15/06/2009
Les Indo-Européens étaient des hommes!
L’étude génétique de 26 individus morts il y a plusieurs milliers d’années en Sibérie du sud a permis de résoudre une énigme vieille de plus de deux siècles : qui étaient les Indo-Européens. C'est le résultat du travail mené depuis sept ans par une équipe réunissant des chercheurs du CNRS, des universités de Strasbourg et de Toulouse III Paul Sabatier, du Ministère des Affaires Etrangères, et de l'université de Krasnoïarsk en Russie.
A la fin du 18e siècle, un juriste anglais, Sir Jones, en poste aux Indes fut frappé par la similitude entre le sanscrit, le grec classique et le latin. Il émit l'hypothèse que ces langues, et d'autres parlées en Europe, « avaient jailli de quelque source commune qui, peut-être, n'existait plus ». Son hypothèse fut confirmée par de nombreux autres linguistes, et la langue originelle fut appelée l'indo-européen. Depuis cette époque, les hypothèses pour expliquer ces rapprochements furent nombreuses. Ces trente dernières années, deux d’entre elles avaient la faveur des scientifiques. La première reliait l'expansion indo-européenne à l’expansion démographique qui a accompagné la diffusion de l'agriculture, entamée dès le début du Néolithique à partir de la Turquie, vers le neuvième millénaire avant notre ère. La seconde liait cette ressemblance à des mouvements de peuples ayant pris naissance dans l’est de l’Europe à la fin du Néolithique et au début de l’âge du Bronze (entre le troisième et le second millénaire avant notre ère).
Des études de paléogénétique menées sur des squelettes de Sibérie du sud, provenant de plusieurs kourganes (tumulus), démontrent qu’à l’âge du Bronze vers 1 700 ans av. J.-C., cette région était peuplée de sujets de type européen aux cheveux et aux yeux clairs dont les lignées paternelles et maternelles étaient justement originaires d’Europe de l’Est, d’Ukraine notamment. Du côté paternel, toutes les lignées appartenaient à un même groupe qui était considéré comme descendant des Indo-Européens. L’hypothèse liant les Indo-Européens et les populations d’Europe de l’Est sort donc renforcée de ces travaux.
Ces résultats sont issus d’une coopération engagée il y a sept ans entre les universités sibériennes de Krasnoïarsk et de Iakutsk et le laboratoire CNRS AMIS (FRE2960 Anthropologie moléculaire et imagerie de synthèse). Cette coopération doit s’intensifier car la Sibérie, au carrefour de l’Asie, de l’Amérique et de l’Europe, « en permettant des analyses génétiques pointues sur des corps gelés inhumés il y a plusieurs centaines d’années détient la clef de l’étude de nombreux peuplements passés » a déclaré le Pr. E. Crubézy, directeur du laboratoire AMIS et des Missions Archéologiques Françaises en Sibérie Orientale du Ministère des Affaires Etrangères. L’équipe, qui a déjà obtenu le label de l’Année France Russie 2010 pour ses travaux en Iakoutie, souhaite consolider la coopération avec les laboratoires russes de Sibérie et des républiques autonomes de la Fédération de Russie.
Eric Crubézy
Chercheur Laboratoire AMIS-CNRS
Université Paul Sabatier – Toulouse III
Tel. : 05 61 14 59 87
23:18 Publié dans Au nom du peuple | Lien permanent | Commentaires (0)
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