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17/01/2010

L'immigrationnisme

 

Par Pierre-André Taguieff, philosophe, politiste et historien des idées, directeur de recherche au CNRS (CEVIPOF, Paris)

Le grand chantage des bien-pensants interdit de poser correctement les problèmes liés à « l'immigration » et pousse à la fuite dans l'utopisme aux mains pures. Ce chantage aux visages multiples est l'expression d'une désertion et d'une démission : insouciance quant la vie quotidienne des citoyens actuels, irresponsabilité à l'égard du devenir de la communauté nationale. Il est aussi l'indice, particulièrement en France, d'une forme émergente de mésestime de soi, voire de mépris de soi, lequel peut se radicaliser en haine de soi. Nombre de Français ne s'aiment plus et n'aiment plus leur pays, qu'ils prennent plaisir à réduire à un passé criminel et à un présent décadentiel. D'une façon générale, ce chantage de la bien-pensance a pour principal effet de transformer la politique en une impolitique, et, ce faisant, de désarmer les nations démocratiques face aux nouvelles menaces.

(la suite est accessible en cliquant sur l'image)

 

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Revolution in Europe

Christopher CALDWELL : Reflections on the Revolution in Europe. Immigration, Islam and the West. (London et New York, Doubleday, 2009, 365 pages.)

Le vrai sens du livre est donné par son sous-titre : "Can Europe be the same with different people in it ?"

L'Europe peut-elle rester la même avec en son sein  des peuples différents ?

Caldwell est à ma connaissance le premier à poser la question dans toute son étendue et dans toute sa complexité. Est-ce parce qu'il a le courage d'ouvrir un dossier que les Européens s'efforcent de tenir fermé depuis des dizaines d'années, bien que sans l'ouvrir, ils en sachent déjà parfaitement le contenu ? Le livre devrait faire scandale. Mais parce qu'il détruit des clichés imposés, auxquels personne ne croit plus, et parce qu'il porte au jour des pensées qu'on n'ose plus formuler publiquement, il est possible qu'il soit enterré dans une fosse profonde entourée d'une palissade. On verra s'il est bientôt traduit.

L'exposé est remarquablement clair. Chapitres et sous-chapitres sont si bien ordonnés qu' on en saisit l'idée dés quon a lu les titres. C'est parce que nous savions déjà ces choses au fond de nous-mêmes que leur cohérence éclate maintenant qu'elles sont mises sous nos yeux.

L'Europe doit faire face à deux problèmes qui sont distincts bien qu'ils se recouvrent partiellement et qu'on les confondent souvent volontairement, pour ne pas en prendre conscience. Le premier est celui de la capacité de l'Europe à assimiler les immigrants, le second est celui de la difficulté qu'elle rencontre avec l'islam.

L'Europe avait-elle besoin d'autant d'immigrants ? Au lendemain de la guerre, il le semblait, et nul ne songeait à élever des barrières institutionnelles. Il ne faut pas comparer le phénomène à la récente immigration hispanique aux États-Unis, qui se produit dans une économie  post-industrielles, mais plutôt à l'immigration noire des États du Sud, au début du XX é siécle vers les industries du Nord, en besoin de main-d'oeuvre. Encore une fois, l'Europe avait-elle vraiment besoin de tous ces immigrés ? L'argument “capitaliste” est que cette main d'oeuvre a sauvé beaucoup d'industries. En fait c'était des industries condamnées. L'immigration a retardé les gains de productivité, et au prix de coûts latéraux dont le calcul n'a jamais été fait. L'argument “socialiste” est que le rajeunissement général provoqué par l'immigration, avec son taux élevé de natalité, a permis de sauver le Welfare  State. Mais il est devenu évident qu'elle ponctionne ce Welfare State plus qu'elle ne lui apporte. Il est donc facile de refuter ces deux arguments. Mais si on ne le faif pas, si on n'ose pas le faire, c'est à cause du second problème : la difficulté que rencontre l'Europe avec l'islam. En effet l'Europe a cru importer de la “main-d'oeuvre”, pour prendre un terme abstrait et général, une population passive, un simple facteur de production. Elle s'est aperçue qu'elle importait des êtres humains, doués d'une volonté propre.

L'idée d'Europe? Idée d'origine élitaire, avait une dimension morale. Il était cru comme un dogme, dans ce milieu, que les cultures étaient d'égale dignité, ce qui revenait à dire qu'elles se valaient. L'idéologie de tolérance descendit dans les masses et se durcit en tolérance intolérante. Les lois mémorielles criminalisent non plus des faits, mais des opinions et des croyances. L'Allemagne, la Suisse les adoptèrent après la France. Une peur vague de penser ce que l'on pense se répandit.

Pendant de nombreux siècles, en Europe, l'islam avait été ressenti, avant tout examen, comme l'ennemi inconditionnel. Cet instinct immémorial, qui dispensait de le connaître, avait été documenté et justifié au XIX siècle par les premiers savants islamistes, qui à l'instar de Renan le tenaient en peu d'estime. Le fanatisme qu'on lui attribuait n'était pas pourtant perçu comme un danger, bien moins en fait que le fanatisme religieux que l'europe avait nourri en elle-même et que les Lumiéres continuaient de redouter. L'islam était extérieur et au loin.

Mais il ne l'est plus. Il y a probablement plus de 20 millions de musulmans installés en Europe, 5 en France, 4 en Allemagne, 2 en Angleterre. Ils approchent de la majorité à Amsterdam et Rotterdam, à Marseille, à Duisbourg et Cologne, dans maintes villes anglaises. Leur taux de fécondité est supérieur. En Autriche, par exemple, il est de 2,34 contre 1,31 pour les catholiques et 0,82 pour ceux qui se déclarent sans religion. À Bruxelles, où 57 % des nouveaux-nés sont musulmans, les sept premiers prénoms qui sont donnés aux garcons sont Mohamed, Adam, Rayan, Ayoub, Mehdi, Amine et Hamza (en 2006). Dans certaines banlieues, il forme une société paralléle, autoségrégée, créant des espaces pour la Charia, construisant des mosquées, capable même de “désassimiler”

ceux qui avaient auparavant progressé dans l'”assimilation”. Ces faits méritent d'autant plus d'attention que le jus soli à la française est plus ou moins adopté en Allemagne, en Espagne, et que de toute façon personne ne pense plus que ces populations pourraient repartir, encore moins être éxpulsées.

C'est alors que fleurissent les mythes providentiels de la diversité et du métissage. Ils sont

encore une manière de transfigurer une inquiétude qu'on ne veut pas s'avouer. Caldwell produit des faits qui indiquent, selon lui, que l'islam constitue une supra identité et que les jeunes musulmans se sentent tels prioritairement avant de se déclarer français, allemands ou anglais. Il n'y aurait pas, affirme caldwell, un islam de France, malgré ce dont nos médias veulent nous persuader, pas plus qu'il n'y aura un deutscher islam, un islam italiano. Mais il existe déjà une contre-culure islamique, plus ou moins paneuropéenne, qui se cherche encore et qui prend souvent ses modèles dans la robuste American Black Culture.

Nous en arrivons à un chapitre qui est, selon moi, décisif, mais le plus délicat à traiter : le rapport entre l'islam et le monde chrétien où il a pris domicile. Sachant que les musulmans restent substantiellement fidèles à leur religion, qu'en est-il des chrétiens qui délaissent la leur à vive allure ? Qu'en est-il du fameux dialogue interreligieux ? Caldwell note que jusqu'ici il demeure un voeu pieux et parfaitement unilatéral. Les musulmans n'en ont cure. Pour les non-croyants, les deux confessions n'ont aucune raison de ne pas être mises sur le même pied. L'agnostique, ou le “laïc”, comme on dit en France, tiendra sa position pour plus élevée, plus intelligente, plus libre, ce qui est bien naturel. Beaucoup d'entre eux, cependant, estiment que “tant qu'à faire”, le christianisme est préférable... Jean-Paul II, selon l'auteur, pensait que le sentiment religieux reunissait les chrétiens, les musulmans, les bouddhistes et les rendaient plus proches les uns des autres que les athées. Benoit XVI, lui, met l'accent sur la raison commune et accepte tous ceux qui se laissent conduire par elle. À Regensbourg, il a critiqué en revanche l'irrationalisme d'une religion, l'islam, qui s'affirme pourtant rationnelle de bout en bout.

… L'auteur me fait le plaisir de citer une mienne formule : “L'islam est la religion naturelle du Dieu révélé.” Si le christianisme meurt en Europe, l'islam est un bon candidat pour remplir le vide. Une autre mienne formule avance que l'islam est “une idolâtrie du Dieu d'Israël”. En tant qu'idolâtrie, l'islam plaît naturellement à l'homme qui est, disait Calvin, une “boutique à forger des idoles”. Le Dieu d'Israël, auquel il n'est pas relié par une alliance, est suffisamment hors de portée pour qu'il ne soit pas connu comme il est, mais assez présent pour garantir et sacraliser cette paradoxale relation idolâtrique. D'un côté, l'islam prend comme elle la nature humaine et lui donne des satisfactions (je saute le chapitre touchant le sexe), de l'autre il exalte un sur-judaïsme et un sur-christianisme. Des deux parts, il offre une tentation.

Cependant, l'Occident semble paralysé. Il reste sous le remords du “racisme” et des interdits qui se sont associés à lui. Le principal est “l'antiracisme”, ce “communisme du XXI siècle”. La culpabilité occidentale forme un abri sûr pour les musulmans qui se sont mis sous sa protection.

Y a-t-il un islam “modéré” ? Mais qui peut proposer une définition d'un islam modéré ? Si, comme beaucoup le pensent, l'islam n'a rien à voir avec le terrorisme, pourquoi, demande Caldwell, aussitôt qu'il y a un attentat terroriste quelque part, tous les gouvernements vont-ils enquêter dans ces milieux ? Je n'ai pas d'opinion sur ce point.

Avec justesse , caldwell conclut que l'immigration musulmane de masse procède d'une grappe (cluster) de courants sociaux nombreux et indépendants : la libre économie, l'augmentation de la richesse, les femmes au travail, les inégalités de revenus, le bas taux de fécondité... Ajoutons la crise du christianisme et d'autres courants idéologiques et spirituels. C'est un problème compliqué, immense, auquel on ne voit pas de solution.

Quel avenir ? Caldwell voit deux modèles possibles. Le premier est celui de la société multi-ethnique, type États-Unis. Il le juge peu plausible. L'autre est celui de l'Empire ottoman avec son système du millet, c'est à dire la formation d'une mosaïque de communautés plus ou moins autonomes, sous le contrôle d'un Etat impérial. Ce dernier modèle est plus vraisemblable. Mais, si l'Empire ottoman a vécu sous le régime du millet, à la longue il en est mort, quand les forces centrifuges ont échappé à son contrôle.

On espère que l'ouvrage de Caldwell sera traduit, lu et discuté. Il en vaut la peine.

Alain Besançon

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Les causes de l'implosion démographique

De l'explosion à l'implosion démographique

Jusqu'à la fin des années 80, on avait accepté comme une fatalité une inflation démographiquee galopante sur la majeure partie de notre planète, ce qui devrait nous conduire à une population mondiale de quelque 10 ou 12 milliards d'hommes vers l'an 2020, suivant des estimations optimistes ou  pessimistes.

Pourtant un éco-biologiste universitaire le Professeur Ramade n'hésitait pas à proclamer, dès 1970, que ce ne serait sûrement pas le cas, car la planète ne pourrait pas nourrir convenablement et maintenir en bonne santé une telle population. "Si l'humanité actuelle se révélait incapable de réguler  volontairement sa propre population, la nature disait-il s'en chargera".

Un processus biologique naturel de régulation de la fécondité humaine s'est déclanché. L'Organisation Mondiale de la Santé a constaté qu'entre 1988 et 1994, en six ans, la fécondité des couples a chuté considérablement, aussi bien dans les pays en développement que dans les pays développés. Le taux de remplacement des couples en âge de procréer est passé de 2,7 à 2,3, moyenne de toute la planète, soit une diminution en valeur relative de 15%. Dans certains pays surpeuplés comme l'Algérie ou le  Brésil cette diminution a récemment augmenté, elle atteint en 1994 quelque 25 %.

C'est un facteur strictement biologique qui en est responsable. La mobilité des spermatozoïdes humains a prodigieusement diminué dans toutes les populations, quelles que soient leurs niveaux de développement. Or on sait que la fécondité animale et humaine est directement proportionnelle à  cette mobilité.

Si on prend comme base de calcul une diminution du taux de remplacement des couples de 2,5% par an, on aboutit en vingt ans à une réduction de plus de moitié du remplacement de la population actuelle en âge de procréer. Bien entendu cette extrapolation est linéaire et les phénomènes biologiques ne sont jamais linéaires. La tendance peut s'inverser ou s'accélérer, sans que rien ne permette de le prédire.

D'autres facteurs que le facteur biologique intrinsèque accélèrent encore cette tendance, ce sont essentiellement des facteurs extrinsèques surtout climatiques et sanitaires, ainsi que des facteurs socio-culturels.

Les facteurs climatiques interviennent en premier lieu car ils provoquent la désertification de zones géographiques de plus en plus considérables, ce qui induit une sous-alimentation chronique d'environ un milliard d'hommes. De ce fait ils ne se reproduiront plus ou presque plus. S'ils se reproduisent l'espérance de vie de leurs descendants faméliques sera inférieure à l'âge nubile. Cela provoquera leur quasi extinction en deux générations.

Les facteurs sanitaires sont aussi à prendre en compte. Les pandémies des zones intertropicales comme celle du paludisme et de beaucoup d'autres pour lesquelles on ne dispose d'aucun moyen de lutte économiquement efficace, sont accentuées par une malnutrition chronique des populations.

Plus de deux milliards d'hommes sont actuellement en état de déficience sanitaire grave, ce qui réduit d'autant leur espérance de vie et leur taux de reproduction.

Des facteurs technologiques humains accentuent cette désertification par la surexploitation sauvage des ressources énergétiques biologiques. Pensons à la destruction dans les temps historiques des forêts tempérées de l'ancien monde suivie actuellement par celle des forêts inter-tropicales. Pensons aussi à la surexploitation désertifiante des sols agricoles artificiellement surfertilisés.

Des facteurs culturels entrent aussi en compte. En cette période de récession, planétaire, la polygamie régresse au Sud et les familles nombreuses disparaissent au Nord, ce qui diminue d'autant le nombre  d'enfants à naître lors des générations suivantes. Les causes en sont principalement économiques et contre-carrent efficacement les effets pervers des propagandes dogmatiques de fanatiques religieux.

Dans ces processus de décélération démographique ne comptent que pour mille fois moins les conséquences des catastrophes naturelle, inondations, séïsmes, éruptions volcaniques, celles des guerres, même planétaires, ainsi que celles des épidémies comme celle du Sida. Tous ces facteurs confondus ne font actuellement disparaître en vingt ans que quelques millions d'hommes en âge de procréer et non pas des milliards.

Il est très difficile de chiffrer la résultante combinée de tous ces facteurs. Ce que l'on peut certainement dire c'est qu'ils vont tous dans le même sens, à savoir une diminution drastique de la population à venir de la planète. Le phénomène nous est masqué au début par la surpopulation  effective actuelle, surestimée lors des recensements mondiaux pour des raisons économiques et culturelles, car une famille nombreuse est traditionnellement une richesse, une assurance sur l'avenir et le gage d'une assistance financière nationale et internationale. Il a fallu un changement  radical de point de vue partant d'enquêtes médicales natalistes et épidémiologiques pour mieux saisir l'évolution démographique à venir de l'humanité.

22:45 Publié dans Apocalypse | Lien permanent | Commentaires (0)

Implosion démographique, catastrophe écologique

L'implosion démographique, prochaine catastrophe écologique

La population mondiale vit trois transitions uniques. Avant l'an 2000, les jeunes ont toujours été plus nombreux que leurs aînés : depuis quelques années, c'est l'inverse. Jusqu'à 2007, les ruraux l'emportaient en nombre sur les citadins. À partir des années qui viennent, ce sera l'inverse. Depuis 2003, la majorité des hommes vit dans un pays ou une région du monde où la fécondité est inférieure à 2,1 enfants par femme, niveau qui permet le strict remplacement des générations. La fécondité médiane est passée en cinquante ans de 5,4 enfants à 2,1.

L'avenir de la population mondiale sera marqué par six évolutions majeures, dont nous venons de discuter aux Entretiens du XXIe siècle organisés par Jérôme Bindé à l'Unesco sur le thème « Population : de l'explosion à l'implosion ? ».

La croissance de la population au cours de la seconde moitié du XXe siècle aura été l'un des événements majeurs de l'histoire. D'ici à 2050, la population mondiale, qui est aujourd'hui de 6,6 milliards, pourrait atteindre 9,2 milliards, selon l'hypothèse moyenne des Nations unies.

Cette croissance ralentit fortement, du fait de la transition démographique. Son accélération au Sud - même en Afrique, on en perçoit les premiers signes dans nombre de pays - montre bien qu'il n'y a pas de fatalité dans les problèmes de population. Le XXe siècle aura été pour l'homme celui de l'apprentissage de son destin : après avoir différé la mort, l'être humain en vient à maîtriser la vie, en choisissant un nombre d'enfants conforme à ses souhaits. Certes, le déclin de la fécondité reste très inégal selon les régions et les pays. Il est en proportion avec l'éducation, le niveau de formation, notamment celui des filles, et le développement. Pourtant, la transition démographique a aussi lieu dans nombre de pays où les femmes n'ont qu'un accès limité à l'éducation et au marché du travail : selon les démographes, ce sont les écrans de télévision qui ont promu une nouvelle compréhension de la condition féminine et une certaine idée de la liberté.

La quasi-totalité de l'accroissement de la population, d'ici à 2050, aura lieu dans les pays en développement. C'est donc à un bouleversement de la « carte démographique » que l'on va assister. Alors qu'en 1950, la population du Sud représentait à peu près le double de celle du Nord, ce sont 86 % de la population mondiale qui vivront en 2050 au Sud !

 

Si les tendances actuelles se poursuivent, la totalité de l'accroissement de la population, d'ici à 2050, aura lieu dans les villes. La révolution urbaine en cours est titanesque : il va falloir édifier en moins d'un demi-siècle l'équivalent de 3 000 villes d'un million d'habitants !

De profondes inégalités affectent en outre la population mondiale : la population humaine est d'abord très inégalement répartie, 10 % des terres émergées accueillant plus de 60 % des habitants de la planète. Quant à l'espérance de vie à la naissance, elle varie encore presque du simple au double entre les pays les plus avancés et certains des pays les plus pauvres, tels que la Sierra Leone ou l'Afghanistan. La mortalité infantile a considérablement diminué : mais sa réduction a été bien plus lente dans quelques pays d'Asie et surtout en Afrique.

Un dernier déséquilibre et une dernière inégalité vont peser lourd : le vieillissement, qui résulte du déclin de la fécondité et de la hausse de l'espérance de vie. Il affectera très différemment les sociétés. En 2050, près d'une personne sur 3 aura plus de 60 ans au Nord, et une personne sur 5 dans les pays en développement.

Au Nord, un spectre hante les sociétés vieillissantes : la dépopulation qui pourrait gravement affecter, en l'absence de compensations migratoires, nombre de pays au cours des prochaines décennies. De plus, les pays les plus riches risquent de connaître une perte de dynamisme global, ainsi que des problèmes de relations entre générations, de financement des régimes de sécurité sociale et de retraites et d'éthique (faudra-t-il prolonger au maximum la vie ou assurer à tous une vieillesse de qualité ?).

Au Sud, se posera une question cruciale : comment répondre au vieillissement quand font défaut les systèmes de protection sociale fondés sur l'État providence (assurance-maladie, systèmes de retraite), et quand, du fait de la modernisation et de l'urbanisation, les solidarités sociales et familiales se délitent ? Mais d'ici à quelques décennies, c'est l'ensemble de la population mondiale qui pourrait lentement imploser, car il n'y a pas la moindre raison de croire que la chute de la fécondité, une fois amorcée, s'arrête comme par miracle au niveau de remplacement.

 

Que de défis à relever en attendant - et j'ai à peine évoqué celui des migrations internationales - en termes de sécurité alimentaire, d'emploi, de lutte contre la pauvreté, de santé publique, de logement, d'infrastructures, d'environnement et de promotion d'un développement durable !

Dès 1795, Condorcet a eu l'extraordinaire intuition que le danger de la surpopulation, où il voyait le risque d'une « diminution du bonheur », pouvait être maîtrisé grâce une hausse de la productivité, à une meilleure gestion et prévention des déchets et à un essor de l'éducation - notamment celle des filles.

Face aux menaces que la population fait peser sur l'environnement, Condorcet avait déjà anticipé la « dématérialisation » de la croissance : « Le même produit de l'industrie, écrivait-il, répondra à une moindre destruction de productions premières, ou deviendra d'un usage plus durable. »

Face à ces défis, où sont les priorités ? Seul l'essor d'authentiques sociétés du savoir nous permettra de faire face tant à l'accroissement de la population qu'à son vieillissement. Promouvoir une croissance équitable et un développement fondé sur l'intelligence, la science, les technologies, modifier nos styles de vie et nos modes de production et de consommation seront d'absolues nécessités. Mais la priorité des priorités sera bien sûr l'éducation.

L'éducation de base d'abord et notamment celle des filles, car c'est le meilleur contraceptif. Selon une étude, dans certaines régions où les filles sont exclues de l'enseignement secondaire, une femme a en moyenne 7 enfants. Lorsque le taux d'inscription des filles passe à 40 %, cette moyenne descend à 3 enfants. Mais l'éducation pour tous tout au long de la vie devra être reconnue comme une priorité essentielle, car c'est elle qui est la réponse au vieillissement des populations et à l'élévation de l'espérance de vie.

Face à l'obsolescence croissante des savoirs, à la nécessité de se recycler et de changer de métier, à l'impératif de rester « en forme », la demande d'éducation va de plus en plus s'étaler tout au long de l'existence. C'est au fond une bonne nouvelle : certes la population mondiale va vieillir, mais l'être humain restera jusque tard dans sa vie dans une position de jeunesse symbolique, puisqu'il ne cessera d'apprendre.

Koichiro Matsuura essai lefigaro_BaseV4All lefigaro_BaseV4Get lefigaro_BaseV4Traite lefigaro_ImportGet lefigaro_ImportTraite lefigaro_PromoV4Get README.txt trans zizi « Seul l'essor de sociétés du savoir permettra de faire face à l'accroissement et au vieillissement de la population »

14/10/2007

* Directeur général de l'Unesco,

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12/01/2010

Liberté

"La liberté ne peut être absolue parce que l'homme n'est pas Dieu"

"Le chemin à suivre ne peut être fixé par l'arbitraire ou le désir"

 

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09/01/2010

La libération de la parole affole les censeurs

 

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Rioufol : La libération de la parole affole les censeurs

 

8 janvier 2010

Il va être difficile, en 2010, de ­faire taire le peuple. Les censeurs, qui insultent à tours de bras ceux qui, de plus en plus nombreux, refusent d’emprunter leurs parcours fléchés, ne stopperont pas la libération de la parole, dont s’effrayent SOS-Racisme et ses élèves. La glasnost tant attendue s’impose comme l’acquis politique de 2009. Les pandores ont raison de craindre cette révolution : ils y laisseront des plumes. Les épurateurs éthiques vont beaucoup hurler, en agitant Vichy, la Shoah et autres outrances. Mais ils n’empêcheront plus de penser autrement. Cela ressemble déjà à une délivrance.

Drôles de démocrates que ces “progressistes” qui ne supportent pas la parole des autres. Après avoir injurié les Suisses, coupables de s’être prononcés par référendum contre les minarets, ils réclament l’arrêt du débat sur l’identité nationale, qualifié de nauséabond, raciste, islamophobe. Éric Besson, ministre de l’Immigration, a eu beau jeu de leur faire remarquer, mardi, la bonne tenue des commentaires. “Le débat ne se focalise pas sur l’immigration et l’islam”, s’est-il même défendu. Serait-ce donc honteux d’aborder ces sujets ? Ces tabous, qui dissimulent d’évidentes difficultés, sont devenus incongrus.

Le politiquement correct est tellement enraciné chez nos mandarins, que s’annoncent, de leur part, des résistances à la mesure des audaces des affranchis. Mais la pensée obligée traîne trop d’échecs, dont l’obamania n’est qu’un aperçu, pour prétendre encore à l’exemplarité. Ce qui aurait pu être un utile code de civilités s’est mué en une idéologie au service des minorités. La dérive autoritaire de ce conformisme, créateur de délits d’opinions et de lynchages, l’a rendu insupportable. Internet, “bénédiction pour la démocratie française” (Raymond Boudon, Le Figaro, lundi) donnera-t-il le coup de grâce à l’oligarchie ?

Les bilans désastreux des doctrinaires et de leurs perroquets devraient les inciter à la modestie. La déculturation, le surendettement, la désindustrialisation ne sont toujours pas au cœur de leurs préoccupations alors que ces déclins désespèrent les gens. Les élites ne voient-elles pas qu’elles parlent le plus souvent dans le vide ? Leur discrédit est tel que même le discours maternant de l’État sur la nécessité de se faire vacciner contre la grippe A n’a pas été jugé crédible par une majorité de Français. Quand un pays rechigne ainsi, il faut l’écouter dare-dare.

“Pas de Français de souche”

Éric Besson, qui aura tenté brièvement de s’échapper du moule, est-il certain d’avoir bien entendu les Français et de parler en leur nom ? Lundi, à La Courneuve, il a dit : “La France n’est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c’est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n’y a pas de Français de souche, il n’y a qu’une France de métissage.” Mais qui a décidé de ces bouleversements qui coupent les racines d’un trait de plume ? Personne, sinon ces mêmes faiseurs d’opinion. C’est à eux que s’adresse le ministre en leur récitant, pour preuve de sa reddition après l’épreuve du feu, que la France n’est riche que de sa nouvelle diversité (voir mon blog). Le terrorisme intellectuel des coupeurs de têtes a décroché là son premier trophée de l’année.

“Diversité signifie déraciner les vieilles traditions qui excluent les gens et entravent la liberté des nouveaux ­venus”, écrit Christopher Caldwell dans un livre dérangeant qu’aucun éditeur français n’ose à ce jour traduire ni publier (Reflections on the ­Revolution in Europe). Journaliste au Financial Times, il est sur la liste noire de l’Inquisition : elle ne lui pardonne pas d’aborder la difficulté que rencontre l’Europe avec l’islam et de répondre par la négative à la question : le Vieux Continent peut-il rester le même avec en son sein des peuples différents ? Mais c’est ce que Besson semble admettre quand il renonce à maintenir un seul peuple en une nation. Ce réalisme est défendable, même s’il s’apparente à un renoncement. Mais que reproche-t-il au juste aux “Français de souche” ?

En fait, les palinodies sur l’identité nationale rendent le discours public de plus en plus incohérent. L’immigration est présentée comme un non-problème, mais il est aussi admis qu’elle en pose beaucoup ; l’islam demeure intouchable de peur de stigmatiser les musulmans (la critique du christianisme ou du Pape est, elle, sans limite) cependant que la burqa est devenue indésirable ; le chef de l’État parle d’”assimilation” et son ministre de l’Immigration de “conglomérat de peuples”. Quant au nationalisme, qui serait différent de la défense de la nation, il ne serait une vertu que quand les Palestiniens ou des peuples anciennement colonisés s’en réclament. Qui comprend ?

Alléger les concours ?

Et qui comprend le gouvernement quand il assure ne pas vouloir de quotas dans les grandes écoles… tout en y défendant l’objectif de 30 % de “boursiers” ? Au nom de la non-discrimination, mot phare du nouveau catéchisme, Luc Chatel et Valérie Pécresse se sont dits en effet favorables, cette semaine, à une réflexion sur un allégement du contenu des concours de sélection (surtout en anglais et en culture générale) dans l’enseignement supérieur. Un tombereau de calomnies, amorcées par Richard Descoings, directeur de Sciences Po, est alors tombé sur la Conférence des grandes écoles, qui a dit craindre, avec cette formule, une baisse du niveau des connaissances. Quoi ! Oser défendre l’élitisme ! Cependant, il est à parier que, là aussi, le bon sens des Français aurait des choses à dire à cette pensée unique que Philipe Séguin, mort hier, détestait tant. Le Figaro

08:34 Publié dans Action psy | Lien permanent | Commentaires (0)

03/01/2010

Le panneau à Florent

 

 

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Un panneau de sarcophage romain datant du 3e siècle après Jésus-Christ et ayant appartenu notamment à l'écrivain français Emile Zola a été vendu aux enchères jeudi à New York, a annoncé mardi le marchand d'art Sotheby's. Estimé entre 150 et 200.000 $, ce panneau de 2 mètres sur 63 cm a été adjugé pour 1,5 million $, apprend-on. Florent Heintz, vice-président des enchères d'art de l'antiquité romaine et égyptienne assure que la vente aura été particulièrement vive : les acquéreurs potentiels se sont battus pour obtenir cette pièce, particulièrement convoitée.

La pièce  était restée durant près de 300 ans à Rome dans la collection de la famille Borghèse. Zola en aurait fait l'acquisition en 1903 selon des documents que Florent Heintz a retrouvés dans la base de données du Musée du Louvre.

Ce panneau avant de deux mètres de long sur 63 cm de haut, "représentant quatre scènes dionysiaques dans un décor architectural sophistiqué, entouré de satyres et bacchantes, est une pièce rare, il n'en existe que quatre ou cinq au monde", a expliqué à l'AFP Florent Heintz, vice-président des enchères d'art de l'antiquité romaine et égyptienne chez Sotheby's. La découverte de l'acquisition de ce marbre par Emile Zola remonte à quelques jours à peine: le panneau est resté près de 300 ans à Rome dans la célèbre collection de la famille Borghese, puis est apparu successivement chez l'actrice française Cécile Sorel, qui en avait fait un élément de sa baignoire dans son hôtel particulier parisien, et chez Paul Reynaud, ministre sous la IIIe République en France et brièvement président du Conseil avant l'accession au pouvoir du maréchal Pétain. L'histoire de ce panneau avait une zone d'ombre d'une cinquantaine d'années, et en fouillant la base de données du Musée du Louvre, Florent Heintz a découvert qu'il faisait partie d'une "succession Emile Zola" ouverte en 1903, un an après la mort de l'auteur de "Thérèse Raquin" et de la fresque des "Rougon-Maquart".

"Dans son journal intime, Zola raconte comment, lors de son voyage à Rome, un ami diplomate, Edouard Lefebvre de Béhaine, l'avait emmené chez les Borghese, qui, ruinés, soldaient leurs marbres. Le couple Zola en avait acheté une dizaine, dont celui ci", assure Florent Heintz. Les marbres furent livrés en janvier 1895 au domicile parisien de l'écrivain, dont il reste une lettre aux douanes se plaignant du montant des taxes à l'importation qu'il avait dû payer.