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19/10/2012

La convergence des catastrophes (Guillaume Faye)

tornado.jpg« La convergence des catastrophes » est un ouvrage de Guillaume Faye, sous pseudo Guillaume Corvus. Le sujet : nous allons vers une crise monstrueuse, qui éclatera probablement dans les premières décennies du XXI° siècle, parce que plusieurs lignes de fracture convergent vers cette période.

Certains estiment que cet ouvrage est disqualifié par la personnalité de son auteur, qu’ils décrivent comme « un alcoolique, un fou furieux, un agent rémunéré par l’Etat d’Israël ». Je n’ai pas l’heur de connaître Faye, donc je ne sais pas ce qu’il y a de vrai là-dedans. Mais quoi qu’il en soit, il est tout de même intéressant de savoir ce qu’il dit.

Car, comme on va le voir, si l’auteur est très contesté, sa thèse ne manque pas de pertinence.

*

Les lignes de fractures qui convergent vers la décennie 2010-2020 :

- La cancérisation du tissu social européen, par l’effet de l’immigration-invasion, qui détruit le socle anthropologique, de la consommation croissante de drogue, l’implosion de l’école, l’explosion de la famille, l’anéantissement de la culture populaire, submergée par la culture en kit portée par les médias, le tout devant déboucher sur un Nouveau Moyen Âge.

- Les conséquences économiques du papy-boom en Europe, car des pays vieillissant voient leur économie ralentir.

- Le chaos croissant dans les pays du Sud, qui se sont industrialisés au rebours de leur culture traditionnelle, et finiront dans le chaos social.

- La menace d’une crise économique globale, beaucoup plus grave que celle des années 30 (Faye écrit au début des années 2000).

- La montée des intégrismes religieux, principalement l’islam, qui seront dangereux en particulier du fait d’un « plan de conquête de l’Europe » établi par les autorités religieuses du monde musulman (Faye, en tout cas, en semble persuadé).

- L’accroissement des tensions sur la ligne de confrontation Nord-Sud, tensions difficilement gérables car fondé sur des enjeux et des sentiments collectifs profonds.

- L’accroissement incontrôlé de la pollution à l’échelle planétaire, qui menace la survie de l’espère humaine (référence à l’effet de serre, que Faye considère comme scientifiquement démontré).

- L’épuisement des ressources naturelles (hydrocarbures et eau potable, en particulier).

- L’implosion latente de l’Union Européenne, qui ouvrira la voie à une réorganisation anarchique du continent.

- Les contre-effets de certaines technologies (par exemple l’efficacité décroissante des antibiotiques, au fur et à mesure que les bactéries se mithridatisent).

- Les risques liés à la prolifération nucléaire du Tiers-Monde.

- La probabilité croissante d’une guerre civile ethnique en Europe.

Conclusion : étant donné que ces facteurs convergent vers la même période historique, et qu’ils vont entrer en collision tôt ou tard, le XXI° siècle ne sera pas le prolongement progressiste du monde actuel, mais le surgissement d’un autre univers. Ce sera la fin de l’illusion du Progrès ininterrompu, illimité et universel.

Ce sera aussi, pour un Guillaume Faye que je qualifierais de « franc dans son propos », la fin de l’homme comme animal malade, affligé de « la conscience, une maladie à l’échelle de l’évolution ». Pour Faye, l’homme est d’abord une expérience ratée, parce que son néocortex ne fonctionne pas suffisamment en symbiose avec son cerveau primitif – d’où le développement d’une culture incohérente et destructrice, produisant un « arrêt des processus de sélection naturelle ». Il n’est pas interdit de voir, dans cet argumentaire de Faye, le signe que la pensée de cet auteur est connotée. Faye fait un constat de faillite de l’homme tel qu’il est gouverné, mais on pourrait aussi faire un constat de faillite des méthodes de gouvernement de l’homme. Il est intéressant de noter que l’hypothèse d’autres méthodes, donnant d’autres résultats, n’est pas abordée par Guillaume Faye. Il n’est pas absurde d’y voir le signe que Guillaume Faye, homme de droite, s’interdit de penser une transformation radicale de la société qui permettrait, enfin, l’invention d’un autre avenir humain.

Cela dit, quoi qu’on pense des prédicats implicites du Faye idéologue, il faut cependant reconnaître que ses remarques sur nos méthodes d’extrapolation sont judicieuses. Nous raisonnons toujours, dit-il, en fonction des extrapolations rassurantes mais faibles – c'est-à-dire celles dont la vérification n’est pas assurée. Alors que des extrapolations inquiétantes mais fortes sont ignorées. A partir de là, la logique où nous nous inscrivons nous conduit à multiplier les erreurs. Nous partons du principe que nous pouvons prolonger les courbes, alors qu’elles vont casser – et même quand nous savons d’évidence qu’elles vont casser, nous nous entêtons à les prolonger.

En réalité, nous raisonnons ainsi, nous dit Faye, parce que la catastrophe qui vient vers nous est si immense qu’elle est impensable. L’utopie d’une terre peuplée par huit milliards d’hommes n’est tout simplement pas tenable. Mais la conséquence de son implosion est si terrible, que nous refusons de voir l’inéluctable.

A cela s’ajoute le fait que nous séparons excessivement les domaines de l’analyse. Nous devrions nous intéresser davantage aux travaux du mathématicien René Thom, qui explique qu’un système est un ensemble toujours fragile, qui peut basculer d’un coup dans le chaos, du fait d’une accumulation de facteurs, dont beaucoup ont agi souterrainement de manière longtemps invisible. En réalité, notre civilisation technologique mondiale est un colosse aux pieds d’argile. Tant qu’elle tient, on ne se rend pas compte de sa fragilité. Mais la multiplication des petites fractures, se renforçant l’une l’autre, finira par produire un effondrement général. Faute d’avoir acquis une vue de synthèse, faute d’avoir fait surtout la synthèse de ce qu’on ne voit pas au premier coup d’œil, nous avons l’illusion que tout continue comme avant – alors qu’en réalité, le chaos est déjà en train de s’installer.

*

Les principales dates de la convergence seront, pour Faye, les suivantes (et entre parenthèses, mes commentaires) :

- Dans les années 2010, l’économie mondiale connaîtra une crise majeure (perdu : ça a commencé dès 2007 – cela dit, je ne jette pas la pierre à Faye, jusqu’à très récemment, je pensais comme lui que nous avions une décennie de plus), et Faye, si l’on en juge par l’ordre de sa présentation, pense que l’Europe ouvrira le bal du fait de son vieillissement, avec en particulier les comptes publics français (perdu : la bulle de l’endettement a craqué par le privé, pas par les comptes publics, et aux USA d’abord, pas en Europe – là aussi, pas de reproche à faire à Faye : honnêtement, en 2006 encore, j’étais persuadé que les maîtres du système financier international s’arrangeraient pour faire craquer les Etats avant les banques, et je pensais que vu leur poids militaire, les USA auraient la puissance requise pour imposer leur monnaie « fiat » – je n’ai compris que les USA ouvriraient le bal que très tard, en 2007, grâce à Pierre Larrouturou).

- L’Europe, en pleine décadence, engagée dans une spirale d’involution extrêmement rapide dans tous les domaines (démographique, économique, spirituelle, politique), sera incapable de faire face aux conséquences de la crise. Elle n’a plus le ressort nécessaire, les bases de la vie en société ont été anéanties, même en période normale ça ne fonctionne plus – alors en période de crise ! (Je suis totalement d’accord : si cette masse d’individus schizophrénisés forme encore une société, une vraie société capable de se prendre en main par son propre mouvement, je veux bien me faire moine !).

- Vers 2020, si l’on en croit certains prévisionnistes, le changement climatique va devenir très perceptible, avec des conséquences lourdes sur la production mondiale de nourriture (qui vivra verra…).

- Vers cette date, l’explosion des villes du Tiers-Monde atteindra le stade où les gouvernements achèveront de perdre le contrôle (effectivement très probable).

- Les tensions vont s’accroître partout sur la planète, avec en particulier un « affrontement global Islam/Occident (mouais, on y croit de moins en moins : de multiples affrontements islam/occident oui, le Grand Jihad qui va nous manger tout crus, non), une guerre au moins froide Chine/USA (ça, par contre, c’est bien possible), une guerre probablement chaude entre Inde et Pakistan (pas exclu), l’embrasement général du Moyen-Orient (en tout cas, certains y travaillent !) ». Ce sera le début du siècle le plus belliqueux de l’Histoire, en comparaison duquel la Seconde Mondiale fera figure de querelle de bac à sable (très possible).

- Aucune tentative de conciliation avec l’Islam ne sera possible, estime Guillaume Faye, pour qui « l’Islam est impossible à réformer », car la séparation de l’Eglise et de l’Etat est impensable dans le monde musulman (pas faux à mon avis, sauf si la proportion de musulmans reste assez faible pour qu’ils n’aient aucune chance de s’imposer à terme). Donc, aux conflits mondiaux entre puissances, s’ajoutera un conflit métalocal partout où les musulmans seront présents, et en particulier en Europe (là encore, tout dépend des proportions).

- En Israël/Palestine, seule une séparation en deux Etats viables permettrait la survie à terme de l’Etat d’Israël, menacé par la poussée démographique des Palestiniens et des Arabes en son sein. Faye estime que la politique du « Grand Israël » est une absurdité, qui entraînera à terme la disparition d’Israël, parce que jamais les Juifs ne pourront contrôler entièrement le territoire qu’ils visent. Seule une politique d’apartheid total permettrait la survie d’Israël : évacuation des colonies juives, deux Etats totalement étanches l’un à l’autre, plus aucun Juifs dans les anciens territoires occupés (la question des Arabes israéliens est laissée en suspens, mais on croit comprendre que dans la logique fayesque d’ethnicisation totale, ils seront priés d’aller voir de l’autre côté du Mur). Et, ajoute notre agent du MOSSAD préféré (du moins si l’on en croit ses détracteurs), un Israël ainsi enfermé sur ses frontières de 67 serait viable, et assez puissant pour manipuler ses voisins… (je n’ai pas d’opinion, c’est une question assez secondaire à mes yeux – Faye y consacre nombre de pages, mais bon, il avait peut-être un contrat à honorer…).

- Dans les pays anciennement Blancs qui, comme l’Afrique du Sud, passeront sous pouvoir africain (Noir, en particulier), le retour à la barbarie est probable, comme en Afrique du Sud (reconnaissons que l’exemple du pays « arc en ciel » donne pour l’instant raison à notre racialiste numéro un). D’une manière générale, l’Europe va connaître une guerre civile ethnique terrible, opposant les conquérants « beurs » et « blacks » à des autochtones vieillissants et faibles (lire Eurocalypse pour avoir mon opinion ! – sur ce point, la seule différence entre Faye et moi, c’est que lui souhaite le désastre, parce qu’il est racialiste, alors que je ferai tout pour l’empêcher, parce que je ne suis pas racialiste… mais pour le reste, le pronostic est finalement presque le même : je ne suis pas optimiste.).

- Dans ce contexte de chaos croissant, on assistera à une criminalisation générale de la planète (ce n’est pas une prévision, c’est un constat).

- La Terreur deviendra un « art de vivre » (Faye est, reconnaissons-le, doté d’un certain sens de l’humour !). La plupart des conflits « chauds » ne seront pas, dans un premier temps, ouverts et déclarés (très probable). Ils seront conduits via des groupes manipulés, avec un recours régulier à l’hyper-terrorisme, avec frappes par aéronefs suicides, attaques des centrales nucléaires, bioterrorisme par dispersion de souches bactériennes, empoisonnement des canalisations d’eau potable, attaques de camions suicides – voire au « giga-terrorisme », avec bombes atomiques rudimentaires ou miniaturisées dans les grandes villes, et bombes radiologiques dans les mêmes conditions (je pense que ça finira par arriver, mais si c’est le cas, ce sera très peut-être le fait d’une manipulation par un gouvernement désireux de suspendre les libertés démocratiques à la faveur d’un Etat de guerre non déclarée).

- Des conflits nucléaires sont probables, à terme, étant donné l’ampleur des famines et du désordre généré par l’implosion de l’économie mondiale. Il y aura des « guerres désespérées » pour l’eau, la nourriture et l’énergie (logiquement, c’est en effet ce qui se produira – ah, chic planète…).

- Au terme d’un cycle destructeur terrifiant, l’humanité se réorganisera sur des bases différentes. C’en sera fini de l’universalisation, de l’application d’un seul modèle (occidental au départ) à toute la planète. Une élite restreinte conservera un accès à la technologie, le reste de l’humanité retournera aux sociétés pré-technologiques (ici, je n’arrive pas à savoir si Faye fait un pronostic ou émet un souhait. C’est la différence avec Attali : avec le mondialiste en chef, au moins, on ne se pose pas la question !).

- Bien entendu, le PIB mondial se contractera énormément, et la population actuelle devra être divisée par un fort quotient, faute de ressources. L’humanité sera, nous dit Guillaume Faye, la variable d’ajustement du processus (terrible expression, mais prévision point du tout absurde). Faye estime que vu l’effondrement du niveau technologique, nous reviendrons à la population du XVII° siècle, en hypothèse haute, soit en gros une division par huit. Il envisage trois scénarios : un « doux » (l’Europe devient un territoire du Tiers-Monde mais reste organisée, l’Afrique sombre dans le chaos, l’Asie continue temporairement à tirer la croissance mondiale – la civilisation mondiale plie, mais ne rompt pas) ; un « dur » (l’Europe devient une sorte de chaos néo-médiéval, on vit dans les ruines de l’Ancien Monde) ; un « très dur » (La population mondiale est divisée par 20, toute l’infrastructure économique mondiale est par terre, même dans les pays développés, l’Afrique revient au Néolithique, l’Europe est en l’An Mil, quelques Cités-Etats militarisées conservent le niveau technologique du début du XX° siècle). Et Faye ajoute que ce troisième scénario est, à ses yeux, le plus probable (mon opinion : c’est le moins probable ; je pense que, sous réserve de ce qui suit, c’est le scénario « doux » qui a de fortes chances de se réaliser, voire, si les mauvaises décisions sont prises, le « dur »).

*

Que dire en conclusion ?

Tout simplement qu’en refermant le bouquin de Faye, il vous reste trois choses à faire :

1 - Le grand absent du discours de Guillaume Faye, c’est la Révolution (ah mais, si on parlait des choses sérieuses…)

Donc militez dans un mouvement politique qui tente une transformation radicale de la société (à vous de voir quel mouvement pour quelle transformation), puisque comme disait Castoriadis, socialisme ou barbarie, telle est l’alternative – ou bien nous refondons radicalement notre monde, ou bien nous aurons droit à l’avenir imaginé par Faye, c’est clair et net.

2 - Indépendamment de votre activité militante, achetez un grand terrain à la campagne pour y construire un bunker survivaliste avec source d’eau fraiche, éolienne, et bien planqués pas trop loin, quelques flingues. Complément indispensable : pour faire bonne mesure, construisez un réseau d’autodéfense, avec des gars qui achètent à proximité, pour ne surtout pas rester isolé. Tout ceci dans l’hypothèse hautement improbable où la transformation radicale de la société échouerait, n’est-ce pas ?

3 - Et pour finir, une fois votre Alamo personnel organisé, filez votre pognon à une œuvre charitable quelconque. Ou bien flambez-le, si vous estimez préférable de vous payer une dernière nouba. Allez-y à coups de champagne super-luxe, caviar, etc. De toute façon, pourquoi garder de l’argent dans ces conditions ? Vous auriez l’air fin avec votre plan d’épargne plein, à Ragnarok J+1 !

 

Écrit par Michel Drac,

http://www.scriptoblog.com/index.php?option=com_content&view=article&id=185:la-convergence-des-catastrophes-guillaume-faye-&catid=49:geopolitique&Itemid=55

Commentaires

Je vous applaudis pour votre paragraphe. c'est un vrai travail d'écriture. Continuez .

Écrit par : MichelB | 13/08/2014

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