La plèbe, en revanche, posséda une forme de droit et un idéal communautaire où l’origine, la lignée, la distinction particulière de l’individu ne pesaient pas grand-chose. Dans les débuts la communauté fut d’ailleurs placée avant tout sous la protection de divinités féminines et chthoniennes vengeresses.

En réalité, dans l’État romain antique la plèbe avait surtout adoré, même en des temps assez reculés, des divinités de ce genre, et les plébéiens étaient précisément désignés, dans le langage du droit, « les Fils de la Terre ». La relation entre certaines particularités de ces cultes et l’atmosphère du « droit naturel » est également significative. Les fêtes mêmes, à Rome, en l’honneur de ces déesses comprenaient souvent une sorte de retour à l’état de justice tel que le concevait le droit naturel primordial, l’abrogation momentanée des critères du droit positif : on y célébrait le retour à l’égalité universelle qui ne connaît ni privilèges ni différences de lignée, de sang, de sexe et de caste. En outre, c’est dans le temple de Féronia. une de ces Mères, qu’était situé le trône de pierre sur lequel les esclaves s’asseyaient pour être affranchis, obtenant de la déesse la reconnaissance de leur parité naturelle avec les hommes libres ; Fides et Fidonia étaient deux autres divinités féminines analogues qui, comme l’a rappelé précisément Bachofen, protégeaient maternellement la plèbe contre les invida iura et les malignae leges (équivalant aux formes du droit positif politique et patricien), ce qui explique la présence d’un temple construit en leur honneur par les affranchis. Nous retrouvons d’autres divinités ou figures féminines légendaires liées aux premières revendications de la plèbe ; elles apparaissent aussi dans les cultes de l’Aventin, le mont si cher à la plèbe. Et lorsque Ulpien justifie par le droit naturel l’attribution à la mère des fils engendrés hors des normes du droit positif, il ne fait que reprendre un vieux point de vue matriarcal (resté très vivant parmi les Étrusques), selon lequel les enfants étaient avant tout enfants de la mère, non du père, et portaient le nom de la mère. Bien d’autres détails du même genre pourraient être allégués ; ils renvoient tous à la même perspective.

Les formes du « droit naturel » qui l’emportèrent toujours plus dans le cadre de la Rome tardive et décadente doivent donc être considérées comme le reflet de la domination alors exercée, à Rome, par les classes sociales inférieures et mêlées. II ne s’agit donc pas – il importe de le souligner – d’une école juridique précise, mais d’un ethnos donné et d’une civilisation donnée qui réapparurent durant la période de l’écroulement universaliste de l’Empire. Le personnage d’Ulpien, homme de sang phénicien, est d’ailleurs très probant. Le présumé « droit naturel » doit être jugé en fonction d’une phase de la contre-offensive menée par le monde méditerranéen asiatique et pélasgien contre Rome, et qui se faisait aussi par la diffusion croissante de cultes et de moeurs exotiques dans la romanité décadente. Sous différents aspects, le christianisme poursuivit cette action, et après la justification théologique donnée au principe de l’égalité de tous les hommes, il n’y a pas lieu de s’étonner de la place accordée par le catholicisme au droit naturel.

Sans aller plus loin dans le cadre de ces références aux origines, ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que les principes du droit naturel ne sont pas les principes indispensables à la vie en société, mais des principes qui visent à fonder et à légitimer un certain type de société. En langage moderne, ils correspondent à une « éthique sociale », opposée à une « éthique politique » . Un certain type d’homme existe, et a toujours existé, pour lequel ce qui est « conforme à la nature » , profondément impératif, c’est un ensemble de principes et de valeurs qui non seulement ne sont pas identiques à ceux du droit naturel, mais qui les contredisent partiellement, tout en conservant eux- mêmes un certain caractère d’uniformité et d’universalité. A la place de l’égalité, de la liberté et de la fraternité, on trouve ici au premier plan les principes de la différence, de l’inégalité, de la justice (au sens du suum cuique) et donc de la hiérarchie ; l’idéal d’une unité non fraternaliste, communautaire et naturaliste, mais héroïque et virile ; non l’éthique de l’« amour », mais l’éthique de l’« honneur ». Celui qui lira notre ouvrage Révolte contre le monde moderne y découvrira justement la récurrence d’orientations et de formes typiques possédant ces caractères, qui furent évidentes pour une certaine humanité et qu’elle reconnut sur des bases essentiellement spirituelles. pour en faire les fondements d’un autre type de civilisation et de société.

Mais on ne peut ignorer le fait que le « droit positif » a lui aussi revêtu, par la suite, des caractères qui l’ont souvent fait ressembler à ce qu’il aurait toujours été si l’on en croit les jusnaturalistes. II peut avoir représenté la codification de formes imposées par un pouvoir brutal, privé de toute légitimité ; encore plus souvent, il a été ramené au droit courant qui régit la société bourgeoise au niveau d’une routine (3) de l’État-administration.

Quant à l’État de droit, il repose, comme nous l’avons signalé, sur une sorte de fétichisme du droit positif, un droit positif vidé et sans âme, auquel on prétend attribuer une immutabilité et une validité absolues, comme s’il était descendu du ciel propre et net, comme s’il n’était pas la solidification d’une situation politique et sociale donnée, la création d’un certain groupe humain dans l’histoire. Toutes ces choses ne sont que sous-produits et déviations. Mais le reconnaître n’entame en rien ce que nous avons dit au sujet de toute revendication s’inspirant du « droit naturel » dans le cadre de la démocratie, de l’idéologie sociétaire et même d’un certain christianisme engagé dans une lutte contre l’idée politique et éthique de l’État.

Notre excursus, nécessairement sommaire, fait comprendre le sens profond de ces bouleversements subversifs : il ne s’agit pas ici de concepts abstraits et philosophiques, mais des indices signalétiques d’une régression, de l’apparition et de la victoire de l’homme d’une certaine race intérieure, du déclin d’un type d’homme supérieur, de ses symboles et de son droit. La crise du monde traditionnel a favorisé la renaissance d’un substrat foncièrement « matriarcal »et naturaliste aux dépens du prestige dont jouissait précédemment le symbole paternel, qui subsista dans les grandes dynasties européennes « de droit divin ». La « matière » qui se libère de la « forme » et qui devient souveraine : démocratie, masse, « peuple », « nation », communauté ethnique et de sang opposée à tout ce qui est État – ce sont autant de variantes de ce bouleversement ; ce sont les principes d’un idéal politique et d’un lien entre les individus qui ne sont plus virils et spirituels, mais qui se rapportent essentiellement à une substance naturaliste, au monde de la quantité et, éventuellement, aux sentiments collectifs irrationnels enflammés par des « mythes ».

La remarque d’un auteur déjà cité, Steding, selon laquelle ce sont les natures spirituellement féminines, « matriarcales », qui se déclarent pour le « peuple » et la «société», qui conçoivent la démocratie comme l’apogée de toute l’histoire mondiale, cette remarque garde une valeur incontestable.

Dans un autre chapitre nous verrons sur quel plan se situent certaines revendications contemporaines typiques touchant au domaine sexuel (la « révolution sexuelle ») ; et nous pourrons alors constater que d’autres courants de l’époque convergent aussi vers le même point que celui dont nous avons parlé.

Notes

(1) Dans notre livre Les hommes au milieu des ruines. Paris, 1972, chapitre III.

(2) Rappelons un exemple historique significatif de l’origine d’un certain droit naturel. La Couronne anglaise avait accordé progressivement aux citoyens certains droits dans le domaine purement politique, à la suite de différents conflits. Ces droits furent absolutisés par Locke et dans la déclaration américaine d’indépendance et ils reçurent carrément un fondement théologique : ces droits historiques furent transformés en « droits naturels » antérieurs et supérieurs à toute société politique, inaliénables et conférés par Dieu à la créature.

(3) En français dans le texte (N.D.T.).

Julius EVOLA, L'arc et la massue, chapitre VIII.