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23/11/2014

Euthanasie

« L’euthanasie peut être un bon choix pour les pauvres, qui en raison de leur pauvreté n’ont pas accès à l’aide médicale », telle est la « solution » du problème des patients démunis proposée par le nouveau Ministre de la Santé de Lituanie Rimante Šalaševičiūtė, entrée en fonctions début juin. Elle a immédiatement engagé une discussion sur la légalisation de l’euthanasie en Lituanie, et a déclaré dans une interview que la Lituanie n’étant pas un Etat social, les soins palliatifs n’étaient pas accessibles à tous. C’est pourquoi l’euthanasie peut être un bon choix pour des gens qui « ne veulent pas infliger à leurs proches le spectacle de leurs souffrances ».

05/11/2014

La Grande Europe entravée

Mackinder.jpgLe conflit qui se déroule depuis plusieurs mois en Ukraine est une parfaite illustration d’une constante de la géopolitique anglo-saxonne : s’opposer par tous les moyens à la constitution d’un bloc continental euro-russe.

Cette stratégie très ancienne – elle remonte, en effet, au XVIIIe siècle, a été théorisée dès 1904 par H.J. Mackinder et complétée, beaucoup plus tard, par N. Spykman – s’est manifestée dans la politique de « containment » (« endiguement »), définie pendant la guerre froide par John Foster Dulles et appliquée sans interruption depuis lors. Elle est sous-jacente dans la pensée de Zbigniew Brzeziński telle qu’elle est exprimée dans Le Grand Échiquier. C’est elle qui inspire également le récent article de George Soros publié dans la presse européenne le 24 octobre dernier et qui présente l’Union européenne, selon ses propres termes, comme « de facto en guerre ». L’arrimage de l’Ukraine à l’Occident, son intégration dans l’OTAN et dans l’Union européenne sont alors conçus comme des moyens de déstabilisation et, à terme, de dislocation de la Russie.

Elle vise à organiser un cordon sanitaire continu depuis le Royaume-Uni jusqu’au Japon en passant par le Moyen-Orient et l’Asie du Sud-Est. Elle a été conçue, bien avant la naissance de l’Union soviétique, et s’est poursuivie voire renforcée après sa chute.

Fondamentalement, c’est une stratégie d’interdiction de puissance et d’indépendance tournée contre l’avènement d’une « Grande Europe ».

Cette politique entraîne plusieurs conséquences.

La première est le maintien de l’isolement de la Russie post-soviétique toujours considérée chez certains responsables politiques américains comme étant potentiellement l’ennemi principal par :

– la diabolisation de ses dirigeants, Vladimir Poutine en particulier ;

– le renforcement technologique et militaire (bouclier antimissile, cyberdéfense, etc.) ;

– l’élargissement, ou plus précisément l’épaississement territorial du cordon sanitaire (extension continue de l’OTAN et recherche d’un contact direct avec la frontière russe, contrairement aux engagements qui semblent avoir été pris vis-à-vis du gouvernement soviétique lors de la chute du mur de Berlin).

En deuxième lieu, le renforcement, en réaction à cet encerclement, des relations terrestres continentales entre la Russie et la Chine (réseaux d’hydrocarbures, réseaux ferroviaires, TGV Pékin-Moscou, nouvelle route de la soie).

Spykman.jpgTroisièmement, la justification et sur-légitimation des liens naissants encore fragiles entre les BRICS en particulier par une stratégie de dédollarisation dans les échanges entre les différents partenaires préfigurant un contre-encerclement de revers : les assiégeants devenant assiégés.

L’Europe, solidaire, puissante, indépendante et souveraine que nous appelons de nos vœux doit se construire en rupture avec cette situation en relançant le projet de partenariat euro-russe.

Ce partenariat prenant appui sur la continuité territoriale, la profondeur stratégique, la tradition, l’unité culturelle, l’immensité et la diversité des ressources, doit fonder l’un des éléments essentiels de la vision géopolitique d’une Europe redevenue souveraine.

Enfin, au-delà de ce partenariat strictement continental, une alliance plus vaste dans un cadre euro-BRICS doit être envisagée

Dans cette perspective, il ne s’agit pas, bien entendu, de passer d’une soumission à l’autre, mais de retrouver autonomie et liberté de manœuvre entre atlantisme béat et eurasisme angélique.

Il est consternant de constater que l’Union européenne, soixante-dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, confrontée à cette mutation économique et géopolitique majeure qui affecte le monde, n’ait pas été encore capable de saisir cette occasion pour se rendre maître d’un destin confisqué, de fait, depuis un siècle, et ait au contraire choisi de s’enfoncer un peu plus dans la vassalité.

Une fois de plus, le comportement chaotique et ambigu de la diplomatie des membres de l’Union européenne traduit l’absence totale de vision géopolitique de celle-ci. Pourtant, cette compétition multipolaire acharnée – le véritable visage de la mondialisation – n’est autre que la confrontation permanente des différentes visions géopolitiques des grands acteurs mondiaux.

Jean-Claude Empereur