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03/02/2006

Un formalisme fort dans la pensée molle

Par Toni Negri

La nostalgie ontologique d’un formalisme fort

Je ne pense pas qu’on puisse résister facilement à la fascination qu’exerce la "Théorie de la justice" de John Rawls. L’auteur, en effet, a l’audace de nous faire pénétrer dans le domaine de la théorie juridique pure et maintient le pari tout au long des cinq cents pages de son ouvrage de ne céder à aucune tentation de sortir de sa logique. Beaucoup ont reconnu, dès sa première parution en 1971, dans "Théorie de la justice", un classique de la philosophie morale et politique contemporaine : comme tous les classiques, en effet, il traite avec l’abstraction et l’originalité de la théorie pure, les problèmes les plus cruciaux de l’époque. Dans "Théorie de la justice"’ Rawls résume les conclusions d’une recherche commencée avec l’essai de 1958 sur "La justice comme équité". "Théorie de la justice" est donc un livre pensé et construit pendant les années soixante et il faut donc référer les problèmes qu’il affronte et la manière selon laquelle il les affronte au climat éthico théorique de ces années là. Une théorie de la justice qui s’oppose aux conceptions du juste qui sont précisément celles de la rationalité instrumentale de la modernité capitaliste et qui, ayant fait le choix de cette opposition, ne cède ni au réalisme individualiste d’un nouveau droit naturel (au sens de Nozick), ni au relativisme consensuel (au sens de Habermas) est elle possible ? Tel est le questionnement auquel Rawls a soumis avec insistance la pensée juridique, éthique et politique. On reconnaît là la recherche d’un nouvel équilibre entre un sens renouvelé de l’individualité et une aspiration à la justice sociale qui, précisément, au cours des années soixante, a redéfini la plus grande partie des cadres de la pensée contemporaine.

13:15 Publié dans Rawls | Lien permanent | Commentaires (0)

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