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06/01/2008

Le Prophète et la Cabale

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La Leo Strauss in the French newspapers

mercredi 11 avril 2007, par Adeimantos

Article originally written on September 13, 2003

Il est de bon ton ces derniers mois, en France, de réduire la politique étrangère des États-Unis d’Amérique à quelques conseillers qui auraient trouvé leur inspiration chez Leo Strauss, professeur de philosophie politique à l’Université de Chicago de 1949 à 1971, décédé en 1973 à l’âge de 74 ans. Quiconque cherche à s’informer connaît l’existence de cet homme obscur par les gazettes, la radio et la télévision. Obscur certes, mais semble t-il prodigieusement influent, puisqu’il serait à l’origine de la nouvelle doctrine américaine de défense des États-Unis et de tout ce qui de prés ou de loin peut être rapporté à l’influence du néo-conservatisme politique.

Le Philosophe et la Cité

Être l’inspirateur d’une politique est en effet l’ambition du philosophe qui se mêle des affaires de la Cité. C’est au moins à une méditation de cette expérience que nous convie Platon dans son œuvre, singulièrement dans sa Lettre VII. Si le lien entre le philosophe et la vie politique est sinon revendiqué, du moins problématisé dans les œuvres classiques de la philosophie, du Hiéron de Xénophon au Prince de Machiavel et si la vie politique est évidemment une source de méditation constante pour le philosophe, il n’en reste pas moins que la tentative de Platon pour conduire Dion de Sicile à infléchir le régime de Denys de Syracuse vers plus de modération s’est soldée par une déconvenue. C’est par euphémisme que l’on doit parler du sort du philosophe pris dans l’étau de l’action politique : Machiavel, après Platon, en fit l’amère expérience et la carrière d’Alexandre, élève d’Aristote, ne fut pas exactement à l’origine des régimes mixtes qu’avaient médités son maître. Il serait cependant inexact de dire que les idées philosophiques n’ont aucune prise sur l’expérience humaine, comme il serait imprudent d’affirmer que les idées ne sont pas au pouvoir. Encore faut-il accorder au philosophe le bénéfice du doute, se méfier de la théorie des " éminences grises ", rendre à César ce qui lui appartient , se méfier des mécaniques du complot et autres cabales, dont le fumet antisémitique est toujours nauséabond.

Puissance ou faiblesse du professeur ?


suite ici.

11/01/2006

Leo Strauss et la crise de la rationalité contemporaine

Corine Pelluchon , Leo Strauss une autre raison, d'autres lumières : Essai sur la crise de la rationalité contemporaine, Vrin 2005.

 

S'interroger sur l'héritage des Lumières modernes, c'est prendre la mesure de la crise de la rationalité contemporaine. Le communisme, le nazisme et les dérives de la démocratie ont déclenché la remise en cause d'un projet de civilisation lié à un idéal de maîtrise de l'homme et de la nature qui conduit à une nouvelle forme de tyrannie. Strauss pense que la crise de notre temps vient du fait que la question de la fin de l'homme a été exclue de la politique. Il procède à un examen de la modernité sur la base d'une reconstruction des Lumières qui montre où se situe la rupture entre les Anciens et les Modernes. Cet angle d'attaque explique son intérêt pour Jacobi et sa focalisation sur Spinoza et Hobbes dont les Lumières radicales reposent sur une définition de la raison et de l'homme qui est contestable. Elle souligne ce que les Modernes ont perdu dans leur combat contre la tradition. Mais la notion de Loi comme totalité religieuse, sociale et politique qui est commune aux philosophes grecs et aux auteurs juifs et arabes du Moyen Age complique la querelle entre Anciens et Modernes : pour Strauss, les Modernes sont chrétiens. Il s'agit donc de réactualiser le rationalisme classique et de penser la tension entre Jérusalem et Athènes qui est liée aux véritables Lumières. Celles-ci constituent une contribution positive à la philosophie politique, dont la propédeutique est la décomposition de la conscience religieuse et politique moderne. En analysant les présupposés qui nous empêchent d'échapper à la dialectique destructrice de la modernité, serons-nous enfin éclairés ? Quel est donc le testament de ce philosophe qui croise, sur le chemin du retour à la tradition, Rosenzweig et Scholem, débat avec Schmitt et Kojève, ne suit ni Kant ni Hegel, mais souhaite dépasser le nihilisme en restant fidèle à Maïmonide ?

 

 

Les maux du libéralisme

Nicolas Weill, LE MONDE DES LIVRES | 08.09.05

A propos de l’ouvrage de Corine Pelluchon

Comment s'attaquer à l'individualisme démocratique sans sombrer dans le nihilisme ni le fondamentalisme, et en évitant les pièges d'une pensée régressive, nostalgique d'un ordre révolu ? L'étude minutieuse que Corine Pelluchon propose de la philosophie de Leo Strauss (1899-1973) dévoile quelques-uns des chemins étroits de la critique constructive.

Ce philosophe juif allemand, émigré depuis 1937 aux Etats-Unis, ne constitue pourtant pas un cas facile. Revendiqué par une partie des "faucons" de l'actuelle administration américaine comme père spirituel, Strauss est aussi attaqué par les adversaires des néoconservateurs, pour son "élitisme" forcené et son éloge supposé du "noble mensonge" (au peuple), considérés comme autant de preuves d'un penchant secret pour la "tyrannie".

L'originalité de cet essai consiste à montrer que ces deux lectures résultent d'un contresens sur la notion de "Lumières" chez Strauss. Parce que ce dernier situe au XVIIe siècle la source du relativisme moderne, il serait à ranger dans le camp des rétrogrades, voire des réactionnaires, hostiles au libéralisme contemporain que les auteurs de ce temps auraient préfiguré.

Or rien n'est plus inexact que ce tableau, montre de façon convaincante Corine Pelluchon. Si Strauss est assurément un conservateur, il se présente avant tout comme un pédagogue qui excelle à diagnostiquer les maux du libéralisme mais sans sortir de ses limites et sans jamais indiquer d'alternative. Ce qui reste de lui, ce serait donc une inquiétude pour la liberté et non sa remise en cause.

Strauss reproche en effet aux Lumières modernes d'avoir dissocié la religion de la politique, et, par contrecoup, d'avoir fait de la foi une simple affaire de morale individuelle. Ce geste qui définit selon lui les "Lumières" dites "radicales" parce qu'elles évacuent, avec la dimension théologique, de la politique la question du bien-vivre dans la cité. Sans bien commun, le prosaïsme triomphe. Quand la nostalgie de l'héroïsme s'allie comme en Allemagne à une tradition fortement imprégnée de militarisme, cela donne le nazisme, que Strauss a dû fuir.

Cette modernité qui pour nous va de soi doit donc être restituée pour ce qu'elle est : l'objet d'un choix opéré à partir de Hobbes et de Spinoza, confondant la justice avec les droits d'un individu, épuisé dans son autonomie.

LA RÉVÉLATION ET LA RAISON

Le second pas nous entraîne à la découverte d'"autres Lumières", en l'occurrence le rationalisme médiéval incarné par les philosophes arabes comme le platonisant arabe Al-Farabi ou le juif aristotélicien Maimonide. Leurs oeuvres, en maintenant intacte la tension entre la révélation et la raison, font signe dans une autre direction.

Cet essai prouve en tout cas qu'il existe désormais une école straussienne européenne qui se montre plus attentive qu'on ne l'est aux Etats-Unis aux sources allemandes et juives de Strauss. Reprendre la querelle des Anciens et des Modernes, tel serait donc le remède aux maux de la modernité ? La rouvrir, en tout cas pour Strauss, signifie peut-être s'abstenir de la trancher.

08/01/2006

Leo Strauss. L'esprit de son intervention philosophique

Par Olivier Berichon-Seyden

Qui est Leo Strauss ? Poser cette question n'est pas seulement légitime pour ceux d'entre nous qui ne connaissent pas cet écrivain ; ceux qui le connaissent se la posent aussi et sont contraints de le faire. Car Leo Strauss, et c'est l'impression que je souhaiterais pouvoir transmettre ce soir, est quelqu'un d'étrange, sa pensée résiste à toute préhension réductrice et elle exige une implication et une participation qui font que ce qui est le plus important est plus de l'ordre de l'expérience que l'on y fait que des opinions qui y sont exprimées ; car derrière les difficultés Strauss est aussi quelqu'un d'extraordinaire et de merveilleux. Je vais commencer par un détour dans le passé, qui est, à bien des égards, le lieu de naissance de la pensée....

Lien vers la suite du texte:

http://constitutiolibertatis.hautetfort.com/files/strauss...